Cet exemple de mémoire vise à vous donner un aperçu des attentes académiques relatives à la rédaction de mémoire dans ce domaine de compétence.

Thème : Bénéfices et inconvénients du jeûne intermittent

Problématique : Une stratégie de perte de poids par le jeûne intermittent présente-t-il des risques pour l’organisme ?

Plan

Introduction

I. Enjeux du jeûne comme stratégie contre le surpoids et l’obésité : une analyse conceptuelle

I.1. Le jeûne intermittent comme stratégie contre le surpoids et l’obésité

I.1.1. Stratégies contre le surpoids et l’obésité

I.1.2. Le jeûne intermittent pour « maigrir »

I.2. Limites du jeûne intermittent et risques associés à cette stratégie comme traitement du surpoids et de l’obésité

I.2.1. La thérapie par le jeûne intermittent et le métabolisme

I.2.2. Risques associés au jeûne intermittent pour l’organisme

I.3. Questionnements, problématique et hypothèse de recherche

II. Analyse empirique : une revue de la littérature sur les risques associés au jeûne comme stratégie contre le surpoids et l’obésité

II.1. Matériel et méthode

II.2. Résultats

II.2.1. Présentation et analyse critique des études

II.2.2. Le jeûne intermittent et la perte de poids

II.2.3. Risque de reprise de poids après traitement

II.2.4. Effets indésirables

II.3. Discussion

Conclusion

Bibliographie

Résumé

Introduction

Depuis les années 2000, il y a comme une sorte de démocratisation du jeûne comme instrument thérapeutique en France après une certaine période de mutisme sur ce sujet. Sortant de l’anonymat, le jeûne se dévoile peu à peu au public et les chercheurs francophones commencent à y accorder davantage d’intérêts, des recherches qui sont désormais très devancées par leurs homologues anglo-saxons. Mais au-delà des recherches, le recours au jeûne dans la thérapie de certaines maladies est en train de se banaliser, dont concernant plus particulièrement le traitement du surpoids et de l’obésité. L’on se demande surtout si cet engouement pour le jeûne thérapeutique dans ce domaine précis est nourri par des simples préjugés ou par des fondements scientifiques éprouvés [1].

D’autre part, il persiste encore une certaine prudence, voire une méfiance vis-à-vis de cette pratique pourtant déjà répandue. Des questionnements sur l’efficacité et les éventuels « coûts » du jeûne thérapeutique hantent les sujets concernés par le problème du surpoids et de l’obésité. Nombreux sont probablement ceux qui s’interrogent s’il existe des variantes de jeûne moins difficile à observer et qui permet d’obtenir des résultats satisfaisants sur le court terme. C’est dans ces questionnements que surgit le cas du jeûne intermittent, compris dorénavant comme l’alternance entre une certaine période de privation alimentaire et une autre période nourrie, et cela durant quelques jours à plusieurs mois, en général [2].

Le présent travail de recherche vise ainsi à appréhender ce type particulier de jeûne (qui, lui aussi, englobe une multitude de pratiques très variées), ses effets bénéfiques et éventuellement néfastes pour l’organisme. Dans cette optique, ce mémoire est divisé en deux grandes parties :

  • Dans la première partie, il y a lieu d’appréhender le cadre conceptuel de l’objet de recherche, en se focalisant sur le jeûne intermittent et ses effets potentiels sur le métabolisme dans le cadre du traitement du surpoids et de l’obésité. Cette partie aboutit à la définition d’une problématique et des hypothèses de recherche correspondantes.
  • Dans la deuxième partie, il est question d’essayer de donner des réponses empiriques à cette problématique, et cela à travers une revue de la littérature correspondante.

I.Enjeux du jeûne comme stratégie contre le surpoids et l’obésité : une analyse conceptuelle

Dans cette première partie, il s’agit de considérer les enjeux du jeûne intermittent comme stratégie contre le surpoids et l’obésité et les effets de ce type particulier de jeûne sur l’organisme.

I.1.Le jeûne intermittent comme stratégie contre le surpoids et l’obésité

I.1.1.Stratégies contre le surpoids et l’obésité

I.1.1.1.Contexte, épidémiologie, et psychopathologie du surpoids et de l’obésité

L’OMS définit le surpoids et l’obésité comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé » [3]. L’OMS propose ainsi une mesure simple du poids relativement à la taille d’un individu via l’Indice de masse corporelle (IMC) comme variable permettant d’apprécier la situation de cet individu par rapport à des valeurs normées pour les adultes (les indicateurs pour les enfants sont calculés à partir de valeurs de références données – cf. Tableau 1) 1. Cela offre une possibilité de comparaison entre des personnes d’âge et de sexe différents par le biais d’une même échelle. Néanmoins, l’IMC donne seulement une indication approximative de la situation de l’individu par rapport au surpoids et à l’obésité, étant donné que l’adiposité varie d’une personne à une autre : la proportion de la masse grasse par rapport à la masse maigre peut varier sensiblement pour des individus ayant un même IMC.

Tableau 1 – Indicateurs du surpoids et de l’obésité selon les normes de l’OMS


SurpoidsObésité
AdultesIMC ≥ 25IMC ≥ 30
Enfants de 5 à 18 ans> + σ> + 2σ
Enfants de moins de 5 ans> + 2σ> + 3σ

IMC : Indice de masse corporelle =  où P : Poids et T : Taille.

: Médiane des normes OMS de croissance de l’enfant ; σ : écart-type ; et est l’IMC pour la tranche d’âges [5-18 ans] (ces trois dernières grandeurs sont lues sur les tables des normes de croissance de l’enfant 2)

Source : tableau construit à partir des informations de l’OMS [3]

Plus particulièrement, l’obésité est considérée comme une maladie chronique associée à un risque de mortalité et de complications, affectant le bien-être somatique, social et psychique des sujets qui en souffrent [5,6].

Selon les statistiques de l’OMS, plus de 1.6 milliard d’adultes étaient en surpoids en 2016, dont 650 millions en état d’obésité, soit près de 13% de la population adulte mondiale (39% sont en surpoids). La prévalence de l’obésité aurait été multipliée par trois de 1975 à 2016. Il a été estimé que le surpoids a touché 38.2 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans en 2019, et 340 millions d’individus d’âges entre 5 et 20 ans en 2016 (la prévalence pour cette dernière tranche d’âges est passé de 4% à 18% de 1975 à 2016). Il s’avère que le nombre de décès dus au surpoids et à l’obésité est relativement plus important que celui associé à l’insuffisance pondérale [3].

L’obésité concerne 20% de la population européenne en 2017, avec une prévalence qui ne cesserait de croître [5]. Selon l’INSERM, 17% des personnes adultes, et entre 16% (garçon) et 18% (filles) des enfants en France sont concernés par l’obésité [7], des chiffres également en hausse par rapport à 2012 (15% d’obèses en plus des 32.3% en surpoids). Cela explique l’intégration de la prévention et du traitement du surpoids et de l’obésité dans les priorité de la santé publique [8].

L’OMS associe la hausse de l’IMC à un risque majeur concernant certaines maladies chroniques, dont principalement les maladies cardiovasculaires (qui constituaient le premier facteur de décès en 2012, dont les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux ou AVC), le diabète, certains cancers (de la prostate, des ovaires, du sein, de l’endomètre, du rein, du foie et de la vésicule biliaire, du colon), les troubles musculosquelettiques (dont l’arthrose principalement). La prévalence à l’obésité, au décès prématuré, et à l’incapacité est élevée à l’âge adulte pour les personnes ayant souffert de l’obésité durant leur enfance. De surcroit, les enfants obèses sont exposés à des risques élevés de difficultés respiratoires, de fractures, d’hypertension artérielle, de résistance à l’insuline, de maladie cardiovasculaire et à des problèmes psychologiques à l’âge adulte [3].

Le surpoids et l’obésité sont d’origine multifactorielle, aussi bien sur le plan génétique qu’environnemental [9]. Mais fondamentalement, le surpoids et l’obésité sont issus d’un déséquilibre énergétique entre les calories dépensées et les calories consommées par l’alimentation. Effectivement, deux phénomènes constatés à l’échelle mondiale peuvent être considérée comme à l’origine de l’augmentation de la prévalence pour ces problèmes pondéraux : d’une part, la hausse de la consommation d’aliments fortement caloriques et très riches en lipides et, d’autre part, un manque crucial d’activité physique étant donné que les formes de travail deviennent de plus en plus sédentaires, d’autant plus que les modes de transport et l’urbanisation croissante réduisent considérablement l’activité physique [3]. Par ailleurs, l’origine de ces facteurs causaux peuvent être biologique ou encore génétique, éducative, sociale, cognitive, psychologique, ou environnementale [10].

Au niveau individuel, le risque de développement des compulsions alimentaires ou de trouble de comportement alimentaire (dont le surpoids et l’obésité) est surtout lié à des mauvaises habitudes alimentaires. Différents facteurs peuvent favoriser ces problèmes, à l’instar de l’état émotionnel : pour certaines personnes, une faible estime de soi ou la présence d’émotion négative entrainent souvent des comportements alimentaires de type compulsif [11]. En outre, à côté du mode de vie sédentaire et des habitudes de vie véhiculées, le manque de sommeil qui peut accroitre la sensation de faim, la prise de certains médicaments (les antidépresseurs, en l’occurrence), et la consommation de boisson alcoolique peuvent favoriser la prise de poids [12]. Au niveau social, il y a lieu de mentionner la tendance de l’industrie agroalimentaire moderne à offrir davantage de produits fortement riches en sucres, en graisses et en calories avec des prix compétitifs, relayée ensuite par des médias qui ne véhiculent pas toujours des informations favorisant les meilleures habitudes alimentaires [5].

Toutefois, l’OMS se félicite qu’il existe des moyens devant permettre de prévenir le surpoids et l’obésité [3].

I.1.1.2.Enjeux des différentes stratégies contre le surpoids et l’obésité

En se basant sur les causes fondamentales du surpoids et de l’obésité, l’OMS insiste sur la prévention de ces déséquilibres. Effectivement, cela remet en question les deux variables principales en jeu dans ces déséquilibres : l’apport alimentaire et l’activité physique. D’une part, il s’agit non seulement de limiter l’apport énergétique (c’est-à-dire la quantité) provenant de la consommation d’aliments riches en sucre et en matière grasse, mais aussi de soigner la qualité des aliments à consommer en mettant l’accent sur les fruits et légumes, les céréales complètes, les légumineuses et les noix. D’autre part, il y a matière de faire une activité physique régulière, l’OMS préconisant de s’exercer une heure quotidiennement pour un enfant et au moins 150 minutes par semaine pour un adulte [3].

A ces recommandations s’ajoutent également la création autant que possible d’environnement non obésogène. Il y a lieu, par exemple, de chercher à réguler les heures de repos et notamment de sommeil pour éviter que le corps ne soit pas contraint à compenser par la consommation alimentaire le manque d’énergie perçu lié au manque de sommeil. De même, il est conseillé d’améliorer la gestion du stress en réduisant les sources de ce dernier pour ne pas inciter le corps à chercher à se calmer via la nourriture [5].

Néanmoins, il n’est pas seulement question de prévention, mais également de prise en charge des sujets souffrant de surpoids et d’obésité (étant entendue leur proportion relativement élevée dans la société contemporaine – cf. sous-section précédente). En guise de réponse, une grande diversité de moyens est offerte par une multitude d’entités, marchande ou non, pour tenter de traiter ces problèmes. D’autre part, des programmes de toute sorte sont proposés, mais contraignant souvent les participants à investir au moins leur temps et dans le respect d’un certain nombre de règles et principes conditionnant l’efficacité de ces programmes. D’une part, de nombreux produits sont proposés sur le marché par des opérateurs commerciaux vantant des procédés faciles à réaliser, voire sans efforts requis de la part du sujet obèse qui souhaite perdre du poids tout en maintenant ses habitudes de vie. Cependant, les médecins et les diététiciens ont généralement tendance à conclure « l’échec » de l’utilisation de ces moyens pour traiter le surpoids et l’obésité, comme cela est constaté par le nutritionniste Maximilien Kutuowski [13].

En fait, la problématique du traitement de l’obésité n’est pas nouvelle et les enjeux des solutions offertes pour répondre à cette problématique semblent rester les mêmes. En ce qui concerne plus particulièrement les programmes de traitement destinés à faire perdre du poids, la déclaration de Stunkard [14] à la fin des années 1950 apparait d’actualité : « La plupart des obèses ne poursuivent pas leur programme amaigrissant. Parmi ceux qui le poursuivent, la plus grande part ne maigrit pas, et parmi ceux qui maigrissent, la plupart reprennent du poids » [15].

Que dire des régimes alimentaires dits « amaigrissants » (qui ne consistent pas forcément en privation de nourriture sur une période de temps donnée) ? Les analyses critiques avancent que la plupart d’entre eux ne se montrent pas efficaces sur le long terme, et nombreux seraient même ceux qui peuvent détériorer la santé au fil du temps. Il est fréquemment observé deux phénomènes interdépendants qui se produisent dans la durée pour un grand nombre de cas de suivi de ces régimes : d’une part, une reprise progressive mais consistante de poids et, d’autre part, l’intensification du stress physique et psychologique qui s’accompagne souvent de carences (ou excès dans certains cas) en nutriments à la suite d’un plan alimentaire très restrictif [16] ; dans la moitié des cas, les personnes ayant suivi des régimes alimentaires amaigrissants reprennent le tiers du poids perdu dans la première année suivant le programme de traitement et retrouvent ensuite leur poids initial à moyen terme (après 3 à 5 ans) [17]. Plusieurs de ces analyses concluent alors que c’est uniquement le retour aux causes fondamentales des déséquilibres entre apports et dépenses énergétiques, c’est-à-dire la recherche d’un équilibre entre l’alimentation et les activités physiques qui est la seule solution viable à long terme [5,15].

Il est souvent recommandé que c’est en dernier recours que les traitements médicamenteux et l’intervention chirurgicale peuvent être étudiés. Ces deux types de solutions sont généralement associés aux facteurs de risque élevés concernant les sujets souffrant de diabète, de maladies cardiovasculaires ou d’hypertension artérielle. D’ailleurs, les traitements pharmacologiques nécessitent le suivi d’un régime strict et comportent plusieurs contre-indications : pour l’unique médicament autorisé en France, l’orlistat, l’efficacité est considérée comme assez modeste pour des effets indésirables relativement sévères parfois [8,18,19]. En ce qui concerne la chirurgie bariatrique qui consiste surtout à réduire l’ingestion alimentaire en restreignant la taille de l’estomac, cette intervention est plus souvent adoptée pour des cas relativement extrêmes : IMC très élevé (supérieur à 40 ou bien à 35 si avec complication), échec d’autre(s) thérapie(s) alternative(s) ayant été suivie(s) pendant une certaine période), pas de contre-indications psychologiques ou de risques opératoires spécifiques (le suivi post-opératoire étant nécessairement obligatoire) [5,8].

Pour statuer sur l’efficacité d’une stratégie de traitement du surpoids et de l’obésité, il est donc important de considérer un horizon d’observation de plus long terme (allant au-delà d’un an, au minimum). Ensuite, il faudrait aussi tenir compte d’un seuil de significativité de la perte de poids ; sur ce point, certaines recommandations avancent que la perte de poids devrait être de 5% au moins (par rapport à la masse initiale du sujet qui suit un traitement) pour observer une amélioration notable de la santé. Parmi les bénéfices sanitaires pouvant être obtenus d’une perte de poids « efficace », l’on peut citer l’amélioration du profil lipidique et du contrôle glycémique ainsi que des capacités respiratoires (pour les patients asthmatiques, plus particulièrement), la réduction de la pression artérielle, des contraintes relatives à l’arthrose, des risques de diabète de type 2, et de la mortalité [5,20].

I.1.2.Le jeûne intermittent pour « maigrir »

I.1.2.1.Le jeûne pour traiter le surpoids et l’obésité

Le jeûne fait généralement référence à différentes pratiques de privation de nourriture, une privation qui peut être totale ou partielle. Le jeûne complet ou total est l’abstention de consommation alimentaire solide ou liquide, ce qui correspond à un apport calorique nul ; le jeûne est sec lorsqu’il y a arrêt des apports hydriques. En revanche, le jeûne partiel permet un apport calorique nécessairement modeste variant en général de 250 à 300 kcal par jour. Le jeûne de type Buchinger, autorisant l’ingestion de jus de fruit avec un peu de miel et de bouillons de légume dont l’apport calorique ne dépassant pas 300 kcal, est un exemple de jeûne partiel [2].

Le jeûne peut également être continu ou intermittent. Le premier renvoie à une période de privation de nourriture sans interruption, le plus souvent pendant plusieurs jours (réalisé de manière périodique ou non, à l’instar du jeûne périodique hydrique de Shelton [21]). Le second correspond à une période de jeûne entrecoupée par des périodes d’alimentation « normale ». Qu’il soit continu ou intermittent, total ou partiel, le jeûne peut être ou non précédé d’une phase préparatoire (de réduction progressive des apports énergétiques des aliments consommés) et suivi d’une phase de renutrition progressive. La durée du jeûne varie le plus souvent en fonction de l’objectif poursuivi par le sujet concerné [2,18].

D’ailleurs, la privation peut se réaliser avec ou sans surveillance médicale, notamment lorsqu’en présence de risque concernant la santé du sujet en jeûne (pour les patients qui souffrent de certaines maladies pouvant s’aggraver en cas de déséquilibre énergétique ou encore pour les jeûnes de longue durée, par exemple – cf. infra : I.2. Limites du jeûne intermittent et risques associés à cette stratégie comme traitement du surpoids et de l’obésité). Le jeûneur peut également observer un repos complet ou bien effectuer une activité physique d’une certaine intensité : dans le premier cas, l’abstention alimentaire peut provoquer une perte à la fois de masse grasse (la graisse) et de masse maigre (le muscle) tandis que, dans le deuxième cas, la masse maigre peut être davantage épargnée (cf. infra : I.2.1. La thérapie par le jeûne intermittent et le métabolisme). Désormais, toujours selon les buts poursuivis du sujet en jeûne, ce dernier peut être sain (but préventif) ou malade (but curatif), et suivre ou non d’autres traitements ou soins complémentaires (hydrothérapie, bains ou soins corporels, etc.) [2].

Il peut alors exister une multitude de variantes de pratiques de jeûne, ce qui nécessite de distinguer ce dernier de l’anorexie et de la restriction calorique. L’anorexie correspond généralement à une perte d’appétit pathologique, le sujet en question refusant de s’alimenter pour s’amaigrir à cause d’une perception qu’il a de son image (anorexie primaire) ou encore réduisant fortement sa prise alimentaire en absence de sensation de faim lié à un phénomène inflammatoire et un stress émotionnel (anorexie secondaire) [22]. Dans le cas de la restriction calorique, la diminution des apports caloriques est en principe relativement moindre et proportionnelle à l’alimentation habituelle (de l’ordre de 20% à 40%) [23]. La présente recherche se focalise sur le cas du jeûne (et plus particulièrement sur le jeûne intermittent) réalisée sur une durée d’au moins 16 heures, incluant alors le cas de la limitation horaire des repas qui réduit les prises alimentaires à une fenêtre de huit heures en général par jour (il est désormais avancé que c’est une pratique potentiellement efficace pour prévenir et traiter l’obésité [24]).

Outre sa popularisation dans le domaine religieux, le jeûne a longtemps été considéré comme instrument thérapeutique dans l’antiquité (en citant par exemple le médecin grec Hippocrate qui recommandait le jeûne plus que le traitement médicamenteux, en 370 avant J.C., ou encore le médecin romain Claude Galien qui prescrivait le jeûne pour entretenir l’équilibre entre le corps et les humeurs). La thérapie par le jeûne avait ensuite été abandonnée par la médecine moderne, et le développement de ce genre de pratique comme thérapie complémentaire (traitement des maladies métaboliques, des cancers, des maladies inflammatoires intestinales, etc.) peut être encore qualifié de récent. En France, c’est surtout la Fédération Française du Jeune et Randonnée ainsi que certains praticiens célèbres tels que Paul Carton, André Passebecq, Albert Mosséri, etc. qui ont contribué à faire sortir le jeune de l’anonymat, après être une pratique quasi-confidentielle [25]. Mais l’utilisation du jeûne pour traiter l’obésité était déjà assez répandue dans les années 1960 [18].

Etudier le jeûne comme stratégie pour perdre du poids implique de considérer la balance énergétique d’une personne, c’est-à-dire du différentiel entre les apports et les dépenses énergétiques de cet individu. En cas de jeûne, les apports énergétiques sont généralement faibles, voire nuls, ce qui correspond forcément à une balance énergétique négative. Dans ce cas, l’organisme va élaborer des mécanismes pour puiser l’énergie manquante dans des réserves du corps jusqu’à ce que l’individu en question s’alimente de nouveau afin de retrouver un certain équilibre énergétique [26] (cf. infra – I.2.1.1. Jusqu’où peut-on jeûner ?).

Concernant l’efficacité du jeûne, la littérature tend à conclure que cette pratique permet une perte de poids plutôt significatif, mais vraisemblablement sur le court terme seulement. Ainsi, en étudiant l’intérêt du jeûne dans le traitement de l’obésité, Chambouvet [18], en s’appuyant notamment sur deux études réalisées en 1977 [27] et en 2010 [28], constate que la perte de poids est significative pendant et durant un certain temps après le traitement par le jeûne.

Sur 207 sujets ayant suivi un traitement par le jeûne suivi d’une période de régime (les types de jeûnes et de régimes n’étant pas précisés par les chercheurs), la perte de poids semble être proportionnelle à la durée du traitement : en moyenne, le poids perdu est de 14.1 kg, de 28.6 kg, et de 41.4 kg pour les groupes ayant jeuné moins d’un mois, entre un mois et deux mois, et plus de deux mois respectivement. De même, après la période de régime, la perte de poids est de l’ordre de 4.8 kg et de 10 kg pour les groupes ayant jeûné moins d’un mois et plus de deux mois respectivement. 121 sujets (parmi les 207) ont été suivis durant une période de plus de 7 ans, ce qui a permis de constater que la perte de poids diminue progressivement au fil du temps jusqu’à reprise même de poids (cette fois, indépendamment de la durée du jeûne). L’adhérence à une nouvelle session de traitement a diminué également par rapport à la première, et l’effet a encore été moins durable. Par ailleurs, il semble que les habitudes alimentaires, vraisemblablement difficiles à modifier, influent sur la tolérance au jeûne car les individus ayant eu une obésité infantile ont été majoritaires dans le groupe ayant jeûné moins d’un mois. Les chercheurs ont finalement conclu que le jeûne a un effet à court terme [27].

L’autre étude compare trois groupes : des individus ayant observé un jeûne total de 6 jours, une deuxième groupe ayant suivi un régime à « très faibles » apports énergétiques durant 3 semaines, et un troisième groupe de régime à « faibles » apports caloriques pendant 6 semaines. Les résultats de l’étude laissent entrevoir que l’effet du jeûne en termes de perte de poids est apparemment proportionnel à la durée et au type de jeûne (mais d’autres études précisent que la perte pondérale n’est pas toujours en fonction du degré de la restriction calorique [29]) : le poids perdu a été de 6.1 kg, de 9.2 kg, et de 12.6 kg dans le premier, deuxième et troisième groupe respectivement. De plus, le pourcentage de masse maigre perdu a été le plus élevé dans le premier groupe et le plus faible dans le troisième groupe (jeûne). En revanche, si les individus du groupe « jeûne » ont continué à perdre du poids après dix semaines de suivi, les masses des membres des deux groupes se sont stabilisées ; un an après le traitement, la reprise de poids est de l’ordre de 2.1 kg, de 10.1 kg, et de 12.4 kg pour le premier, le deuxième et le troisième groupe respectivement [28].

Chambouvet suppose ainsi que le jeûne peut être une stratégie de choix pour perdre immédiatement du poids. Néanmoins, lorsqu’aucune mesure supplémentaire n’est opérée concernant les habitudes de vie des patients (concernant leur alimentation et leurs activités physiques), il est probable d’observer une reprise de poids dans la durée. Cette reprise s’observe surtout un an après la fin du traitement [18,30].

En outre, une revue de la littérature a suggéré que la perte de poids dépend aussi du CMI des sujets, que le jeûne et tout régime de restriction calorique semble permettre davantage de perte pondérale lorsque le CMI dépasse 25. Mais cela reste à confirmer car d’autres paramètres ont varié (dont la durée de la cure) et non pas le CMI uniquement dans les études prises en compte dans cette revue de la littérature [29,31].

En ce qui concerne la tolérance au jeûne, les sujets en surpoids ou obèses présentent vraisemblablement une meilleure adaptation à la privation alimentaire, par rapport aux sujets non-obèses. Une observation des grévistes de la faim a montré que les individus en surpoids avaient eu une survie entre 200 et 300 jours tandis que les individus non obèses survivent seulement entre 60 et 70 jours [32]. Il s’avère que la masse maigre des personnes obèses est relativement plus conservée par rapport à celle des personnes non-obèses, après un jeûne [33]. En fait, chez les sujets obèses, l’oxydation protéique croît moins vite puis baisse plus vite [34] : ces individus puisent moins dans leur réserve de protéine pour faire face aux besoins de l’organisme lorsque la privation alimentaire se prolonge. Il est supposé alors que la perte de poids inhérente au traitement par le jeûne correspond essentiellement à la réduction de la masse grasse chez les individus obèses [35].

I.1.2.2.Le jeûne intermittent et la perte de poids

Pouvant être considéré comme une variante du jeûne continu (périodique), le jeûne intermittent ou alterné est « une cure au cours de laquelle sont alternés des jours où l’on mange et des jours où l’on jeûne » (p. 27) [2]. Dans leur revue systématique portant sur le jeûne intermittent et la perte de poids, Welton et al. (2020) [36] le définissent comme des périodes régulières avec des apports caloriques nuls ou très limités. Rentrent principalement dans la catégorie du jeûne intermittent la limitation horaire des repas (cf. sous-section précédente), le jeûne de 24 heures alterné par un jour d’alimentation normale, le jeûne de deux jours non consécutifs par semaine [37]. Le ramadan (abstention alimentaire entre le lever et le coucher du soleil, soit environ 12 heures par jour durant le mois de ramadan) est classé également dans cette catégorie [2,35,36]. En général, le rythme et l’étalement du jeûne sont variables, donnant lieu à une infinité de pratiques du jeûne intermittent (l’on peut par exemple parler d’une alternance entre 2 à 4 jours de privation et 2 à 4 jours de consommation ad libitum) [2,35].

De plus, pour le jeûne intermittent, la consommation calorique durant la privation peut varier entre 0 et 25% des besoins caloriques. Pendant la consommation « normale », celle-ci peut être ad libitum, limitée suivant un régime particulier à suivre, ou bien restreinte à un apport calorique déterminé (y compris des apports caloriques supérieurs aux besoins réguliers, généralement jusqu’à hauteur de 125%, car le jeûne ne correspond pas forcément à une réduction global de l’apport énergétique) [38]. En fait, le jeûne intermittent peut être utilisé avec une consommation illimitée ou bien dans le cadre d’une intervention diététique spécifique [36].

Certains travaux montrent que le jeûne intermittent a d’effets comparables, voire significativement plus élevés que la restriction calorique continue quand il s’agit de perdre de poids ou de maintenir la perte de poids [38]. L’étude prospective CALERIE (Comprehensive Assesment of Long-term Effects of Reducing Intake of Energy) a dorénavant conclu en l’efficacité de la restriction calorique pendant deux ans, ayant permis une perte de poids moyenne de plus de 9 kg, avec réduction de la masse grasse et amélioration du profil lipidique ; près de la moitié des 39 sujets ont maintenu leur perte de poids deux ans après le traitement (néanmoins, cela est probablement dû au renforcement d’une habitude alimentaire restrictive, étant donné que les sujets de l’étude sont non-obèses) [1,39]. Mais le jeûne intermittent est-il vraiment efficace pour traiter le surpoids et l’obésité, en tenant compte des résultats au-delà du court terme ?

Pour répondre à ce questionnement, il faut dire que les essais randomisés contrôlés bien menés qui évaluent les impacts du jeûne intermittent sur le poids à moyen et long terme sont encore assez rares.

Ainsi, une méta-analyse datant de 2018 [40] et incluant deux études a évalué les effets du jeûne intermittent sur des sujets obèses, avec existence de groupe d’individus obèses n’ayant reçu aucune intervention thérapeutique. La méta-analyse a conclu une perte de poids significativement plus importante chez le groupe expérimental par rapport au groupe de contrôle (–4.14 kg ; IC : 95 % : –6.30 kg à –1.99 kg ; p ≤ 0.001). La même méta-analyse, incluant quatre études, a rapporté qu’il n’y a pas de différence significative entre les effets du jeûne intermittent et ceux de la restriction calorique continue sur le poids des individus obèses. Néanmoins, il a été conclu que la réduction de la masse grasse, de l’insulinémie et de la circonférence abdominale a été significativement plus élevée durant le jeûne intermittent par rapport à la restriction calorique continue. Mais cette dernière conclusion est à interpréter avec précaution, étant donnée la faible qualité méthodologique de l’étude (n’ayant intégré que deux études et 10 sujets), d’autant plus que la période d’évaluation est inférieure à 12 mois [41]. Achamrah et al. (2018) hésitent alors d’émettre une quelconque recommandation en faveur du jeûne intermittent pour le traitement du surpoids et de l’obésité, surtout qu’il faut aussi appréhender l’éventuel effet du jeûne sur la masse maigre (le muscle) [1].

De leur côté, Welton et al. (2020) ont trouvé des résultats qui sont encore à interpréter avec précaution puisque les études que ces chercheurs ont analysées ont révélé que le jeûne intermittent a permis de perdre du poids de l’ordre de 0.8% à 13% du poids initial. De plus, ces études ont considéré des échantillons de petite taille et ne portent que sur le court terme. Il y juste à conclure que ce type de jeûne est « potentiellement » efficace pour le traitement du surpoids et de l’obésité [36].

Les biais dans d’autres études sont encore plus importants que la généralisation des résultats requiert la confirmation par d’études de meilleure qualité méthodologique.

Dès lors, des études de faible niveau de preuve révèle que l’effet du jeûne intermittent en termes de perte de poids est influencé par la durée de la cure. Ainsi, pour un jeûne alterné ayant duré 2 à 3 semaines et 2 à 3 mois a entrainé respectivement une perte moyenne pondérale de 3 à 4% et de 6 à 8% (par rapport à la masse pondérale initiale) [42].

Par ailleurs, l’on s’interroge de l’efficacité du jeûne intermittent à réduire la masse grasse pour les personnes en surpoids ou obèses. Certaines études veulent répondre à cette interrogation par l’affirmative. Il est par exemple affirmé que la diminution de la masse grasse peut concerner jusqu’à 90% de la perte pondérale suite à un régime de jeûne alterné [29]. Toutefois, il s’avère que la réduction de la masse maigre (ou viscérale) n’est pas vraiment influencée par le type de jeûne ou régime, comme c’est observé sur une population ayant suivi différents types de cure pendant 3 à 6 mois [43]. Néanmoins, une étude a donné des résultats plutôt contradictoires, à ce propos. En effet, pour une même durée de cure (8 semaines), des personnes ayant effectué un jeûne intermittent dont la phase de privation est constituée par une limitation du nombre de repas pris (1 seul repas) ont eu une perte pondérale et de la masse grasse (69.3 kg ± 3.2 kg ; 16.3 kg ± 1 kg) significativement plus importante que les individus qui ont suivi une restriction calorique (65.9 kg ± 3.2 kg ; 14.2 ± 1 kg), bien que les apports caloriques de leurs alimentations respectives ont été les mêmes. Il y a tout de même à noter que les sujets de l’étude évoquée précédemment sont non-obèses [44].

Une autre étude, menée également sur des sujets non-obèses, a été réalisée par des chercheurs germaniques. Il s’agit d’essai clinique contrôlé mais non randomisé sur 36 sujets volontaires non-obèses (répartis en deux groupes : 22 sujets dans le groupe expérimental et 14 sujets dans le groupe témoin) qui sont suivi sur une période de 4 mois après l’expérimentation. Cette dernière consiste en un jeûne de 24 heures effectués hebdomadairement durant 8 semaines : les sujets s’abstiennent de prendre de nourriture solide et limitent leurs apports caloriques à un seuil maximal de 300 kcal le jour de la privation. En guise de résultats, de nombreux paramètres métaboliques ont connu des changements (dont concernant l’insulinémie, la résistance à l’insuline, les taux de lipides, les enzymes hépatiques, etc.), de même que l’IMC et la circonférence abdominale, la pression artérielle, ainsi que l’humeur et le niveau d’anxiété. La masse graisseuse a significativement diminué pour le groupe expérimental [45].

A propos de la sensation de faim, il semble que celle-ci s’atténue lorsque le jeûne intermittent se prolonge, peut-être en raison d’une adaptation de l’individu au régime ainsi suivi. Effectivement, la satiété ainsi que la satisfaction à manger chez des individus en surpoids et obèses se sont améliorées trois mois après le début du jeûne intermittent [46]. En revanche, l’effet favorable sur la satiété et la satisfaction à manger disparait, sans que la sensation de faim soit modifiée, lorsque le jeûne intermittent a été associé à une activité sportive [47]. Plusieurs études semblent même supposer que l’exercice physique entraine une certaine hyperphagie chez les jeûneurs afin de restaurer l’énergie dépensée [41].

En somme, il est possible de dire que le jeûne intermittent constitue une stratégie potentielle de perte de poids pour le traitement des personnes en surcharge pondérale et obèses. Il reste toutefois à confirmer cette potentialité, notamment en tenant compte de l’effet à plus long terme du jeûne alterné selon ses différentes variantes sur la perte pondérale et sur la diminution des masses grasse et maigre. Par ailleurs, parler de l’efficacité de cette stratégie implique d’appréhender également la limite de l’utilisation du jeûne intermittent dans ce type de traitement en tenant compte notamment de ses effets négatifs sur l’organisme ; une approche conceptuelle de ces limites et risques constitue l’objet du chapitre suivant.

I.2.Limites du jeûne intermittent et risques associés à cette stratégie comme traitement du surpoids et de l’obésité

I.2.1.La thérapie par le jeûne intermittent et le métabolisme

Pour mieux comprendre les limites éventuelles de la thérapie par le jeûne intermittent, il convient de tenir compte des mécanismes et mode d’action du jeûne dans l’organisme et ensuite d’appréhender les effets de ce genre de thérapie sur le métabolisme.

I.2.1.1.Jusqu’où peut-on jeûner ?

De manière logique, le jeûne entraine une balance énergétique négative car les apports caloriques sont nécessairement inférieurs aux dépenses énergétiques. En principe, l’énergie que dépense journalièrement le corps correspond à celle que l’organisme a besoin pour fonctionner en toute circonstance. Cette énergie devrait permettre de répondre favorablement quatre types de dépenses majeurs chez une personne adulte, à savoir : celles correspondant au métabolisme de base, à l’activité physique, à la thermogenèse alimentaire et à la thermorégulation [48].

Le métabolisme de base renvoie aux dépenses énergétiques de repos, pour un individu à jeun depuis une durée de 8 heures ou plus, pour faire fonctionner l’ensemble des mécanismes cellulaires vitaux. Cela représente en moyenne entre 50% et 70% (près de 1300 kcal à 1500 kcal) de la dépense énergétique totale, en fonction du sexe, de l’âge, mais aussi du poids et du pourcentage de masse maigre du sujet. A titre de rappel, la masse grasse fait référence au stock de triglycérides dans les adipocytes tandis que la masse maigre correspond aux organes et aux os du corps ; c’est cette dernière qui est responsable de la majorité des dépenses énergétiques du métabolisme de base [18].

La dépense d’énergie associée à l’activité physique est celle qui varie le plus d’un individu à un autre, selon l’intensité de l’activité physique et le temps consacré à cette activité. En général, cette dépense oscille entre 15% et 30% de la dépense totale en énergie du corps. Le thermogenèse alimentaire ou effet thermique des aliments est la dépense énergétique correspondant à la digestion, au métabolisme et stockage d’énergie contenue dans les aliments. Cela dit, ce type de dépense est en fonction du type d’aliment ingéré, en moyenne de 5% à 10%, de 20% à 30%, et de 0% à 2% respectivement de la valeur calorique ingérée sous forme de glucides, de protides, et de lipides. Cela représente à peu près 10% à 15% de la dépense totale d’énergie. Finalement, la thermorégulation, qui correspond à l’énergie nécessaire pour maintenir une température corporelle stable et neutre, varie selon la température ambiante. A ces quatre types de dépenses s’ajoutent des dépenses qualifiées d’inhabituelles dont relatives à la croissance, aux réactions de défense face à l’infection, à la cicatrisation, etc. [18].

Quant aux réserves énergétiques dans l’organisme, elles sont constituées au fur et à mesure de l’alimentation désormais discontinue et libérées suivant les besoins de l’organisme qui sont toutefois constants ; d’où l’importance des mécanismes de stockage et de mobilisation notamment en cas de jeûne. L’alimentation apporte ainsi des substrats énergétiques sous différentes formes (glucides, lipides et protéines, apportant respectivement 4 kcal, 9 kcal et 4 kcal par gramme) qui seront destinées en post-prandial à trois voies d’utilisation. En fait, la part qui n’ira pas immédiatement satisfaire les besoins énergétiques de l’organisme (sous forme d’Adénosine Tri Phosphate ou ATP via oxydation) seront, soit stockée en réserve de glycogène (dans le foie et les muscles) et de protéines (dans les muscles), soit stockés sous forme de graisse ou triglycérides (dans les tissus adipeux blancs) (cf. Tableau 2).

Tableau 2 – Réserves énergétiques chez un adulte de 70 kg

Substrats énergétiquesTissus de stockageÉnergie (Kcal)Poids (g)
GlucoseLiquides circulants8020
GlycogèneFoie Muscles200 40070 120
TriglycéridesTissu adipeux blanc108 0002 000
ProtéinesMuscles25 0006 000

Source : Collège des enseignants de nutrition [12]

Le Tableau 2 montre que les triglycérides représentent la plus importante sources d’énergies stockées de l’organisme : théoriquement, en estimant que la dépense énergétique journalière d’un sujet de 70 kg ne dépasse pas les 2 450 kcal en cas de jeûne, le seul tissu adipeux devrait permettre de fournir jusqu’à 80 jours de privation alimentaire totale. Ensuite, les protéines constituent aussi une importante réserve d’énergie, mais leur libération massive n’est pas viable car ils sont également utiles pour assurer le renouvellement des cellules, le maintien en vie de l’organisme, et la lutte contre les infections [48,49]. Les autres réserves énergétiques sont de quantités minime (pour le glucose des liquides circulants) ou restreinte (pour le glycogène hépatique) qui s’épuisent en principe en moins de 24 heures et en quelques jours (pour le glycogène hépatique) de jeûne total [18].

Une partie des réserves énergétiques apportées par les aliments ingérés est alors stockée sous forme lipide tandis qu’une autre partie sous forme de protéine musculaire. Le lipogenèse dans le foie et les tissus adipeux donne lieu à un stockage d’acides gras, un mécanisme qui s’observe surtout lorsque l’alimentation est riche en glucides. Pour le cas des protéines, ils sont constitués dans les muscles, et ne sont donc pas véritablement stockés de la même manière que les lipides (pour ces derniers le stockage aura seulement lieu en cas d’excès non utilisés immédiatement). En tout cas, les protéines musculaires représentent une réserve importante d’acides aminés qui peuvent être utilisés par l’organisme en cas de jeûne, en l’occurrence [48].

Lorsque l’apport calorique par l’alimentation est faible ou nul dans la durée, l’organisme puise dans les réserves énergétiques pour satisfaire les besoins notamment des organes gluco-dépendants comme le cerveau, la rétine, ainsi que des éléments tels que les globules rouges du sang. En premier lieu, le corps utilisera le glucose disponible, d’abord dans les liquides circulants, puis via le glycogène hépatique (le glycogène musculaire ne peut être utilisé que par le muscle correspondant), ensuite le glucose provenant des acides aminés dits glucoformateurs et du glycérol, et enfin du glucose synthétisé à partir des corps cétoniques, ces derniers issus des acides gras (cf. infra) [18].

En fait, l’organisme peut synthétiser du glucose via la néoglucogenèse à partir de substrats non-glucidiques, dont les lipides et les protéines, un mécanisme activé plus particulièrement en cas de jeûne. Un molécule de triglycéride donnent lieu alors à trois acides gras et un glycérol, ce dernier, de même que les acides aminés, constituant un substrat de la néoglucogenèse, ce qui permet la formation de glucose. Les acides gras sont utilisés par certains tissus qui ne dépendent pas du glucose, à l’instar du cœur. Mais les acides gras permettent également, comme les acides aminés dits cétogènes, de produire des corps cétoniques par la cétogenèse. Ces nouveaux éléments passent dans le sang et peuvent fournir de l’énergie aux tissus périphériques via la cétolyse, lorsque le jeûne se prolonge. Les tissus glucodépendants ont ainsi de nouvelles sources d’énergie en cas de pénurie de glucose : le tiers de l’énergie nécessaire pour le fonctionnement du cerveau est apportée par les corps cétoniques après trois jours de jeûne. Ces corps cétoniques constituent la principale source d’énergie du cerveau (à raison de 70%) après 40 jours de jeûne total. L’utilisation des corps cétoniques (qui peuvent surtout provenir des triglycérides si ceux-ci se révèlent assez abondants, comme chez les sujets en surpoids ou obèses) permet d’épargner les protéines [18,48].

Lorsque le jeûne se prolonge encore, les protéines se transforment en réserves d’énergie via la protéolyse musculaire pour libérer des acides aminés, dont essentiellement de l’alanine et de la glutamine. Celles-ci permettent alors la synthèse de glucose par la néoglucogenèse. Néanmoins, puiser au-delà de 50% des réserves protéiques du corps pour l’oxydation aboutira certainement au décès du sujet à cause de la défaillance respiratoire inhérente à des processus infectieux. En effet, il ne faut pas oublier que les protéines sont nécessaires entre autres dans la lutte contre les infections (protéines de l’immunité et protéines musculaires responsables de la mobilité). Il est donc très important de préserver autant que possible, et le plus longtemps possible, ces réserves protéiques [18,49].

Pour la question concernant les vitamines et les minéraux, il n’y a pas encore d’étude réalisée dénotant les impacts de la privation en micronutriments durant l’abstention alimentaire. Pourtant, il convient de noter que les vitamines et les minéraux constituent des cofacteurs des enzymes entrant dans les grands mécanismes métaboliques. Le vitamine B8 (biotine) est par exemple impliqué dans la synthèse des acides gras [18]. Falzi et Ronchi (1990) rapportent ainsi le cas d’un gréviste de la faim qui, ayant montré des signes de céphalées et de photophobie au 44ème jour d’abstention alimentaire, a fait l’objet d’une renutrition progressive via une perfusion de glucose 10%, mais dépourvu de vitamines B : le patient décède après cinq jours suite à une broncho-pneumonie et une encéphalopathie de Wernickle suite à l’absence de vitamine B [2,50].

A titre de synthèse, il y a lieu de considérer les différentes phases du jeûne, au-delà de la période post-prandiale (huit heures après la dernière prise alimentaire) et la période post-absorptive (de 8h à 16 après le dernier repas, en fonction de la quantité et de la qualité des aliments ingérés) [18]. En fait, jeûne (pouvant alors être considéré comme la période à partir de la 16ème heure après la dernière alimentation) peut être divisé en quelques phases [1,2,18,35] :

  • Le jeûne immédiat ou phase glucidique se situe généralement entre la 16ème et la 24ème heure après la dernière prise de repas. Les réserves de glycogènes hépatiques s’épuisent durant cette phase [51].
  • Le jeûne court ou phase protéique concerne la période entre le premier et le troisième (et peut aller jusqu’au cinquième jour) de jeûne. La glycémie diminue considérablement provoquant la chute de la concentration plasmatique d’insuline, ce qui va entrainer à son tour une hausse de la lipolyse et de la protéolyse : libération des acides aminés et du glycérol destinés à la néoglucogenèse d’une part, et des acides gras et des acides aminés cétoformateurs destinés à la cétogenèse d’autre part. La diminution du glycémie s’accompagne d’une augmentation du taux de glucagon dans le sang qui accroit ensuite la lipolyse, stimulant la néoglucogenèse et la cétogenèse. Toutefois, la chute de l’insulinémie va faire augmenter la protéolyse dans les muscles et la plupart des tissus, faisant en sorte que les acides aminés deviennent la principale source de glucose lors de cette phase de jeûne court : la fonte musculaire s’accélère alors [51,52].
  • Le jeûne prolongé ou phase cétonique correspond à période au-delà du cinquième jour jusqu’à plusieurs semaines. La fonte protéique ne peut pas continuer indéfiniment au risque d’engager la pronostic vital du jeûneur, et l’organisme va principalement utiliser des substrats énergétiques issus de la lipolyse : les acides gras peuvent être directement oxydés ou transformés en corps cétoniques et remplacent alors le glucose, ce qui épargnera l’utilisation des protéines. Le catabolisme protéique musculaire diminue car ces éléments dérivés des triglycérides deviennent les principales sources d’énergie du corps [51].
  • La phase terminale qui débute lorsque les réserves lipidiques sont quasi-épuisées et le corps est contraint de consommer ses dernières réserves protéiques. Lors d’études menées chez des animaux, il a été observé la hausse de la glycémie et de la fonte protéique avec une diminution considérable des acides gras et des corps cétoniques. Il ne reste plus qu’un stock limité de lipides destiné probablement à réaliser des efforts ultimes permettant d’aller chercher des nourritures pour éviter l’issu fatal : si le jeûne se prolonge encore (et cela ne dure plus longtemps), le sujet mourra certainement de dénutrition, d’autant plus que le corps sera incapable de se défendre contre les infections [51,53].

L’on peut alors penser que les personnes en surcharge pondérale ou obèses seront les plus endurantes en jeûne car elles disposent incontestablement des réserves lipidiques très importantes (cela est désormais évoqué « théoriquement » dans la section précédente). Toutefois, leur capacité à jeûner plus longtemps ne dépend pas tellement de leurs réserves lipidiques, mais surtout de leurs réserves protéiques (qui risque de s’épuiser vite dès la phase protéique) : or, il s’avère que la masse maigre d’un sujet obèse est nettement plus faible que celle d’une personne non-obèse. La dénutrition peut alors survenir plus tôt chez les sujets obèses avec risque infectieux élevés du moment que leurs réserves diminuent encore [51]. Cano et al. (2007) concluent ainsi que, si les réserves lipidiques déterminent la durée limite du jeûne chez les sujets maigres, ce sont plutôt les réserves protéiques qui conditionnent la capacité des sujets obèses à jeûner plus longuement [32].

De ces explications peut être tiré un inconvénient majeur du jeûne intermittent dans le cadre du traitement du surpoids et de l’obésité. Alors que la diminution de la masse grasse est le principal objectif du jeûne, le fait de s’abstenir de manger durant une courte période, correspondant à la phase protéique, ne devrait pas permettre d’atteindre cet objectif, du moins en théorie. En effet, ce seront surtout les réserves protéiques du jeûneur qui constitueront sa principale source d’énergie jusqu’à chaque nouvelle réalimentation qui devrait alors permettre de reconstituer une partie de ces réserves [54].

Il faudrait peut-être prolonger considérablement le jeûne intermittent pour obtenir des résultats positifs en termes de réduction de la masse maigre. Toutefois, ce mécanisme n’est pas garanti car il y a même l’hypothèse qu’à chaque arrêt du jeûne alterné, il y a le risque d’expansion de la masse grasse, surtout si aucun changement des habitudes alimentaires n’est observé. De surcroit, à chaque reprise de la privation, il y a toujours l’effet négatif du jeûne sur la masse maigre : il s’avère impossible de prévenir la perte de la masse maigre par une alimentation hyper-protéinée. Mais tout cela reste à confirmer [1,31,41,54].

I.2.1.2.Effets métaboliques de la thérapie par le jeûne intermittent

Le jeûne n’est pas sans effets sur les paramètres sanguins et hormonaux, en citant à titre d’exemple la baisse de l’insuline, la hausse du cortisol (et ainsi un effet anti-inflammatoire), de même pour la sérotonine et la dopamine, etc. Dès lors, le jeûne peut affecter le niveau émotionnel. Mais, des recherches en biologie moléculaire révèle que le jeûne peut même changer l’expression des gènes [55,56]. Mais pour mieux comprendre les effets métaboliques de la thérapie par l’abstention alimentaire, il importe de se pencher davantage sur les effets du jeûne sur l’évolution du microbiote intestinal et sur la différenciation du tissu adipeux brun.

Désormais, le tissu adipeux brun apparait comme un élément majeur de la lutte contre la surcharge pondérale et l’obésité. Des études ont révélé la baisse du tissu adipeux brun chez les sujets obèses, sans que celle-ci puisse être associée à des anomalies métaboliques. Des travaux de recherche sont quelque peu prometteurs concernant la possibilité de contrer la prise de poids par le biais du développement d’adipocytes beiges, mais seulement chez les animaux jusqu’alors [57–59].

En fait, le tissu adipeux brun est « spécialisé dans la dissipation d’énergie sous forme de chaleur » (p. 84) [25]. Du coup, ce tissu contribue au processus de thermogenèse qu’induit l’alimentation, ce qui fait que c’est un acteur majeur du contrôle de la balance énergétique. Les mécanismes exacts qui sous-tendent tout ceci ne sont pas encore vraiment identifiés [58,59].

Les travaux de Li et al. (2017) [60] ont mis en évidence que le jeûne intermittent peut stimuler le tissu brun adipeux à travers la modification du microbiote intestinal. En effet, ce type de jeûne peut induire une thermogenèse chez les souris susceptible de provoquer une perte de poids et une amélioration des paramètres métaboliques : cela peut se faire via l’activation du tissu adipeux blanc ou encore en modifiant le tissu adipeux blanc à un phénotype brun. Les chercheurs ont trouvé que le jeûne intermittent stimule la synthèse d’une hormone circulante appelée FGF21, responsable de cette différenciation. Il faut dire que la hausse du taux de l’acétate et du lactate est un facteur de brunissage du tissu adipeux blanc. Or, il s’avère que le jeûne intermittent induit des changements dans le microbiote intestinal (des souris) favorisant l’élévation de l’acétate et du lactate plasmatiques [60].

De leur côté, Sapir et al. (1972) ont déjà démontré que le jeûne intermittent peut améliorer le syndrome métabolique chez un murin obèse en activant de manière sélective l’enrichissement de l’adipocyte beige dans le tissu adipeux blanc. D’ailleurs, les chercheurs ont constaté que le jeûne intermittent peut améliorer considérablement non seulement l’obésité, mais aussi la résistance à l’insuline. Ils ont également statuer que le jeûne intermittent modifie la composition du microbiote intestinal amenant à la hausse des produits de fermentation de lactate et d’acétate [61].

Tout ceci est quelque peu en adéquation aux résultats des travaux de certains chercheurs genevois sur des souris, cette fois soumis à une restriction calorique de 60%. Ces chercheurs ont constaté que la restriction calorique a entrainé, d’une part, le brunissement du tissu adipeux blanc viscéral et sous-cutané et, d’autre part, la baisse du tissu adipeux blanc ainsi que la taille des adipocytes. Le tissu adipeux brun est reconnu alors dans son rôle en matière de thermogenèse en rehaussant la dépense calorique [1,62].

Il y a lieu de conclure que le jeûne intermittent peut potentiellement jouer un rôle majeur dans le traitement contre l’obésité. Toutefois, les recherches attestant cette supposition sont uniquement réalisées chez des animaux jusqu’alors.

I.2.2.Risques associés au jeûne intermittent pour l’organisme

I.2.2.1.Pour le jeûne en général

Chambouvet (2016) [18] présente entre autres deux « dangers et contre-indications » majeurs du jeûne : la dénutrition et le syndrome de renutrition inappropriée.

L’ANAES donne ainsi une définition de la dénutrition :

La dénutrition protéino-énergétique résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins protéino-énergétiques de l’organisme. Ce déséquilibre entraîne des pertes tissulaires ayant des conséquences fonctionnelles délétères. Il s’agit d’une perte tissulaire involontaire. L’amaigrissement se différencie de la dénutrition par le caractère non délétère de la perte pondérale. Il peut être volontaire ou non (p. 5) [63].

En cas de jeûne, la balance énergétique est forcément négative alors que l’organisme éprouve constamment des besoins protéino-énergétiques. Il y a alors un risque plus ou moins élevé de dénutrition dans ce cas [18].

Certes, l’état de dénutrition peut être évaluée en se basant sur la variation du poids. Mais le diagnostic basé sur ce critère est plutôt délicat étant donné que cet état peut résulter d’une perte de masse maigre involontaire ou bien à une perte de masse grasse volontaire. De surcroit, il est possible que la présence d’un œdème dissimule la perte pondérale, et cette dernière peut également être accentuée par une déshydratation. En tout cas, le critère de perte de poids donne des indications sur le risque de dénutrition (cf. Tableau 3). La considération de la taille peut donner également des précisions sur le risque de dénutrition, à travers l’IMC [64]. Il est alors plus prudent de considérer ensemble ces deux critères, surtout chez des sujets obèses qui effectue un jeûne pour perdre du poids avec un IMC supérieur à 25, mais pouvant perdre 10% de son poids en un mois : il peut exister un sujet obèse dénutri [65].

Tableau 3 – Critères d’interprétation des marqueurs et index cliniques de dénutrition


Non dénutriSeuil de risque de dénutritionDénutrition modéréeDénutrition sévère
Perte de poids (% sur 1 mois)< 51010-20> 20
IMC20-2518.5-2013-18.5< 13

Source : Chambouvet (2016) [18,64]

Plusieurs conséquences plus ou moins sévères de la dénutrition peuvent être citées, dont principalement le risque infectieux élevé a cause de la baisse de la synthèse des protéines de l’immunité. Il peut y avoir également une diminution du volume cardiaque, provoquant possiblement une hypotension et une bradycardie. La dénutrition peut aussi affaiblir la masse du diaphragme et ainsi la fonction respiratoire, la masse et la force musculaire, les os (fragilisation osseuse), la capacité de cicatrisation. Bien qu’il ne semble pas encore y avoir d’étude réalisée sur l’implication du jeûne dans la dénutrition, il faut tout de même reconnaitre que le risque de dénutrition existe avec tout type de régime d’abstention ou de restriction alimentaire [18,66].

Quant au syndrome de renutrition inappropriée, il s’agit de « manifestations biologiques et cliniques délétères qui apparaissent lors de la renutrition d’un patient dénutri ou ayant effectué un jeûne prolongé » (p. 104) [18]. Ainsi, lors de la reprise alimentaire après jeûne, l’apport plus ou moins important de glucose peut s’accompagner d’un déficit de thiamine (vitamine B1) dont les réserves étant fortement diminuées durant la privation alimentaire. Ce déficit peut causer des dégâts importants (revoir par exemple le cas du gréviste de la faim dont la renutrition dépourvue de vitamine B a entrainé une broncho-pneumonie et une encéphalopathie de Wernickle, et finalement par le décès du sujet – cf. I.2.1.1. Jusqu’où peut-on jeûner ?) [67].

Par ailleurs, la renutrition peut aussi affecter l’équilibre hydroélectrolytique où l’apport trop important de glucose peut provoquer une hyperglycémie et ainsi une hausse brutal de l’insulinémie. Plusieurs manifestations cliniques peuvent apparaitre, telles qu’une dyspnée, des troubles du rythme cardiaque, une faiblesse musculaire, et une insuffisance respiratoire aiguë. Le déséquilibre hydroélectrolytique peut également porter atteinte au système nerveux périphérique (paresthésies) et/ou central (troubles de la conscience, convulsion, coma) [67].

Le jeûne accroit ainsi le risque de syndrome de renutrition inapproprié avec des conséquences potentiellement graves, voire mortelles. S’il n’est pas vraiment recommandé d’entamer une phase préliminaire de privation progressive pour les jeûnes, il est alors fortement conseillé de suivre une période de renutrition progressive à l’arrêt de chaque jeûne [18,67].

En outre, le jeûne pourrait être contre-indiqué dans certaines situations, comme en présence maladies critiques, de malnutrition bien évidemment, de psychoses sévères, et des tendances hémorragiques (ulcère peptique actif, par exemple) [25]. Le respect de certains critères est ainsi important, impliquant alors une surveillance médicale lorsque les sujets souhaitent toujours jeûner en présence de ces situations. Pour les patients diabétiques par exemple, le contrôle glycémique est nécessaire car, en principe, le jeûne doit être rompu avec une glycémie inférieure à 4.4 mmol/l (le risque d’hypoglycémie étant omniprésent en cas de jeûne) ou bien supérieure à 19.4 mmol/l (l’hyperglycémie étant fortement probable lors de la renutrition post-jeûne). En tout cas, le jeûne est déconseillé pour les sujets souffrant de diabète mal équilibré et les femmes enceintes [2].

Du fait de l’hétérogénéité des pratiques thérapeutiques, les recommandations ne sont que rarement consensuelles concernant la contre-indication pour le jeûne. Parmi les préconisations les plus citées dans la littérature à ce propos, le Tableau 4 donne une liste des recommandations et contre-indications concernant le jeûne, notamment dans le domaine de la naturopathie [2].

Tableau 4 – Liste des recommandations et contre-indications concernant le jeûne

Contre-indications (Ärztegesellschaft Heilfasten und Ernährung e.V.)Cachexie – Anorexie mentale – Hyperthyroïdie décompensée – Insuffisance cérébro-vasculaire avancée et démence – Insuffisance hépatique ou rénale avancée – Grossesse et allaitement
Mise en garde pour des pathologies à risque (Ärztegesellschaft Heilfasten und Ernährung e.V.)Addictions – diabète de type 1 – psychose – tumeurs malignes – pathologie coronarienne sévère – Décollement de la rétine – Ulcère gastrique et / ou duodénal
Autres contre-indicationsSclérose en plaque – tuberculose – états pré et post chirurgicaux – phobie du jeûne – troubles du comportement alimentaire (incluant la boulimie) – épilepsie – présence d’un stimulateur cardiaque – présence d’un organe greffé – carences nutritionnelles
Médicaments qui posent problèmes durant le jeûneMédicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens – Corticostéroïdes systémiques – Antihypertenseurs (en particulier les bêtabloquants et les diurétiques) – Antidiabétiques – Contraceptifs (effet limité) – Anticoagulants – Médicaments psychotropes (en particulier les neuroleptiques et le lithium) – Antiépileptiques
Réactions possibles durant un jeûneTroubles de la circulation (notamment hypotension orthostatique) – hypoglycémie légère – perturbations électrolytiques – Maux de tête, migraines – lumbago aigu – crampes musculaires – Vision floue (temporaire) – rétention hydrique – modifications du sommeil
Critères de rupture d’un jeûneNon compliance – Troubles du rythme cardiaque – troubles gastro-intestinaux réfractaires – perturbations électrolytiques (K+ < 3,0 mmol/l ou Na+ < 125 mmol/l ou Cl <90 mmol/l) – Diminution des constantes cardiovasculaires sur au moins 2 jours (FC < 45/min, TAsys < 70 mmHg et / ou TAdia < 40)

Sources : Association médicale Jeûne et nutrition (Ärztegesellschaft Heilfasten und Ernährung e.V.) et INSERM [2]

Parmi ces recommandations, l’on peut parler en particulier du cas de jeûne pour les femmes enceintes car l’insuffisance des apports nutritifs durant la grossesse peut perturber le développement du fœtus. Du coup, le jeûne est considéré comme inapproprié pour les femmes enceintes car augmentant le risque d’avortement, de prématurité, et de retard de croissance fœtale et néonatale. Une étude a constaté que les enfants conçus au cours de la famine hollandaise (de 1944) ont davantage de problèmes sanitaires durant leur vie par rapport aux enfants dont les mères ont été bien nourries [68]. En ce qui concerne les légendaires habitants de l’île d’Okinawa (Japon) dont les habitants sont réputés pour leur longévité et leur régime spécifique à faible teneur calorique, il s’est révélé que les enfants issus de parents ayant suivi une restriction calorique de 11% durant 15 ans ont un faible poids à la naissance, une taille modeste et un CMI autour de 21. Les jeûnes d’Okinawa ont une prévalence assez élevée de diabète de type 2 et de risque cardiovasculaire élevé par rapport aux autres jeunes japonais [69].

Pour les femmes en général, le jeûne peut induire des changements hormonaux qui accompagnent la perte de poids avec comme conséquences potentielles l’irrégularité des menstruations et des aménorrhées, mais aussi un développement d’ostéoporose. Il a été constaté également qu’une restriction calorique chronique chez les anorexiques mentales peut provoquer une perte pondérale importante avec un risque élevé de baisse de la reproduction et de la fertilité [70].

A propos des effets indésirables du jeûne, les maux de tête figurent parmi les plus évoqués par des pratiquants du ramadan. Une étude a ainsi relevé que ce problème a concerné 41% des jeûneurs considérés contre 8% seulement chez des non-jeûneurs. Le jeûne du ramadan pourrait également affecter les humeurs et faire diminuer les fonctions cognitives des jeûneurs [71].

De manière générale, les effets indésirables du jeûne peuvent varier surtout en fonction de l’intensité (en quantité et en qualité) et de la durée de la privation alimentaire, mais aussi de la population concernée (cf. Tableau 5).

Tableau 5 – Effets indésirables potentiels du jeûne (régime très hypocalorique)

Population spécifiqueEffets indésirables
Population en généraleAccidents (de façon aiguë) avec mort subite par troubles du rythme cardiaque (risque élevé d’hypokaliémie, une expansion brutale du volume sanguin sur un muscle défaillant lors de la réalimentation). Risques de malaise (vagal, hypoglycémie). Altération du statut en fer. Inflammations et fibroses modérées aux niveaux hépatique et portal, calculs biliaires. Libération de polluants organiques persistants. Atteinte au capital osseux
Femme enceinte et allaitanteRalentissement de la croissance fœtale (au troisième trimestre), faible poids de naissance, forte prévalence de fausse couche, de naissance prématurée et de naissance par césarienne. Déficits nutritionnels anténatals altérant la santé à l’âge adulte (dont troubles de la tolérance glucidique). Influence sur les concentrations en iode, vitamines hydrosolubles et la qualité des acides gras, ainsi que sur le niveau de la production lactée ; avec possible implication sur la croissance de l’enfant.
Enfant et/ou adolescentRalentissement de la croissance et du développement pubertaire. Risque de retentissement psychologique, d’aménorrhées primaires ou secondaires, de tendinites, de déminéralisation osseuse et de carence martiale (surtout chez les sportifs).
Personne âgéeAggravation du risque d’arythmie cardiaque et de fibrillation auriculaire, notamment pour les femmes après ménopause (surtout s’il y a déficience en magnésium). Risque de récidive de tumeurs colorectales, évolution des escarres, perte de masse musculaire et de la minéralisation du squelette.
Femme sportiveTrouble de la menstruation, aménorrhée accompagnée d’une carence œstrogénique induisant une perte osseuse.

Source : Rapport de l’ANSES [2]

I.2.2.2.Qu’en est-il pour le jeûne intermittent en particulier ?

Un risque majeur qu’il convient de soulever en premier concerne le fait que les différents types de jeûnes (y compris le jeûne intermittent) ont des effets sur le poids et la composition corporelle presque uniquement sur le court terme. En effet, la symptomatologie de la faim et d’envie de manger persiste dans le temps et rend difficile le changement d’habitudes alimentaires qui conditionnent pourtant la pérennité des bénéfices du jeûne. Il en résulte des comportements de « compensation » qui incitent le jeûneur à consommer davantage, plus que d’habitude, non seulement pendant des périodes entrecoupant la privation pour le jeûne intermittent, mais également et surtout lors de la fin du traitement.

Des études ont effectivement révélé cette sensation de faim persistante et qui augmente parfois d’intensité de manière progressive pendant le jeûne intermittent (et aussi le jeûne continu) [72,73]. Le phénomène de « post-starvation obesity » est mis en évidence dans l’étude de Minnesota, désignant le fait que la faim est ressentie par le sujet qui peut avoir des troubles de comportement alimentaires comme le binge eating : le sujet développe une certaine hyperphagie compensatrice à chaque reprise de l’alimentation ad libitum, pouvant aller jusqu’à 200% des apports caloriques habituellement consommés. Certes, cela constitue un moyen pour retrouver la masse maigre initiale, mais aussi avec un excès considérable de masse grasse [72].

Ce phénomène se rapproche de ce qui survienne dans les 33 sessions de jeûne total de 24 heures suivies par des jeunes femmes pendant une année. Pour ces dernières, le risque de binge eating ainsi que de boulimie est relativement élevé et augmente progressivement durant les cinq années qui suivent le traitement [74]. Le controverse concernant l’effet du jeûne sur la sensation de faim et la satiété est évoqué dans des études aussi bien sur des sujets sains que chez des sujets en surpoids et obèses.

Jusqu’alors, il apparait encore difficile d’appréhender les mécanismes exacts à travers lesquels le jeûne intermittent en particulier agit, à la lumière des effets du jeûne en général (comme expliqué plus en amont) sur l’organisme pour faire perdre du poids afin de traiter la surcharge pondérale et l’obésité. Certes, des études (cf. supra) laissent entrevoir que le jeûne intermittent a une certaine efficacité dans ce traitement. Mais il ne faut pas oublier que le jeûne intermittent diffère sensiblement des autres types de jeûnes par l’existence de périodes relativement courtes entrecoupant la privation alimentaire durant lesquelles l’alimentation est généralement normale (ad libitum, le plus souvent – voire plus abondamment qu’habituellement dans certains cas). Par exemple, il a été constaté qu’un jeûne intermittent de deux semaines sur des sujets de CMI de 25.7 en moyenne n’a pas diminué significativement leur poids [75]. Johnstone (2007) [29] avance alors que seul le jeûne total pourrait se révéler efficace pour perdre du poids de façon notable en deçà d’une période d’un an.

Il ne semble pas y avoir d’effets indésirables graves systématiquement évoqués qui soient associés au jeûne intermittent. Selon le HAS, « un évènement indésirable est un évènement défavorable pour le patient, plus lié aux soins (stratégies et actes de traitement, de diagnostic, de prévention et de réhabilitation) qu’à l’évolution de la maladie. Est considéré comme grave un évènement associé à un décès ou à une menace vitale à un handicap ou à une incapacité, ou enfin, à une prolongation d’hospitalisation d’au moins un jour » (p. 83) [2].

A vrai dire, le jeûne intermittent est vraisemblablement moins exposé à des effets indésirables graves par rapport au jeûne total et continu du fait de l’existence (pour le premier) de période de restauration qui pourrait atténuer les éventuelles conséquences du manque ou d’absence d’apports caloriques pour combler les besoins de l’organisme. Dans la revue de la littérature réalisée par l’INSERM parue en 2014, même pour le jeûne total et continu, la littérature ne semble rapporter d’effets indésirables graves que pour les publications antérieures à 1990. Pour le jeûne total et continu, quelques cas de décès ont été rapportés entre 1964 et 1970 (associés à diverses causes telles qu’une insuffisance rénale aiguë survenue au 14ème jour de jeûne, une obstruction de l’intestin grêle par volvulus au 13ème jour, d’autres causes non précisées au 3ème semaine. Au moins un décès a également été signalé, dans cette même période lors du quatrième jeûne intermittent de 4 mois chez un sujet diabétique, lié à une acidose lactique. Aucun décès relatif au jeûne n’a plus été documenté après 1970, avec toutefois deux complications sévères évoquées pour la période 1977 à 1980 associées à une tachycardie ventriculaire. Néanmoins, cette revue invite à la prudence d’interprétation de ses résultats car, d’une part, les tailles d’échantillons des études considérées sont généralement faibles (car les effets pourraient avoir des faibles incidences) et, d’autre part, les données disponibles ne permettent pas toujours d’évaluer des pratiques réalisées et non documentées (sans supervision médicale, en l’occurrence) [2].

Parmi les effets indésirables « non graves » évoqués par les sujets eux-mêmes, l’on peut citer des étourdissements, une sensation de faiblesse générale, de la mauvaise haleine, des maux de tête, une sensation de froid, un manque de concentration, des troubles de sommeil, des nausées, et de la constipation [36]. Ces effets indésirables non graves ne sont pas rapportés systématiquement dans les études correspondantes même s’ils peuvent être assez fréquents (comme la sensation de faim, la fatigue, la nausée ou les céphalées), d’autant plus que ceux-ci s’estompent en principe une fois passée la phase du jeûne court ou phase protéique. D’autres effets indésirables sont certainement non-nuancés à cause d’une prise en charge médicale adaptée. Tout cela met l’accent sur l’importance de la surveillance médicale (qu’on probablement bénéficié les pratiques de jeûne depuis les années 2000 [2].

D’autres études ont essayé d’appréhender les implications du jeûne de ramadan pour certains problèmes de santé chroniques relativement critiques. Il en est par exemple des cas de sujets atteints de sclérose en plaque de forme modérée, de patients souffrant d’accidents cérébro-vasculaires, des personnes ayant un problème d’insuffisance cardiaque aiguë, des individus qui ont présenté des problèmes d’infarctus du myocarde. Les résultats de ces études ont montré que ce type de jeûne n’a pas eu d’effets significatifs en termes d’aggravation de ces problèmes sanitaires sur ces jeûneurs (par rapport à des individus souffrant des mêmes problèmes et n’ayant pas observé le jeûne du ramadan) [2].

I.3.Questionnements, problématique et hypothèse de recherche

En guise de synthèse (et de conclusion partielle), il s’avère que les pratiques de jeûne intermittent sont potentiellement efficaces dans le traitement du surpoids et de l’obésité. Cependant, comme pour l’ensemble des pratiques de jeûne en général, les effets du jeûne intermittent semblent porter seulement sur une période relativement courte. Il apparait désormais que le jeûne intermittent ne résout pas le problème de l’obésité à sa véritable source, au sens de l’OMS qui recommande vivement un changement des habitudes alimentaires afin de permettre une balance énergétique adéquate pour le maintien de la perte de poids (pour une durée nécessaire au traitement du surpoids et de l’obésité) et pour éviter la reprise pondérale. En effet, le risque de rechute est bien présent car le jeûne n’atténue pas la sensation de faim ; le contraire est même constaté, avec un risque d’hyperphagie et de boulimie élevé au fil du temps (durant et après le traitement). Par ailleurs, il est encore difficile d’évaluer plus précisément les risques sur la santé de l’observation du jeûne intermittent ; or, cela constitue nécessairement une condition permettant d’attester ou non l’efficacité véritable (donc, en parlant d’efficience) des pratiques de jeûne intermittent.

Quelques questionnements s’imposent alors dans l’étude du jeûne intermittent comme stratégie de perte de poids pour les sujets en surcharge pondérale et obèses. Quelles genres de jeûne intermittent sont vraiment susceptibles de permettre une perte pondérale significative ? Est-il possible d’obtenir des effets bénéfiques (en termes de perte de poids) à long termes de ces pratiques de jeûne intermittent ? (Quelles en sont les conditions, le cas échéant ?) Existe-il des risques pour la santé des sujets qui observent un jeûne intermittent ? (Quels genres de risque, de quelle portée et de gravité ?)

Pour résumer ces questionnements, nous définissons la problématique de la présente recherche comme suit :

Une stratégie de perte de poids par le jeûne intermittent présente-t-elle de risques pour l’organisme ?

Cela suppose a priori que cette stratégie présente une certaine efficacité pour le traitement du surpoids et de l’obésité. Il importe donc de revisiter et d’apporter des précisions sur cette question d’efficacité du jeûne intermittent dans ce type de traitement (précisions sur les types et les conditions d’efficacité du jeûne intermittent, en l’occurrence). Afin de donner des éléments de réponse à cette problématique, nous émettons les hypothèses de recherche suivantes :

  • Hypothèse H1 : La stratégie de perte de poids par le jeûne intermittent en tant que traitement autonome (sans autres interventions complémentaires) est généralement efficace.
  • Hypothèse H2 : Le traitement du surpoids et de l’obésité par le jeûne intermittent, sans soutien spécifique complémentaire pour aider à l’amélioration des habitudes de vie (alimentaires et concernant les activités physiques) peut favoriser le risque d’hyperphagie compensatrice pendant les phases d’alimentation ad libitum et/ou à l’arrêt du traitement. En fait, le jeûne intermittent ne modifie pas fondamentalement les comportements alimentaires.
  • Hypothèse H4 : Le jeûne intermittent n’est pas associé à des effets indésirables graves sur la santé.

II.Analyse empirique : une revue de la littérature sur les risques associés au jeûne comme stratégie contre le surpoids et l’obésité

II.1.Matériel et méthode

Dans cette étude, il s’agit d’examiner dans la littérature l’existence éventuelle de risque(s) associé(s) au traitement du surpoids et de l’obésité par le jeûne intermittent. Ce type de jeûne est considéré alors, dans la présente recherche, comme une stratégie alternative aux régimes hypocaloriques et tout autre traitement pharmacologique ou non, étant donné les enjeux d’efficacité et d’efficience de la plupart des stratégies avancées pour remédier aux problèmes de la surcharge pondérale [36].

Ainsi, la notion de risque concerne des problèmes portant aussi bien sur l’atteinte des objectifs assignés au traitement qu’aux effets indésirables de ce dernier. L’objectif consiste ici à perdre du poids sans nuire à la santé, et maintenir de manière pérenne un niveau de CMI en dessous d’un certain seuil de manière à permettre une santé et un bien-être épanouis pour le sujet considéré. Trois catégories de risques (d’inefficacité de la stratégie) sont donc à considérer (il y a lieu donc de tenir compte de l’efficacité de la stratégie), à savoir : une perte de poids non significative, une reprise de poids (allant au-delà du seuil de surpoids, en l’occurrence), et des effets néfastes pour la santé.

Pour le choix des études à retenir dans cette revue de la littérature, quatre principaux critères s’imposent alors :

  • Premièrement, l’étude en question doit absolument se focaliser sur le jeûne intermittent comme traitement du surpoids et de l’obésité (y compris les analyses comparant le jeûne intermittent à d’autres types de traitement).
  • Deuxièmement, la recherche intègre principalement l’efficacité du traitement par le jeûne intermittent en termes de perte pondérale, de manière à consacrer une partie consistante de l’analyse des résultats à cette question d’efficacité. Cette notion d’efficacité s’articule généralement sur des résultats de tests statistiques en tenant compte d’un certain seuil de signification (de façon générale, le niveau de confiance devrait au moins égal à 95%, soit une marge d’erreur inférieure à 5%).
  • Troisièmement, les sujets de l’étude sont des individus en surpoids ou obèse, ayant généralement un IMC ≥ 25 kg/m².
  • Quatrièmement, l’article doit mentionner explicitement au moins un des trois types de risques évoqués précédemment (inefficacité du traitement à faire perdre du poids, risque de reprise de poids, effets délétères sur la santé).

D’autres critères d’inclusion des articles ont été également fixés :

  • Types d’articles : des essais cliniques et des essais contrôlés pour obtenir des informations plus riches (que celles publiées dans des revues et des méta-analyses).
  • Dates de publication des articles : de 2016 à 2020 pour se concentrer notamment sur les travaux récents, sur des connaissances relativement « nouvelles » relatives au sujet de recherche.

Sont exclus de la présente revue les études portant sur des patients qui nécessitent un traitement hospitalier ou des conditions médicales spécifiques comme les accidents vasculaires cérébraux, les cancers, et les convulsions.

Pour ce travail de recherche, nous nous limitons aux articles disponibles en libre accès, en texte intégrale. Seuls les articles publiés en anglais ont été consultés, étant entendu que les recherches du côté anglo-saxon apparaissent très développées concernant les pratiques du jeûne thérapeutique.

En matière de sources d’informations, la base de données MEDLINE a été interrogée prioritairement via le moteur de recherche PubMed. Désormais, PubMed donne également accès aux bases de données de la National Library of Medicine et du National Institute of Health.

PubMed a donc été interrogé via une combinaison de mots-clés correspondant aux concepts et notions mobilisés dans cette recherche. L’élaboration de l’équation de recherche tient compte des différents types de jeûne intermittent considérés dans la littérature : cela concerne toute abstinence alimentaire totale ou partielle effectuée périodiquement dont chaque privation dure au moins égale à 12 heures et suivie d’une période d’alimentation restreinte ou ad libitum. Sont alors inclus dans le champ d’étude le jeûne intermittent ou jeûne alterné et la limitation horaire de l’alimentation, y compris ainsi le jeûne du ramadan. La question du surpoids et de l’obésité et/ou de la perte de poids définit aussi cette équation de recherche (cf. Tableau 6).

Tableau 6 – Construction de l’équation de recherche

ThématiqueJeûne intermittent
Obésité, surpoids, perte de poids
ChampsTITREOpérateur ET (AND)TITRE et RESUME
Mots-clésOpérateur OU (OR)Alternate day fasting Intermittent fasting Time restricted feeding Meal skipping Reduced meal frequency Ramadan fast/fasting/fastedObesity Overweight Weight loss
Equation de recherche dans PubMed((alternate day fasting[Title]) OR (intermittent fasting[Title]) OR (time restricted feeding[Title]) OR (meal skipping[Title]) OR (reduced meal frequency[Title]) OR (((ramadan[Title]) AND ((fast[Title]) OR (fasting[Title]) OR (fasted[Title])))) AND ((obesity[Title/Abstract]) OR (overweight[Title/Abstract]) OR (Weight loss[Title/Abstract])) AND ((y_5[Filter]) AND (ffrft[Filter]) AND (fha[Filter]) AND (clinicaltrial[Filter] OR randomizedcontrolledtrial[Filter])))

y_5 : cinq dernières années (2016-2020) ; ffrft : disponible en texte intégral ; fha : avec résumé.

Après une présentation des résultats de la recherche et ainsi des études retenues, celles-ci seront analysées au regard des trois hypothèses de recherche.

II.2.Résultats

II.2.1.Présentation et analyse critique des études

La recherche via le moteur de recherche PubMed a donné 19 résultats de recherche, mais après lecture approfondie de l’intégralité des articles, 9 articles ont été éliminés car n’évoquant ni le risque de reprise de poids, ni l’existence ou non d’effet indésirable inhérent à la pratique du jeûne intermittent. In fine, 9 articles ont été retenus dont les objectifs (primaires ou secondaires) tournent autour des effets du jeûne intermittent sur le métabolisme.

La quasi-totalité de ces études s’intéressent presque systématiquement, outre la dynamique du poids associée au jeûne intermittent, à la glycémie et/ou l’insulinémie (9 articles [76–84]), mais aussi les compositions corporelles dont les proportions de masses grasse et maigre (6 articles [76,78–81,83]), certains paramètres métaboliques habituels comme la pression artérielle (6 articles [77–82]), le profil lipidique comme la concentration plasmatique de triglycérides (6 articles [77–81,83]) (cf. Tableau 7). D’autres travaux mettent l’accent sur les effets du jeûne intermittent sur les concentrations de certaines hormones, et plus particulièrement des hormones intestinales susceptibles de jouer un rôle spécifique sur la satiété et l’appétit, dont la leptine et la ghréline qui sont impliquées dans la régulation du bilan énergétique (3 articles [78,83,84]). Trois études cherchent à expliciter plus particulièrement la tolérance et l’innocuité au jeûne intermittent pour les types de population concernés [76–78].

Tableau 7 – Effets du jeûne intermittent évalués sur certains paramètres du métabolisme

AuteurComp. corpo.Profil lipi­d.Glyc. insul.Hor­m. div.Param. métab.Tolé­r. au jeuneAutres
Anton et al. (2019) [76]X
X

XFonction physique et cognitive, qualité de vie, fatigabilité
Bowen et al. (2018) [79]XXXXX
Comportements alimentaires, humeur
Cai et al. (2019) [80]XXX
X
Faim et satiété, raideur du foie
Catena­cci et al. (2016) [78]XXXXXXHormones de la satiété, comportements alimentaires
Kundu­raci (2020) [81]XXXXX
Apports alimentaires et niveau d’activité physique
Sutton et al. (2018) [82]

X
X
L’appétit, paramètres cardio-métaboliques
Tay et al (2020) [83]XXXX

Hémoglobine glyquée (HbA­1c), hormones intestinales, hu­meur et alimentation, faim et satiété, qualité de vie
Trepa­no­wski et al. (2017) [77]
XX
XXProtéine C-réactive, homocystéine
Zouhal (2020) [84]X

X

Hormones de la satiété

Comp. corpo. : compositions corporelles ; Profil lipid. : profil lipidique ; Glyc. insul. : glycémie et insulinémie ; Param. métab. : paramètres métaboliques ; Horm. div. : hormones diverses.

Concernant la qualité des 9 études retenues (cf. Tableau 8), celles-ci concernent deux grands essais contrôlés randomisés ou ECR (niveau de preuve I, au sens de Sackett (1989) [85]), sept petits ECR (niveau II), et un essai clinique de petite taille d’échantillon (niveau III). La grande majorité de ces études sont désormais limitées par la faible taille d’échantillon des participants à l’expérimentation, ce qui influe incontestablement sur la portée de la recherche.

Tableau 8 – Qualité scientifique des études retenues

AuteurTitreTypeNPrvBiais
Anton et al. (2019) [76]The Effects of Time Restricted Feeding on Overweight, Older Adults: A Pilot StudyEssai clini­que10IIILa petite taille de l’échantillon et la courte période d’intervention affai­blissent la signification statistique des résultats. Pas de groupe de contrôle : possible influence d’autres facteurs.
Bowen et al. (2018) [79]Randomized Trial of a High Protein, Partial Meal Replace­ment Program with or without Alternate Day Fasting: Similar Effects on Weight Loss, Retention Status, Nutritional, Metabolic, and Behavioral OutcomesECR135INombre limité des participants masculins. Pas de mesure de l’apport alimentaire, de la dépense énergétique et pas de surveillance de l’AP
Cai et al. (2019) [80]Effects of alternate-day fasting on body weight and dyslipidaemia in patients with non-alcoholic fatty liver disease: a randomised controlled trialECR279IPas d’évaluation de l’AP (effet sur la perte de poids d’une augmenta­tion des dépenses énergétiques inconnu)
Catena­cci et al. (2016) [78]A randomized pilot study comparing zero-calorie alternate-day fasting to daily caloric restriction in adults with obesityECR26IIManque de signification statistique de certains tests de comparaison (tailles d’effets faibles pour les différences intergroupe dans les changements de poids). Randomisation stratifiée par sexe entrainant un poids moyen plus élevé pour R.C. (possible effets sexuels). Pas de mesure de l’AP durant le traitement et le suivi et pas de mesure de l’AE pour le suivi.
Kundu­raci (2020) [81]Does the Energy Restriction Intermittent Fasting Diet Alle­viate Metabolic Syndrome Bio­markers? A Randomized Contro­lled TrialECR65IIRandomisation stratifiée par âge et sexe, entrainant une hausse du poids corporel moyen et de l’IMC du G.C.
Sutton et al. (2018) [82]Early Time-Restricted Feeding Improves Insu­lin Sensitivity, Blood Pressure, and Oxidative Stress Even without Weight Loss in Men with PrediabetesECR8IIECR indiqué mais pas de précision sur la randomisation et la répartition avec les grou­pes expéri­mental et tém­oin (méthodo­logie non exp­licitée)
Tay et al (2020) [83]PROFAST: A Randomized Trial Assessing the Effects of Intermittent Fasting and Lactica­seibacillus rhamnosus Probiotic among People with PrediabetesECR26IIOutre la faible taille de l’échantillon, la non surveillance de la conformité des déclarations des participants avec la réalité (notamment sur l’AP) peut remettre en cause les résultats
Trepa­no­wski et al. (2017) [77]Effect of Alternate-Day Fasting on Weight Loss, Weight Main­tenance, and Cardio­protection Among Metabolically Healthy Obese Adults: A Randomized Clinical TrialECR69IIGroupe J.I. mangeait plus que prescrit les jours de jeune et moins les jours d’alimentation
Zouhal (2020) [84]Effects of Ramadan Intermittent Fasting on Gut Hormones and Body Composition in Males with ObesityECR15IIFocalisation sur des participants masculins, réduisant la portée de l’étude. L’utilisation de l’impédance bio­électrique pour mesurer la masse grasse peut sous-estimer cette dernière.

Prv : niveau de preuve de l’EBM ; J.I. : jeûne intermittent ; R.C. : restriction calorique ; AP : activités physiques ; AE : apports énergétiques ; : taille (totale) de l’échantillon (participants ayant terminé l’expérimentation jusqu’à la fin).

Certains travaux sont principalement associés à des biais relatifs à la sélection plutôt « genrée » des participants : cela est réalisé de manière intentionnelle pour certaines études [82] tandis que pour d’autres, l’on n’a appréhendé l’effet « sexuel » qu’a posteriori [78,79,81,84]. Or, les apports et les dépenses (et donc la balance) énergétiques peuvent être influencés sensiblement par le sexe. L’absence de mesure des apports énergétiques des aliments ingérés durant le traitement et/ou le suivi d’une part, et le manque de contrôle de la conformité des pratiques des participants aux prescriptions et/ou à leurs propres déclarations concernant notamment leur régime et leurs activités physiques d’autre part, constituent un élément susceptible d’affecter également les résultats de nombreuses de ces études [78–80,83]. Effectivement, dans l’étude de Trepanowski et al. (2017), il a été révélé que les participants du groupe « jeûne intermittent » mangeait plus que ce qui est prescrit les jours de jeûne et moins les jours d’alimentation, alors que les membres du groupe de contrôle (restriction calorique) ont presque toujours atteint les objectifs en termes d’apports caloriques dans leur alimentation [77].

Plus particulièrement, pour les travaux d’Anton et al. (2019), étant donné qu’il s’agit d’essai clinique, l’inexistence de groupe contrôle appelle à une certaine prudence dans l’interprétation des résultats qui peuvent être influencés par des facteurs autres que le jeûne intermittent [76]. Dans les recherches de Sutton et al. (2018), il est indiqué qu’il s’agit d’ECR, mais l’appariement dans les groupes expérimental et de contrôle n’est pas explicité dans leur papier [82].

Par ailleurs, comme la taille de l’échantillon devant assurer un niveau de signification statistique acceptable des tests de comparaison intergroupe n’a pas été atteinte dans l’étude de Catenacci et al. (2016), cette étude souffre d’un manque de signification statistique de certains résultats de comparaison intergroupe, avec par exemple des tailles d’effets relativement faibles pour les différences entre les groupes dans les changements du poids [78]. Cela pourrait concerner d’autres études de faible nombre de participants mais qui n’ont pas présenté le calcul correspondant à la taille minimale devant garantir une certaine puissance des tests intergroupes.

A propos des recherches de Zouhal et al. (2020), le biais peut provenir de l’instrument de mesure de la masse grasse (alors qu’il s’agit de se focaliser sur les effets du jeûne de ramadan principalement sur la composition corporelle) susceptible de sous-estimer cette mesure [84].

Ces 9 articles portent sur deux grands types de jeûne intermittent :

  • Le jeûne d’un sur deux jours (noté ADF pour alternate day fasting) dont les apports énergétiques lors du jour d’alimentation peuvent varier de 0 à un certain seuil fixé (niveau fixe ou proportion des besoins habituels – c’est-à-dire, un ADF combiné à une restriction calorique ou RC) [78–80]. Un régime particulier peut être imposé (comme le régime riche en protéine [79]). Un cas particulier est celui de deux jours par semaine avec RC (à 600-650 kcal) les jours de privation [83].
  • La limitation horaire des repas (noté LHR.) généralement à une fenêtre de 6 à 8 heures [76,81,82], y compris le jeûne du ramadan [84].

La durée des traitements varie de quelques jours à 12 mois (cf. Tableau 9). Cela dépend notamment des objets de la recherche : ainsi, le jeûne du ramadan dure nécessairement 30 jours (le mois du ramadan) [84]. Mais la durée du traitement est aussi fonction du type de participants à l’expérimentation : une étude réalisée sur des personnes âgées a été limitée à 4 semaines, la fenêtre horaire du jeûne s’élargissant progressivement jusqu’à atteindre 16 heures [76]. Certaines expérimentations comportent deux phases : une phase de traitement et une phase de maintien de poids [77,79] ou encore de suivi [78].

Tableau 9 – Objectifs, population, type de jeûne intermittent et résultats des études retenus

Auteur et dateObjectifs de la rechercheType de jeûne et durée de la curePopulation étudiée
Anton et al. (2019) [76]Evaluer l’innocuité et la faisabilité de la LHR dans une population d’adultes âgés en surpoidsLHR à 8h (progre­ssive pour la 1ère semaine) boisson sans calorie pen­dant le jeûne. Durée : 4 semainesAdultes âgés sé­dentaires en sur­poids 65 ans et plus IMC ≥ 25
Bowen et al. (2018) [79]Evaluer de manière exhaustive un ADF + C.R. et un C.R tous deux riches en protéines sur la rétention des participants, la perte de poids et la composition corporelle chez les adultes en surpoids / obésitéADF + RC le jour d’alimenta­tion + 1 jour ad lib. / semaines (régime ri­che en protéines). G.C. : RC riche en protéine. Durée : 16 semaines de perte de poids + 8 semaines de maintien du poidsAdultes obèses [25-60] ans IMC > 27
Cai et al. (2019) [80]Evaluer les effets du J.I. sur le poids corporel et le profil lipidique des per­sonnes atteintes de stéa­tose hépatique non alcoo­liqueADF à 25% (des be­soins) et boisson sans calorie. G.C. : LHR à 8h. G.T. : 80% besoins. Durée : 12 semainesAdultes atteints de stéatose hé­pa­tique non-alcoolique [18-65] ans IMC > 24
Catena­cci et al. (2016) [78]Evaluer l’innocuité et la tolérabilité de l’ADF et comparer les change­ments de poids, de com­position corpo­relle, de lipides et d’indice de sensibilité à l’insuline avec ceux d’une C.R. modérée.ADF zéro calorie. G.C. : C.R. à –400 kcal / jour. Durée : 8 semaines de trai­te­ment avec suivi 24 semaines après traitement + con­seils ali­mentaires et sur l’activité physi­que.Adultes obèses [18-50] ans IMC ≥ 30
Kundu­raci (2020) [81]Déterminer l’efficacité d’un régime de jeûne intermittent à restriction énergétique dans les biomarqueurs métaboli­ques et la gestion du poids chez les adultes atteints du syndrome métabo­liqueLHR à 8h avec RC à 25%. G.C. : RC (égale­ment à 25%). Durée : 12 semainesPatients atteints du syn­drome méta­bo­liques [18-65] ans IMC > 27
Sutton et al. (2018) [82]Tester si la LHR a des avantages indépenda­mment de la perte de poids en donnant aux parti­cipants suffisam­ment de nou­rriture pour maintenir leur poidsLHR à 6h (manger tôt : diner à 15h). G.C. : normal. Durée : 5 semaines (37 jours dont un jour de rodage)Hommes atteints de pré­diabète [47-65] ans IMC > 27
Tay et al (2020) [83]Examiner si le jeûne intermi­ttent, complété par le probio­tique Lacticaseibacillus rham­nosus HN001, réduisait l’HbA1c chez les perso­nnes atteintes de pré­diabèteJeûne de 2 jour / semaines de RC à 600-650 kcal / jour + probiotique G.C. : même régi­me mais sans pro­biotique Durée : 12 semainesPersonnes at­teintes de pré­diabète [18-65] ans IMC ≥ 27
Trepa­no­wski et al. (2017) [77]Comparer les effets de l’ADF par rapport à la RC quotidienne sur la perte de poids, le maintien du poids, et les indicateurs de risque de maladie cardio­vasculaireADF à 25% et 125% les jours d’alimentation. G.C. : RC à 75%. Durée : Phase de perte de poids (6 mois) + Phase de maintien de poids (6 mois) : 50% jours de jeûne et 150% les jours d’alimentationAdultes obèses [18-64] ans  = 34
Zouhal (2020) [84]Etudier les effets du jeûne du ramadan sur les hormones intestinales (leptine, ghréline, GLP-1, PYY et CCK) chez les hommes obèsesJeûne du ramadan (de 15 à 16h par jour). G.C. : normal. Durée : 30 jours du ramadan.Hommes sé­dentai­res [20-30] ans IMC ≥ 30

G.C. : Groupe de contrôle (groupe témoin ou groupe de comparaison)

En fait, les sujets des études sont généralement des adultes entre 18 et 65 ans (un seul article porte sur une tranche d’âges au-delà de 65 ans [76]), en surpoids ou obèses (IMC > 25). Certains travaux limitent l’expérimentation aux hommes [82,84].

II.2.2.Le jeûne intermittent et la perte de poids

En général, le jeûne intermittent, qu’il s’agisse d’ADF ou de LHR a permis une diminution significative du poids. Certes, le type de régime suivi et la durée de la cure ne sont pas sans effet sur cette perte pondérale. Toutefois, le type de jeûne à lui seul, de même que la durée du traitement à elle seule, n’est pas individuellement déterminant dans la modification des résultats de la cure. En prenant l’exemple de l’étude de Cai et al. (2019) [80], le poids perdu n’est pas significativement différent selon qu’il s’agisse d’ADF ou de LHR, durant une même période de 12 semaine (cf. Tableau 10). La perte pondérale est certainement influencée par plusieurs facteurs autres que les seuls type de jeûne et durée du traitement.

Tableau 10 – Effets du jeûne intermittent sur le poids, la composition corporelle et le profil lipidique

AuteurType de jeûne et durée de la curePoids perdu [kg (%)]Compositions corporellesProfil lipidique
MMMGCTTG
Anton [76]LHR à 8h (4 sem.)2.6 (2.7)




Bowen [79]ADF + RC (16 sem.)10.7 (10.6)0
Cai [80]ADF à 25% (12 sem.)4.06 (5.4)0
LHR à 8h (12 sem.)3.25 (4.3)0
Catena­cci [78]ADF 0 calorie (8 sem.)8.2 (8.6)0

Kundu­raci [81]LHR à 8h + RC à 25% (12 sem.)8.2 (8.0)+
Sutton [82]LHR à 6h (5 sem.)1.40

Tay [83]Jeûne 2 jour/sem. + RC + probiotique (12 sem.)4.6 (5.0)0
Trepa­no­wski [77]ADF de 25%//125% (perte) 6ème mois(6.8)0
ADF de 50%//150% (maintien) 12ème mois(6.0)0
Zouhal [84]Jeûne du ramadan (30 jours)2.3 (2.4)


Seuil de signification : 95% (marge d’erreur : 5%).

sem. : semaine ;  : différence significative avec le(s) groupe(s) de contrôle (0 si aucun, + si ADF ou LHR plus élevé) ;  : en hausse ;  : en baisse ;  : sans changement significatif.

Néanmoins, il faut reconnaitre que la dynamique du poids dépend incontestablement du type de régime suivi, c’est-à-dire les apports caloriques et la composition des aliments ingérés et les activités physiques réalisées pendant la période du traitement. A titre d’exemple, pour une LHR de 8H durant une même période de 12 semaines, l’étude de Cai et al. (2019) [80] et celle de Kunduraci et al. (2020) [81] ont abouti à deux résultats très différents en termes d’effets sur le poids : En fait, les participants à la LHR de la première étude n’ont reçu aucune recommandation supplémentaire concernant leur régime (outre la limitation horaire), ayant abouti à une perte pondérale de 3.25 kg (soit un peu plus de 4%) ; les participants de la deuxième étude ont à observer un régime restreint à seulement 25% de leurs besoins durant la fenêtre d’alimentation de 8 heures, ce qui a permis de perdre jusqu’à une moyenne de 8.2 kg (soit environ 8%) durant la même période.

De plus, l’effet du temps sur la perte pondérale n’est pas vraiment linéaire (même s’il peut être supposé que les besoins énergétiques de l’organisme soient plus ou moins constants et qu’il en est de même pour les apports énergétiques). Les figures Error: Reference source not found, Figure 2 et Figure 3 donnent un aperçu de la dynamique du poids et de la composition corporelle dans le temps. A partir de ce graphique, l’on peut constater que :

  • A très court terme (en dessous de deux semaines) la « vitesse » de réduction du poids apparait relativement faible (la pente de la courbe du poids), puis augmente progressivement pendant une assez courte période pour décroitre ensuite vers la fin de la dernière semaine de la LHR (cf. Figure 1) ; dans le cas d’un régime plus stricte, comme celui de l’ADF + RC, la perte est plutôt maintenue dans les dernières semaines du traitement (cf. Figure 2), peut-être à cause d’une certaine adaptation et une meilleure adhérence au (régime du) jeûne au fil du temps. Le cas des travaux de Trepanowski et al. (2017) [77] donne des idées plus claires concernant l’impact de la conformité aux régimes du jeûne sur l’évolution de la perte pondérale pendant le traitement du surpoids. Dans la phase de maintien de poids, il a été attendu une balance énergétique relativement équilibrée avec un ADF de 50% les jours de privation et 150% les jours d’alimentation. Or, il a été constaté une reprise continue de poids pendant cette phase (cf. Figure 3). Cela peut s’expliquer par, d’une part, un contrôle moins stricte du régime car les participants achètent eux-mêmes leurs nourritures (alors qu’elles leur ont été offertes dans la phase de perte de poids avec un ADF de 25% pour la privation et 125% pour l’alimentation) en recevant tout simplement les conseils d’un diététicien et, d’autre part, les participants ont tendance à manger plus (respectivement moins) que prescrit les jours de privation (respectivement les jours d’alimentation). Le cas du jeûne dans les travaux de Bowen et al. (2018) [79] est similaire (phase de perte et de maintien de poids) avec des résultats également semblables. L’efficacité ou non du jeûne dépend alors du régime du jeûne observé et de la conformité à ce régime plus précisément.
  • Au niveau de la composition corporelle, la théorie concernant la phase protéiques et phase cétonique semble être confirmée ; mais la phase du « jeûne court » est visiblement plus étendue (à au moins deux semaines pour le cas du jeûne du ramadan) avec une LHR : durant celle-ci, la masse maigre décroit assez rapidement. La vraisemblablement phase cétonique est caractérisée par une reprise de masse maigre jusqu’à atteindre son poids initial, au détriment de la masse grasse qui semble diminuer proportionnellement : il est fort probable que l’organisme puise principalement dans ses réserves lipidiques pour épargner les protéines des muscles au cours de cette seconde phase. L’efficacité d’un jeûne intermittent en tant que stratégie de perte de poids ne peut donc être prononcée que lorsque la perte pondérale s’accompagne d’une réduction de masse grasse et de récupération de la masse maigre perdue, ce qui nécessite de passer suffisamment du temps dans la phase cétonique : dans le jeûne de ramadan, cette phase correspond au deux dernières semaines au terme desquelles la masse maigre perdue est presque totalement récupérée.

Figure 1 – Effets-temps du jeûne du ramadan sur les variables centrées réduites du poids, de la proportion de masse grasse, et de la masse maigre 3

Source : calcul à partir des données de Zouhal et al. (2020) [84]

Figure 2 – Effets-temps de l’ADF et de la RC sur la perte pondérale

Source : Bowen et al. (2018) [79]

Figure 3 – Effets-temps de l’ADF et du RC sur la perte pondérale : phases de perte (6 mois) et de maintien (6 mois) de poids

Source : Trepanowski (2017) [77]

II.2.3.Risque de reprise de poids après traitement

Les travaux de Catenacci et al. (2016) [78] étudient plus particulièrement le risque de reprise de poids après un traitement du surpoids et de l’obésité par un jeûne intermittent. Ce dernier a consisté en un ADF à zéro calorie pour les jours de privation et à régime restreint (pour un total de 200 kcal pour chacune des trois prises alimentaires quotidiennes) pour les jours, durant 8 semaines de traitement. Les nourritures ont été fournis aux participants tout au long de ces 8 semaines de cure. S’ensuit une période de suivi de 24 semaines non supervisées, mais les participants ont tout de même reçu des conseils standardisés devant permettre un maintien du poids (un régime pauvre en matière grasse et une intensification des activités physiques). Toutefois, les participants étaient libres de suivre ou non ces conseils, d’autant plus qu’aucun contact n’a été établi entre eux et les intervenants dans l’expérimentation pendant cette période de suivi. Aucune évaluation portant sur l’alimentation n’a pas non plus été réalisée durant le suivi.

En général, les résultats sur l’ensemble des 32 mois (8 mois de traitement + 24 mois de suivi) sont positifs : baisse significative en valeur absolue et en proportion du poids, de la masse grasse et de la masse maigre (à l’exception de la proportion en masse maigre) (cf. Tableau 11). Néanmoins, la phase de suivi est surtout caractérisée par une reprise significative de poids, de 2.6 kg en moyenne. La masse grasse a été plutôt stabilisée tandis que la masse maigre a augmenté d’environ 2 kg durant les 24 mois de suivi. En dépit des résultats positifs dans l’ensemble des 32 mois, l’objectif de « maintien de poids » (weight maintenance) visé par les conseils alimentaires et en matière d’activité physique n’a pas été atteint [78].

Tableau 11 – Effets de l’ADF sur les mesures anthropométriques au 8ème et au 32ème mois de l’expérimentation


Départ8è mois32è mois1e-8è mois1e-32è mois8è-32è mois
PoidsKg94.886.589.1–8.2–5.72.6
%


–8.8–5.92.9
CMI (kg/m²)35.832.633.6–3.2–2.21.0
Masse grasseKg37.733.933.5–3.7–4.2–0.4
%40.339.238.0–1.1–2.4–1.3
Masse grasse du troncKg20.918.518.2–2.4–2.7–0.3
%22.121.220.3–0.9–1.8–0.8
Masse maigreKg53.250.052.1–3.2–1.22.0
%57.158.059.30.92.21.3

Source : Catenacci et al. (2016) [78]

Cette non atteinte de l’objectif de maintien du poids n’est pas nécessairement associé à des résultats négatifs en considérant les résultats en termes de composition corporelle. En effet, l’on peut penser que la reprise de poids constatée est surtout attribuée au gain ou à la récupération en masse maigre pendant cette période de suivi (même si cela ne s’est pas traduit par une perte significative et proportionnelle de masse grasse pour permettre le maintien de poids recherché). Certes, l’objectif de stabilisation du poids n’a été ainsi que partiellement atteint. Toutefois, il est possible que les participants aient fait des efforts (bien qu’insuffisants pour maintenir un poids total inchangé) consistant pour suivre les conseils qui leur ont été donnés en matière de régime alimentaire et d’activités physiques. Effectivement, le gain de masse maigre peut être dû à des comportements moins sédentaires et un régime alimentaire moins gras ; d’ailleurs, certains participants ont affirmé avoir continué à jeûner un ou deux jours par semaine durant la période de suivi.

Le scénario dans l’étude de Zouhal et al. (2020) [84] est nettement moins positif (que celui de Catenacci et al. (2016) [78]). La Figure 1 montre que trois semaines seulement après le jeûne de ramadan (qui a pourtant eu des incidences positives comme cela est explicité dans la section précédente), la reprise de poids s’est accompagnée de hausse de la proportion de la masse grasse et une diminution proportionnelle de la masse maigre. Cet « échec » est certainement dû aux comportements sédentaires et le manque de restriction dans le régime alimentaire des participants après le mois de ramadan. En fait, dans cette expérimentation, aucune mesure n’est mise en place pour soutenir les participants pour maintenir la perte de poids.

De surcroit, le jeûne intermittent n’est pas sans incidence sur certaines hormones impliquées dans la régulation de la balance énergétique et la satiété. Pour l’étude de Catenacci et al. (2016) [78], la concentration de leptine a significativement baissé tandis que celle de la ghréline a significativement connu une hausse après les 8 semaines d’ADF. Or, la leptine est une hormone (secrétée par l’estomac et le tissu adipeux) dont la hausse de la concentration s’accompagne généralement d’une augmentation de la dépense énergétique, ce qui diminue alors la faim. En revanche, la ghréline est une hormone (secrétée par l’estomac et le duodénum) du jeûne qui stimule la faim. Ensuite, au terme de la période de suivi, c’est-à-dire après la reprise de l’alimentation normale (sans jeûne, en général), les concentrations de ces hormones ont varié dans le sens inverse : hausse de la leptine et baisse de la ghréline (c’est-à-dire, lorsque la faim a été plus ou moins assouvie). Il est donc suggéré que l’ADF accroit le risque d’hyperphagie lors de l’arrêt du jeûne.

Les résultats dans les travaux de Zouhal et al. (2020) [84] confirment aussi cette tendance : à la fin du jeûne du ramadan, l’on a constaté une baisse significative des concentrations de leptine (hormone de la satiété), de GLP-1 ou glucagon-like peptide-1 (hormone intestinale susceptible de réduire l’appétit, et ainsi la consommation alimentaire), de PYY (peptide intestinale de type anorexigène) et de CCK (hormone intestinale de la satiété). Dans la recherche de Tay et al. (2020) [83] également, le niveau de leptine a également connu une baisse significative après 12 semaines de jeûne intermittent (de deux jours de restriction calorique par semaine). Au vu de ce qui précède, il est possible de dire que le risque du binge eating est donc bien présent juste après le jeûne pour les personnes en surpoids et obèses.

Cependant, tout ceci est à nuancer car les recherches de Bowen et al. (2018) [79] a montré que les niveaux d’envie de nourriture, de perte de contrôle et d’envie émotionnelle ont significativement baissé à la suite d’un ADF + RC de 16 semaines (régime riche en protéines). Une explication plausible en est que la baisse du poids pourrait influencer négativement sur la fringale de nourriture et sur l’envie émotionnelle, étant donné que la perte pondérale a été assez consistante pour ce type de jeûne dans cette recherche (plus de 10% en 16 semaines).

II.2.4.Effets indésirables

La plupart des 9 articles analysés ont mentionné qu’aucun effet indésirable n’a été rapporté dans l’expérimentation du jeûne intermittent. Trois études ont ainsi explicitement rapporté quelques effets secondaires qu’elles qualifient désormais de non grave :

  • Dans le cadre d’une LHR de 6 heures durant 5 semaines auprès d’hommes atteints de prédiabètes [82] : Vomissement, mictions fréquentes, somnolence, maux de tête, soif accrue, diarrhée, aggravation d’une douleur au cou ;
  • Dans le cadre du jeûne de deux jours par semaine avec restriction calorique les jours de privation, durant 12 semaines auprès de personnes atteintes de prédiabètes [83] : Maux de tête, étourdissement, nausée, sensation d’irritabilité et/ou liée à la faim, concentration réduite, augmentation de la faim, sensation de grognon, malaise générale.
  • Dans le cadre d’une LHR de 8 heures durant 4 semaines auprès d’adultes âgés (65 ans et plus) en surpoids et sédentaire [76] : des participants ont également déclaré avoir eu des maux de tête (problèmes résolus en ayant augmenté la consommation d’eau), et un autre avait eu des étourdissements (résolus avec une petite collation).

Visiblement, les effets indésirables rapportés sont probablement liés au genre de patient considéré : ici, l’âge (le jeûne est plus délicat pour les personnes âgées qui n’ont pas encore l’habitude de ce genre de pratique, et cela malgré le fait que la LHR a été introduite progressivement durant la première semaine du traitement) et l’état de santé (personnes prédiabétiques : des problèmes possiblement associés à une forte variation de la glycémie et de l’insulinémie des patients).

II.3.Discussion

Certes, le jeûne intermittent considéré dans le cadre de la présente étude n’a pas fait l’objet de recherche sur le moyen et long terme (période d’étude inférieure ou égale à douze mois). Donc, il n’a pas été possible de vérifier si le jeûne intermittent aura ou non d’effet sur le long terme. En tout cas, au regard de l’analyse faite, les différents types de jeûne intermittent nécessite du temps pour être considéré comme efficace, un temps qui peut varier selon la configuration du jeûne intermittent : ADF ou LHR, restriction calorique associée, rythme et étendue pour l’ADF, fenêtre horaire de la restriction pour la LHR, type de régime à observer, etc. En tout cas, ce temps nécessaire apparait plus long par rapport au jeûne total en continue car il y a lieu d’aller au-delà de la phase protéique afin d’influer positivement sur la composition corporelle (pour réduire la masse grasse et épargner la masse maigre). Un temps « trop » court risque alors de rendre inefficace le jeûne intermittent.

L’efficacité du jeûne intermittent dépend également de l’influence de celui-ci sur l’équilibre énergétique, et donc sur la conformité des patients au jeûne et au régime prescrit. A cela s’ajoute bien entendu la question de l’activité physique à réaliser ou non pendant le traitement. Il faut dire alors que le risque d’échec est bien présent, c’est-à-dire de ne pas atteindre les objectifs (de perte ou de maintien de poids d’une part, et en matière de composition corporelle d’autre part) fixés pour le jeûne intermittent.

Concernant le risque de reprise de poids après le traitement, cela dépend surtout de l’accompagnement, des conseils et du suivi accordés aux patients. Sur ce point, le type d’accompagnement accordé au patient peut être déterminant pour l’efficacité recherchée : une aide rapprochée durant les premiers semaines et mois après le traitement pourrait, par exemple, être plus bénéfique que des simples conseils diététiques diffusés au début du suivi. En effet, le jeûne intermittent peut avoir plusieurs effets contradictoires sur le patient :

  • D’une part, le jeûne intermittent peut accroitre la sensation de faim avec le risque de binge eating pour chaque moment d’alimentation ou à la fin de la cure [72,73]. Il a été révélé que la concentration de certaines hormones de satiété, censées réduire la faim, baisse durant le jeûne, ce qui augmente le risque d’hyperphagie lorsque le jeûneur en a l’occasion de le faire.
  • D’autre part, le jeûne intermittent peut réduire cette sensation de faim lorsqu’il permet de perdre substantiellement du poids. Il s’avère ainsi que la fringale de nourriture et l’envie émotionnelle baisse proportionnellement au poids perdu [86] ; mais, encore faut-il que la perte de poids soit notable, ce qui nécessite une restriction plus intense et/ou une durée de privation (et/ou une durée de traitement) relativement plus longue, c’est-à-dire davantage d’efforts de la part du jeûneur. Sur ce point, la stratégie du jeûne intermittent pourrait ne pas apparaître comme la plus facile à suivre, les taux d’abandon ne sont pas toujours négligeables [77]. En tout cas, il faut reconnaitre que le jeûne intermittent pourrait être plus aisé à observer que le jeûne total en continu (mais non pas forcément par rapport à la restriction calorique : des mécontentements ont par exemple émergé vis-à-vis du régime ADF assez dur à suivre face au régime de RC relativement plus abordable selon certains participants [77]). Par ailleurs, il est possible que le prolongement du traitement favorise l’adaptation et l’adhérence au jeûne.

A propos des effets indésirables, leur émergence dépend surtout des sujets, et plus particulièrement de leur état de santé et de leur habitude alimentaire face à une privation ou une restriction alimentaire. A vrai dire, bien que le jeûne intermittent ne soit pas sans danger (le risque nul n’existant pas), l’apparition de ces effets secondaires se raréfie considérablement à cause des mesures de sécurité prises dans les expérimentations de recherche. Du coup, tant que ces mesures de sécurité ne sont pas déployées dans les pratiques en dehors de la recherche, les conséquences peuvent êtres sévères ; il est donc difficile de préciser la nature, l’étendu et le niveau du risque pouvant être associé au jeûne intermittent, même peut être supposé que ce type de jeûne est moins exposé au risque grave que le jeûne total et continu.

HypothèseConclusionsValidation des hypothèses
Risque d’ineffi­cacité du jeûne intermittentLe jeûne intermittent peut être inefficace si la durée du traitement est « trop » courte pour influencer positivement sur la composition corporelle. Le risque d’inefficacité du traitement dépend aussi de la conformité au jeûne intermittent et au régime prescritNon validée
Risque de reprise de poidsLa reprise de poids est surtout observée en absence d’accompagnement (incluant des conseils en matière d’alimentation et d’activité physique) adéquat et rapproché (notamment durant les premiers mois suivant le traitement).Validée
Effets indésira­blesEffets indésirables non graves rapportés. La gravité potentielle des effets indésirables dépend surtout des sujets jeûneurs, et donc des mesures de sécurité mise en place pour éviter ou atténuer ces effets secondaires.Partiellement validée

Le jeûne intermittent apparait donc comme une stratégie parmi d’autres qui requiert un certain nombre de conditions à remplir et nécessitant les efforts exigés pour être efficace. Le choix d’une stratégie de traitement du surpoids et de l’obésité peut ainsi être soumis à des éléments subjectifs qui influeront ensuite, non seulement sur l’efficacité de la stratégie en question, mais également sur les risques qui en sont associés ; l’on parlera donc d’efficience plutôt que de simple efficacité, car les coûts à payer ne sont pas toujours peu élevés. Certaines idées fausses concernant le jeûne intermittent ont ainsi été mises à nu, telles que la stipulation que cette stratégie est relativement facile à déployer et permet d’obtenir les résultats visés. En somme, les sujets en surpoids souhaitant résoudre leur problème devraient bien évaluer préalablement leurs aptitudes physiologiques et psychologiques à suivre une stratégie. En tout cas, il ne faut pas oublier que, fondamentalement, la solution durable des problèmes de surpoids et d’obésité (en terme curatif et préventif) réside dans l’adhérence aux programmes visant le changement de mode de vie.

Conclusion

Le problème de surpoids et de l’obésité, et donc la solution pour ces genres de dysfonctionnement métabolique, s’articulent nécessairement sur les enjeux relatifs à la balance énergétique, c’est-à-dire l’équilibre entre les apports et les dépenses d’énergie dans l’organisme. Le jeûne intermittent, qui englobe désormais des pratiques très diverses (déclinant de l’alternance entre jour de privation et jour nourri (ADF ou alternate day fasting) et de la limitation horaire des repas), est souvent avancé comme une stratégie efficace face à ce problème. Mais cette efficacité n’est pas garantie au regard notamment de trois types de risques associés à cette stratégie. Premièrement, il y a le risque d’inefficacité durant le traitement lorsque celui-ci est de durée trop court (pour permettre des effets positifs sur la composition corporelle) et/ou lorsque la conformité au jeûne se révèle difficile. Deuxièmement, il y a le risque de reprise de poids après le traitement, en fonction notamment de l’accompagnement offert aux sujets concernés. Troisièmement, il y a les effets indésirables dont ceux qui ont été rapportés ne montrent qu’une partie seulement des risques encore méconnus auxquels sont exposés les jeûneurs, et surtout les moins habitués à des changements alimentaires et les moins résilients à cause de leur état de santé.

Une limite majeure de la présente recherche porte certainement sur le choix des articles étudiés, au regard des critères choisis (base de données considérée, disponibilité uniquement en texte intégral, date de publication, etc.). Néanmoins, cette étude servira de base pour des recherches futures sur le sujet.

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Résumé

L’intérêt porté sur le jeûne intermittent comme stratégie contre le surpoids et l’obésité réside le plus souvent sur le fait qu’il apparait être plus facile à observer que le jeûne total et continu. La présente étude s’intéresse alors sur les éventuels effets bénéfiques et néfastes de ce types particulier de jeûne sur l’organisme. Cela dit, le point focal porte sur trois types de risques associés au jeûne intermittent, qui englobe désormais une multitude de pratiques très variées axées principalement sur le jeûne alterné (alternate day fasting) et la limitation horaire des repas, dans le cadre du traitement du surpoids et de l’obésité. Premièrement, il y a le risque d’inefficacité lorsque le traitement est trop court pour permettre des effets positifs sur la composition corporelle et/ou lorsque la conformité au jeûne se révèle difficile à tenir. Deuxièmement, il y a le risque de reprise de poids après le traitement quand un accompagnement adéquat et de proximité n’est pas déployé pour soutenir les sujets concernés dans le changement nécessaire à opérer dans leurs habitudes alimentaires et leurs activités physiques. Troisièmement, il faudrait tenir compte des effets indésirables, dont ceux qui sont rapportés dans la littérature sont seulement une partie des risques auxquels sont exposés ceux qui veulent recourir à la stratégie du jeûne intermittent.

Mots-clés : balance énergétique, effets secondaires, jeûne, jeûne intermittent, limitation horaire des repas, risques

Abstract

Interest in intermittent fasting as a strategy against overweight and obesity most often lies in the fact that it appears to be easier to observe than total and continuous fasting. The present study therefore examines the possible beneficial and harmful effects of this particular type of fasting on the body. That said, the focus is on three types of risks associated with intermittent fasting, which now encompasses a multitude of very varied practices focused primarily on alternate day fasting and limiting meal times, as part of the treatment of overweight and obesity. First, there is the risk of ineffectiveness when treatment is too short to allow positive effects on body composition and / or when fasting compliance is difficult to maintain. Second, there is the risk of regaining weight after treatment when adequate and close support is not deployed to support the subjects concerned in the necessary change in their eating habits and their physical activities. Third, one should take into account the adverse effects, of which those reported in the literature are only a part of the risks faced by those who want to resort to the strategy of intermittent fasting.

Keywords: energy balance, fast, intermittent fasting, limiting meal times, side effects, risk

1 Bien qu’il existe d’autres variables permettant d’apprécier le surpoids et l’obésité, dont la circonférence abdominale (utilisée pour apprécier le syndrome métabolique), nous nous limitons dans cette étude à l’IMC [4].

2 Les tables sont par exemple disponibles sur les pages suivantes : OMS (2020), Poids-pour-taille debout, url : https://www.who.int/childgrowth/standards/weight_for_height/fr/, consulté le 17/05/2021 ; FHI 360 (août 2012), Tables de détermination de l’IMC et d’IMC-pour-âge pour enfants et adolescents âgés de 5-18 ans et les tables de détermination de l’IMC pour adultes non-enceintes et non allaitantes ≥ 19 ans, Food and Nutrition Technical Assistance III Project (FANTA), Washington, url : http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PA00HTRN.pdf, consulté le 17/05/2021

3 A titre de rappel, la variable centrée réduite de la variable x, de moyenne m et d’écart-type σ, est telle que : . Cela permet de neutraliser les échelles de mesure et ainsi de comparer l’évolution de plusieurs variables centrées réduites dans une même représentation graphique.

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