La rédaction d’un mémoire n’est pas une tâche facile, surtout lorsqu’il s’agit d’un mémoire infirmier. En effet, les étudiants en soins infirmiers se sentent parfois dépassés par une telle tâche, ne savent pas trop comment l’aborder et doutent de leurs chances de réussite. Cependant, la rédaction d’un tel mémoire constitue un processus d’apprentissage, et ne doit pas être une tâche aussi onéreuse si elle est soigneusement planifiée.
L’objectif principal d’un mémoire est de permettre aux étudiants infirmiers de démontrer leurs compétences organisationnelles, de commencer à mieux comprendre la recherche et une compréhension plus approfondie et plus critique de leur sujet de prédilection. Les étudiants sont invités à rédiger un mémoire infirmier pour démontrer leur capacité à se concentrer sur un sujet, à l’examiner en détail par une enquête systématique et à identifier les théories pertinentes. Ils doivent montrer qu’ils sont capables de présenter le travail sous une forme académique ordonnée, démontrant clairement une connaissance pratique de leur sujet choisi. Un point tout aussi important est le développement de différents niveaux de vision critique, en fonction du niveau de diplôme pour lequel le mémoire doit être soumis.
Pour réussir la rédaction d’un mémoire infirmier, une approche systématique est alors nécessaire. D’où l’intérêt de suivre les différentes étapes ci-après.
1. La préparation
Choix et affinement du sujet
Un sujet qui peut sembler évident au départ peut se révéler trop vague ou trop complexe. Il peut être utile de distiller les idées. Pour ce faire, l’étudiant doit commencer par prendre des notes sur ce qui l’intéresse et pourquoi, puis le mettre dans le contexte tout en considérant toutes les variables.
Par exemple, l’étudiant en soins infirmiers pourrait avoir un intérêt à éduquer les patients et vouloir explorer ce cas plus en profondeur. Le contexte peut être son expérience récente d’un patient qui ne comprend pas clairement les informations sur les options de traitement. Étant donné l’importance pour les patients de comprendre les options de traitement afin de pouvoir prendre des décisions éclairées, le scénario peut sembler plus complexe qu’il ne le paraissait au départ. L’étudiant voudrait ainsi en considérer l’impact sur lui-même en tant que praticien. Ses réflexions finiront par se cristalliser en un sujet plus clair et l’aideront à justifier son choix.
Cette partie d’un mémoire infirmier est souvent considérée comme la plus difficile. Sans une orientation claire, le reste du processus risque de se bloquer.
Formulation de la question de recherche
Tous les mémoires n’ont pas besoin d’une question ou de questions, certains peuvent être purement observationnels dans la mesure où ils utilisent une théorie ancrée. Cependant, lorsque des questions sont en jeu, elles doivent être pertinentes et avoir une chance raisonnable de produire des réponses.
À moins que le sujet ne le rende impossible, il est préconisé de ne jamais utiliser une question fermée), car la réponse sera inévitablement oui ou non. Par exemple, la réponse à la question : « Le processus de rédaction d’un mémoire est-il ardu ? » est presque certainement oui, dans une certaine mesure, de sorte que la question n’a aucune valeur réelle. Une alternative plus intéressante serait de demander : « Dans quelle mesure la rédaction d’un mémoire est-elle ardue ? ». Cette démarche offre un élément à explorer et à jouer avec pour produire une discussion.
Prise en considération des ressources
Tout en affinant le sujet et la question de recherche, il convient également d’identifier et de justifier les ressources nécessaires, telles que l’aide d’un statisticien, un soutien à la transcription des données ou des conseils d’experts. L’infirmier étudiant doit déterminer si ces ressources seront disponibles dans les délais et le budget. Il serait imprudent de chercher des réponses aux questions qui nécessitent des ressources disproportionnées.
Choix du bon pronom
Il a longtemps été débattu de l’opportunité d’utiliser le pronom personnel dans le travail académique ; le résultat est que, lorsque cela est justifié, il n’y a aucune raison d’éviter d’écrire à la première personne. L’emploi du « je » n’est pas seulement une question de choix personnel. Il y a des raisons épistémologiques, méthodologiques et rhétoriques de choisir d’utiliser le pronom à la première personne. Inversement, essayer de chausse-pied le pronom personnel (ou la troisième personne) dans le travail écrit quand il est inutile nuit à la qualité intrinsèque du mémoire infirmier.
L’étudiant peut discuter de sa préférence avec son encadreur et être prêt à plaider sa cause, la raison de son choix doit être claire dès le départ. Quel que soit le choix retenu (à la première ou à la troisième personne), l’étudiant doit le respecter tout au long du processus, et ne doit donc jamais alterner entre les pronoms.
2. Les éléments d’un mémoire infirmier
Une fois que l’idée générale cernée, il est possible de commencer à rédiger. Les exigences de format et les éléments que le mémoire doit inclure varient selon les institutions et les encadreurs. Ceci étant, généralement, tous les éléments décrits ci-dessous sont nécessaires sous une forme ou une autre. À chaque étape, il est indispensable de justifier les choix par opposition aux alternatives, plutôt que de simplement les énoncer et de passer à une autre étape. En termes de style, l’étudiant doit éviter les expressions familières et discipliner ses pensées pour rechercher des expressions illustratives pertinentes.
L’introduction
Bien que l’introduction du mémoire vienne en premier, elle doit être écrite en dernier, une fois que tout le reste est terminé. Ce n’est qu’alors qu’il est possible de savoir exactement ce que contient le mémoire et comment le présenter.
Dans l’introduction, l’étudiant présente le sujet du mémoire infirmier. Les écrits doivent être en lien avec le sujet et les objectifs du mémoire.
Le contexte
Cette section raconte l’histoire de ce qui a amené l’étudiant en soins infirmiers à entreprendre ce travail – par exemple, un stage récent, une expérience clinique ou une présentation dans un forum universitaire.
Les buts et objectifs
Les buts et objectifs doivent être déterminés dès le départ. Avoir au moins un objectif (principal) et deux objectifs (spécifiques). Les objectifs doivent être pertinents par rapport au (x) but(s) et les buts et objectifs doivent être clairement énoncés et expliqués.
Le but est la destination de manière globale et les objectifs sont ce que l’étudiant doit faire pour y arriver. Par exemple, si le but est d’aider les femmes à décider quelle méthode de contraception choisir, les objectifs incluent l’établissement des méthodes disponibles, l’examen des risques et des avantages de chacune, ainsi que l’évaluation de différentes formes d’informations sur les patientes.
La revue de littérature
La revue de la littérature, parfois appelée recherche documentaire ou cadre conceptuelle, est cruciale. Elle donne une analyse approfondie du sujet. Elle démontre également la prise de connaissance et se termine par l’identification des points principaux.
Ce que l’étudiant a lu doit être à jour et pertinent, et il doit montrer qu’il l’a examiné de manière critique. Si l’affirmation d’un auteur est contredite par une autre, son rôle est de démêler les arguments et d’en extraire le sens. Le fait que les auteurs aient vu leur travail publié ne signifie pas qu’ils ont nécessairement raison. Dans la revue de la littérature, l’étudiant doit rester objectif.
Il est alors important de synthétiser ce que l’étudiant a lu, de rassembler les informations et de montre comment elles ont contribué à sa réflexion. À partir de cette lecture, il est possible de développer des idées sur la façon d’étudier le sujet, y compris la conception qui correspond le mieux aux objectifs.
Les articles de revues sont généralement plus ciblés et détaillés que les livres. Le nombre d’articles ou de livres à inclure dépend de la nature du travail. L’étudiant aura probablement besoin d’au moins 20 articles ou livres actuels pour donner un sens au sujet.
La méthodologie
La méthodologie, également appelée approche ou méthode, est la façon dont l’étudiant en soins infirmiers explore son sujet. Elle décrit le détail de l’étude. Elle peut expliquer les cadres théoriques, l’échantillonnage, le cadre de l’étude, l’éthique et les approbations.
Cette section peut adopter diverses présentations mais doit être claire et succincte. Elle peut comporter :
- L’approche épistémologique : par exemple qualitative ou quantitative, et la raison de ce choix.
- La méthode : par exemple, s’il s’agit d’une démarche quantitative, la méthode pourrait être une enquête, tandis qu’une démarche qualitative impliquerait la réalisation d’entretien. Ces méthodes ne sont en aucun cas des textes exhaustifs et pertinents sur des principes de recherche.
- Les modalités de la méthode : nombre de personnes enquêtées et leur fonction, lieu, période d’étude.
- Toute limitation perçue, comme la disponibilité des interlocuteurs, les taux de réponse, et la manière dont elles ont été traitées.
Le travail sur le terrain
L’étudiant doit décrire ce qu’il a fait, ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. Il doit être en mesure d’identifier les erreurs dans son travail, et surtout, de mettre en évidence comment sa démarche a contribué à sa compréhension.
Les résultats
Il s’agit de la section où est décrit ce qui est ressorti de l’étude et ce qui, selon l’étudiant, doit être examiné plus avant (et pourquoi). L’étudiant ne peut pas se limiter à une série de commentaires superficiels, au contraire, il doit expliquer ce qui l’a amené à ces points de vue.
La discussion
La discussion est un élément important du mémoire infirmier, car il permet à l’étudiant de se démarquer. Cette partie est susceptible d’être plus longue que la plupart des autres sections. Elle commence par l’énoncé du résultat de l’enquête, et chaque fois qu’une affirmation est faite, il est nécessaire de la justifier.
Pour exceller, l’étudiant doit incorporer les résultats de la revue de la littérature dans la discussion et explorer si les résultats de son travail concordent ou diffèrent de la littérature.
La conclusion
La conclusion doit être brève, tout rassembler et suggérer ce qui doit se passer ensuite et pourquoi.
Les références
Le travail doit inclure une liste soigneusement compilée de la littérature citée dans le mémoire. Il faut garder à l’esprit que les examinateurs vérifient les références, surtout s’ils font eux-mêmes partie des auteurs cités. Ils peuvent trouver des listes de références incomplètes, ou pire encore, leurs travaux publiés mal cités ou mal interprétés. L’étudiant doit se reporter aux directives de son établissement pour les protocoles en matières de références.
3. Les règles à respecter
Pour réussir la rédaction d’un mémoire infirmier, il est important de tenir compte de certaines règles qui sont énoncées ci-dessous.
Ce que le mémoire infirmier doit démontrer
- Capacité à approfondir le sujet grâce à une étude de terrain ;
- Capacité à présenter des travaux écrits sous une forme académique ordonnée ;
- Connaissance pratique du sujet ;
- Clarté de l’objectif, de la réflexion et de l’argument ;
- Capacité à se concentrer, planifier, organiser et travailler de façon méthodique ;
- Capacité à penser de manière critique.
Les règles de base pour rédiger un mémoire infirmier
- Affiner le sujet en impliquant l’encadreur ;
- Un bon choix concernant la question de recherche permet de produire des réponses intéressantes pour l’étudiant et la profession ;
- Ne pas hésiter à écrire à la première personne, le cas échéant ;
- Soigner les écrits à chaque étape du processus ;
- Justifier les choix plutôt que de simplement les énoncer ;
- Respecter les exigences de l’établissement en matières de forme.
Les critères d’un bon mémoire infirmier
- La simplicité : les idées ne doivent pas être avancées de façon compliquée. Il est cependant possible de faire preuve de complexité dans la partie discussion.
- La clarté : tout ce qui est affirmé peut faire l’objet d’une vérification.
- L’originalité et l’authenticité : le travail doit venir de l’étudiant et il ne doit pas être tenté d’imiter celui d’un autre, même si le sujet présente des similitudes. Tout plagiat est impérativement à éviter.
Conclusion
En conclusion, un mémoire infirmier est un moyen pour les étudiants en soins infirmiers de démontrer qu’ils peuvent travailler méthodiquement et penser de manière critique. Il s’agit également d’un puissant moyen d’apprentissage et qui pourrait bien inciter les étudiants à s’impliquer davantage dans leur future profession.