cet exemple de thèse de doctorat en Droit vise à vous donner un aperçu des attendus académiques pour ce type d’intervention rédactionnelle.
Les libertés comtoises
Sommaire
I. Présentation de la Franche-Comté 6
2. La population franc-comtoise 8
II. Les grandes étapes de l’histoire de la Franche-Comté 10
1. De l’ère séquanaise à l’époque franque 10
3. Les premiers affranchissements 19
III. Identité et conscience franc-comtoises : une exploration conceptuelle 23
1. Qu’est-ce que l’identité ? 23
a. La création de l’identité comtoise et ses particularités 23
b. La déclinaison de l’identité comtoise 25
2. Le rôle de l’identité dans l’histoire de la Franche-Comté 26
a. Les usages de la Franche-Comté 27
b. Les particularités religieuses 27
c. Le patriotisme provincial et la conscience des peuples 28
IV. Exposition de la problématique et du plan 29
1. Présentation de la problématique 29
PARTIE 1 : LA FRANCHE-COMTE ET SON RATTACHEMENT AU ROYAUME DE FRANCE 31
CHAPITRE 1 : La Franche-Comté avant l’annexion : une contrée singulière 31
Section 1 : Les particularités liées à l’histoire et à la culture de la Franche-Comté 31
1. La création de l’identité comtoise et ses particularités 32
2. La déclinaison de l’identité comtoise 35
1. Les usages de la Franche-Comté 38
2. Les particularités religieuses 40
Section 2 : Les spécificités juridiques et institutionnelles 42
I. Les spécificités institutionnelles 42
1. Le statut douanier en Franche-Comté 42
2. Les différentes institutions 44
II. Le droit franc-comtois et son originalité 47
1. Les fondements et principes du droit de la Franche-Comté 47
2. Le parlement et les différents ordres 51
CHAPITRE 2 : La Franche-Comté après son rattachement au royaume de France 56
Section 1 : L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France 56
I. La construction de la nationalité française en Franche-Comté 56
1. L’origine de la nationalité française et la duplication du modèle institutionnel français 56
2. La noblesse et la seigneurie comtoises 61
a. Les sources de la noblesse 61
c. Les nobles et la conservation de leurs prérogatives 67
II. Les différentes étapes conduisant au traité de Nimègue en 1678 71
1. L’organisation et la démarche militaire 72
2. Les aspects diplomatiques de la conquête de la Franche-Comté 76
a. Les rapports avec la Suisse 77
Section 2 : La gouvernance de la Franche-Comté suite à son annexion par le royaume de France 82
I. Le contexte économique et social 82
a. Les réformes fiscales et administratives 83
b. Le développement industriel et commercial 84
c. Les infrastructures et l’aménagement du territoire 86
a. La noblesse de l’élite locale 88
b. Les paysans et les classes laborieuses 89
c. Les relations communautaires et identitaires 90
d. L’Eglise et les institutions religieuses 91
e. Les résistances et les adaptations sociales 92
II. L’organisation institutionnelle 93
a. La réorganisation du pouvoir judiciaire : vers une centralisation royale 94
b. La réorganisation du parlement de Franche-Comté : adaptation au modèle judiciaire français 95
c. Le parlement de la Franche-Comté : gardien de l’identité juridique et culturelle 96
a. Les changements fiscaux après l’annexion de la Franche-Comté à la France 97
b. La centralisation des finances et la supervision royale 97
c. La Franche-Comté sous l’ancien régime français 98
CHAPITRE 1 : Analyse comparative entre la Franche-Comté et d’autres provinces 101
Section 1 : La Franche-Comté et la France 102
I. Le droit comtois et le droit français 102
1. Fondements historiques et évolution des systèmes juridiques 102
a. Origines et influence du droit comtois 102
b. Comparaison avec le droit coutumier français 105
2. Conflits et adaptations du droit comtois face au droit royal 107
a. Les résistances locales aux réformes judiciaires françaises 107
b. Adaptations et intégrations progressives des règles françaises en Franche-Comté 108
3. Impacts de la centralisation sur les pratiques juridiques locales 110
a. Introduction des ordonnances royales et uniformisation des pratiques 110
b. Cas de jurisprudence démontrant l’absorption de principes juridiques français 113
II. L’administration des Etats généraux en Franche-Comté et en France 114
1. Rôle et structure des Etats généraux en Franche-Comté avant l’annexion 114
a. Composition des Etats généraux comtois et fonctionnement interne 114
b. Différence avec les Etats généraux français, plus centralisés 115
2. L’évolution des Etats généraux comtois sous l’administration française 119
a. Modifications apportées aux compétences et à la composition 119
b. Réactions des élites locales aux changements administratifs 119
3. L’influence française dans la gouvernance locale post-annexion 119
a. Effacement progressif des prérogatives des Etats généraux locaux 119
b. Comparaison avec l’évolution des Etats provinciaux dans le reste de la France 119
Section 2 : La Franche-Comté et les autres provinces (Bretagne, Alsace, Bourgogne) 119
1. Histoire originelle commune et opposition entre pays d’Etat 119
a. Similarités historiques entre les provinces et particularités respectives 119
b. Comparaison des statuts de pays d’E tat et de pays d’élection 119
2. Le mode de fonctionnement et les politiques publiques 119
a. Politiques fiscales : modes de collecte des impôts et privilèges locaux 120
b. Autonomie administrative et gestion des biens publics 120
II. La Franche-Comté et ses particularités 120
1. Les particularités culturelles et idéologiques 120
a. Valeurs et symboles locaux en Franche-Comté et dans les autres provinces 120
b. Opposition idéologique aux principes de centralisation 120
2. Les particularités juridiques 120
b. Législations locales et limites de l’intégration au droit français 120
CHAPITRE 2 : Les libertés comtoises 120
Section 1 : Analyse des domaines à prendre en considération 120
I. Les aspects juridiques et institutionnels 120
II. Les aspects économiques et culturels 121
Section 2 : Le devenir des libertés comtoises 121
I. La subsistance des libertés comtoises 121
1. Les libertés comtoises ayant éventuellement subsisté 121
2. Les raisons de leur subsistance 121
II. La déchéance des libertés comtoises 121
1. Les libertés comtoises ayant connu une déchéance 121
2. Le processus de déchéance 121
INTRODUCTION GENERALE
La Franche-Comté, anciennement connue comme étant le comté de Bourgogne, a été rattachée au royaume de France en 1678 par le traité de Nimègue Depuis que l’empereur allemand Friedrick Barbarossa a hérité de la province en 1155, la Franche-Comté a fait l’objet de la gouvernance par différentes maisons et royautés1. Son annexion au royaume de France constitue un tournant décisif pour la Franche-Comté dans la mesure où elle appartenait désormais à la France et était amenée à abandonner certaines de ses libertés.
La Franche-Comté demeure toutefois marquée par un régionalisme qui résulte essentiellement du sentiment d’appartenance dont fait preuve sa population. Ce sentiment a été établi sur un passé commun, une histoire singulière, ainsi qu’une culture et des pratiques politiques et juridiques ayant fait les particularités de la région2. Bien que cette dernière soit rattachée d’une certaine manière à la sphère d’influence française, elle se distingue, de fait, des autres provinces périphériques par ses spécificités (le statut douanier), ses institutions (le Parlement, l’Université), ses usages et ses fidélités (l’ultramontanisme catholique par exemple).
Etant donné que l’identité de la Franche-Comté ne peut pas se fonder sur des spécificités culturelles fortes, comme tel est le cas de la Bretagne ou de l’Alsace3,4, elle doit être défendue et justifiée. Pour ce faire, entreprendre des recherches non seulement historiques mais aussi juridiques, se présente comme indispensable. En effet, il existe dans la littérature des écrits soulevant l’idée d’une perte définitive et brutale de l’identité comtoise, sur le plan culturel et juridique, suite à l’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France5,6. Or, pour pouvoir déterminer le devenir des libertés comtoises, une meilleure compréhension de leur histoire et de leur évolution est nécessaire. D’autant plus que les positions prises par les historiens et auteurs jusqu’à ce jour sont considérées comme trop tranchées.
Précisément, le rattachement de la Franche-Comté au royaume de France implique que la province fait partie intégrante du royaume des lys7. Ceci étant, le traité de Nimègue de 1678 ne permet pas à lui seul d’instaurer une nouvelle identité pour la France-Compté. Ainsi, d’un point de vue politique, la province devint française. Pourtant, celle-ci conserve ses spécificités dans d’autres dimensions telles que la culture, l’idéologie, et le droit8. L’aspect archaïque de la Franche-Comté représente pour la population locale un socle, un pilier qui ne s’oublient pas malgré les influences françaises9. La coutume de la région persiste alors après l’annexion.
Le rattachement de la Franche-Comté au royaume de France expose également à certaines problématiques. Les règles françaises sont reconnues comme étant difficiles à interpréter et à appliquer, notamment en matière de preuve. Par conséquent, la façon de les mettre en œuvre dans la province nouvellement intégrée reste encore à définir10. Pour illustration, concernant les « faux nobles », des réponses précises doivent être apportées en matière d’application des règles relatives aux usurpateurs, au sort des anoblissements accordés par les anciens souverains, et au nouveau régime de traitement de l’anoblissement. Le fait d’imposer aux Francs-comtois des principes de droit qui ne s’accordent pas avec leur idéologie pouvait inévitablement entrainer de fortes résistances11. C’est la raison pour laquelle l’annexion de la Franche-Comté à la France a été effectuée de manière progressive, mais aussi partielle, en accordant à la province la possibilité de maintenir une grande partie de ses traditions, y compris les privilèges12. A partir de cet exemple, il peut être relevé qu’en Franche-Comté, le droit français et partagé avec le droit comtois, ce qui pourrait pareillement être appliqué dans d’autres domaines. Les libertés comtoises n’auraient ainsi pas entièrement disparu dès la signature du traité de 1678.
Il apparait de ce fait comme opportun de déterminer la portée de l’indépendance comtoise, et d’apporter une justification en ce qui concerne l’appellation de la province, cette dernière pouvant être considérée comme une contrée marquée par une identité juridique et politique forte. Afin de connaitre si les libertés comtoises ont survécu ou non après l’annexion française, il convient de retracer l’histoire de la région telle qu’elle est, sans à priori ni prise de position. Dans la mesure où ces libertés sont perdues, il serait utile de confirmer leur fin et d’expliquer les raisons ainsi que les conditions de leur déclin soudain.
D’où l’intérêt de la présente thèse qui est consacrée à la recherche des transformations institutionnelles ayant été opérées (ou non) en Franche-Comté suite à l’annexion de la province par le royaume de France.
La Franche-Comté, enclavée au cœur de l’Europe, occupe une position géographique singulière ayant façonné son histoire et son identité. Située dans l’est de la France, cette région est délimitée par des frontières naturelles telles que les montagnes du Jura, les contreforts des Alpes, et les vallées de la Saône et du Doubs13. Cette situation géographique a contribué à isoler la Franche-Comté, la préservant en grande partie des influences extérieures, tout en forgeant un caractère distinctif.
Au fil des siècles, la population franc-comtoise a développé une fierté attachée à son territoire, à son histoire et à sa culture14. Cette culture, riche en traditions, arts, et coutumes, est le fruit d’une longue histoire marquée par diverses dominations et influences15. Dans ce cadre géographique, culturel, et historique unique, la Franche-Comté a traversé des époques de changements et de continuité, contribuant à forger une identité régionale qui perdure aujourd’hui. Cette introduction se penchera ainsi sur les caractéristiques géographiques, la composition de la population, ainsi que sur les éléments culturels qui ont contribué à façonner la Franche-Comté telle que nous la connaissons.
La Franche-Comté, localisée dans l’est de la France, se distingue par sa position géographique privilégiée. Cette région, délimitée par des frontières naturelles, est caractérisée par une topographie diversifiée qui a joué un rôle majeur dans son développement, tant sur le plan historique que culturel.
D’abord, à l’est de la Franche-Comté, les majestueuses montagnes du Jura s’étendent sur une grande partie de la région. Ces montagnes offrent des paysages spectaculaires de crêtes, de forêts denses, de lacs alpins et de vallées verdoyantes. Elles ont servi de refuge naturel et ont influencé les activités économiques de la région, notamment l’agriculture, la sylviculture et l’horlogerie16.
Ensuite, au sud de la Franche-Comté, les contreforts des Alpes apportent une diversité supplémentaire au paysage. Les influences alpines se font sentir dans les régions montagneuses du sud, où l’altitude est plus élevée, les hivers plus rigoureux, et les traditions locales liées à la montagne sont bien présentes17.
Puis, les vallées des rivières Saône et Doubs traversent la Franche-Comté, offrant des terres fertiles pour l’agriculture et des voies de communication indispensables. Les cours d’eau ont joué un rôle vital dans le développement économique de la région, facilitant le commerce, le transport de marchandises et la navigation18.
Par ailleurs, la Franche-Comté est en grande partie enclavée, ce qui implique qu’elle est entourée par d’autres régions françaises et des pays voisins, tels que la Suisse et l’Allemagne. Cette situation géographique a contribué à son isolement relatif au cours de l’histoire, renforçant ainsi son caractère distinct19.
Cette situation géographique unique a influencé non seulement les activités économiques de la Franche-Comté, mais aussi sa culture, ses traditions et son identité. Les habitants de la région ont développé une forte connexion avec leur environnement naturel, ce qui se reflète dans leur mode de vie et leurs pratiques culturelles20. La Franche-Comté constitue alors un exemple captivant de la manière dont la géographie peut façonner la destinée d’une région et contribuer à forger une identité distincte.
La population de la Franche-Comté, au fil de son histoire, a contribué de manière importante à la construction de son identité régionale. L’étude de la démographie et de la composition de la population franc-comtoise permet d’avoir un aperçu pour la compréhension des spécificités de cette région.
La population franc-comtoise est le résultat d’un mélange d’influences et d’origines diverses au cours des siècles. A l’origine, la région était habitée par des tribus gauloises, mais elle a ensuite été conquise et colonisée par les Romains, ce qui a laissé des traces dans la culture et l’architecture locales. Les mouvements de populations liés aux invasions barbares, aux migrations médiévales et aux mariages entre différentes dynasties royales ont également contribué à la diversité ethnique et culturelle de la population franc-comtoise21.
Sur le plan linguistique, la Franche-Comté est située à la croisée des chemins entre les régions francophones de France et les régions germanophones de l’Est. En conséquence, elle a été influencée par les deux langues au fil des siècles. Le franc-comtois, un dialecte régional, a joué un rôle particulier dans la préservation de l’identité linguistique locale, bien que le français soit devenu la langue dominante au fil du temps22.
Pendant de nombreuses générations, la vie en Franche-Comté était dominée par une économie agricole et rurale. Les communautés locales étaient étroitement liées à la terre, avec des pratiques agricoles qui ont été adaptées à la géographie de la région. Les villages et les petites villes ont formé le tissu social de la Franche-Comté, chacun ayant ses propres traditions, fêtes et coutumes locales23.
La religion a également eu un impact considérable sur la population de la Franche-Comté. La région a été un bastion de l’ultramontanisme catholique, un mouvement religieux conservateur qui a influencé la vie sociale et politique de la région. Les pratiques religieuses, les pèlerinages et les traditions catholiques ont occupé une place substantielle dans la vie des francs-comtois24.
Au fil des siècles, la population de la Franche-Comté a connu des fluctuations démographiques en réponse à des facteurs tels que les guerres, les épidémies et les mouvements migratoires25. Aussi, la population franc-comtoise a été le témoin et l’acteur de l’histoire complexe de la région, contribuant à forger son identité unique.
La culture de la Franche-Comté peut être considérée comme un tissu riche et complexe, imprégné d’une histoire séculaire et façonné par les particularités géographiques, démographiques et religieuses de la région. L’analyse de cette culture franc-comtoise permet de mieux comprendre comment cette identité culturelle a perduré malgré les changements historiques et politiques.
En premier lieu, il convient de noter que la Franche-Comté est célèbre pour ses traditions et ses coutumes locales, qui varient d’une région à l’autre. Les festivités, les fêtes religieuses, les carnavals et les foires agricoles sont autant d’occasions pour les francs-comtois de célébrer leur culture. Ces événements, souvent ancrés dans le calendrier agricole, reflètent l’importance historique de l’agriculture dans la vie de la région26. La Franche-Comté est également célèbre pour son artisanat, en particulier dans le domaine de l’horlogerie. Les horlogers de la région ont une longue tradition de fabrication de montres de haute qualité27. L’horlogerie comtoise, avec ses horloges à coucou emblématiques, est un exemple emblématique de cet artisanat.
La cuisine de la Franche-Comté est une fusion de saveurs françaises et régionales. Elle est renommée pour ses fromages, en particulier le Comté, qui est fabriqué dans la région depuis des siècles. La saucisse de Morteau, les escargots de Bourgogne, la truite aux écrevisses, et les plats à base de champignons des forêts jurassiennes sont autant de délices culinaires qui font la réputation de la région28.
La musique traditionnelle franc-comtoise est caractérisée par l’utilisation d’instruments tels que l’accordéon, le violon et la cornemuse. Les danses traditionnelles, comme la valse et la polka, sont toujours populaires lors des fêtes locales. La musique et la danse jouent un rôle important dans la préservation de l’identité culturelle de la région29.
L’architecture franc-comtoise reflète l’influence de différentes époques et styles, de l’architecture romane aux châteaux médiévaux en passant par les églises gothiques. La région est également riche en patrimoine industriel, avec d’anciennes usines horlogères et des sites miniers témoignant de son passé économique30.
Il peut ainsi être retenu que la culture de la Franche-Comté est le reflet de son histoire et de son héritage. Cette richesse culturelle constitue un élément clé de l’identité de la région, et elle contribue à distinguer la Franche-Comté des autres régions de France.
L’histoire de la Franche-Comté est une épopée qui traverse les siècles, façonnée par une succession d’événements marquants. De l’ère séquanaise, lorsque les tribus celtes peuplaient la région, à l’époque franque, en passant par des siècles de féodalité et de premiers affranchissements, chaque période a contribué à forger l’identité singulière de cette contrée. Au fil de ce voyage à travers le temps, nous découvrirons comment la Franche-Comté est passée d’une terre de royaumes et de tribus à une province intégrée au royaume de France, tout en préservant ses spécificités culturelles, juridiques et institutionnelles.
Cette exploration des grandes étapes de l’histoire de la Franche-Comté permettra de mieux cerner les enjeux et les défis auxquels cette région a été confrontée au cours de son évolution historique.
L’histoire de la Franche-Comté trouve ses racines dans les temps les plus anciens, remontant à l’ère séquanaise, lorsque la région était peuplée par les tribus celtes séquanes. Cette période pré-romaine a laissé des traces archéologiques qui témoignent de la présence de ces populations autochtones31.
- L’ère séquanaise : les origines celtes de la Franche-Comté
L’ère séquanaise de la Franche-Comté (IVème siècle avant J-C au Ier siècle avant J-C) remonte à l’Antiquité, avant la conquête romaine, lorsque la région était le territoire des Séquanes, l’une des tribus celtes les plus influentes de la Gaule pré-romaine32.
Les Séquanes occupaient un territoire qui correspond approximativement à la Franche-Comté moderne, ainsi qu’à certaines régions de l’est de la France, de la Suisse et de l’Allemagne actuelles. Leur territoire était situé dans une zone géographique stratégique, comprenant des vallées fluviales, des montagnes, des plateaux et des forêts, ce qui en faisait une région riche en ressources naturelles. Les Séquanes vivaient principalement de l’agriculture, pratiquant la culture des céréales, l’élevage de bétail et la viticulture. Les riches terres agricoles de la vallée de la Saône et les vallées alpines fournissaient des récoltes abondantes et du bétail, ce qui contribuait à l’économie prospère de la tribu. Le commerce avec d’autres tribus celtes et avec les peuples voisins était également courant, renforçant les liens économiques et culturels33.
La société séquanaise était organisée de manière tribale, avec des chefs de clan ou de tribu qui exerçaient une autorité locale. Ils étaient responsables de la gestion des affaires communautaires, de la justice et de la défense de la tribu. Les Séquanes avaient des relations complexes avec d’autres tribus celtes, notamment les Éduens, qui étaient à la fois des alliés et des rivaux34.
Les Séquanes pratiquaient une religion polythéiste, vénérant une panoplie de dieux et de déesses liés à la nature, à la fertilité, ainsi qu’à la guerre. Les rites religieux jouaient un rôle important dans la vie quotidienne, avec des cérémonies et des sacrifices offerts pour s’attirer les faveurs divines. Ces croyances étaient profondément enracinées dans la culture et la spiritualité de la tribu35.
L’ère séquanaise a ainsi établi les bases de la culture et de la société de la Franche-Comté pré-romaine. Les traces de cette période se retrouvent dans les éléments archéologiques, linguistiques et culturels qui ont survécu au fil des siècles. Cette période pré-romaine a établi les fondements de l’identité régionale de la Franche-Comté, qui se développerait davantage au cours de l’histoire avec l’arrivée des Romains et d’autres influences36.
- L’intégration des Séquanes dans l’empire romain
La conquête romaine de la région des Séquanes, située dans l’actuelle Franche-Comté, est un moment clé de l’histoire de la région. Vers le milieu du Ier siècle avant J-C, cette région, jusqu’alors occupée par les Séquanes, fut progressivement intégrée à l’empire romain sous le règne de Jules César37. Cette période de transition apporta des changements majeurs, marquant le début de la romanisation de la culture, de l’administration et de l’architecture dans la région.
La conquête romaine de la région des Séquanes s’inscrit dans le contexte de l’expansion de l’empire romain à travers la Gaule. Jules César, en tant que proconsul de Gaule, entreprit une série de campagnes militaires pour étendre la domination romaine sur les territoires gaulois. Les Séquanes, comme d’autres tribus gauloises, furent progressivement soumis aux forces romaines, ce qui mit fin à leur autonomie sur le plan politique38.
L’une des conséquences les plus marquantes de la conquête romaine fut la diffusion de la culture romaine dans la région. Les Séquanes et d’autres peuples gaulois adoptèrent des éléments de la culture romaine, y compris la langue latine, les coutumes, la religion et la mode de vie. Cependant, il convient de noter que la romanisation n’a pas effacé complètement les spécificités culturelles locales, mais a plutôt créé un mélange unique de traditions gauloises et romaines39.
Les Romains entreprirent également la mise en place d’une administration dans la région. La Franche-Comté fut intégrée à la province romaine de la Gaule Belgique, ce qui impliquait l’instauration d’une organisation administrative romaine, avec des magistrats, des gouverneurs et une administration fiscale. Les Romains construisirent des routes stratégiques en vue de faciliter la communication et le commerce, renforçant ainsi la présence romaine. La ville de Besançon, alors connue sous le nom de Vesontio, fut particulièrement importante en tant que centre administratif et militaire de la région40.
Dans le souci de protéger leurs conquêtes, les Romains érigèrent des fortifications le long des frontières de la Gaule. Dans la région des Séquanes, des fortifications furent construites pour assurer la sécurité de l’empire contre les incursions des peuples germaniques et d’autres menaces. Ces fortifications, comme le mur d’Hadrien, témoignent de l’importance stratégique de la région41.
Ainsi, la conquête romaine a marqué le début d’une nouvelle ère pour la Franche-Comté, avec l’intégration de la région dans l’empire romain et l’adoption de la culture, de l’administration et de l’architecture romaines de manière progressive. Ces changements ont laissé une empreinte sur la région et ont contribué à façonner son histoire et son identité ultérieures.
- La période franque : l’influence germanique en Franche-Comté
Après le déclin de l’empire romain au Vème siècle, la Franche-Comté entra dans une nouvelle ère marquée par la domination des Francs, un peuple germanique. Cette période, qui englobe les ères mérovingienne et carolingienne, représente l’ère franque dans la région et a grandement influencé son développement historique42.
La fin de l’empire romain en Occident au Vème siècle laissa la Franche-Comté et de nombreuses autres régions de la Gaule en proie à l’instabilité politique et aux invasions barbares. Les Romains avaient retiré leurs légions de la région, laissant ainsi un vide de pouvoir. Cette situation a permis à plusieurs peuples germaniques, dont les Francs, de pénétrer dans la région. Les Francs étaient un groupe de peuples germaniques originaires de la région du Rhin, et ils commencèrent à s’installer en Gaule au Vème siècle. La Franche-Comté devint rapidement une zone qui représentait une importance stratégique pour les Francs, en grande partie en raison de sa position frontalière avec d’autres peuples germaniques et des Sarrasins. Les rois mérovingiens et carolingiens, tels que Clovis et Charlemagne, gouvernèrent sur ces territoires43.
Compte tenu de sa position géographique, la Franche-Comté était exposée aux incursions des peuples germaniques voisins, notamment les Alamans, les Burgondes et les Lombards. De plus, la région faisait face à des menaces venant du sud, avec les invasions des Sarrasins venant de la péninsule ibérique. Cette situation en fit une terre frontalière, ce qui eut un impact significatif sur son développement et son administration44. Les comtes, nommés par les rois francs, jouaient un rôle stratégique dans l’administration de la Franche-Comté. Plus précisément, ils étaient responsables de la collecte des impôts, de la justice locale et de la défense de la région contre les menaces extérieures. Ces comtes étaient souvent des nobles locaux et devaient maintenir un certain équilibre entre les intérêts des Francs et ceux des populations locales45.
Pendant la période franque, le christianisme continua à se répandre dans la région, consolidant son rôle dans la vie culturelle et religieuse de la Franche-Comté. Les missionnaires chrétiens, envoyés par l’Eglise, contribuèrent à l’évangélisation des populations locales, apportant ainsi des changements profonds dans la pratique religieuse et la spiritualité des habitants46.
Il peut alors être retenu que l’ère franque a laissé une empreinte durable sur la Franche-Comté, marquant le début d’une période de changements politiques, sociaux et religieux importants. Cette époque a façonné l’identité de la région et a pareillement défini les bases de son évolution future.
- Les prémices de l’identité comtoise : les fondements identitaires de la région
Les premières étapes de l’histoire de la Franche-Comté, de l’ère séquanaise à l’époque franque, ont joué un rôle déterminant dans la formation des prémices de l’identité comtoise. Lors de cette période, les habitants de la région ont commencé à développer un attachement profond à leur terre, à leurs coutumes et à leur langue, établissant ainsi l’identité distincte qui caractériserait plus tard la Franche-Comté47.
La Franche-Comté, avec sa géographie particulière composée de vallées, de montagnes et de rivières, était déjà un lieu d’attachement pour ses habitants. Les Séquanes avaient un lien profond avec leur territoire ancestral, qui était riche en ressources naturelles et en terres agricoles fertiles. Cette connexion à la terre a perduré à travers les siècles, influençant la manière dont les populations locales se percevaient et se définissaient48.
Les coutumes et les traditions locales ont également joué un rôle essentiel dans la construction de l’identité comtoise naissante. Les pratiques quotidiennes, les festivités, les célébrations religieuses et les modes de vie propres à la région ont contribué à forger un sentiment de communauté parmi les habitants. Ces coutumes locales ont résisté aux changements apportés par les influences extérieures, telles que la romanisation et la christianisation49. La langue représentait un élément clé dans la préservation de l’identité comtoise. Les premiers habitants de la région parlaient des dialectes celtiques, qui ont évolué au fil du temps pour donner naissance à des dialectes locaux, dont certains éléments sont encore présents dans le dialecte franc-comtois contemporain50. La langue était un moyen de communication important pour assurer la transmission des traditions, des récits et des savoirs locaux.
Bien que la région ait été influencée par des cultures extérieures, notamment celles des Romains et des Francs, les populations locales ont réussi à maintenir une certaine autonomie culturelle. Cette coexistence d’influences culturelles a créé un mélange unique de traditions locales et d’éléments empruntés, contribuant à la richesse de l’identité comtoise.
L’époque féodale (IXème siècle au XVIème siècle) représente une période majeure de l’histoire de la Franche-Comté, marquée par des changements politiques, sociaux et économiques importants. Cette période s’étend du milieu du Moyen-Age jusqu’aux premiers siècles de la période moderne, et est caractérisée par l’organisation de la société autour du système féodal51.
- Le système féodal en Franche-Comté : organisation sociale et hiérarchie
La Franche-Comté, tout comme de nombreuses autres régions d’Europe occidentale médiévale, était intégrée dans le système féodal, un modèle socio-économique et politique complexe qui a façonné la société médiévale. Le système féodal était basé sur une structure hiérarchique bien définie, où chaque individu avait un rôle spécifique à jouer, et où la loyauté et les obligations occupaient une place prépondérante52.
Le système féodal était organisé sous la forme d’une pyramide sociale. Au sommet de cette pyramide se trouvait le roi, qui était le souverain du royaume et le détenteur suprême du pouvoir. Juste en dessous du roi se trouvait la noblesse, composée de seigneurs et de chevaliers. Les seigneurs étaient les propriétaires des terres qui contrôlaient de vastes domaines, tandis que les chevaliers étaient des guerriers, souvent en service des seigneurs. Ensemble, la noblesse avait des privilèges et des responsabilités bien déterminés, notamment la protection de la population locale et la gestion des terres53.
En dessous de la noblesse se trouvaient les serfs et les paysans, qui constituaient la grande majorité de la population. Les serfs étaient attachés à la terre et devaient travailler pour leur seigneur en échange de protection et d’accès aux terres. Les paysans, quant à eux, étaient des travailleurs agricoles qui cultivaient la terre et fournissaient des produits alimentaires à la société. Les serfs et les paysans avaient des obligations envers leurs seigneurs, y compris le paiement de redevances et le travail sur les domaines seigneuriaux54.
Le système féodal était caractérisé par des relations personnelles et des obligations mutuelles. Les liens de vassalité étaient courants, où un vassal prêtait serment de fidélité à un seigneur en échange de terres ou de protection. Cette relation était basée sur des devoirs réciproques, le seigneur offrant la protection et le vassal offrant son service militaire en cas de besoin. Les serments et les contrats féodaux étaient importants pour régir ces relations55. Les seigneurs féodaux construisaient des châteaux-forts pour assurer leur protection et celle de leurs sujets. Ces châteaux servaient de centres de pouvoir et de défense en cas d’attaques. Ils étaient souvent construits sur des sites stratégiques, comme des collines ou des rivières, le but étant d’assurer une meilleure défense56.
- La noblesse comtoise : pilier du système féodal
La noblesse comtoise jouait un rôle décisif dans la société féodale de la Franche-Comté, contribuant à l’organisation sociale et à la stabilité de la région. Elle se caractérisait par ses particularités locales tout en étant liée aux familles nobles de France57.
Les nobles comtois étaient principalement des propriétaires de terres. Ils détenaient de vastes domaines fonciers qui comprenaient des terres agricoles, des villages et parfois même des châteaux-forts. Ces domaines leur fournissaient des revenus, provenant notamment de la production agricole et des redevances payées par les paysans et les serfs qui travaillaient la terre58. Les nobles comtois exerçaient une autorité locale considérable sur leurs terres. Ils étaient responsables de l’administration de la justice dans leurs domaines, rendant des jugements et imposant des sanctions en cas d’infractions. Ils percevaient également des impôts et des taxes, contribuant ainsi aux finances locales. Cette autorité locale leur permettait de maintenir l’ordre et de garantir la sécurité de leurs sujets59.
La noblesse comtoise jouissait de droits et de privilèges particuliers, notamment le droit de chasse, le droit de pêche et le droit de prélever des péages sur les routes et les rivières traversant leurs terres. Ces privilèges étaient accordés en échange de services rendus au roi ou au suzerain, tels que le service militaire en cas de conflit60. Bien que la noblesse comtoise ait ses spécificités locales, elle était également liée aux familles nobles de France. De nombreux nobles comtois avaient des liens familiaux avec d’autres maisons nobles en France, ce qui créait des réseaux de parenté et d’alliances. Ces connexions étaient importantes pour maintenir leur statut et leur influence61.
Les nobles comtois jouaient un rôle déterminant dans la défense de la région. Ils étaient souvent responsables de la levée de troupes locales en cas de conflit et de la protection de leurs domaines contre les menaces extérieures. Les châteaux-forts étaient des points de ralliement pour la défense62.
- Les relations complexes entre la Franche-Comté et les comtes de Bourgogne
La relation entre la Franche-Comté et le comté de Bourgogne a été une caractéristique marquante de l’histoire médiévale de la région. Les comtes de Bourgogne exerçaient leur autorité sur la Franche-Comté, mais cette relation n’était pas sans conflits et rivalités, notamment avec l’ascension des ducs de Bourgogne63.
Les comtes de Bourgogne étaient les souverains du comté de Bourgogne, une entité qui englobait la Franche-Comté. En tant que tels, ils exerçaient leur autorité sur la Franche-Comté et avaient un rôle important dans la gouvernance de la région. Ils étaient responsables de la justice, de la sécurité et de la gestion des affaires administratives64. La relation entre les comtes de Bourgogne et les seigneurs locaux de la Franche-Comté n’était de ce fait pas toujours harmonieuse. La région était le théâtre de conflits fréquents, souvent liés à des rivalités de pouvoir et de territoire. Les seigneurs locaux cherchaient parfois à étendre leur influence aux dépens de l’autorité comtale, ce qui pouvait entrainer des affrontements65.
Une étape importante dans l’histoire de la Franche-Comté a été l’ascension des ducs de Bourgogne. Ces puissants souverains, tels que Philippe le Bon et Charles le Téméraire, cherchaient à étendre leur pouvoir sur la Franche-Comté et à en faire une partie intégrante de leur duché de Bourgogne. Cette période a été marquée par des tentatives de centralisation du pouvoir et d’affirmation du contrôle ducal sur la région66.
Les rivalités entre les comtes de Bourgogne, les seigneurs locaux et les ducs de Bourgogne ont eu des conséquences non négligeables pour la Franche-Comté. La région était souvent exposée aux conflits, ce qui pouvait impliquer des perturbations économiques et sociales. De plus, ces rivalités ont contribué à façonner l’identité et l’histoire de la Franche-Comté, qui a souvent oscillé entre une certaine autonomie locale et une influence extérieure67.
- Les institutions féodales en Franche-Comté
Durant l’époque féodale en Franche-Comté, un certain nombre d’institutions féodales ont joué un rôle déterminant dans la structure sociale et culturelle de la région. Parmi les plus notables figuraient les châteaux forts, les églises et les monastères68.
Les châteaux forts étaient des éléments emblématiques du paysage médiéval de la Franche-Comté. Ils étaient construits afin de servir de centres de pouvoir et de défense pour les seigneurs locaux. Ces forteresses, souvent situées sur des collines ou des sites stratégiques, étaient équipées de murs épais, de tours de guet, de douves et de pont-levis. Les seigneurs utilisaient les châteaux forts comme bases d’opérations pour exercer leur autorité sur la région, mais aussi pour se protéger des attaques extérieures. Les châteaux forts représentaient également le pouvoir et la richesse de la noblesse féodale69.
Les églises et les monastères occupaient une place importante dans la vie religieuse et culturelle de la Franche-Comté médiévale. Les églises paroissiales servaient de lieux de culte pour les communautés locales, et elles étaient souvent le cœur des villages. Les prêtres jouaient un rôle substantiel dans la vie spirituelle des habitants, célébrant la messe, dispensant les sacrements et fournissant un soutien moral70. Les monastères, quant à eux, étaient des institutions religieuses dédiées à la prière, à l’étude et au travail. Ils étaient généralement situés dans des zones rurales et étaient dirigés par des moines ou des moniales. Les monastères étaient des centres de préservation de la culture et de la connaissance, copiant des manuscrits anciens, produisant des œuvres d’art religieux et offrant un refuge aux voyageurs et aux pèlerins71.
Les églises et les monastères avaient également une certaine influence sur l’économie et la culture de la Franche-Comté. Ils possédaient souvent des terres et des domaines agricoles, contribuant ainsi à l’activité économique de la région. De plus, ils étaient des centres dédiés à l’apprentissage et à l’éducation, ce qui favorisait le développement intellectuel et artistique72.
- Les défis et évolutions de la Franche-Comté durant l’époque féodale
L’époque féodale, en Franche-Comté, était marquée par une série de défis et d’évolutions qui ont façonné l’histoire et la société de la région. L’un des défis majeurs auxquels la Franche-Comté était confrontée était les incursions suisses. Les Suisses, voisins de la région, cherchaient à étendre leur territoire et à contrôler des zones frontalières. Cette situation a conduit à des conflits fréquents entre la Franche-Comté et les forces suisses. Les batailles pour le contrôle de certaines régions frontalières étaient monnaie courante, et la Franche-Comté devait constamment défendre ses frontières contre ces invasions73.
Les rivalités internes constituaient également un défi majeur pour la Franche-Comté. Les seigneurs locaux, souvent désireux d’accroitre leur pouvoir et leur influence, se trouvaient en concurrence avec les comtes de Bourgogne pour le contrôle de la région. Cette situation pouvait entrainer des conflits locaux, des rivalités pour les terres et des affrontements pour l’autorité. Ces conflits internes compliquaient la gouvernance de la Franche-Comté et pouvaient avoir des répercussions sur la population locale74.
Malgré ces défis, l’époque féodale en Franche-Comté a également été marquée par des évolutions économiques et sociales. L’agriculture était la principale activité économique, avec la culture du blé, de l’orge, du seigle et de la vigne. Les villages se développaient autour des châteaux forts et des églises, créant des communautés rurales prospères. La société était fortement hiérarchisée, avec les nobles au sommet de la pyramide sociale, suivis des paysans et des serfs75.
L’Eglise catholique jouait un rôle prépondérant dans la vie médiévale de la Franche-Comté. Elle exerçait une autorité spirituelle et morale sur la population, organisant la vie religieuse et fournissant un cadre moral. Les églises et les monastères étaient des centres d’éducation et de culture, contribuant à préserver les connaissances et les arts76.
La période des premiers affranchissements en Franche-Comté représente une étape décisive de l’histoire de la région, marquée par l’émergence progressive de la liberté et de l’autonomie locale77. L’analyse de cette période est essentielle pour la compréhension de l’identité comtoise et de l’évolution des institutions juridiques et politiques.
- Contexte historique des premiers affranchissements en Franche-Comté
Aux XIème et XIIème siècles, la Franche-Comté était une région située à la croisée des influences politiques et des pouvoirs féodaux. Elle était sous l’autorité des comtes de Bourgogne, qui exerçaient un contrôle sur la région. Cependant, cette époque a été le témoin de l’émergence d’’n mouvement d’affranchissement au sein de la Franche-Comté, initié par les communautés locales, ainsi que par certains seigneurs78. Plusieurs facteurs ont contribué à la montée de ce mouvement, comme il est détaillé dans les lignes qui suivent.
Les habitants de la Franche-Comté, y compris les communautés villageoises et les seigneurs locaux, aspiraient à une plus grande autonomie politique. Sous le système féodal, les seigneurs de la région étaient soumis à l’autorité des comtes de Bourgogne et devaient payer des redevances et des taxes en échange de la protection de leurs suzerains79. Cette dépendance envers les comtes limitait leur liberté d’action et de gouvernance. Les communautés locales souhaitaient pouvoir prendre leurs propres décisions et exercer un contrôle direct sur leurs affaires locales80.
D’un autre côté, de nombreux habitants de la Franche-Comté ressentaient l’oppression seigneuriale exercée par les seigneurs locaux. Ces derniers imposaient souvent des obligations et des contraintes aux paysans et aux communautés villageoises, ce qui suscitait des tensions et des conflits. Les habitants cherchaient à se libérer de ces contraintes et à obtenir une plus grande liberté dans la gestion de leurs terres et de leurs ressources81.
La Franche-Comté était alors devenue une région profondément marquée par le système féodal, caractérisé par une hiérarchie rigide de pouvoirs et d’obligations. Cependant, au sein de ce système, certains seigneurs ont commencé à percevoir les avantages de l’affranchissement, qui pouvait renforcer leur position et leur autonomie. Certains seigneurs ont ainsi négocié des accords d’affranchissement avec leurs suzerains, cherchant à établir une plus grande indépendance vis-à-vis des comtes de Bourgogne82.
- L’émancipation locale liée à l’affranchissement des villages et des communes
L’affranchissement progressif des villages et des communes en Franche-Comté au cours des XIème et XIIème siècles a été un phénomène marquant de cette période. Il a été caractérisé par l’obtention de chartes d’affranchissement, accordées par les seigneurs locaux, qui ont profondément modifié la structure politique et sociale de la région83.
Les villages et les communautés locales de la Franche-Comté ont commencé à se regrouper pour obtenir des chartes d’affranchissement de leurs seigneurs féodaux. Ces chartes, souvent appelées « chartes de franchises » ou « chartes communales », étaient des accords juridiques qui garantissaient aux habitants des villages certaines libertés et privilèges importants. L’obtention de ces chartes a permis aux villages de devenir des communes autonomes, dotées d’une certaine indépendance politique et d’une capacité d’autogestion84.
Les chartes d’affranchissement accordaient aux communes une série de droits et de privilèges. Parmi les plus importants figuraient85 :
- L’autonomie locale : les communes étaient autorisées à gérer leurs propres affaires locales, à savoir la collecte des taxes et la mise en place de leurs propres règles et lois. Cette situation représentait une rupture importante par rapport au contrôle exercé précédemment par les seigneurs féodaux.
- L’élection des représentants : les habitants des communes disposaient du droit d’élire leurs propres représentants pour gérer les affaires locales et prendre des décisions importantes. Cette forme de gouvernance démocratique était une caractéristique fondamentale des communes affranchies.
- L’exemption des taxes féodales : les chartes d’affranchissement accordaient souvent l’exemption de certaines taxes féodales, ce qui allégeait la charge financière des habitants des communes.
- La protection juridique : les communes affranchies bénéficiaient pareillement d’une plus grande protection juridique, avec la garantie que leurs droits et libertés seraient respectés.
L’affranchissement des villages et des communes a eu des conséquences positives sur la société comtoise. Il a renforcé le pouvoir des communautés locales et a favorisé l’émergence de structures politiques et administratives plus démocratiques. Les communes sont devenues des acteurs clés dans la vie politique de la Franche-Comté, contribuant à forger l’identité comtoise et à promouvoir les libertés locales86.
- L’affranchissement des seigneurs lié à la quête de l’indépendance
L’affranchissement des seigneurs en Franche-Comté au cours des XIème et XIIème siècles a été réalisé parallèlement à l’affranchissement des villages et des communes. Certains seigneurs locaux ont cherché à accroitre leur autonomie vis-à-vis des comtes de Bourgogne en négociant des accords d’affranchissement. Ces seigneurs affranchis ont joué un rôle dans la promotion de la liberté et de l’autonomie au niveau local87.
Plusieurs raisons ont poussé certains seigneurs à chercher l’affranchissement. D’abord, les seigneurs cherchaient à établir une plus grande indépendance politique vis-à-vis des comtes de Bourgogne. En obtenant l’affranchissement, ils pouvaient exercer un plus grand contrôle sur leurs domaines et leurs sujets. Ensuite, l’affranchissement permettait aux seigneurs de percevoir directement les taxes et les redevances de leurs sujets, sans passer par l’intermédiaire des comtes, ce qui renforçait leur position financière. De plus, les seigneurs affranchis obtenaient souvent des privilèges juridiques, tels que le droit de justice et le droit de lever des impôts, ce qui renforçait également leur autorité dans leurs domaines88.
Les accords d’affranchissement étaient des contrats négociés entre les seigneurs locaux et les comtes de Bourgogne. Ces accords spécifiaient les droits et les privilèges accordés aux seigneurs affranchis. Ils pouvaient comprendre des dispositions sur l’autonomie politique, la fiscalité, la justice, ainsi que d’autres questions importantes89.
L’affranchissement des seigneurs a eu d’importants impacts sur la société comtoise. Il a renforcé le pouvoir des seigneurs locaux et a contribué à créer une mosaïque de domaines semi-indépendants au sein de la Franche-Comté90. Ces seigneurs affranchis ont souvent été des défenseurs des libertés locales et ont joué un rôle actif dans la promotion de l’autonomie politique91.
- Les conséquences de l’affranchissement sur l’identité comtoise
Les premiers affranchissements en Franche-Comté ont eu d’importantes conséquences sur l’identité comtoise, façonnant la région d’une manière qui perdurerait pendant des siècles. Ces conséquences étaient multidimensionnelles et ont eu un impact sur la culture, la politique et le sentiment d’appartenance de la Franche-Comté92.
L’un des impacts les plus considérables de l’affranchissement a été le renforcement du sentiment d’appartenance à une communauté locale autonome. Les habitants des villages et des communes affranchis se sont identifiés davantage à leur lieu de vie et ont participé activement à la gestion de leurs affaires locales93. Cette connexion plus profonde à leur terre natale a contribué à façonner une identité comtoise distincte. Les chartes d’affranchissement ont permis d’établir des traditions politiques et juridiques propres à la Franche-Comté. Les communes autonomes ont développé leurs propres méthodes de gouvernance et de prise de décision, favorisant ainsi un modèle politique local et participatif. De plus, les droits et privilèges accordés aux seigneurs affranchis ont contribué à créer une mosaïque de domaines semi-indépendants, chacun présentant ses propres caractéristiques94.
La période des premiers affranchissements a instauré les bases de l’autonomie politique de la Franche-Comté. Cette autonomie allait se développer au fil des siècles, devenant un élément central de l’identité comtoise. Les communes autonomes et les seigneurs affranchis ont défendu leurs droits et libertés, contribuant ainsi à façonner une région marquée par son attachement à l’autonomie locale95.
Les conséquences de l’affranchissement ont influencé l’évolution historique de la Franche-Comté. L’identité comtoise, forgée au cours de cette période, a contribué à préparer la région et sa population aux événements ultérieurs, notamment les luttes pour la préservation des libertés locales et l’interaction avec les pouvoirs extérieurs, tels que les comtes de Bourgogne et les rois de France96.
Il se présente comme nécessaire de plonger dans le concept d’identité franc-comtoise et d’examiner son rôle dans l’histoire de la Franche-Comté. L’identité est un élément déterminant pour comprendre comment une région se définit, se distingue et se perpétue à travers les siècles. Dans cette section, les différentes facettes de l’identité comtoise et de la conscience des Francs-Comtois seront alors abordées.
Avant de plonger dans les détails de l’identité franc-comtoise et de son rôle dans l’histoire de la Franche-Comté, il est important de cerner ce que signifie réellement « l’identité ». L’identité est un concept complexe qui englobe un ensemble de caractéristiques, de croyances, de valeurs et d’éléments culturels qui définissent un individu ou un groupe97. Dans le contexte régional, il peut ainsi être relevé que l’identité comtoise renvoie à la manière dont les Francs-Comtois se perçoivent et sont perçus par les autres, ainsi qu’à ce qui les distingue d’autres régions ou groupes.
Il est nécessaire d’explorer la manière dont l’identité comtoise a été construite au fil du temps, en mettant l’accent sur les particularités qui la distinguent d’autres identités régionales. Comment les Francs-Comtois se sont-ils alors perçus eux-mêmes et quels étaient les éléments clés de leur identité ?
L’identité comtoise est le produit d’une longue évolution historique, façonnée par des facteurs géographiques, culturels, politiques et sociaux spécifiques à la Franche-Comté. Comme il a pu être observée dans la présentation des grandes étapes de l’histoire de la région, l’identité comtoise a des racines profondes dans l’histoire de la Franche-Comté. L’une de ses étapes est l’ère séquanaise, lorsque les Séquanes habitaient la Franche-Comté. Cette période a laissé des empreintes culturelles et historiques importantes, contribuant à la formation d’une identité distincte98.
Ainsi, les Francs-Comtois reconnaissent leur héritage celte et les vestiges de cette époque pré-romaine comme faisant partie intégrante de leur identité régionale. Les coutumes, les croyances, les pratiques et l’histoire de cette période ont influencé l’identité comtoise et ont contribué à la distinguer des autres régions. Bien que les détails des coutumes, croyances et pratiques de l’ère séquanaise soient largement perdus dans le temps, il peut être supposé que certaines caractéristiques culturelles ont influencé l’identité comtoise, notamment la religion polythéiste celtique, les rites funéraires et pratiques agricoles, la langue et les dialectes celtiques, l’organisation sociale tribale, ainsi que l’art et l’artisanat99.
La conquête romaine au milieu du premier siècle av. J.-C. a eu un impact considérable sur la région. La romanisation a apporté une nouvelle couche culturelle à la Franche-Comté, et des éléments de la culture romaine se sont mêlés aux traditions locales, influençant ainsi l’identité comtoise naissante. Certaines influences romaines qui ont pu contribuer à façonner l’identité comtoise sont les suivantes100 :
- La langue et l’écriture : la romanisation a conduit à l’adoption du latin comme langue officielle et a favorisé la diffusion de l’écriture latine. Cela a eu un impact sur la langue utilisée dans la région et sur la capacité des habitants à communiquer et à enregistrer des informations.
- L’infrastructure et l’urbanisation : les Romains ont construit des routes, des villes et des infrastructures, ce qui a changé la physionomie de la région. Les cités romaines comme Besançon (Vesontio) sont devenues des centres de vie importants, contribuant à la formation de la société urbaine.
- Le droit romain : le droit romain a influencé les systèmes juridiques locaux et a introduit des concepts de justice et de gouvernance qui ont persisté dans l’histoire juridique de la Franche-Comté.
- La religion : la religion romaine a également coexisté avec des croyances locales, créant une mosaïque de pratiques religieuses. La diffusion du christianisme à l’époque romaine a pareillement laissé une empreinte sur la culture religieuse.
- L’art et l’architecture : les Romains ont apporté leur propre style artistique et architectural, qui peut être observé dans les vestiges archéologiques de la région.
- L’agriculture et l’économie : les techniques agricoles romaines ont pu influencer l’agriculture locale, tandis que les échanges commerciaux avec d’autres parties de l’Empire romain ont ouvert de nouvelles opportunités économiques.
La période franque a vu l’introduction de nouvelles influences, notamment germaniques, dans la région. Les Francs ont marqué l’identité comtoise de leur empreinte, créant un mélange de cultures et d’identités. Les comtes de Bourgogne, qui avaient autorité sur la Franche-Comté, ont également joué un rôle déterminant dans la formation de l’identité régionale. Ces derniers ont précisément favorisé le développement économique de la région en encourageant le commerce, la production et l’exploitation des ressources locales. Ils ont également joué un rôle dans l’administration de la Franche-Comté, mettant en place des structures et des institutions qui ont contribué à la gouvernance locale. La cour des comtes de Bourgogne a même pu être un centre de culture et d’art, influençant la vie culturelle et intellectuelle de la Franche-Comté101.
Pendant l’époque féodale, l’identité comtoise s’est consolidée. Les particularités du système féodal, les relations entre les seigneurs locaux, les comtes et les ducs de Bourgogne ont contribué à définir l’identité comtoise, marquée par un sens de la terre, de la loyauté et de la tradition102.
La religion a également joué un rôle important dans la création de l’identité comtoise. L’ultramontanisme catholique, avec sa fidélité au pape de Rome, a renforcé le lien spirituel de la Franche-Comté avec l’Eglise catholique, ce qui a contribué à définir son identité religieuse103.
L’identité comtoise a été préservée grâce à une série de particularités locales, telles que le maintien de la langue et des coutumes régionales. Les chartes d’affranchissement, qui ont accordé aux villages et aux communes une plus grande autonomie, ont renforcé le sentiment d’appartenance à une communauté comtoise distincte104.
Il est aussi intéressant de comprendre la manière dont l’identité comtoise s’est manifestée dans différents domaines de la vie, notamment en matière de culture, de politique et de religion. Comment cette identité a-t-elle influencé le comportement et les croyances des Francs-Comtois au fil du temps ?
La déclinaison de l’identité comtoise peut être considéré comme un processus complexe qui implique plusieurs dimensions de la vie quotidienne et culturelle de la région. Dans ce contexte, la langue représente souvent un élément clé de l’identité régionale. En Franche-Comté, le franc-comtois, un dialecte roman, a joué un rôle important dans la différenciation culturelle105. Les habitants de la Franche-Comté ont développé leur propre manière de parler, avec des expressions, des accents et des mots spécifiques, renforçant ainsi leur identité linguistique distincte.
De même, les coutumes et les traditions locales ont contribué à façonner l’identité comtoise. Ces coutumes et traditions comprennent des pratiques festives, des événements culturels, des plats culinaires traditionnels, des danses et des musiques typiques, ainsi que des festivals régionaux. Ces éléments ont été transmis de génération en génération, créant un sentiment de continuité culturelle106.
La religion a également occupé une place prépondérante dans l’identité comtoise. La région était largement catholique, et des pratiques religieuses particulières, des sanctuaires locaux, et des dévotions singulières ont marqué la vie spirituelle des habitants. Concernant les dévotions locales, la Franche-Comté était le théâtre de nombreuses dévotions religieuses. Par exemple, la région avait une forte tradition de vénération des saints et des saintes, associés à des lieux particuliers. Les pèlerinages vers des sanctuaires locaux étaient courants, renforçant ainsi les liens spirituels entre la population et sa terre natale107. Un exemple notable est le sanctuaire de Notre-Dame du Haut à Ronchamp, qui est un lieu de pèlerinage important dans la région.
La littérature et la culture écrite, à savoir la poésie, les contes populaires et les écrits historiques, ont contribué à l’expression et à la transmission de l’identité comtoise. Cette situation s’explique par le fait que les écrivains et les intellectuels locaux ont souvent exploré les thèmes de l’identité et de la culture régionale dans leurs œuvres108. A titre d’exemples, écrivain, poète et bibliothécaire, Charles Nodier (1780-1844) est l’une des figures littéraires les plus célèbres de Franche-Comté. Il a écrit de nombreux contes et nouvelles inspirés par le folklore et la culture de la région, contribuant ainsi à la préservation des traditions comtoises. Ensuite, écrivain, historien et poète, Charles Suisse (1871-1966) a consacré une grande partie de son travail à l’histoire et à la culture de la Franche-Comté. Ses ouvrages ont contribué à préserver la mémoire de la région.
Les attitudes politiques locales, notamment le patriotisme provincial, ont influencé la manière dont les habitants de la Franche-Comté se percevaient eux-mêmes par rapport à la France et aux autres régions. Le soutien à l’autonomie locale et l’attachement à la Franche-Comté en tant qu’entité distincte ont façonné l’identité politique de la région109.
L’identité joue un rôle considérable dans la manière dont une région ou une communauté se définit et interagit avec le monde qui l’entoure. Dans le contexte de la Franche-Comté, cette identité régionale a été le reflet des diverses influences historiques, culturelles et religieuses qui ont façonné la région au fil des siècles. Pour comprendre l’histoire de la Franche-Comté, il est nécessaire d’analyser les usages, les particularités religieuses, le patriotisme provincial, et la conscience des peuples qui ont contribué à forger cette identité unique.
Cette section se penchera alors sur ces éléments en vue de déterminer comment l’identité a influencé l’histoire de la Franche-Comté, de ses coutumes.
Il est intéressant d’explorer comment l’identité comtoise a influencé les usages locaux, les traditions et la manière dont les Francs-Comtois ont interagi avec leur environnement. Comment l’identité a-t-elle alors façonné la vie quotidienne dans la région ?
Les usages de la Franche-Comté ont été essentiellement marqués par l’identité comtoise, reflétant les traditions, les coutumes et le mode de vie particulier de cette région. Tout d’abord, l’attachement à la terre et à son histoire a été un élément prépondérant. Les Francs-Comtois ont entretenu un lien particulier avec leur territoire, hérité des époques séquanaise et romaine. Cette connexion a influencé les pratiques agricoles, les cycles saisonniers, et les festivités locales qui célébraient souvent le rapport étroit avec la nature110.
Les usages culinaires ont également été façonnés par l’identité comtoise. La Franche-Comté est connue pour sa gastronomie distinctive, avec des plats emblématiques tels que le Comté, la saucisse de Morteau, et la cancoillotte111. Ces mets traditionnels sont bien plus que de simples produits alimentaires. Ils incarnent en effet l’histoire et la culture locales, transmettant de génération en génération un héritage culinaire unique.
Les festivités locales, les processions religieuses et les événements sociaux ont pareillement été teintés par l’identité comtoise. Les célébrations annuelles, les foires, et les rituels liés aux saisons étaient autant d’occasions pour les Francs-Comtois de manifester leur attachement à leurs racines et de renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté partageant des valeurs communes112.
Dans cette sous-section, le rôle de la religion dans la construction de l’identité comtoise sera examiné. Comment les croyances religieuses ont-elles donc contribué à façonner l’identité et la culture de la Franche-Comté ?
Les particularités religieuses ont joué un rôle important dans la construction de l’identité comtoise, marquant ainsi la vie spirituelle et culturelle de la Franche-Comté. La région était largement catholique, et cette affiliation religieuse a contribué à définir les contours de l’identité locale113.
L’attachement des Francs-Comtois au catholicisme était souvent associé à des pratiques religieuses bien précises. Les églises locales, les chapelles et les sanctuaires étaient des lieux emblématiques qui reflétaient la piété profonde de la population. Les processions religieuses, les pèlerinages et les festivités liturgiques étaient autant d’occasions où l’identité comtoise se manifestait à travers les expressions de la foi114.
Les particularités religieuses se manifestaient aussi dans les traditions et les rituels associés à des événements spécifiques. Par exemple, les célébrations des saints patrons locaux, les fêtes religieuses dédiées à des événements particuliers, et les pratiques de dévotion proprement comtoises constituent des éléments qui distinguaient la Franche-Comté sur le plan religieux115.
Par ailleurs, la coexistence de diverses confréries religieuses et l’influence de l’ultramontanisme catholique, qui prônait une loyauté particulière envers le pape à Rome, ont également laissé des empreintes marquantes sur la culture religieuse de la région116.
Le patriotisme provincial et la conscience des peuples en Franche-Comté ont contribué de façon substantielle à la définition de l’identité comtoise, créant une forte connexion entre les habitants de la région et leur terre natale.
Le patriotisme provincial se manifestait à travers un attachement fort et un sentiment de fierté envers la Franche-Comté en tant qu’entité distincte. Les Francs-Comtois avaient une conscience aiguë de leur appartenance à une région aux spécificités culturelles, historiques et géographiques uniques. Cette conscience provinciale se traduisait par un engagement envers la préservation des traditions locales, des usages comtois, et des particularités qui définissaient leur identité117.
Le sentiment de loyauté envers la Franche-Comté se reflétait également dans la manière dont les habitants percevaient leur place au sein de la France plus large. La province, bien que rattachée au royaume de France, conservait un statut particulier, et ses habitants entretenaient souvent une relation complexe avec la sphère nationale. Le patriotisme comtois se traduisait parfois par une défiance envers les influences extérieures, notamment celles de la France centrale, et par le désir de préserver l’autonomie culturelle et politique de la Franche-Comté118.
Les expressions du patriotisme provincial se retrouvaient dans la littérature, l’art, et les discours publics qui célébraient les particularités de la Franche-Comté. Les symboles régionaux, les emblèmes locaux, et les événements commémoratifs contribuaient à renforcer ce sentiment d’appartenance à une entité provinciale distincte119.
La présente thèse s’attelle à une exploration des transformations institutionnelles survenues en Franche-Comté à la suite de son annexion par le royaume de France. Au cœur de cette investigation se trouve une question fondamentale : dans quelle mesure les libertés comtoises ont-elles survécu, évolué, ou décliné après l’annexion française ? La complexité de cette problématique réside dans la nécessité de s’intéresser de manière plus approfondie à l’histoire, à la culture, et au droit liés à cette région.
L’histoire de la Franche-Comté, de son indépendance présumée à son rattachement au royaume de France, soulève des questions essentielles quant à la préservation des libertés et de l’identité comtoises. La problématique centrale de cette thèse réside dans la détermination de la portée réelle de l’indépendance comtoise au regard de son évolution institutionnelle, politique, et juridique après l’annexion par la France en 1678.
Comment la Franche-Comté, en tant que contrée affichant une identité juridique et politique distinctive, a-t-elle fait face à son intégration au royaume de France ? La préservation des libertés comtoises peut-elle être considérée comme un héritage intact ou bien a-t-elle succombé aux pressions politiques et culturelles françaises ? Afin de répondre à ces interrogations, il est impératif de retracer objectivement l’histoire de la région, sans préjugés, en examinant les dynamiques complexes qui ont influencé son destin.
Aussi, cette thèse étudie les transformations institutionnelles post-annexion, en mettant en évidence les interactions entre la culture, la politique, et le droit. L’objectif est de dévoiler les nuances de cette transition, de confirmer ou d’infirmer la survie des libertés comtoises, et d’analyser les facteurs ayant potentiellement contribué à leur déclin, le cas échéant.
Pour répondre à ces questions, cette thèse sera articulée en deux grandes parties. Dans la première partie, la Franche-Comté avant et après son rattachement au royaume de France sera examinée. Il sera question de plonger dans l’histoire pré-annexion de la région, mettant en avant ses caractéristiques distinctives sur le plan géographique, démographique, culturel, et politique. Ensuite, les changements consécutifs à l’annexion seront étudiés, en explorant les dynamiques politiques, juridiques, et culturelles qui ont marqué cette transition.
Dans la deuxième partie, l’analyse se concentrera sur les transformations institutionnelles en Franche-Comté à la suite de son annexion par le royaume de France. Une approche comparative sera adoptée afin de situer la région par rapport à d’autres provinces françaises, mettant en évidence les similitudes et les différences dans les domaines institutionnel, culturel, et juridique. Le cœur de cette partie se trouve dans l’analyse des libertés comtoises, le but étant de définir précisément leur nature et à évaluer leur survie ou leur déclin post-annexion. Cette approche cherche à fournir une compréhension détaillée de l’impact du rattachement sur les institutions et les particularités de la Franche-Comté.
PARTIE 1 : LA FRANCHE-COMTE ET SON RATTACHEMENT AU ROYAUME DE FRANCE
Cette première partie constitue une analyse approfondie de l’histoire de la Franche-Comté. Elle expose les différentes étapes de son évolution avant et après son rattachement au royaume de France. Nous plongerons dans un premier temps dans la Franche-Comté d’avant l’annexion, une contrée singulière marquée par ses spécificités géographiques, sa démographie distinctive, sa culture propre, et ses institutions politiques particulières. Ce premier volet cherchera à dévoiler les éléments qui ont forgé l’identité comtoise avant que la région ne soit intégrée au royaume de France.
Le second volet de cette partie se concentrera sur la période post-annexion, explorant les répercussions politiques, juridiques, et culturelles de cette union avec le royaume de France. Nous analyserons comment la Franche-Comté a évolué, s’adaptant aux nouvelles réalités et examinant les transformations qui ont redéfini sa place au sein de la France. Cette première partie servira ainsi de fondement pour la compréhension des enjeux institutionnels et identitaires qui seront abordés dans la seconde partie de la thèse.
CHAPITRE 1 : La Franche-Comté avant l’annexion : une contrée singulière
Ce premier chapitre s’intéresse à la Franche-Comté avant son rattachement au royaume de France. Il explore les divers éléments qui ont forgé l’identité singulière de cette région, mêlant histoire, culture, et spécificités institutionnelles. En observant les racines de l’identité comtoise, nous étudieront aussi les particularités juridiques et institutionnelles qui ont marqué la Franche-Comté.
Section 1 : Les particularités liées à l’histoire et à la culture de la Franche-Comté
La Franche-Comté, avant son rattachement au royaume de France, se démarquait par un tissu historique et culturel riche, façonné par les événements et les communautés qui ont forgé son identité unique. Il est de ce fait opportun de s’intéresser à l’identité de cette région, et par la suite à sa culture.
La compréhension de l’identité comtoise passe inévitablement par l’analyse de sa création et de ses particularités. Il est également nécessaire de s’intéresser de manière plus approfondie à la déclinaison de l’identité de cette région singulière.
- La création de l’identité comtoise
L’émergence de l’identité comtoise puise ses racines dans les interactions complexes entre différentes communautés qui ont successivement occupé la région. L’ère séquanaise, marquée par la prospérité des Séquanes, constitue une étape fondamentale de ce processus identitaire. Les Séquanes, tribu celte pré-romaine, ont occupé le territoire de la future Franche-Comté, établissant des liens sociaux, économiques, et culturels significatifs avec d’autres tribus celtes environnantes, notamment les Eduens et les Helvètes120.
Les interactions entre les Séquanes et ces tribus voisines ont façonné les premières dynamiques sociales et culturelles de la région. Les échanges commerciaux, les alliances, et les conflits ont contribué à forger une identité distinctive pour les habitants de la Franche-Comté. Les liens sociaux entre les Séquanes et les autres tribus constituent un fondement de la communauté, tandis que les échanges culturels ont apporté des éléments distinctifs à la vie quotidienne, aux coutumes, et aux croyances des Séquanes et de leurs voisins121.
Cette période pré-romaine était caractérisée par une économie essentiellement agraire, où l’activité agricole occupait une place centrale dans la vie des communautés. Les terres fertiles de la Franche-Comté ont probablement été exploitées pour l’agriculture, ce qui a favorisé la stabilité et la croissance des populations locales. Parallèlement, les croyances polythéistes étaient répandues, ancrées dans la relation entre les habitants et leur environnement naturel122.
Les interactions constantes entre les Séquanes et les peuples voisins ont ainsi grandement influencé la formation d’une culture distinctive au sein de la future Franche-Comté. Les échanges avec les autres tribus ont donné naissance à une culture composite, imprégnée de traditions locales et de particularités linguistiques propres à la région. Ces échanges ont été le terreau fertile d’une identité culturelle unique, façonnée par des coutumes, des rites religieux, et les premières formes de gouvernance123.
Les coutumes qui ont émergé au sein de la communauté séquanaise ont contribué à définir le caractère distinct de la Franche-Comté. Les pratiques quotidiennes, les célébrations festives, et les rituels sociaux ont reflété la spécificité culturelle de la région. Ces coutumes, souvent ancrées dans les réalités agraires de l’époque, ont permis la création d’un tissu social riche et cohésif124. Cette situation peut être considérée comme ayant renforcé le sentiment d’appartenance à une communauté partageant des valeurs communes.
Les rites religieux ont pareillement joué un rôle majeur dans la définition de l’identité comtoise naissante. Les Séquanes, en tant que peuple polythéiste, ont développé des pratiques religieuses uniques, liées à leurs croyances et à leur compréhension du monde qui les entourait. Ces rites ont non seulement façonné la vie spirituelle de la communauté, mais ont aussi contribué à l’élaboration de mythes et de récits qui ont perduré au fil du temps, ajoutant une dimension mythologique à l’identité comtoise. Parmi ces rituels, il est possible de citer les célébrations saisonnières dédiées aux divinités associées à la nature, reflétant le lien profond entre les Séquanes et leur environnement agraire. Par exemple, des rituels liés aux cycles de la récolte pouvaient être observés, impliquant des offrandes et des prières pour assurer la fertilité des terres. Les rites funéraires occupaient également une place significative dans la vie religieuse des Séquanes. Les pratiques entourant la mort et l’au-delà étaient souvent empreintes de croyances spécifiques au peuple séquanais. Des sépultures soigneusement élaborées et des rituels commémoratifs étaient organisés pour honorer les défunts et assurer leur passage vers l’au-delà. Les mythes et les récits qui découlaient de ces pratiques religieuses contribuaient à forger l’identité comtoise naissante. Des légendes locales, centrées autour de héros mythiques ou de figures divines liées à la région, ont été transmises de génération en génération. Ces récits ont joué un rôle considérable dans la préservation de la mémoire collective et ont nourri le sentiment d’appartenance des Séquanes à une histoire partagée125.
Il convient également de préciser qu’à l’époque séquanaise, les premières formes de gouvernance ont émergé au sein de la communauté séquane, bien que de manière rudimentaire par rapport aux structures plus complexes qui se développeraient ultérieurement. Ces structures sociales naissantes ont été le reflet des relations de pouvoir au sein de la société, établissant des fondements pour les systèmes de gouvernance à venir126. Les interactions constantes avec les peuples voisins ont joué un rôle déterminant dans cette évolution. Les échanges culturels et les dynamiques sociales résultant de ces contacts ont contribué à façonner les premières notions de leadership et d’organisation communautaire. Les relations avec d’autres tribus celtes ont agi comme un catalyseur, stimulant la réflexion sur la manière de structurer la vie sociale et politique au sein de la région connue aujourd’hui comme la Franche-Comté127. Bien que les détails précis de ces premières formes de gouvernance soient souvent obscurs en raison du manque de documents écrits de cette époque, il est possible d’imaginer l’importance des conseils tribaux, des chefs locaux et des mécanismes de prise de décision participatifs. Ces éléments ont contribué à façonner une culture distincte et ont eu un impact durable sur l’identité comtoise émergente.
Ainsi, les interactions et les échanges avec les peuples voisins ont été déterminants dans la création de ces structures sociales et politiques embryonnaires, représentant une base pour les futurs développements qui caractériseraient la vie communautaire en Franche-Comté. Ces premières expériences de gouvernance ont constitué un élément fondateur de l’identité comtoise, contribuant à définir la manière dont la communauté séquane se percevait et interagissait avec le monde qui l’entourait.
- Les particularités de l’identité comtoise
L’identité comtoise, une fois créée au cours de l’ère séquanaise, a traversé les siècles en intégrant divers éléments qui ont enrichi sa complexité. La période de la continuité romaine a constitué une étape majeure dans cette évolution. Au milieu du 1er siècle av. J.-C., la conquête romaine a apporté des changements significatifs à la Franche-Comté. La romanisation de la culture, de la langue, et des institutions a profondément influencé la région. Des aspects de la vie quotidienne, tels que l’architecture, la cuisine, et les coutumes, ont été inspirés de la culture romaine. La langue latine s’est mêlée aux dialectes locaux, créant une fusion linguistique qui distingue la région128.
Par la suite, l’influence franque a marqué une nouvelle étape dans le développement de l’identité comtoise. Avec l’instauration d’une société féodale après le déclin de l’Empire romain au 5e siècle, de nouvelles dynamiques sociales et politiques ont émergé. La Franche-Comté est devenue une terre frontalière, exposée aux incursions des peuples germaniques et des Sarrasins. Les comtes francs ont joué un rôle important dans l’administration de la région, introduisant des structures féodales qui ont laissé une empreinte durable sur l’identité comtoise129.
La langue comtoise, issue du dialecte francoprovençal, a contribué au maintien et à la transmission de l’identité comtoise à travers les époques. Ce dialecte a en effet agi comme un véritable lien entre les différentes périodes historiques et les influences culturelles variées, préservant simultanément des éléments distinctifs qui sont propres à la région. Au fil du temps, la langue comtoise a été le réceptacle de diverses influences linguistiques. Elle a intégré des éléments du latin suite à la romanisation de la région, tout en conservant des particularités locales et des empreintes des langues celtiques130.
Ensuite, l’attachement profond à la terre et à l’environnement naturel a été un pilier fondamental de l’identité comtoise. La topographie singulière de la Franche-Comté, avec ses collines verdoyantes, ses rivières sinueuses et ses vastes forêts, a largement influencé la manière dont les habitants se sont connectés à leur territoire. Ce lien intime avec la nature a façonné des traditions et des pratiques qui sont particulières au territoire comtois. Les activités agricoles, liées à la terre fertile, ont marqué le rythme de la vie quotidienne, créant des coutumes ancrées dans l’agriculture et l’exploitation des ressources naturelles locales. Les festivités saisonnières, comme les célébrations liées aux récoltes ou à la nature changeante, ont renforcé ce lien avec l’environnement naturel, contribuant à la construction de l’identité collective131.
De plus, la géographie variée de la région a également influencé les modes de vie et les occupations des habitants. Les montagnes offraient des ressources comme le bois, tandis que les rivières et les plaines étaient propices à d’autres activités économiques132. Cette diversité géographique a engendré des savoir-faire spécifiques et des métiers traditionnels associés à chaque région, renforçant ainsi la richesse culturelle et identitaire de la Franche-Comté.
Ainsi, la création et les particularités de l’identité comtoise sont le résultat d’une interaction complexe entre les influences celtes, romaines, et franques, ayant permis à la région de se distinguer des autres contrées.
L’identité comtoise peut être considérée comme se déclinant à travers 3 aspects. Ces derniers forment un tissu complexe qui unit la population de la région. Il est ainsi distingué une identité culturelle, une identité territoriale, et une identité sociale.
- L’identité culturelle comtoise
L’identité culturelle de la Franche-Comté s’est formée à travers une convergence d’influences, créant un paysage linguistique et artistique distinctif. La langue comtoise, comme il a été abordé précédemment, a été un élément décisif dans la définition de cette identité. Elle est le reflet d’une histoire complexe, mêlant des racines celtes, romaines, et franques, et elle a persisté malgré les changements linguistiques et les influences extérieures. Cette langue a forgé un socle de communauté, unissant les habitants par un langage partagé, non seulement dans la communication quotidienne, mais aussi dans la préservation des traditions et des récits locaux. Les expressions, les proverbes, et les chansons en comtois sont des témoins vivants de cette identité linguistique, liés aux coutumes et à la manière de vivre qui sont propres à la région133.
Parallèlement à la langue, les coutumes locales ont aussi contribué à cette identité culturelle. Les festivités, les cérémonies traditionnelles, et les pratiques festives ont laissé des empreintes uniques. Les différents événements saisonniers ont consolidé les liens entre les habitants et leur culture. En ce qui concerne les arts, la Franche-Comté a vu naître des formes artistiques distinctes. La région a été un terreau fertile pour la création artistique, en particulier dans des domaines comme la peinture, la sculpture, ou encore l’artisanat local134.
Ainsi, la langue, les coutumes, et les arts ont été des piliers de l’identité culturelle comtoise. Ces héritages historiques ont permis la création d’une identité riche et distinctive. Cette diversité culturelle a perduré au fil du temps, tout en façonnant la manière dont les Comtois se perçoivent et sont perçus.
- L’identité territoriale comtoise
L’identité territoriale de la Franche-Comté a surtout été marquée par un attachement ancestral à la terre et à son environnement naturel. Les racines de cet attachement peuvent être retracées jusqu’à l’ère séquanaise. Le lien des Séquanes avec le territoire, caractérisé par des paysages diversifiés, constitue un fondement pour cette identité territoriale particulière. La topographie remarquable de la Franche-Comté, composée de collines, de vallées verdoyantes, de rivières sinueuses et de vastes forêts, a façonné la relation intime entre les habitants et leur environnement. Cette nature généreuse a joué un rôle important dans la vie quotidienne des Comtois, ce qui a influencé leurs activités agricoles, leurs moyens de subsistance, ainsi que leur culture135.
Cette géographie variée a pareillement encouragé certaines coutumes, adaptées aux conditions naturelles locales. Les fêtes et les célébrations saisonnières étaient souvent ancrées dans le cycle naturel, honorant les récoltes, les saisons ou les événements météorologiques marquants. Ces festivités étaient l’occasion pour la population de se rassembler, et renforçaient les liens communautaires et l’attachement à la terre qui les nourrissait136.
Par ailleurs, ces reliefs naturels ont aussi façonné les interactions sociales et économiques. Les vallées, les collines et les rivières ont souvent servi de repères dans les histoires locales. Elles ont influencé les récits mythologiques et les légendes ancrées dans le paysage naturel de la région137.
L’identité territoriale comtoise, fondée sur un attachement intime au territoire et à ses particularités géographiques, a ainsi perduré à travers les siècles, tout en instaurant auprès des habitants un sentiment d’appartenir à une région riche en diversité naturelle et culturelle.
- L’identité sociale comtoise
En Franche-Comté, l’identité sociale a été influencée de manière importante par les dynamiques féodales héritées de l’histoire. La structure sociale, caractérisée par des relations hiérarchiques entre les différentes classes, a joué un rôle important dans la définition de cette identité sociale distincte138.
La société féodale était basée sur une hiérarchie rigide où les seigneurs, la noblesse et les paysans occupaient des positions bien définies. Cette organisation sociale a laissé des empreintes dans la manière dont les habitants de la région percevaient leurs relations sociales. Les seigneurs exerçaient un pouvoir considérable sur leurs domaines. Ils dictaient souvent les normes sociales, économiques et politiques locales139.
De même, les communautés villageoises, constituées principalement de paysans et de serfs, étaient essentielles à la vie économique et sociale de la région. Les traditions de travail collectif et les obligations envers les seigneurs locaux ont renforcé les liens communautaires, ce qui a façonné une identité sociale où la solidarité et la coopération étaient des valeurs fondamentales140.
Les interactions sociales étaient aussi influencées par les traditions et les festivités communautaires. Les événements saisonniers, les fêtes religieuses et les rassemblements étaient des moments clés où les habitants se retrouvaient pour célébrer, échanger et renforcer les liens sociaux141.
Cependant, malgré la structure féodale, des nuances et des particularités régionales ont émergé. La Franche-Comté, en raison de son histoire et de ses particularités géographiques, présentait des spécificités dans la manière dont les relations sociales étaient vécues et entretenues. Ces interactions sociales mêlaient à la fois traditions féodales et particularités locales, et ont contribué à façonner une identité sociale unique, marquée par des relations de voisinage étroites et des dynamiques sociales qui sont propres à la région142.
Cette déclinaison complexe de l’identité comtoise souligne la richesse et la diversité d’une culture ancrée dans son passé tout en évoluant au fil du temps. La compréhension de ces particularités permettra aussi de mieux cerner la nature de la Franche-Comté avant son rattachement au royaume de France.
La culture comtoise, riche et diversifiée, est le produit d’une histoire singulière et de l’influence de multiples facteurs. Cette identité culturelle unique émane de la combinaison de divers éléments historiques, sociaux et religieux. Dans cette section, les différentes facettes de la culture en Franche-Comté seront analysées, notamment ses usages caractéristiques et ses spécificités religieuses. Ces deux dimensions ont joué un rôle déterminant dans la construction de l’identité régionale. Elles ont aussi façonné le quotidien des habitants et influencé leurs croyances, leurs traditions et leurs pratiques culturelles.
En Franche-Comté, les usages reflètent une palette variée de traditions, de pratiques et de modes de vie qui sont spécifiques à cette région. Ces usages sont le fruit d’une histoire longue et diversifiée, qui mêlent des influences celtiques, romaines et franques, et qui ont laissé leur empreinte sur les coutumes et la vie quotidienne des habitants.
- Les pratiques agraires
Dans la Franche-Comté, l’agriculture a toujours été une pratique fondamentale, étroitement liée à l’environnement naturel et aux cycles saisonniers. Les rituels agricoles étaient marqués par des célébrations rythmées par les saisons. Ils soulignent des moments clés tels que les semences ou les récoltes. Ces événements étaient souvent accompagnés de rituels et de traditions symboliques visant à attirer la fertilité ou à remercier la nature pour ses bienfaits143.
La topographie vallonnée a fortement influencé l’aménagement rural. Les fermes étaient souvent isolées, disséminées dans le paysage, reflétant la structure géographique de la région. Les bâtiments agricoles étaient conçus en harmonie avec les particularités du terrain. Par exemple, les granges étaient généralement dotées de toits en bâtière, conçus pour résister aux importantes chutes de neige fréquentes dans cette région montagneuse144. Ces constructions sont le fruit d’une adaptation astucieuse aux conditions climatiques et géographiques locales.
De plus, la Franche-Comté a développé des pratiques agricoles particulières en tenant compte de sa géographie et de ses ressources naturelles. Les pâturages étaient utilisés pour l’élevage de bétail, en particulier pour la production laitière, qui a donné naissance à des fromages réputés tels que le Comté ou la Morbier. Les cultures céréalières étaient également adaptées aux terrains vallonnés145.
Ces pratiques agraires, ancrées dans le respect de l’environnement et des cycles naturels, ont été préservées pendant des générations, constituant ainsi une part essentielle de l’identité comtoise.
- Les festivités communautaires
Les festivités communautaires en Franche-Comté sont riches et diverses. Elles offrent un aperçu vivant de la culture locale. Parmi elles, la fête du Vin Jaune est l’un des événements les plus emblématiques. Cette fête réunit les amateurs de vin pour célébrer la tradition viticole et déguster ce vin renommé, produit exclusivement dans la région. La Percée du Vin Jaune, un autre événement important, marque le début de la mise en bouteille du Vin Jaune après sa période de maturation en fût146.
Le Carnaval de Remiremont est un autre moment festif important. Cette fête traditionnelle, haute en couleurs et en animations, anime les rues de la ville. Elle est marquée par des défilés costumés, des danses folkloriques, ainsi que des festivités qui témoignent de la richesse culturelle et historique de la région147.
Il peut alors être retenu que ces festivités ne sont pas simplement des occasions de célébration, mais également des moments de partage et de transmission des traditions. Elles représentent une continuité avec le passé et une manière pour les habitants de se connecter à leur patrimoine culturel.
- La gastronomie comtoise
La gastronomie comtoise constitue également une véritable ambassadrice de la région, car elle porte en elle l’héritage des traditions culinaires locales. Le Comté, fromage AOP (Appellation d’Origine Protégée), occupe une place prépondérante dans l’identité gastronomique de la Franche-Comté. Sa fabrication respecte des méthodes traditionnelles, souvent dans de petites fromageries, et se base sur un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération. Ce fromage à pâte pressée cuite, affiné dans des caves spécifiques, dégage des arômes et des saveurs caractéristiques qui en font l’un des piliers de la cuisine locale. La Cancoillotte est une autre spécialité fromagère emblématique de la Franche-Comté. Il s’agit d’un fromage fondu à base de metton (résidu de fabrication du fromage) auquel est ajouté du beurre, et parfois de l’ail. Ce plat traditionnel, aux origines modestes, est très apprécié pour sa texture crémeuse et son goût typique148.
Ces produits emblématiques de la gastronomie comtoise témoignent non seulement du patrimoine culinaire de la région, mais également de l’attachement des habitants à leurs terroirs, à leurs méthodes artisanales et à leurs traditions ancestrales.
- Les usages linguistiques
Le dialecte franc-comtois représente un trait marquant de l’identité linguistique de la région. Ce dialecte, transmis de génération en génération, s’est incarné dans des expressions, des termes spécifiques et des tournures propres à la région. Le franc-comtois est utilisé dans les conversations informelles, les traditions orales, les chansons folkloriques et dans des publications locales ou des événements culturels149.
Ces usages, bien qu’ayant évolué au fil du temps, ont permis de préserver l’essence même de la culture comtoise, et témoignent de la richesse et de la diversité de cette région.
Avant son intégration au royaume de France, la Franche-Comté était majoritairement catholique, avec une forte empreinte religieuse dans la vie quotidienne. La religion catholique dominait la région et influençait profondément les pratiques sociales, culturelles et politiques. Les habitants étaient largement attachés à leur foi et les pratiques religieuses jouaient un rôle important dans leur vie150.
- La vie religieuse au cœur des communautés comtoises
Avant l’annexion, les lieux de culte de la Franche-Comté ne se limitaient pas à de simples édifices religieux. Les églises, les monastères et les sanctuaires étaient véritablement les piliers de la vie sociale et culturelle des habitants. Bien au-delà de servir de simples lieux de prière, ils étaient des foyers d’activités où la communauté se réunissait pour des célébrations, des fêtes et des moments de partage151.
Les églises étaient des points de rassemblement incontournables, elles offraient aux gens bien plus qu’un lieu de culte. Elles étaient des centres sociaux où se tissaient des liens étroits entre les membres de la communauté. Les festivités religieuses revêtaient pareillement une importance capitale. Ces moments de célébration étaient des occasions uniques pour les habitants de se retrouver, et renforçaient ainsi les liens de solidarité et d’appartenance à une même communauté152.
Les monastères, en plus de leur vocation spirituelle, étaient des foyers de savoir, de culture et de charité. Ils jouaient un rôle éducatif en conservant et en transmettant le savoir, et étaient souvent des lieux d’accueil pour les nécessiteux. Ces institutions religieuses étaient des éléments vitaux du tissu social, et offraient un espace de communion et de partage aux habitants de la Franche-Comté153.
- La foi et les pèlerinages : un pilier de la vie religieuse en Franche-Comté
La dévotion aux saints patrons, intimement liée à des villes ou des villages précis, constituait une pratique largement répandue dans la Franche-Comté d’avant l’annexion. Cette relation spéciale avec des figures saintes renforçait le tissu social et spirituel des communautés locales. Ces saints étaient vénérés et honorés lors de cérémonies, de processions ou de fêtes religieuses dédiées à leur mémoire, ce qui a ainsi renforcé l’identité religieuse de chaque région154.
Parallèlement, les pèlerinages vers des sites religieux importants étaient des pratiques fréquentes. Ces pèlerinages constituaient des temps forts de l’année et symbolisaient l’importance de la foi dans la vie quotidienne des habitants de la Franche-Comté. Les fidèles se rendaient en grand nombre vers ces lieux de dévotion pour y exprimer leur foi, rechercher la guérison, demander des faveurs spéciales ou simplement pour renforcer leur lien avec le divin155.
Ces pèlerinages, marqués par la ferveur religieuse, étaient des moments de communion et de partage spirituel, où les habitants se rassemblaient autour de croyances communes et renforçaient leur identité collective au sein de leur communauté.
- Influence religieuse et gouvernance locale en Franche-Comté
L’impact de la religion sur les institutions et la vie sociale en Franche-Comté était profond. Les autorités ecclésiastiques détenaient un pouvoir considérable qui influençait non seulement la gouvernance locale mais aussi la vie quotidienne des habitants. L’église catholique, en tant qu’institution centrale, a joué un rôle important dans la formation des normes sociales et des comportements individuels au sein de la société comtoise156.
Les valeurs morales et éthiques promues par l’église ont été un pilier de la structure sociale de la région. Elles ont influencé les pratiques commerciales, les décisions politiques et les interactions sociales. L’autorité morale de l’église a défini les attentes en matière de comportement individuel et collectif, ce qui a ainsi renforcé les valeurs communautaires et l’identité religieuse des Francs-Comtois157.
Les institutions ecclésiastiques ont pareillement servi de médiateurs dans les affaires locales. Elles participaient activement à la résolution de conflits et à la promotion de la justice sociale. Leur implication dans la gouvernance locale a consolidé leur influence et a contribué à maintenir la cohésion sociale au sein des différentes communautés de la Franche-Comté158.
Ainsi, les particularités religieuses avant l’annexion reflétaient une société fortement imprégnée de valeurs catholiques, où la foi jouait un rôle prépondérant tant dans la vie spirituelle que dans l’organisation sociale et culturelle de la région.
Section 2 : Les spécificités juridiques et institutionnelles
La Franche-Comté, avant son rattachement au royaume de France, était marquée par des particularités juridiques et institutionnelles distinctes. Ces éléments ont grandement contribué à construire l’identité et la gouvernance de la région. Cette section se penche sur ces aspects fondamentaux, analysant les spécificités institutionnelles qui ont caractérisé la Franche-Comté pré-annexion. Elle s’intéresse pareillement à l’originalité du droit franc-comtois, en mettant en avant les particularités juridiques qui ont gouverné la vie et les interactions sociales dans la région.
Dans la Franche-Comté pré-annexion, les particularités institutionnelles ont perpétré la structure et le fonctionnement de la région. Il convient alors de tenir compte de deux aspects majeurs qui ont marqué l’organisation administrative et économique : le statut douanier spécifique de la Franche-Comté et la diversité des institutions locales. L’objectif est de déterminer comment ces éléments ont contribué à forger une identité institutionnelle distinctive au sein de la région.
- Des politiques douanières particulières
Avant son rattachement au royaume de France, la Franche-Comté jouissait d’une position géographique stratégique. Située entre les territoires français et l’Empire germanique, elle était traversée par des routes commerciales importantes reliant ces deux zones. Cette situation frontalière a favorisé la mise en place de politiques douanières bien spécifiques159.
Les tarifs douaniers et les règles commerciales étaient souvent élaborés en vue de faciliter les échanges, encourager le commerce et préserver l’économie locale. La Franche-Comté avait instauré des accords douaniers avec ses voisins, afin de permettre des échanges commerciaux plus fluides tout en protégeant ses intérêts économiques. Ces accords incluaient des exemptions fiscales ou des tarifs réduits pour certains produits, ce qui encourageaient ainsi le flux de marchandises et favorisaient le développement commercial160.
Les villes frontalières étaient des points névralgiques pour le commerce, du fait qu’elles bénéficiaient souvent de privilèges commerciaux spécifiques afin de stimuler les échanges. Ces mesures contribuaient à l’activité économique régionale en favorisant le transit de marchandises, mais elles permettaient également de maintenir une certaine autonomie dans les relations commerciales avec les régions avoisinantes161. Cette situation a permis de préserver une identité économique distincte pour la Franche-Comté.
- Les privilèges liés au statut douanier de la Franche-Comté
La Franche-Comté avait ainsi une économie florissante, en grande partie grâce à ces privilèges douaniers. Les accords commerciaux, souvent le résultat de négociations et de traités, avaient pour but de renforcer les échanges économiques tout en protégeant les intérêts locaux162.
Les privilèges douaniers accordés aux villes frontalières étaient essentiels pour stimuler le commerce. Ces privilèges comprenaient des réductions de droits de douane, des exemptions fiscales ou même des zones franches pour encourager le transit des marchandises. Ces politiques avaient pour objectif de rendre les échanges plus attrayants et accessibles, en vue de soutenir ainsi la prospérité économique de la région163.
La Franche-Comté, en maintenant une certaine autonomie dans ses relations commerciales, a pu développer des produits particuliers et des industries prospères. Elle exportait des biens artisanaux, agricoles et des produits locaux, profitant de sa position géographique stratégique pour établir des relations commerciales avec ses voisins germaniques et français164. Ces échanges ont enrichi la région, et favorisé le développement économique tout en contribuant à l’identité commerciale distincte de la Franche-Comté.
Avant l’annexion, la Franche-Comté était dotée de diverses institutions qui régissaient la vie politique, juridique et administrative de la région. Ces institutions, bien que soumises à l’autorité des comtes de Bourgogne, jouissaient d’une certaine autonomie165. Elles sont alors présentées ci-après.
- Les Conseils locaux
Les Conseils locaux, en Franche-Comté, représentaient des instances de gouvernance locale qui jouent un rôle déterminant dans la gestion quotidienne des affaires de la région. Ces conseils, parfois appelés villes libres, étaient des assemblées locales constituées de notables, de membres de la bourgeoisie urbaine et de représentants des différentes professions166.
Ils regroupaient ainsi des citoyens notables, des échevins, des conseillers municipaux, ou d’autres figures influentes de la communauté. Leurs compétences étaient variées, couvrant des domaines comme la gestion des finances locales, la régulation des marchés, l’entretien des infrastructures, la supervision des affaires économiques, et parfois même la justice locale. Ces conseils géraient également les questions relatives à la santé, à l’éducation, et parfois à la sécurité167.
Bien que dotés de pouvoirs administratifs et judiciaires limités, ces conseils jouissaient d’une certaine autonomie dans la gestion des affaires locales. Ils étaient généralement soumis à l’autorité des comtes de Bourgogne, mais disposaient d’une marge de manœuvre pour réglementer certains aspects de la vie quotidienne. Ces conseils locaux étaient souvent le reflet des dynamiques sociales et économiques de la région. Leur rôle était essentiel pour garantir le bon fonctionnement des villes et pour maintenir l’ordre social, ce qui a favorisé le développement local et le bien-être des habitants168.
Au fil du temps, certains de ces conseils locaux ont gagné en importance et ont contribué à forger l’identité culturelle et politique des villes. Leur évolution a été marquée par des périodes de prospérité, mais aussi par des moments de tensions politiques et de conflits avec les autorités supérieures, ce qui atteste ainsi de leur influence dans la vie sociale et politique de la région169.
- Les Etats de Franche-Comté
Les Etats de Franche-Comté constituaient une assemblée représentative des différents ordres sociaux de la région, englobant la noblesse, le clergé et le tiers état, sachant que ce dernier regroupe la bourgeoisie et la paysannerie. Leur convocation était effectuée par le souverain et leur rôle principal était de conseiller sur des questions capitales telles que les affaires fiscales, juridiques, et politiques de la Franche-Comté170.
Chaque ordre (noblesse, clergé, et tiers état) était représenté, donnant une voix à différentes strates de la société comtoise. Les membres étaient choisis parmi les notables de chaque ordre. Les nobles, les membres du clergé et des délégués du tiers état siégeaient dans cette assemblée pour discuter des affaires concernant la région171.
Bien que leur pouvoir décisionnel réel fût limité, les Etats avaient une fonction consultative majeure. Ils offraient un forum où les intérêts des différentes classes sociales pouvaient être présentés et discutés. Leur existence reflétait la volonté du souverain de prendre en considération les opinions des différentes couches de la société comtoise dans la gouvernance régionale. Même si le monarque conservait souvent le pouvoir de décision final, la tenue des Etats était un pas vers une forme de gouvernement plus représentatif172.
Au fil du temps, cette assemblée a gagné en importance, et sa convocation était souvent liée à des événements majeurs ou à des situations délicates de la région. Bien qu’ils ne possédaient pas de pouvoir législatif, leur rôle symbolique et consultatif était une étape vers une gouvernance plus inclusive173.
- Les Baillis et les Châtellenies
Les Baillis et Châtellenies formaient une structure administrative importante dans la Franche-Comté féodale. D’une part, les Baillis étaient les représentants du pouvoir comtal et administraient la justice au niveau régional. Ils avaient l’autorité pour rendre des jugements et faire appliquer les lois du comte. En plus de leur rôle judiciaire, ils étaient chargés de collecter les impôts locaux au nom du comte. Cette fonction les plaçait au cœur de l’économie et de la gestion financière régionale174.
D’autre part, les Châtellenies étaient des divisions administratives plus petites, gérées par des châtelains. Chaque Châtellenie était responsable de ses affaires internes, sous la supervision du Bailli. Les châtelains étaient chargés de maintenir l’ordre, de collecter les taxes locales, et de représenter l’autorité du comte dans leurs domaines respectifs175.
Les Baillis et les châtelains étaient responsables de faire respecter les lois émises par les comtes de Bourgogne. Ils avaient un rôle substantiel dans le maintien de l’ordre et de la stabilité au niveau local. Cette structure a par la suite évolué et s’est adaptée aux besoins changeants de la région et aux exigences de la gouvernance176. Les Baillis et Châtellenies ont ainsi joué un rôle décisif dans la structure de pouvoir et dans l’administration quotidienne de la Franche-Comté.
- Les coutumes
En Franche-Comté, les coutumes formaient un système de lois et de règles locales qui régissaient divers aspects de la vie sociale, économique et juridique. Les coutumes comtoises étaient basées sur des traditions séculaires, développées au fil du temps pour répondre aux besoins spécifiques de la société régionale. Elles représentaient un mélange de traditions anciennes, de lois locales, et de règles établies par les autorités comtales177.
Ces coutumes avaient trois domaines d’application178 :
- Les relations sociales : elles régulaient les relations entre individus, les mariages, les héritages, et les conflits interpersonnels. Elles définissaient également les droits et les devoirs des différents ordres sociaux.
- Les droits fonciers : les coutumes régissaient l’usage des terres, les droits de propriété, et les obligations attachées aux biens fonciers. Elles établissaient les règles sur l’exploitation agricole, ou encore sur les partages successoraux.
- Le commerce et les activités économiques : elles encadraient les transactions commerciales, fixaient les normes pour les marchandises, établissaient des pratiques commerciales, et définissaient les responsabilités des commerçants.
Les coutumes étaient appliquées par les tribunaux locaux et les autorités régionales. Elles servaient de base pour résoudre les litiges et rendre des jugements. Elles complétaient ainsi parfois le droit écrit179. Elles étaient un élément important de l’identité juridique et culturelle comtoise, distinguant la Franche-Comté des autres régions voisines en raison de ses spécificités légales et sociales.
Le droit en Franche-Comté présentait une singularité qui définissait son système juridique et ses institutions. Il est ainsi opportun d’examiner les bases et les caractéristiques uniques du droit comtois ainsi que l’organisation parlementaire associée.
Le droit de la Franche-Comté était fondé sur un mélange complexe de sources juridiques, il combine des éléments hérités de l’histoire de la région, des coutumes locales, mais aussi des évolutions politiques. Ces fondements étaient imprégnés d’une tradition juridique ancienne qui avait été consolidée et adaptée au fil du temps180.
- Les coutumes et les traditions locales
En Franche-Comté, les coutumes locales représentaient un pilier du système juridique et social. Elles régissaient de nombreux aspects de la vie quotidienne et étaient intimement liées à la culture et à l’identité de la région. Ces coutumes déterminaient les normes de comportement, les interactions sociales et la résolution des conflits. Elles établissaient des règles tacites sur le mariage, l’héritage, les relations commerciales, et les obligations mutuelles entre individus. Ces pratiques, largement acceptées par la communauté, régulaient les interactions sociales et économiques au sein de la société comtoise181.
Les tribunaux locaux se basaient souvent sur ces coutumes pour trancher les litiges. La jurisprudence s’appuyait sur ces traditions pour rendre des décisions justes et adaptées à la réalité locale. De plus, les normes établies par les coutumes étaient appliquées avec une certaine flexibilité pour répondre aux cas particuliers, tout en préservant la cohésion sociale182.
En ce qui concerne la transmission des coutumes, elle se faisait généralement de façon orale, de génération en génération. Cette tradition orale a permis de maintenir la continuité des pratiques, de préserver les valeurs communautaires et de renforcer le sentiment d’identité régionale. Elle a également favorisé l’évolution des coutumes pour s’adapter aux changements sociaux et économiques183.
Ces coutumes avaient alors une portée considérable dans la vie quotidienne des habitants. Elles encadraient les activités agricoles, les transactions commerciales, les mariages, les relations familiales, ainsi que d’autres aspects de la vie quotidienne. Elles offraient un cadre régulateur à la société.
Le respect de ces coutumes par les tribunaux et par la population en général a perduré au fil du temps. Même avec l’évolution des systèmes juridiques et des normes, les coutumes locales ont conservé leur valeur symbolique et juridique, car elles constituaient un élément déterminant de l’identité et de la stabilité de la société comtoise184.
- L’influence féodal et royale
L’influence féodale et royale dans l’établissement du droit en Franche-Comté a été un élément capital dans la formulation des règles juridiques et des normes sociales. Les seigneurs locaux, souvent titulaires de vastes domaines, exerçaient une autorité considérable sur leurs territoires. Ils avaient le pouvoir de rendre la justice et d’établir des règles régissant la vie quotidienne de leurs sujets. Ces seigneurs étaient souvent en lien direct avec les comtes de Bourgogne, les suzerains, à qui ils devaient allégeance. Les comtes, en tant que souverains régionaux, exerçaient aussi une grande influence sur la formulation du droit local185.
Le droit féodal, caractérisé par des relations hiérarchiques entre seigneurs et vassaux, a joué un rôle dans la création des lois et des normes en Franche-Comté. Les règles régissant les relations féodales, telles que les droits de propriété, les obligations et les privilèges des vassaux, ont été intégrées dans le droit local. Les coutumes féodales étaient parfois en accord, parfois en opposition avec les coutumes locales préexistantes, comme il peut être observé dans les lignes qui suivent186,187 :
- Les droits de succession : les coutumes féodales dictaient souvent des règles de succession spécifiques pour les biens et les terres, accordant par exemple des droits privilégiés aux fils aînés ou aux héritiers masculins. Ces règles pouvaient parfois entrer en conflit avec les coutumes locales qui reconnaissaient des droits égaux d’héritage entre les enfants, indépendamment du sexe.
- L’usage des terres : les coutumes féodales pouvaient imposer des restrictions strictes sur l’utilisation des terres en fonction du statut social. Cette situation pouvait être en désaccord avec les coutumes locales qui permettaient un accès plus libre aux terres ou qui reconnaissaient des droits collectifs sur certaines parcelles.
- Les relations vassaliques : les relations vassaliques basées sur la loyauté et les obligations pouvaient parfois être en conflit avec les relations de voisinage ou de communauté particulières à certaines coutumes locales. Par exemple, un vassal pouvait avoir des obligations contradictoires envers son seigneur féodal et envers sa communauté locale.
- L’administration de la justice : les coutumes féodales conféraient souvent au seigneur local le pouvoir de juger les affaires relevant de son fief. Ces jugements pouvaient parfois entrer en conflit avec les pratiques judiciaires locales qui suivaient des procédures et des normes différentes.
Ainsi, les coutumes féodales, influencées par la hiérarchie sociale et les relations de vassalité, pouvaient s’opposer aux pratiques locales enracinées dans les traditions communautaires et l’autonomie régionale. Ces conflits pouvaient engendrer des tensions ou des négociations pour résoudre les différends entre les normes féodales et les coutumes locales.
Ensuite, les seigneurs locaux recevaient souvent des prérogatives juridiques de leurs suzerains, les comtes de Bourgogne, qui leur accordaient des droits spécifiques pour administrer la justice, percevoir des impôts et édicter des règles locales. Ces accords et privilèges accordés par les suzerains faisaient partie intégrante du système juridique comtois188.
- Le caractère adaptable et évolutif du droit de la Franche-Comté
Le droit comtois, loin d’être figé, avait cette capacité à s’ajuster aux évolutions sociétales, économiques et politiques.
Face aux changements économiques, le droit comtois pouvait évoluer pour s’adapter aux nouvelles pratiques commerciales, aux échanges internationaux, ou encore aux besoins des marchés locaux. Par exemple, l’essor de nouvelles industries ou la modification des pratiques agricoles pouvaient nécessiter des ajustements légaux189.
De même, les évolutions sociales, telles que les changements dans la structure familiale, les relations de voisinage ou les modes de vie, pouvaient influencer les lois. Le droit comtois s’adaptait afin de refléter ces changements sociaux, par exemple en matière de droits de succession ou de règles de propriété190.
Les changements politiques, comme les conflits ou les alliances avec d’autres régions ou pouvoirs, pouvaient également impliquer des ajustements juridiques. D’autant plus que les nécessités de gouvernance ou les changements dans la relation avec les seigneurs ou le pouvoir royal avaient une influence sur le droit comtois191.
En outre, le droit comtois était souvent le fruit de l’innovation juridique, de l’interprétation des tribunaux, et des pratiques locales. Les décisions de justice et les pratiques judiciaires contribuaient à l’évolution du droit tout en s’adaptant aux circonstances particulière liées à chaque affaire192.
Il peut ainsi être retenu que cette flexibilité et cette capacité à évoluer ont permis au droit comtois de rester pertinent et fonctionnel, étant donné qu’il pouvait s’adapter aux réalités changeantes de la vie économique, sociale et politique, et assurer une certaine harmonie entre la loi établie et les besoins concrets de la société.
- Le droit comtois par rapport au droit français
Dans l’optique d’une meilleure compréhension du droit comtois avant son annexion au Royaume de France, ses distinctions avec le droit français sont présentées ci-dessous193,194 :
- L’héritage coutumier : le droit comtois reposait largement sur des coutumes ancestrales propres à la région. Ces coutumes, orales dans leur forme première, régissaient les relations sociales, les transactions, et la propriété. En revanche, le droit français était davantage basé sur des textes écrits et codifiés, notamment depuis la période romaine.
- Le système judiciaire et juridique : les institutions judiciaires et les règles d’administration de la justice en Franche-Comté se distinguaient par leur propre fonctionnement, souvent influencé par les particularités locales. Le système judiciaire français, bien que présent en Franche-Comté après l’annexion, conservait des différences avec le système comtois préexistant.
- Les institutions : les institutions et les organisations sociales comtoises, telles que les Etats de Franche-Comté, les Baillis, les Châtellenies, et les conseils locaux, présentaient des différences substantielles avec les institutions françaises. La Franche-Comté avait ses propres assemblées consultatives et ses administrations locales qui reflétaient les particularités de la région.
- L’influence des seigneurs locaux : le droit comtois conservait souvent des éléments de droit féodal, influencé par les seigneurs locaux et les comtes de Bourgogne. Ces influences seigneuriales avaient modelé certains aspects du droit et de la gouvernance en Franche-Comté, les distinguant du droit français plus centralisé.
- Les principes et les pratiques juridiques : ces principes et pratiques, bien qu’ayant des bases communes avec le droit français, pouvaient différer dans leur application et leur interprétation. Les règles et les procédures juridiques locales avaient leurs spécificités propres, parfois en accord, parfois en opposition, avec les normes du droit français.
- Les sources du droit de la Franche-Comté
Comme il a pu être observé, le droit comtois était le fruit d’une convergence de sources juridiques variées, chacune contribuait à façonner ce corpus.
Premièrement, les coutumes locales constituaient l’une des sources fondamentales du droit en Franche-Comté. Ces traditions et pratiques sociales préexistantes, souvent ancrées dans l’histoire et transmises oralement, étaient reconnues comme sources du droit et régissaient de nombreux aspects de la vie quotidienne, des transactions commerciales aux relations foncières195.
Deuxièmement, les chartes et les statuts accordés par les souverains, tels que les comtes de Bourgogne ou les empereurs du Saint-Empire romain germanique, représentaient des actes juridiques importants. Ils pouvaient accorder des droits particuliers, définir des privilèges économiques, ou établir des règles administratives précises pour la région196.
Troisièmement, les décisions des tribunaux locaux, ainsi que celles des instances parlementaires, jouaient un rôle important dans la formation du droit. Ces jugements et interprétations jurisprudentiels contribuaient à l’évolution et à l’adaptation du droit aux situations et aux litiges qui sont rencontrés dans la région197.
Quatrièmement, les ordonnances émises par les autorités administratives, telles que les Baillis et les Châtellenies, contribuaient également au corpus juridique. Ces actes officiels définissaient des règles locales, réglementaient les affaires publiques, et étaient appliqués dans le cadre de l’administration quotidienne de la région198.
Ces différentes sources, qu’elles soient coutumières, administratives, ou émanant des autorités souveraines, se combinaient pour former un système juridique spécifique à la Franche-Comté qui reflète les particularités culturelles, sociales, et historiques propres à la région.
Avant l’annexion, le parlement en Franche-Comté était une institution clé dans la gouvernance et la représentation des différents ordres de la société.
- Le parlement de la Franche-Comté
Le parlement de la Franche-Comté était l’institution judiciaire la plus éminente de la région, basée à Besançon, la capitale comtoise. Sa composition et ses fonctions étaient semblables à celles du parlement de Paris et d’autres parlements provinciaux en France. Il comprenait alors un corps de magistrats, de conseillers, et de présidents, nommés par le souverain. Ces membres étaient des juristes expérimentés, compétents dans la législation et la justice199.
Sa principale fonction était de rendre la justice en examinant les affaires civiles et pénales. Il jugeait les cas en fonction des lois en vigueur dans la région, souvent influencées par les coutumes locales et le droit comtois. Le parlement interprétait et appliquait également les lois en vigueur. Il avait le pouvoir d’interpréter les textes juridiques et de les appliquer dans différents contextes, ce qui contribuait à la jurisprudence de la région200.
En tant que siège de la justice, le parlement de la Franche-Comté avait autorité pour rendre des jugements dans des affaires variées, allant des litiges fonciers aux questions de succession et de conflits commerciaux. Il était souvent considéré comme l’ultime recours pour résoudre des affaires judiciaires complexes ou en appel des décisions prises au niveau local201.
L’autorité du parlement était alors considérable, et ses décisions étaient respectées et appliquées dans toute la région. Sa légitimité reposait sur son interprétation juste des lois et son rôle substantiel dans la protection des droits et des intérêts des citoyens comtois202.
- Les différents ordres en Franche-Comté
Les Etats de Franche-Comté réunissait trois ordres : la noblesse, le clergé, et le tiers Etat. Ils étaient une assemblée représentative de la société comtoise, chargée de débattre des questions fiscales, politiques et sociales de la région. Chaque ordre jouait par conséquent un rôle distinct mais important dans la gouvernance et la représentation des intérêts variés de la région203.
- La noblesse
Composée de la classe des nobles et des seigneurs, la noblesse occupait une place prépondérante dans la société comtoise. Elle possédait des privilèges particuliers, notamment en termes de propriété foncière, et jouissait d’une influence notable dans les affaires politiques et fiscales de la région. Les nobles étaient souvent représentés par des membres de familles aristocratiques qui participaient activement aux débats et décisions des Etats de la Franche-Comté204.
Plus précisément, la noblesse présente les caractéristiques et les rôles suivants205 :
- Des privilèges fonciers : les nobles et seigneurs de la Franche-Comté possédaient des terres et des domaines considérables, qui leur conférait une autorité économique incontestable. Ces terres étaient souvent héritées de génération en génération et consolidaient la richesse et le pouvoir de ces familles.
- Une influence politique : la noblesse exerçait une forte influence dans les affaires politiques et fiscales de la région. Les membres de ces familles aristocratiques étaient souvent impliqués dans la gouvernance locale et jouaient un rôle actif dans les Etats de la Franche-Comté. Leurs intérêts étaient souvent liés à la préservation de leurs privilèges et à la défense de leurs droits.
- Une participation aux Etats de Franche-Comté : les membres de la noblesse étaient régulièrement représentés lors des assemblées des Etats. Leurs contributions aux débats et aux prises de décisions étaient significatives et influençaient les politiques et les orientations prises par les autorités régionales.
- La stabilité sociale : en assurant la gestion des terres et des domaines, la noblesse garantissait également une certaine stabilité sociale. Ils étaient souvent responsables de la protection et du bien-être de la population qui résidait sur leurs terres.
- Le clergé
Le clergé était représenté par des dignitaires religieux, principalement des évêques et des prélats, qui jouaient un rôle important dans les institutions religieuses de la région. Ils formaient un ordre distinct au sein des Etats et participaient aux délibérations, souvent influencés par des considérations morales et religieuses dans les discussions sur les affaires politiques206.
Son rôle et ses caractéristiques se présentent comme suit207 :
- Un rôle religieux : Le clergé de la Franche-Comté comprenait des dignitaires religieux tels que des évêques, des prélats et d’autres membres de la hiérarchie ecclésiastique. Ils étaient responsables de la direction spirituelle, de l’administration des sacrements, ainsi que de la gestion des églises, monastères et autres institutions religieuses de la région.
- Une influence morale et éthique : lors des délibérations des Etats de Franche-Comté, le clergé apportait souvent une perspective morale et éthique aux discussions politiques. Leurs considérations étaient souvent basées sur les principes et les enseignements religieux, ce qui pouvait avoir une influence sur les décisions prises en matière de justice, de gouvernance, et de politique.
- Une participation aux Etats : les représentants du clergé participaient aux assemblées des Etats de Franche-Comté. Leur présence apportait une dimension morale et spirituelle aux délibérations, et leurs avis étaient pris en compte dans les discussions sur les affaires politiques et sociales.
- Un soutien social : outre son rôle religieux, le clergé jouait également un rôle dans le soutien social, notamment en offrant une assistance aux nécessiteux et en contribuant au bien-être général de la population grâce à diverses œuvres caritatives.
- Le tiers Etat
Le tiers Etat regroupait une diversité de personnes : la bourgeoisie, les paysans, les artisans, mais aussi d’autres classes non nobles. Ces individus étaient représentés dans les Etats de Franche-Comté et contribuaient aux discussions concernant les questions politiques, économiques et fiscales. Bien que souvent moins influents que la noblesse, leur présence était nécessaires dans la formulation des politiques régionales et la représentation des intérêts du peuple208.
Le tiers Etat présente alors les caractéristiques suivantes209 :
- Une composition sociale variée : le tiers Etat regroupait diverses classes sociales, notamment la bourgeoisie, les paysans, les artisans et d’autres individus non issus de la noblesse. Cette diversité sociale apportait une variété de perspectives aux délibérations et discussions politiques.
- Une participation aux Etats de Franche-Comté : les représentants du tiers état étaient également présents aux assemblées des Etats de Franche-Comté. Bien que souvent moins influents politiquement que la noblesse, leur présence était nécessaire afin de représenter les intérêts et les besoins de la population, notamment en matière économique et fiscale.
- Un rôle dans la formulation des politiques régionales : malgré sa relative moindre influence par rapport à la noblesse, le tiers Etat avait une voix dans la formulation des politiques régionales. Ses représentants participaient aux débats et contribuaient à l’élaboration des décisions touchant la vie quotidienne et les intérêts des habitants.
- La représentation des intérêts du peuple : la présence du tiers état était aussi importante pour représenter les intérêts des couches populaires. Leurs discussions et prises de positions reflétaient souvent les besoins et les préoccupations du peuple, ce qui permettait une représentation plus équilibrée au sein des institutions politiques et sociales.
- Le rôle consultatif des Etats de la Franche-Comté
Les Etats de la Franche-Comté étaient une assemblée représentative des trois ordres de la société. Ils se réunissaient périodiquement et étaient convoqués par le souverain pour délibérer sur des questions d’une certaine importance pour la région. Au sein de ces Etats, les débats portaient sur des sujets comme les réformes fiscales, les décisions juridiques, les impôts, et les politiques régionales. Les représentants des différents ordres exprimaient leurs opinions et défendaient les intérêts de leur groupe respectif210.
Bien que les Etats de Franche-Comté avaient une voix dans ces discussions, leur pouvoir de décision était souvent limité. Les décisions finales étaient alors prises par le souverain, qui pouvait tenir compte des recommandations émises par l’assemblée. Malgré leurs limitations, les Etats fournissaient une plateforme pour représenter les intérêts des différentes couches sociales de la région. La diversité des opinions exprimées reflétait les préoccupations et les besoins variés de la population211.
Cette organisation institutionnelle, représentant les trois ordres de la société, témoignait d’une forme primitive de gouvernement participatif, où les différentes classes sociales avaient une certaine représentation et pouvaient exprimer leurs opinions sur les questions de gouvernance et de législation régionale.
Après avoir analysé les particularités historiques, culturelles et institutionnelles qui caractérisaient la Franche-Comté avant son rattachement au royaume de France, le chapitre suivant s’intéressera aux évolutions survenues suite à cette annexion. L’intégration de la Franche-Comté au sein du royaume de France a marqué un tournant majeur dans son histoire, perpétrant non seulement son identité, mais également ses institutions, ses usages et sa culture.
CHAPITRE 2 : La Franche-Comté après son rattachement au royaume de France
Le présent chapitre se concentre sur la période postérieure à l’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France. L’incorporation de la région à la France a marqué une importante transformation dans son statut politique, social et culturel. Il examine de ce fait les conséquences de cette annexion sur la gouvernance, les institutions, et l’évolution globale de la Franche-Comté au sein du royaume de France.
Section 1 : L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France
L’histoire de la Franche-Comté est liée à la manière dont la nationalité française s’y est progressivement érigée. Cette région frontalière, riche de sa propre identité culturelle et politique, a été façonnée par les forces complexes de l’histoire européenne, particulièrement par l’incorporation progressive au royaume de France. Pour comprendre l’impact de l’annexion de la Franche-Comté par la France, il est également nécessaire d’étudier les diverses étapes et événements qui ont précédé le traité de Nimègue en 1678. Ces étapes ont été marquées par des enjeux politiques, économiques et culturels qui ont modelé l’identité et les libertés propres à la région comtoise.
L’édification de la nationalité française en terre comtoise présente une dimension complexe et fascinante, établies par diverses influences historiques. Cette sous-section porte sur l’évolution de l’identité nationale française au sein de la Franche-Comté, en soulignant deux aspects : l’origine de la nationalité française et son reflet à travers l’adoption, voire la duplication, du modèle institutionnel français, ainsi que le rôle pivot de la noblesse et de la seigneurie comtoises dans ce processus d’assimilation identitaire.
- L’émergence de l’identité nationale française en Franche-Comté : contexte et évolution
L’établissement de la nationalité française en Franche-Comté remonte à une époque où la notion moderne de nationalité n’était pas aussi distincte qu’elle l’’est aujourd’hui. La Franche-Comté, une région à la jonction entre la France et le Saint-Empire romain germanique, a été un carrefour d’influences diverses, où les contours de l’identité nationale étaient en constante évolution212.
Initialement, les concepts de citoyenneté et d’appartenance à une nation étaient étroitement liés à la loyauté envers un souverain ou à une entité territoriale particulière. La Franche-Comté, en tant que territoire aux confins de deux grandes puissances politiques, a été forgée par ces interactions politiques, culturelles et institutionnelles. Les habitants de cette région ont été témoins et acteurs de ces influences variées, ce qui a contribué à façonner leur identité collective213.
La Franche-Comté a été le lieu d’échanges culturels et économiques entre la France et l’Empire germanique, ce qui a entrainé une diversité d’influences linguistiques, juridiques et administratives. Ces interactions ont progressivement favorisé l’émergence d’une identité commune, où des éléments de la culture française ont été intégrés dans le tissu social et institutionnel comtois214.
L’arrivée de pratiques administratives, de lois et de coutumes françaises dans la région a contribué à modeler progressivement l’identité comtoise en conformité avec le modèle institutionnel français. Cette transition n’a pas été linéaire ni sans tensions, car elle s’est souvent heurtée à des résistances locales et à des adaptations nécessaires pour concilier les spécificités comtoises avec les normes françaises215.
Pour illustrer cette situation, l’introduction d’une administration centralisée à la française a impliqué la mise en place de nouvelles structures administratives dans la Franche-Comté. Des institutions telles que les intendants, représentants du pouvoir royal, ont été établies pour superviser et mettre en œuvre les politiques royales. Cependant, cette centralisation a rencontré des résistances au niveau local, où des autorités et des élites comtoises ont souvent cherché à conserver leur autonomie et leur influence216. De même, l’implémentation des lois françaises a été un processus graduel. Les coutumes et les lois locales comtoises ont coexisté avec les nouvelles lois introduites par la France. Cette cohabitation a parfois généré des conflits juridiques et des tensions, car les différences entre les systèmes juridiques français et comtois devaient être harmonisées. Des tribunaux mixtes ont parfois été instaurés pour résoudre ces différends et pour concilier les spécificités locales avec les normes françaises217.
Il peut aussi être constaté que la promotion de la langue française comme langue officielle a été un élément clé du processus d’assimilation. Cependant, la langue française n’a pas toujours été immédiatement adoptée par la population comtoise, qui avait ses propres dialectes et langues régionales. Des efforts ont été déployés pour encourager l’usage du français dans l’administration, l’éducation et la vie quotidienne, mais ces politiques linguistiques ont parfois été contestées, en raison du fort attachement des habitants à leur langue et à leur identité culturelle régionale218.
Par ailleurs, les réformes fiscales françaises ont également été introduites en Franche-Comté, impactant l’économie locale et les obligations fiscales des habitants. Ces changements ont suscité des mécontentements et des résistances, car les structures économiques et fiscales comtoises divergeaient parfois de celles en vigueur en France219.
Ainsi, l’émergence de la nationalité française en Franche-Comté peut être considérée comme le résultat d’un processus historique complexe, forgé par les interactions entre différentes influences politiques, culturelles et institutionnelles, qui ont contribué à modeler l’identité collective des habitants de cette région frontalière.
- L’évolution de l’identité nationale française : l’expansion du modèle institutionnel dans les régions frontalières
L’évolution de la nationalité française au fil des siècles est étroitement liée à la consolidation de l’Etat monarchique et à l’établissement d’un modèle institutionnel précis, véhicule essentiel de cette identité en expansion. L’autorité croissante de l’Etat français s’est appuyée sur des piliers institutionnels tels qu’une administration centralisée, des lois uniformes, et l’usage généralisé de la langue française220.
L’Etat monarchique français a alors érigé un modèle administratif centralisé, avec l’établissement d’intendants, représentants du roi, chargés de superviser et de contrôler les régions périphériques. Cette centralisation administrative a été un marqueur important de l’autorité royale et a contribué à l’homogénéisation progressive des structures administratives dans l’ensemble du royaume, y compris dans les territoires frontaliers comme la Franche-Comté221.
Les lois uniformes émises par le pouvoir central ont été un autre élément décisif dans la consolidation de l’identité nationale. Ces lois ont visé à standardiser les pratiques juridiques et administratives à travers le royaume. Cependant, cette standardisation a souvent été confrontée à la diversité des pratiques et des coutumes locales, notamment en Franche-Comté, où des adaptations et des compromis ont dû être trouvés pour concilier les spécificités comtoises avec les normes françaises222.
L’imposition de la langue française comme langue officielle a été un vecteur majeur dans la diffusion de ‘’identité nationale. Cette politique linguistique a été utilisée pour unifier les communications administratives, légales et culturelles à travers le territoire français. Dans les régions frontalières comme la Franche-Comté, où d’autres langues et dialectes étaient couramment utilisés, l’adoption du français comme langue officielle a été progressive et parfois contestée, reflétant les résistances locales à cette uniformisation linguistique223.
Ainsi, il peut être retenu que l’expansion du modèle institutionnel de l’Etat monarchique français en Franche-Comté a été un processus indispensable dans la construction et la diffusion de l’identité nationale, malgré les défis rencontrés pour adapter ce modèle aux particularités locales.
- L’assimilation institutionnelle en Franche-Comté : l’implantation du modèle administratif français
La reproduction du modèle institutionnel français en Franche-Comté s’est matérialisée par l’introduction délibérée de structures administratives et judiciaires semblables à celles du royaume de France. Ce processus d’implantation a été marqué par l’introduction progressive de pratiques administratives, de lois et de coutumes françaises, lesquelles ont eu un impact significatif sur la vie quotidienne et l’organisation politique locale224.
Les structures administratives, telles que les intendants, ont été établies dans la Franche-Comté pour représenter l’autorité royale. Ces représentants du roi avaient pour mission de superviser l’administration locale, de collecter les impôts, et de mettre en œuvre les politiques royales. Cette centralisation administrative a contribué à l’homogénéisation des pratiques administratives dans la région, bien que des résistances locales aient parfois entravé leur mise en place225.
L’introduction des lois françaises a également été un élément clé de cette duplication institutionnelle. Les nouvelles lois étaient souvent en concurrence avec les coutumes et les législations locales préexistantes, ce qui a ainsi favorisé la création des tensions et des frictions entre les autorités françaises et les élites comtoises. Des compromis ont parfois été nécessaires pour adapter les lois françaises aux spécificités de la Franche-Comté, tout en préservant certains aspects de son autonomie226.
Cette duplication du modèle institutionnel français n’a pas été exempte de défis et de contestations locales. Malgré ces résistances, elle a néanmoins favorisé une intégration graduelle de la Franche-Comté dans la sphère de la nation française, ce qui a permis la consolidation d’une identité partagée entre la région frontalière et le royaume de France227.
- La convergence identitaire en Franche-Comté : évolution vers une appartenance à la Nation Française
L’appropriation progressive du modèle institutionnel français a joué un rôle substantiel dans la formation d’une identité commune en Franche-Comté, où les habitants ont graduellement adopté des aspects culturels, linguistiques et institutionnels de la France. Cette évolution a été marquée par une identification croissante avec la culture et les institutions françaises. Cette situation a contribué à l’émergence d’une identité partagée entre la Franche-Comté et la nation française228.
La transition vers une identité nationale partagée s’rest déroulée dans un contexte où la Franche-Comté, autrefois dotée d’une certaine autonomie politique en tant que terre frontalière, a commencé à se positionner comme faisant pleinement partie du royaume de France. Cette transformation a renforcé les liens entre la région comtoise et la France, et a également consolidé, de façon progressive, le sentiment d’appartenance des habitants à la nation française229.
Il convient aussi de préciser que la convergence identitaire s’est matérialisée à travers divers aspects. D’abord, l’adoption généralisée de la langue française dans les sphères publiques et administratives a favorisé une communication unifiée et a contribué à un sentiment de cohésion nationale. De même, l’assimilation des pratiques et des institutions françaises a progressivement remanié l’organisation sociale et politique de la Franche-Comté, ce qui a renforcé son intégration au sein du royaume de France230.
Cependant, cette transition n’a pas été sans tensions ni résistances. Les spécificités culturelles et institutionnelles comtoises ont parfois été confrontées à des politiques d’homogénéisation françaises. Cette situation a généré des débats et des frictions entre les partisans de l’identité comtoise distincte et ceux favorisant une intégration plus étroite à la nation française. Malgré ces tensions, cette évolution vers une identité partagée a contribué à façonner une Franche-Comté plus étroitement liée à la France231. Une transition significative vers une appartenance à la nation française est désormais marquée, et les liens historiques et culturels entre la région frontalière et le royaume de France sont renforcés.
La noblesse et la seigneurie en Franche-Comté constituent des piliers fondamentaux de l’identité sociale et politique de la région, et leur évolution après l’annexion par la France a été significative. Cette section explore les dynamiques de la noblesse comtoise dans le contexte post-annexion. Elle expose les origines de la noblesse, la perception des titres nobiliaires dans un cadre législatif différent de celui de la France, ainsi que les efforts des nobles pour conserver leurs privilèges et prérogatives.
Il sera observé que la noblesse comtoise trouve ses racines dans des sources multiples, à savoir les familles nobles ancestrales, les offices royaux et locaux, ainsi que les nouvelles attributions de titres honorifiques suite à des services rendus. Cette diversité de sources a façonné une noblesse aux caractéristiques variées, souvent attachée à des domaines précis et ancrée dans les structures socio-économiques régionales. L’acceptation et la légitimité des titres nobiliaires en Franche-Comté ont été influencées par les différences législatives entre la région et la France. Face à ces distinctions, les Comtois ont dû naviguer entre des conceptions divergentes de la noblesse et des titres honorifiques, ce qui a parfois engendré des tensions ou des incompréhensions.
De même, en dépit de l’annexion, les nobles comtois ont cherché à maintenir leurs prérogatives et privilèges. Leur positionnement dans la nouvelle configuration politique et administrative, souvent marqué par des ajustements et des négociations avec les autorités françaises, a reflété une volonté de préserver leur statut et leurs droits au sein d’une réalité politique en mutation.
La noblesse en Franche-Comté post-annexion trouve ses origines dans un tissu complexe de sources diverses. Cette situation reflète une hétérogénéité sociale et historique. Ces sources contribuent à la constitution d’une noblesse aux facettes multiples, ayant permis de façonner son identité et son rôle au sein de la société comtoise232.
- L’héritage nobiliaire en Franche-Comté : la continuité des familles nobles après l’annexion
La noblesse comtoise s’enracine profondément dans des lignées familiales historiques qui, pour certaines, ont transcendé les époques, s’étendant bien avant l’annexion par la France. Ces familles nobles, véritables piliers de l’aristocratie régionale, ont forgé l’identité sociale et politique de la Franche-Comté sur des générations. Leurs vastes domaines, leurs titres honorifiques et leurs privilèges ancestraux ont exercé une influence indéniable sur le paysage socio-économique et politique de la région, influence qui perdure même après l’intégration de la Franche-Comté au sein du royaume de France233.
Ces familles nobles, héritières d’’ne longue lignée aristocratique, étaient souvent les détentrices de terres importantes et jouissaient de prérogatives spéciales héritées de leurs ancêtres. Leurs domaines s’étendaient sur des territoires considérables, ce qui leur confère une influence économique et politique importante au sein de la société comtoise234. Au-delà de la propriété foncière, ces familles nobles avaient également un impact sur la gestion locale et étaient souvent impliquées dans les affaires administratives et judiciaires de la région. Leurs connexions étroites avec d’autres élites régionales et leur rôle dans les sphères politiques et sociales ont contribué à la consolidation de leur statut privilégié, même après le changement de souveraineté235.
L’intégration de la Franche-Comté au royaume de France n’a pas altéré radicalement l’influence de ces familles nobles. Au contraire, bon nombre d’entre elles ont su évoluer habilement dans ce nouvel environnement politique et ont maintenu leur position sociale éminente236. Leur présence continue dans les sphères de pouvoir, bien que modifiée et adaptée aux nouvelles réalités, témoigne de la persistance de leur empreinte sur la société comtoise.
- L’ascension sociale et dynamiques de la noblesse comtoise après l’annexion
L’octroi de charges et d’offices locaux a été un élément déterminant dans la consolidation de la noblesse comtoise après l’annexion par la France. Ces attributions, octroyées en récompense de loyauté envers la couronne ou de services rendus à l’administration, ont représenté une voie d’ascension sociale importante pour de nombreux individus au sein de la société comtoise. Ces charges et offices locaux étaient souvent des positions administratives ou judiciaires au sein de la gouvernance régionale. Ils étaient accordés à des individus méritants ou à des familles bien connectées, ce qui représentait un moyen d’accéder à des privilèges sociaux et à des distinctions honorifiques. La détention ou l’exercice de ces fonctions conférait souvent un statut noble à ceux qui les occupaient, ou du moins leur permettait d’accéder à des cercles sociaux et politiques réservés à l’aristocratie237.
Il est à souligner que ces attributions n’étaient pas seulement des titres honorifiques. En effet, elles conféraient également des avantages matériels et des droits spéciaux. Les bénéficiaires de ces charges pouvaient exercer des droits fiscaux, administratifs ou judiciaires, renforçant leur position au sein de la société comtoise. De plus, ces offices pouvaient être transmissibles à la descendance, ce qui assure la pérennité des privilèges attachés à ces charges au sein des familles nobles238.
Cette voie d’ascension sociale a favorisé l’émergence de nouveaux acteurs au sein de l’aristocratie comtoise. Des individus ayant acquis ces charges ont ainsi pu accéder à des cercles de pouvoir traditionnellement réservés à l’aristocratie héritée de génération en génération. Ces nouvelles élites, bien que différentes de la noblesse héritée, ont contribué à diversifier et à dynamiser la structure sociale et politique de la Franche-Comté post-annexion239.
Cependant, cette pratique d’octroi de charges et d’offices a aussi été source de tensions et de rivalités, en particulier entre les familles nobles établies et les nouveaux arrivants bénéficiant de ces privilèges octroyés par la couronne. Ces tensions ont parfois entrainé des conflits internes au sein de l’aristocratie comtoise. Elles ont pareillement modifié les dynamiques de pouvoir au sein de la région240.
- L’élargissement de la noblesse comtoise et l’impact des nouveaux titres nobiliaires après l’annexion
Après l’annexion, l’octroi de nouveaux titres nobiliaires a ainsi été un mécanisme clé pour consolider l’assise de la noblesse comtoise au sein du royaume de France. Ces titres, décernés en reconnaissance de la loyauté envers la couronne française ou des services rendus, ont été un moyen pour intégrer de nouveaux individus au sein de l’aristocratie régionale, ce qui a permis l’élargissement de la base de la noblesse comtoise241.
Ces titres honorifiques, souvent accordés à des individus ou des familles ayant démontré leur soutien et leur allégeance à la couronne française, ont été une marque de distinction sociale et un symbole de reconnaissance pour leurs contributions. Par leur attribution, ces nouveaux acteurs ont été associés au cercle privilégié de la noblesse comtoise, même si la légitimité de ces titres a parfois été contestée, notamment par les familles nobles établies avant l’annexion242.
L’intégration de ces nouveaux membres dans l’aristocratie comtoise a eu des répercussions sur la structure sociale et politique de la région. Elle a permis l’émergence de nouveaux réseaux et alliances au sein de la noblesse. Cette situation a pareillement influencé les dynamiques de pouvoir et les relations sociales au sein de la société comtoise post-annexion243.
Cependant, cette expansion de la noblesse comtoise grâce aux nouveaux titres nobiliaires a également suscité des tensions et des rivalités au sein de l’aristocratie. Les familles établies ont parfois remis en question la légitimité et le prestige de ces nouveaux venus. Des conflits internes et des débats sur la place légitime de ces membres nouvellement intégrés dans l’élite régionale ont souvent été observés244.
Malgré ces contestations, l’intégration de ces nouveaux acteurs considéré comme étant des « faux nobles » a élargi et diversifié la composition de la noblesse comtoise. Cette diversification a contribué à une évolution de la structure sociale et politique de la Franche-Comté après son rattachement à la France.
La diversité des sources de la noblesse comtoise a ainsi donné naissance à une aristocratie aux origines variées, souvent attachée à des terres et à des responsabilités locales spécifiques. Cette hétérogénéité a établi une noblesse comtoise aux caractéristiques distinctes, attestant de la richesse et de la complexité de son héritage historique et social après son intégration au sein de la nation française.
- L’acceptation de l’acquisition de titres nobiliaires par les Comtois face à la différence de législation en France
L’acceptation de l’acquisition de titres nobiliaires par les Comtois après l’annexion a été influencée par les différences de législation entre la Franche-Comté et la France. Cette acceptation, bien que variable, a été le reflet des adaptations et des ajustements que la noblesse comtoise a dû entreprendre pour s’aligner sur les normes et les pratiques nobiliaires françaises245.
- La confrontation des législations nobiliaires
Les disparités législatives entourant la noblesse entre la Franche-Comté et la France ont engendré des divergences importantes dans les critères d’octroi, les droits associés, et la reconnaissance des titres nobiliaires dans ces deux régions. Ces différences ont entrainé des questionnements et des résistances parmi les élites comtoises. Elles ont aussi remis en question la légitimité et la valeur des titres nobiliaires octroyés ou reconnus dans le contexte français246.
Les critères d’attribution des titres nobiliaires en Franche-Comté reposaient souvent sur des traditions séculaires, des services rendus localement ou des affiliations familiales anciennes. Ces critères, parfois différents de ceux en vigueur en France, ont créé des interrogations quant à la reconnaissance et à la validité des titres nobiliaires comtois dans le cadre français. De même, les droits attachés à ces titres variaient parfois considérablement d’une région à l’autre. Les privilèges, les responsabilités ou les prérogatives associés aux titres nobiliaires étaient régis par des normes distinctes, ce qui a suscité des incertitudes quant à la portée et à la légitimité de ces titres dans le cadre du royaume de France247.
Cette divergence législative a ainsi été à l’origine de résistances parmi les élites comtoises. Ces dernières se sont effectivement interrogées sur la manière dont leurs titres et leurs privilèges seraient reconnus et respectés au sein de la nouvelle entité politique. Certains membres de l’aristocratie comtoise ont ainsi exprimé des réticences à accepter pleinement les critères et les normes françaises, et préféraient souvent valoriser les traditions et les pratiques nobiliaires préexistantes à l’annexion248.
Cette confrontation des législations nobiliaires a alors représenté un défi important pour l’aristocratie comtoise et alimenté des débats sur la légitimité et la valeur des titres nobiliaires dans un contexte de changement politique et de transition vers une nouvelle réalité administrative et sociale au sein du royaume de France.
- La transition nobiliaire : l’adaptation des Comtois aux normes françaises
L’acceptation graduelle de l’acquisition de nouveaux titres nobiliaires en accord avec les normes françaises a été un processus complexe au sein de l’aristocratie comtoise après l’annexion. Cette acceptation a été motivée en partie par les avantages sociaux et politiques associés à ces titres. Ces derniers offraient notamment un accès à des privilèges, des réseaux et des responsabilités au sein du royaume de France. Pour certains individus ou familles, l’obtention de titres nobiliaires conformes aux pratiques françaises représentait une manière de légitimer leur statut dans cette nouvelle réalité politique et sociale249.
Les nouveaux titres nobiliaires conformes aux normes françaises ont été perçus comme des passeports vers la reconnaissance et l’intégration au sein de la sphère politique et sociale française. Ils ont offert aux détenteurs de nouveaux horizons, ce qui a facilité leur accès à des cercles de pouvoir, à des postes administratifs prestigieux, et à des opportunités d’influence au sein de la couronne. Cette reconnaissance sociale a ainsi légitimé la place de ces individus au sein de la noblesse élargie du royaume de France250.
L’acceptation de ces titres conformes aux pratiques françaises a également été alimentée par la nécessité d’adaptation à une nouvelle réalité politique et sociale. Face aux changements résultant de l’intégration à la France, l’acquisition de ces titres est apparue comme une stratégie d’adaptation, permettant aux individus ou aux familles de s’intégrer dans un contexte où la conformité aux normes nobiliaires françaises devenait essentielle pour maintenir une position influente au sein de la société251.
Toutefois, cette acceptation n’a pas été universelle et a parfois été teintée de compromis ou de résistances. Certains membres de l’aristocratie comtoise ont adopté ces nouveaux titres de manière conditionnelle. Dans ce cadre, ils ont préservé simultanément la reconnaissance de leurs titres ancestraux ou locaux, afin de concilier les anciennes pratiques nobiliaires comtoises avec les normes françaises émergentes252.
- Les résistances nobiliaires
Comme évoqué précédemment, l’acceptation des nouveaux titres nobiliaires conformes à la législation française n’a pas été universelle au sein de l’aristocratie comtoise post-annexion. Une fraction notable de cette élite a maintenu une réticence marquée à l’égard de l’adoption de ces titres. Ces élites préféraient souvent privilégier la reconnaissance de leurs titres ancestraux ou locaux. Cette résistance reflète à la fois un attachement aux traditions et aux pratiques héritées de la Franche-Comté pré-annexion, mais également des réticences à voir leur statut modifié par des normes extérieures253.
Pour ces membres de l’aristocratie comtoise, l’attachement à leurs titres ancestraux était intimement lié à l’identité et à l’histoire familiale. Ces titres étaient en effet le symbole d’une lignée, d’une tradition, et leur abandon au profit de titres conformes aux normes françaises aurait représenté une perte de cette identité historique et locale. Cette résistance était également accompagnée d’une forme de préservation de l’autonomie et de la spécificité culturelle comtoise, perçue comme menacée par une homogénéisation imposée par les normes françaises254.
De plus, ces réticences étaient souvent motivées par la crainte de voir leur statut et leur position sociale redéfinis ou affaiblis au sein de la nouvelle réalité politique. L’adoption de nouveaux titres conformes à la législation française aurait pu signifier une remise en question de leur légitimité au sein de la société et provoquer ainsi des tensions identitaires et sociales au sein de l’aristocratie comtoise255.
Cette résistance, bien que minoritaire, a ainsi représenté un défi pour l’harmonisation des pratiques nobiliaires entre la Franche-Comté et la France. Elle témoigne également des enjeux identitaires et des tensions suscitées par la transition vers une nouvelle norme nobiliaire imposée par l’annexion française.
- Entre tradition et adaptation : les compromis dans l’acquisition des titres nobiliaires
Face à la diversité des opinions au sein de l’aristocratie comtoise concernant l’adoption des nouveaux titres nobiliaires conformes aux normes françaises, de nombreux individus ou familles ont opté pour des compromis. Ces compromis ont pris la forme d’une acceptation partielle ou conditionnelle de l’acquisition de nouveaux titres, tout en préservant la reconnaissance de leurs titres hérités. Ces ajustements ont permis une forme d’harmonisation entre les anciennes pratiques nobiliaires comtoises et les normes nobiliaires françaises256. Cette situation a ainsi contribué à une transition progressive vers une convergence des pratiques nobiliaires au sein de la noblesse comtoise.
Certains membres de l’aristocratie comtoise ont adopté une approche conciliante qui cherchait à maintenir une continuité avec leurs titres hérités tout en acceptant de manière conditionnelle l’acquisition de nouveaux titres. Cette démarche visait à concilier les attachements à l’histoire familiale et aux traditions comtoises avec la nécessité d’adaptation aux nouvelles normes nobiliaires françaises257. Ils ont de ce fait préservé la reconnaissance de leurs titres hérités tout en ouvrant la voie à une forme d’acceptation limitée des titres conformes aux normes françaises.
Ces compromis ont joué un rôle déterminant dans la transition de l’aristocratie comtoise vers une convergence des pratiques nobiliaires. Ils ont permis à certains individus ou familles d’évoluer habilement dans un environnement mêlant les traditions anciennes et les exigences nouvelles, ce qui a facilité une évolution progressive des normes nobiliaires au sein de la noblesse comtoise258. Cette démarche a contribué à atténuer les tensions et les résistances, et à instaurer une certaine harmonisation des pratiques nobiliaires tout en préservant une partie de l’identité et des héritages locaux.
Il convient toutefois de souligner que ces compromis n’ont pas été adoptés de façon uniforme et ont parfois engendré des débats internes au sein de l’aristocratie comtoise259.
Les nobles comtois ont cherché à préserver leurs prérogatives malgré l’annexion de la Franche-Comté par la France. Cette volonté de conservation des privilèges et des droits hérités de l’époque antérieure à l’annexion a été une préoccupation première au sein de l’aristocratie comtoise.
- La quête de conservation des prérogatives nobiliaires en Franche-Comté
La préservation des droits traditionnels et des prérogatives héritées était au cœur des préoccupations des nobles comtois face à l’intégration à la France. Ces privilèges, ancrés dans la période précédant l’annexion, englobaient un large domaine, notamment la gestion des terres, les droits fiscaux, les prééminences judiciaires, et les pouvoirs de régulation sur les populations locales. Pour les nobles comtois, ces droits représentaient les piliers fondamentaux de leur autorité et de leur statut au sein de la société comtoise260.
La gestion des terres constituait l’un des éléments essentiels de leur pouvoir. Les nobles comtois exerçaient un contrôle étroit sur les terres qu’ils possédaient, et bénéficiaient de droits particuliers tels que la perception de taxes, la gestion des récoltes, et l’administration des ressources agricoles. Ces prérogatives foncières conféraient un pouvoir économique et social considérable au sein de la société comtoise261. Outre la sphère foncière, les droits fiscaux octroyaient aux nobles comtois des privilèges fiscaux particuliers. Ils pouvaient bénéficier d’exemptions ou de réductions d’impôts, ce qui renforçaient leur position financière et leur indépendance vis-à-vis des autorités centrales262.
Les prééminences judiciaires constituaient un autre aspect des privilèges nobiliaires. Les nobles comtois pouvaient souvent exercer des droits de justice seigneuriale et détenaient des pouvoirs de jugement, de régulation des conflits et d’imposition de peines au sein de leurs domaines. Les pouvoirs de régulation sur les populations locales étaient pareillement détenus par les nobles comtois et leur conférait une autorité sociale étendue au sein de leurs territoires. Cette autorité englobait des prérogatives telles que la supervision des activités économiques, la protection des habitants et la gestion des affaires locales263.
Face à l’intégration à la France, les nobles comtois ont lutté pour maintenir ces prérogatives considérées comme le socle de leur autorité et de leur statut au sein de la société comtoise. Cette quête de conservation des droits hérités a été une lutte pour préserver une identité et une autonomie qui leur étaient chères dans un contexte de changement politique et social264.
- Les négociations des nobles comtois avec l’autorité française
La conservation des prérogatives par les nobles comtois après l’annexion a souvent été le résultat de négociations complexes avec les nouvelles autorités françaises. Conscients des changements politiques et juridiques induits par l’intégration à la France, les nobles comtois ont entrepris des démarches pour garantir la préservation de leurs droits, tout en cherchant à concilier ces privilèges avec les nouvelles normes et régulations édictées par l’autorité centrale française265.
Ces négociations se sont déroulées dans le cadre de compromis où les nobles comtois ont tenté d’obtenir la reconnaissance et la sauvegarde de leurs prérogatives tout en tenant compte des exigences de l’administration française. Elles ont impliqué des discussions avec les représentants de la couronne française, où les nobles comtois ont plaidé en faveur du maintien de leurs droits ancestraux, souvent perçus comme des éléments essentiels de leur autorité et de leur statut social266.
Les nobles comtois ont alors cherché à adapter leurs prérogatives traditionnelles aux nouvelles réalités administratives et législatives introduites par la France. Cette démarche visait à trouver des compromis pour garantir la reconnaissance de leurs droits tout en respectant les nouvelles normes établies par l’autorité centrale. Ces négociations étaient le résultat d’une volonté de préserver l’autonomie locale et les particularités nobiliaires comtoises tout en s’intégrant dans le cadre plus large du royaume de France267.
Toutefois, ces négociations ont souvent nécessité des concessions de la part des nobles comtois. Ils ont dû accepter des ajustements dans l’exercice de leurs prérogatives pour s’aligner avec les nouvelles normes françaises. Cette adaptation a parfois impliqué des compromis sur la portée ou l’exercice de leurs droits traditionnels, et a même généré des tensions au sein de l’aristocratie comtoise268.
Finalement, il peut être retenu que ces négociations ont représenté une tentative délicate des nobles comtois pour préserver leurs prérogatives tout en s’adaptant aux nouvelles réalités imposées par l’intégration à la France.
- Les conflits de conservation des prérogatives nobiliaires en Franche-Comté
La préservation des prérogatives nobiliaires comtoises face aux exigences d’harmonisation avec les normes françaises a engendré des tensions au sein de l’aristocratie comtoise. L’administration française, qui visait à uniformiser les pratiques et les lois à travers le royaume, a souvent menacé les privilèges locaux et les droits particuliers détenus par les nobles comtois269.
Ces tensions étaient le fruit d’un conflit inhérent entre la volonté de conservation des prérogatives locales et les exigences d’harmonisation avec les normes françaises nouvellement instaurées. L’administration centrale française cherchait à établir une certaine uniformité législative et administrative à travers le royaume, ce qui remettait en question les droits et privilèges locaux hérités par les nobles comtois270.
Ce processus d’harmonisation a suscité des débats animés au sein de l’aristocratie comtoise. Certains membres de cette élite ont résisté à ces changements, arguant que la préservation des prérogatives traditionnelles était indispensable pour maintenir l’autonomie locale et la spécificité culturelle de la Franche-Comté. Ces débats ont reflété les inquiétudes quant à la préservation de l’identité locale face à l’uniformisation imposée par les normes françaises271.
Cependant, l’administration française n’a pas toujours cédé face à ces revendications de conservation des privilèges. Des ajustements et des concessions ont parfois été imposés, ce qui a généré des tensions et des conflits au sein de l’aristocratie comtoise. Ces confrontations entre la volonté de conservation des prérogatives et les exigences d’harmonisation ont donné lieu à des périodes de frictions et de résistances au sein de la société comtoise272.
Ces conflits ont ainsi reflété les enjeux entre l’autonomie locale, l’identité culturelle, et les impératifs d’intégration dans le cadre plus large du royaume de France. Ils ont aussi mis en évidence les défis de cette période de transition normative pour l’aristocratie comtoise.
- Les réajustements des prérogatives nobiliaires comtoises sous l’annexion française
Malgré les défis et les tensions lors de l’harmonisation des prérogatives nobiliaires avec les normes françaises, une partie des droits traditionnels des nobles comtois a été préservée, bien que souvent au prix d’adaptations et de concessions. Les négociations et les confrontations avec l’administration française ont conduit à des compromis visant à maintenir une certaine part des privilèges hérités par les nobles comtois273.
Cependant, cette préservation a été limitée et les concessions inévitables. Les nobles comtois ont été contraints d’accepter des ajustements dans l’exercice de leurs prérogatives pour s’aligner avec les nouvelles normes françaises. Certaines de leurs anciennes prérogatives ont été modifiées, restreintes voire abolies pour répondre aux exigences de l’administration centrale274 :
- Une justice seigneuriale restreinte : avant l’annexion, les nobles comtois avaient souvent le droit d’exercer une certaine forme de justice seigneuriale dans leurs domaines. Cette situation pouvait impliquer le droit de juger des affaires locales et d’imposer des sanctions. Sous l’administration française, ces prérogatives ont été restreintes, notamment en limitant le pouvoir de jugement et de sanction des nobles au profit des tribunaux royaux, ce qui a affaibli leur autorité judiciaire.
- Une fiscalité revue : les droits fiscaux des nobles comtois ont également été ajustés. Ils ont parfois perdu certains privilèges fiscaux, comme des exemptions ou des réductions d’impôts, auxquels ils avaient droit auparavant. Les normes fiscales uniformisées imposées par la France ont limité leur capacité à percevoir des taxes spécifiques ou à exercer un contrôle étroit sur les revenus fiscaux dans leurs domaines.
- Un contrôle des terres réduit : les nobles comtois possédaient souvent des droits étendus sur la gestion des terres. Cependant, l’administration française a parfois restreint leur contrôle en imposant des réglementations plus strictes concernant les pratiques agricoles, les baux de terre, et en limitant leur autonomie dans la gestion des domaines.
- Des pouvoirs de régulation affaiblis : les pouvoirs de régulation sur les populations locales détenus par les nobles comtois ont été amoindris. Ils pouvaient autrefois exercer un certain contrôle sur les activités économiques, la sécurité ou la gestion des affaires locales, mais ces prérogatives ont été restreintes au profit d’une centralisation par l’administration royale.
Ceci étant, une partie de leurs droits hérités a perduré. Les nobles comtois ont réussi, dans une certaine mesure, à maintenir des privilèges qui étaient fondamentaux pour leur autorité et leur statut au sein de la société comtoise. Cette préservation partielle a contribué à préserver leur position sociale et économique, même si elle était amoindrie par rapport à la période antérieure à l’annexion. Ces adaptations et concessions ont été le fruit de compromis nécessaires dans un contexte où l’intégration à la France imposait des changements importants. Elles ont illustré la capacité des nobles comtois à subsister entre la préservation de leurs droits ancestraux et les impératifs imposés par la nouvelle réalité politique et sociale.
Aussi, malgré les altérations et les compromis, cette tentative de conservation des prérogatives a préservé une partie de l’autorité et du statut des nobles comtois au sein de la société, bien que ces droits aient été réajustés et adaptés pour s’inscrire dans le cadre du royaume de France.
La période menant au traité de Nimègue en 1678 a été marquée par une série d’événements militaires et diplomatiques d’une importance capitale pour la Franche-Comté. Ces étapes ont remodelé la région et ont conduit à son intégration au sein du royaume de France. Deux principaux aspects ont caractérisé cette transformation : l’organisation et l’impact de la démarche militaire, ainsi que les événements diplomatiques ayant tracé la conquête de la Franche-Comté275.
D’un côté, l’organisation militaire a joué un rôle important dans cette période de transition. Les mouvements des armées, les stratégies adoptées et les affrontements sur le terrain ont redessiné la géopolitique de la région. Ces événements militaires ont non seulement influencé le destin de la Franche-Comté mais ont également déterminé les termes du futur traité de Nimègue.
D’un autre côté, les aspects diplomatiques ont été décisifs dans la conquête de la Franche-Comté. Les tractations, les alliances, les négociations entre les puissances européennes ont lancé le processus de prise de contrôle de cette région frontalière. La diplomatie a été un outil incontournable dans la stratégie de la France pour affirmer sa suprématie dans la région et consolider ses frontières.
Cette étude des différentes étapes menant au traité de Nimègue en 1678 se concentrera alors sur ces deux axes, en explosant l’organisation et les impacts de la démarche militaire ainsi que les ramifications diplomatiques qui ont tracé le chemin vers l’intégration de la Franche-Comté au sein du royaume de France.
La conquête de la Franche-Comté a été caractérisée par une démarche militaire soigneusement planifiée et exécutée par les forces françaises, ce qui a ainsi marqué une série d’étapes déterminantes. Cette démarche s’est surtout distinguée par une série de mouvements stratégiques, d’affrontements et d’organisation tactique qui ont conduit à l’intégration de la Franche-Comté au royaume de France.
- Les stratégies militaires françaises et le déploiement tactique lors de la conquête de la Franche-Comté
L’organisation des forces militaires françaises lors de la conquête de la Franche-Comté a été le fruit d’une planification minutieuse et d’une exécution rigoureuse. Sous la direction de commandants expérimentés, des armées considérables ont été mobilisées et déployées le long des frontières, prêtes à engager des actions décisives pour assurer le contrôle de la région convoitée. En effet, lors de la conquête de la Franche-Comté, plusieurs commandants ont dirigé les forces militaires françaises, notamment276 :
- Louis II de Bourbon-Condé : également connu sous le nom de Grand Condé, il était un brillant général français, renommé pour son expertise militaire et son leadership. Grand Condé a joué un rôle prépondérant dans de nombreuses campagnes militaires et a été impliqué dans les premières étapes de la conquête de la Franche-Comté.
- Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne : un autre commandant éminent de l’époque, Turenne était un stratège militaire réputé, reconnu pour sa maitrise des tactiques et sa capacité à mener des opérations militaires avec précision. Sa participation aux campagnes de la Franche-Comté a été significative.
- Henri de La Ferté-Senneterre : général français ayant occupé des postes de commandement importants pendant la guerre de Hollande, La Ferté-Senneterre a également joué un rôle important dans la conquête de la Franche-Comté.
La répartition stratégique des troupes le long des frontières de la Franche-Comté a été une stratégie décisive dans cette démarche277 :
- La frontière avec la Bourgogne : la frontière orientale de la Franche-Comté avec la Bourgogne était une zone clé pour le déploiement des troupes. Cette frontière était stratégique en raison de sa proximité avec des zones où se déroulaient des opérations militaires et des batailles importantes.
- La frontière avec la Lorraine : la frontière septentrionale de la Franche-Comté, partagée avec la Lorraine, était également un point stratégique pour le déploiement des troupes. Cette région frontalière était souvent le théâtre de manœuvres militaires visant à renforcer les positions françaises et à affaiblir les défenses comtoises.
- La frontière avec le Saint-Empire : la limite occidentale de la Franche-Comté avec les territoires du Saint-Empire romain germanique était une zone où les troupes françaises étaient déployées stratégiquement pour sécuriser les frontières et empêcher les contre-attaques.
Ces positions géographiques soigneusement sélectionnées ont permis aux forces françaises de surveiller attentivement les mouvements des troupes ennemies, tout en étant prêtes à répondre rapidement et efficacement aux situations de conflit éventuelles. Cette disposition tactique a également assuré une présence constante et dissuasive, annonçant une pression constante sur les défenses comtoises.
Les mouvements des armées françaises ont été orchestrés avec une précision sans faille. Les stratégies terrestres étaient combinées à des manœuvres de siège expérimentées, ce qui a permis d’affaiblir progressivement les défenses de la Franche-Comté. Les attaques étaient soigneusement planifiées pour exploiter les vulnérabilités des fortifications comtoises, et ont rendu chaque mouvement et chaque assaut d’une importance capitale dans la progression vers la conquête. Quelques cas illustrant les tactiques utilisées par les armées françaises pour affaiblir les défenses de la Franche-Comté lors de la conquête sont détaillés ci-après278 :
- Le siège de Besançon : les troupes françaises ont mis en œuvre une stratégie de siège experte lors de l’assaut de Besançon. La ville était équipée de fortifications robustes, mais les assiégeants ont utilisé des techniques avancées pour affaiblir les défenses. Ils ont construit des lignes de contrevallation et de circonvallation, utilisé des canons et des mines pour attaquer les murailles, et ont lentement mais méthodiquement réduit la résistance de la ville jusqu’à sa reddition.
- Les manœuvres de siège à Salins-les-Bains : à Salins-les-Bains, les forces françaises ont déployé des tactiques similaires. Cette ville fortifiée a été assiégée et soumise à des manœuvres de siège. Les troupes françaises ont encerclé la ville, coupé ses voies d’approvisionnement, et utilisé des techniques de siège pour affaiblir progressivement ses défenses jusqu’à ce qu’elle se rende.
- L’exploitation des faiblesses des fortifications : les tactiques d’attaque étaient basées sur une étude minutieuse des points faibles des fortifications comtoises. Les troupes françaises ont utilisé des renseignements pour identifier les vulnérabilités dans les défenses et exploiter les failles des remparts, des bastions ou des portes pour renforcer l’efficacité des assauts et réduire les risques pour les assaillants.
- L’utilisation de l’artillerie et des mines : l’artillerie, dont les canons et les mortiers, a été largement utilisée pour bombarder les fortifications, créer des brèches dans les murs et affaiblir les défenses. De plus, l’utilisation de mines pour miner les fondations des murs était une tactique fréquemment employée pour provoquer des effondrements et fragiliser les défenses.
Ces exemples illustrent comment les forces françaises ont combiné des stratégies de siège sophistiquées, des manœuvres précises, et une utilisation stratégique de l’artillerie pour progressivement affaiblir les défenses des villes et forteresses comtoises, ce qui a rendu chaque mouvement et assaut important dans la conquête de la région.
De plus, la coordination entre les différentes divisions et régiments était fondamentale. Les communications fluides et les ordres précis ont permis de maintenir une cohésion dans les opérations, de garantir l’efficacité des mouvements et des assauts, et ce, tout en minimisant les risques de désorganisation ou de fragmentation des forces279.
Cette approche méthodique et stratégique dans l’organisation des forces militaires françaises a été un facteur déterminant dans la réussite des opérations, ouvrant la voie à l’annexion progressive de la Franche-Comté par le royaume de France. Ces stratégies de déploiement ont contribué à affaiblir les défenses comtoises et à préparer le terrain pour la consolidation du contrôle français, ce qui a finalement abouti aux négociations du traité de Nimègue en 1678280.
- Les batailles décisives et la consolidation du contrôle français en Franche-Comté
Les batailles majeures durant la conquête de la Franche-Comté ont joué un rôle déterminant dans la stratégie militaire françaises. Elles ont marqué des moments décisifs dans la progression vers l’annexion. Parmi ces affrontements, la bataille de Gray en 1674 occupe une place significative281.
Cette confrontation a été l’une des batailles clés de la campagne de conquête. Les forces françaises, commandées par les généraux expérimentés cités précédemment, ont rencontré les troupes comtoises dans un affrontement stratégique. La bataille de Gray a été marquée par des manœuvres tactiques expertes et une utilisation habile du terrain par les deux camps.
Pour l’armée française, cette bataille a été une opportunité de consolider ses positions. Les tactiques mises en œuvre, notamment des manœuvres d’encerclement et une coordination précise entre les différentes unités, ont affaibli la résistance comtoise. Les stratégies de flanc et l’utilisation efficace de l’artillerie ont joué un rôle déterminant dans la victoire française282.
La bataille de Gray a représenté un tournant dans la démarche militaire française. La victoire a permis de consolider les positions françaises dans la région, d’affaiblir la résistance comtoise, et d’ouvrir la voie à une progression plus soutenue vers l’annexion. Cette confrontation a marqué un moment historique dans l’histoire de la conquête de la Franche-Comté, car elle a symbolisé la capacité de l’armée française à surmonter les obstacles et à avancer vers la consolidation de son contrôle dans la région283.
- L’éclatement des forteresses et la consolidation française en Franche-Comté
Les sièges de forteresses ont constitué des moments critiques de la campagne de conquête française en Franche-Comté. Ces assauts méthodiquement planifiés et exécutés ont été capitaux pour affaiblir la résistance comtoise et consolider le contrôle français dans la région.
Parmi les opérations majeures, les sièges de places fortes stratégiques tels que Besançon et Salins se sont avérés déterminants. Besançon, avec ses remparts robustes et son emplacement stratégique, était une cible de choix. Les assiégeants ont mis en place un siège complexe, utilisant des techniques de siège avancées telles que le creusement de tranchées, l’artillerie lourde, et l’encerclement de la ville pour affaiblir progressivement ses défenses. La reddition de Besançon a représenté une victoire significative pour les forces françaises284.
De même, Salins, une autre place forte importante, a subi des opérations de siège rigoureuses. Les troupes françaises ont investi la ville, et utilisé des tactiques de siège similaires pour mettre sous pression ses défenses. Les manœuvres pour bloquer les voies d’approvisionnement et l’utilisation habile de l’artillerie ont finalement conduit à la reddition de Salins, ce qui a marqué une autre étape dans la progression de la domination française sur la Franche-Comté285.
Ces sièges de forteresses ont été des moments critiques de la campagne de conquête. La capture de ces places fortes stratégiques a non seulement affaibli la résistance comtoise, mais a également renforcé la présence et le contrôle français dans la région, ce qui a établi des jalons importants vers l’annexion complète de la Franche-Comté au royaume de France.
- Le Pilier logistique des opérations militaires en Franche-Comté
La réussite des opérations militaires en Franche-Comté reposait sur une logistique rigoureusement planifiée. La gestion des lignes d’approvisionnement, le renforcement des effectifs et des ressources matérielles, ainsi que la coordination entre les différentes divisions de l’armée, ont joué un rôle pivot dans le maintien de l’efficacité de ces opérations286.
Les lignes d’approvisionnement étaient vitales pour fournir aux troupes les ressources nécessaires pour soutenir les campagnes militaires. Des routes logistiques bien établies ont été utilisées pour transporter les approvisionnements en nourriture, en munitions, en équipements, et en renforts humains vers les zones de conflit. La gestion efficace de ces lignes d’approvisionnement a permis de maintenir la puissance opérationnelle des troupes françaises, et d’assurer ainsi une continuité dans les actions militaires. Les renforts en hommes et en matériels ont également été importants. La disponibilité constante de troupes fraiches, ainsi que la capacité à fournir des équipements et des munitions en quantité suffisante, ont été des facteurs déterminants pour garantir la persistance des opérations et pour compenser les pertes sur le terrain287.
La coordination entre les différentes divisions de l’armée a été un autre élément clé. La communication fluide et la synchronisation des mouvements entre les unités étaient indispensables pour assurer une action cohérente et efficace sur le terrain. Cette situation a permis de renforcer l’impact des opérations et d’éviter les faiblesses dues à des actions disjointes288.
Il peut ainsi être retenu que ce soutien logistique a représenté un pilier important dans la conduite des opérations militaires en Franche-Comté. Sans cette logistique bien planifiée et gérée, la capacité à maintenir des opérations de longue durée, et à consolider le contrôle français aurait été considérablement compromise.
La conquête de la Franche-Comté par le royaume de France ne se limitait pas à des affrontements militaires sur le terrain. Les aspects diplomatiques ont également joué un rôle déterminant dans cette démarche d’annexion. La diplomatie française, visant à élargir son influence et à atténuer les oppositions potentielles, s’est manifestée à travers plusieurs canaux et relations stratégiques. Deux de ces éléments diplomatiques méritent une attention particulière : les rapports avec la Suisse et la Ligue Héréditaire.
La proximité géographique entre la Franche-Comté et la Confédération suisse a eu un impact significatif sur les relations diplomatiques entre la France et la Suisse. Les échanges diplomatiques, notamment les négociations et les accords avec les autorités suisses, ont été un aspect important de la stratégie française pendant la conquête de la Franche-Comté. Ces relations ont été marquées par des intérêts mutuels, des alliances potentielles, et des considérations géopolitiques, ce qui a influencé la dynamique des événements lors de cette période.
- Les relations ambiguës entre la Suisse et la France
La relation entre la Suisse et la France pendant la période de la conquête de la Franche-Comté était marquée par une ambiguïté inhérente. Cette Confédération, formée de cantons indépendants, entretenait des liens complexes avec la France, tout en mêlant des intérêts économiques et la préservation de son indépendance face à l’expansionnisme français289.
D’une part, certains cantons suisses, notamment ceux ayant des échanges commerciaux étroits avec la Franche-Comté, pouvaient voir dans une alliance potentielle avec la France des opportunités économiques favorables. Ces liens économiques, tissés au fil du temps, créaient des intérêts mutuels qui pouvaient susciter une certaine propension à coopérer avec la France. D’autre part, la Confédération suisse, attentive à la préservation de son indépendance et de sa neutralité, surveillait avec précaution l’expansionnisme territorial de la France. En tant qu’entité composée de cantons souverains, la Suisse était résolue à préserver son territoire des appétits expansionnistes étrangers, dont ceux de la France290.
Cette dualité dans la relation entre la Suisse et la France reflétait les tensions entre les intérêts économiques favorables à une alliance avec la France et la volonté de maintenir la souveraineté et l’indépendance de la Confédération suisse.
- Les efforts français pour s’assurer la neutralité suisse
Dans un contexte où les intérêts divergeaient entre la France et la Confédération suisse, la diplomatie française a adopté une approche subtile pour sécuriser la neutralité voire le soutien de certains cantons suisses lors de son projet d’annexion de la Franche-Comté291.
La France, consciente de l’importance de maintenir une situation diplomatique favorable pour ses desseins territoriaux, a entrepris des négociations prudentes et délicates avec la Suisse. Ces pourparlers ont souvent impliqué des offres et des compromis, tels que des promesses d’avantages économiques, territoriaux, voire des garanties de non-agression en échange de la neutralité des cantons suisses292.
La promesse de bénéfices économiques provenant de liens commerciaux renforcés ou de potentiels avantages territoriaux a été un élément clé des négociations. En offrant des incitations tangibles, la France cherchait à atténuer les oppositions suisses potentielles à son expansion vers la Franche-Comté. De plus, la garantie de non-agression a été avancée pour rassurer certains cantons suisses quant à la préservation de leur indépendance et de leur intégrité territoriale face aux visées expansionnistes françaises293.
Ces démarches de la diplomatie française, marquées de subtilité et de concessions calculées, visaient alors à amadouer les cantons suisses pour obtenir une neutralité bienveillante, voire un appui, ce qui a facilité l’annexion de la Franche-Comté.
- Les relations tendues entre la France, la Suisse, et la Ligue Héréditaire
La Suisse, en tant que membre actif de la Ligue Héréditaire, s’est trouvée en opposition directe avec les ambitions territoriales de la France. Cette position a créé une dynamique complexe pour la diplomatie française lors de l’annexion de la Franche-Comté. La France, consciente de l’opposition suisse au sein de cette ligue formée contre ses ambitions expansionnistes, a dû manœuvrer avec précaution. Elle devait ménager ses relations avec certains cantons suisses tout en faisant face à une opposition globale de la Confédération suisse en tant que membre de la Ligue Héréditaire294.
Cette situation a contraint la France à jongler entre des tentatives pour assurer la neutralité ou obtenir le soutien de certains cantons suisses, tout en affrontant une opposition plus large et plus organisée au sein de la Confédération. La diplomatie française a ainsi dû faire face à un défi d’une certaine ampleur : trouver des moyens de concilier ses intérêts pour l’annexion de la Franche-Comté tout en étant confrontée à une opposition régionale et internationale organisée au sein de la Ligue Héréditaire295.
Le double jeu diplomatique entre les intérêts des cantons suisses, la position de la Confédération en tant que membre de la Ligue Héréditaire, et les ambitions territoriales françaises a donné lieu à une période de tensions et de délicates manœuvres diplomatiques296.
- Les relations complexes entre la France, la Suisse et la Franche-Comté
Les interactions diplomatiques entre la France et la Suisse durant la conquête de la Franche-Comté ont été caractérisées par une complexité évidente. D’un côté, la France cherchait à exploiter les divers intérêts des cantons suisses pour soutenir ses projets d’annexion. Les offres d’avantages économiques, territoriaux ou de non-agression visaient à attirer certains cantons suisses dans son camp.
Cependant, cette stratégie était entravée par l’opposition globale de la Confédération suisse, membre éminent de la Ligue Héréditaire. La position de la Confédération, en tant que membre actif de cette coalition d’Etats opposés à l’expansion territoriale française, a imposé un défi significatif à la diplomatie française297.
La France a ainsi dû évoluer entre ces intérêts divergents, et chercher à exploiter les divisions entre les cantons suisses, tout en faisant face à une opposition globale et organisée de la part de la Confédération. Cette dynamique a contribué à la complexité des négociations et des relations entre les deux nations pendant cette période marquante. La tentative de la France pour tirer profit des intérêts variés des cantons suisses, tout en se confrontant à l’opposition solide de la Confédération en raison de son engagement dans la Ligue Héréditaire, a engendré des relations diplomatiques tendues et complexes entre ces nations298.
La Ligue Héréditaire, une coalition d’Etats européens opposés à l’expansion territoriale du royaume de France, a joué un rôle majeur dans les considérations diplomatiques entourant la conquête de la Franche-Comté. Cette ligue, formée dans le but de contrer l’expansionnisme français, a suscité des tensions et des défis diplomatiques pour la France dans ses efforts d’annexion de la Franche-Comté299. Les relations avec cette ligue et les stratégies diplomatiques déployées pour atténuer son opposition ont été des éléments décisifs dans le contexte diplomatique de cette période de conquête.
- La pression de la Ligue Héréditaire sur les ambitions françaises
La présence de la Ligue Héréditaire a représenté un défi important pour la diplomatie française, notamment en créant un front uni d’opposition contre les ambitions territoriales de la France. Les Etats européens qui la composent étaient déterminés à contrer l’expansionnisme français, et cette coalition a exercé une pression significative sur la diplomatie française pendant la période de conquête de la Franche-Comté. Les membres de la Ligue Héréditaire partageaient une préoccupation commune face à cet expansionnisme et étaient unis dans leur volonté de préserver l’équilibre des pouvoirs en Europe en contrecarrant les ambitions françaises300. Cette unité d’opposition a rendu la tâche de la diplomatie française encore plus difficile, car elle devait faire face à un front unifié et déterminé.
La diplomatie française a dû avancer avec prudence dans ce paysage diplomatique hostile, en cherchant à atténuer l’opposition de la Ligue Héréditaire tout en poursuivant ses objectifs d’annexion de la Franche-Comté. Les stratégies diplomatiques déployées par la France pour contrer cette opposition ont été variées. D’abord, elle a cherché à exploiter les divergences d’intérêts entre les membres de la Ligue Héréditaire en tentant de semer la discorde et de diviser la coalition. Des négociations secrètes ont alors été menées avec certains membres pour les convaincre de se retirer de la coalition ou de remettre en question leur soutien à l’opposition contre la France. Ensuite, La France avait proposé des garanties de neutralité à certains membres de la Ligue Héréditaire en échange de leur abstention dans le conflit ou de leur soutien tacite à ses ambitions territoriales. Ces promesses prenaient la forme d’accords bilatéraux garantissant la non-agression ou le respect des frontières existantes301. De même, afin d’apaiser les membres de la Ligue Héréditaire, la France avait fait des concessions territoriales, en offrant des territoires ou des droits territoriaux en échange de leur soutien ou de leur neutralité dans le conflit. Ces concessions comprenaient des cessions de territoires frontaliers ainsi que des ajustements des frontières pour répondre aux préoccupations des membres de la coalition302.
- La diplomatie française face aux défis de la ligue héréditaire
Pour la France, la nécessité d’évoluer dans un paysage diplomatique hostile tout en poursuivant ses objectifs d’annexion de la Franche-Comté a imposé des contraintes considérables à sa diplomatie. La France se trouvait dans une position délicate où elle devait trouver un équilibre entre la poursuite de ses objectifs territoriaux et la gestion des relations avec la Ligue Héréditaire. Cette coalition représentait une opposition unie contre les avancées françaises, mettant ainsi la diplomatie française sous une pression considérable. La nécessité de ménager ses relations avec certains membres de la ligue tout en faisant face à une opposition plus large a rendu la tâche de la diplomatie française particulièrement difficile303.
Dans ce contexte, la diplomatie française a dû déployer des efforts considérables pour atténuer l’opposition de la Ligue Héréditaire. Comme il été évoqué plus haut, elle avait opté pour des tentatives de division au sein de la coalition, des promesses de neutralité, ainsi que de concessions territoriales à certains membres. Cette situation met en exergue les contraintes et les enjeux auxquels elle était confrontée dans ses efforts d’expansion territoriale.
Pendant la période de conquête de la Franche-Comté, la France a également cherché à renforcer ses alliances avec d’autres puissances européennes pour contrer l’opposition de la Ligue Héréditaire. Cette stratégie visait à créer un front uni contre la coalition opposée à son expansionnisme, dans le but de renforcer la position diplomatique de la France et d’atténuer l’impact de l’opposition. Pour ce faire, la France a déployé diverses manœuvres diplomatiques, notamment des négociations bilatérales et multilatérales avec d’autres puissances européennes. Ces négociations visaient à obtenir le soutien ou la neutralité de ces pays dans le conflit avec la Ligue Héréditaire304 :
- L’Angleterre : La France avait entamé des négociations avec l’Angleterre pour obtenir son soutien ou sa neutralité dans le conflit. Les deux pays étaient souvent en concurrence en Europe, mais ils avaient également des intérêts communs. La France avait ainsi offert des concessions commerciales et territoriales à l’Angleterre en échange de son soutien dans le conflit avec la Ligue Héréditaire.
- L’Espagne : La France avait également cherché à négocier avec l’Espagne, qui était une puissance importante en Europe à l’époque. Bien que les deux pays aient eu des différends territoriaux, ils pouvaient aussi avoir des intérêts communs à contrer l’expansionnisme de la Ligue Héréditaire. La France avait alors proposé des garanties de non-agression et des concessions territoriales à l’Espagne en échange de son soutien ou de sa neutralité dans le conflit.
- Les Provinces-Unies (Pays-Bas) : Les Provinces-Unies étaient une puissance économique et maritime importante en Europe. La France avait alors cherché à négocier avec celles-ci pour obtenir leur soutien ou leur neutralité dans le conflit avec la Ligue Héréditaire. La France avait alors offert des accords commerciaux avantageux et des garanties de sécurité aux Provinces-Unies en échange de leur soutien dans le conflit.
- La Suède : La France avait pareillement entamé des négociations avec la Suède, qui était une puissance montante en Europe à l’époque. Elle lui avait proposé des incitations économiques ou politiques en échange de son soutien ou de sa neutralité dans le conflit avec la Ligue Héréditaire.
Des alliances stratégiques ont alors été formées ou renforcées, basées sur des intérêts communs ou des objectifs partagés. En renforçant ses alliances avec d’autres puissances européennes, la France a cherché à accroitre sa légitimité et sa crédibilité sur la scène internationale, tout en affaiblissant l’opposition de la Ligue Héréditaire. Il peut être retenu que cette stratégie visait surtout à créer un équilibre des forces favorable à la France et à renforcer sa position dans le conflit pour la domination de la Franche-Comté.
Malgré les oppositions de la Ligue Héréditaire et les défis diplomatiques rencontrés, la France est parvenue à annexer la Franche-Comté. La diplomatie française, bien que confrontée à une forte opposition de la part de la coalition européenne formée par la Ligue Héréditaire, a réussi à évoluer et à mettre en œuvre des stratégies efficaces pour consolider son contrôle sur la région. La France a déployé des efforts militaires considérables, combinant des manœuvres stratégiques et des sièges de forteresses pour affaiblir la résistance comtoise. De plus, elle a mené une diplomatie habile, cherchant à renforcer ses alliances avec d’autres puissances européennes pour contrer l’opposition de la Ligue Héréditaire. En dépit des tensions et des obstacles rencontrés, la France est parvenue à annexer la Franche-Comté, ce qui a consolidé son emprise sur la région305.
Section 2 : La gouvernance de la Franche-Comté suite à son annexion par le royaume de France
L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France en 1678, officialisée par le traité de Nimègue, a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la région. La transition vers une administration française a engendré des transformations profondes dans la gouvernance, l’économie, et la structure sociale de la Franche-Comté. Cette section examine les répercussions de cette annexion sur le contexte économique et social, ainsi que sur l’organisation institutionnelle de la région.
En intégrant la Franche-Comté, la monarchie française a dû adapter ses pratiques administratives et judiciaires afin d’harmoniser la région avec les normes nationales, tout en faisant face aux particularités locales. Le premier point se penche sur le contexte économique et social post-annexion, tandis que le second point analyse les changements institutionnels introduits par l’administration française pour consolider son contrôle et intégrer pleinement la Franche-Comté au sein du royaume.
L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France a non seulement transformé la structure politique de la région, mais a également eu des répercussions sur son contexte économique et social. Comprendre ces transformations est important pour saisir l’ampleur des changements survenus après l’intégration de la Franche-Comté dans le giron français. Ce point examine d’abord la situation économique, en analysant les impacts des nouvelles politiques fiscales, commerciales et industrielles imposées par l’administration française. Ensuite, il s’intéresse à la situation sociale, en mettant en avant les modifications des structures de pouvoir, les dynamiques de la société comtoise, et les ajustements nécessaires pour s’adapter aux nouvelles réalités imposées par la monarchie française. Ces analyses permettront de mieux cerner comment l’annexion a redéfini l’identité et les pratiques quotidiennes des habitants de la Franche-Comté.
L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France a profondément transformé la situation économique de la région. Avant l’annexion, la Franche-Comté jouissait d’une certaine autonomie économique, avec des pratiques commerciales et industrielles distinctes influencées par sa position stratégique entre la France et le Saint-Empire romain germanique306. L’intégration dans le royaume de France a imposé un nouveau cadre économique qui a remodelé les structures existantes.
L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France a entrainé des changements économiques et administratifs significatifs. Parmi les réformes les plus notables, l’introduction des systèmes fiscaux et administratifs français a eu un impact considérable sur la région.
- Les réformes fiscales
L’une des principales mesures économiques a été l’application des impôts royaux français à la Franche-Comté. Parmi ces impôts, la taille était un impôt direct sur les personnes, essentiellement supporté par les roturiers, et la gabelle, une taxe sur le sel, était particulièrement impopulaire en raison de son caractère obligatoire et de son impact sur les besoins quotidiens des habitants. En outre, divers droits de douane ont été imposés, ce qui augmentait le coût des échanges commerciaux et des marchandises307.
Ces nouvelles taxes étaient souvent plus lourdes que celles précédemment en vigueur dans la région. Avant l’annexion, la Franche-Comté bénéficiait de certains privilèges fiscaux et de coutumes locales qui allégeaient la charge fiscale sur ses habitants. L’imposition des taxes françaises a de ce fait été perçue comme une contrainte supplémentaire, engendrant des résistances et des ajustements nécessaires. Les populations locales, habituées à une certaine autonomie fiscale, ont dû s’adapter à ces nouvelles exigences économiques, ce qui a parfois conduit à des tensions et des conflits avec les autorités royales308.
- Les réformes administratives
En plus des réformes fiscales, des changements administratifs importants ont été mis en place en vue de centraliser et de renforcer le contrôle royal sur la région. L’introduction des intendants royaux, chargés de superviser l’administration locale, a marqué une étape importante dans cette centralisation. Les intendants, nommés par le roi, avaient pour mission de surveiller les finances, de faire respecter les lois royales, et de maintenir l’ordre. Leur présence a réduit l’autonomie locale et intégré plus étroitement la Franche-Comté dans la structure administrative du royaume de France309.
En outre, d’autres agents royaux, comme les prévôts et les receveurs des finances, ont été déployés pour assurer une gestion efficace des impôts et des finances régionales. Ces agents étaient responsables de la collecte des impôts, de l’administration de la justice fiscale, et de la mise en œuvre des politiques royales310.
- Les impacts sur la société comtoise
Les réformes fiscales et administratives ont eu des effets variés sur la société comtoise. Si elles ont permis d’intégrer plus solidement la région dans le royaume de France, elles ont également provoqué des résistances locales et une adaptation progressive aux nouvelles règles imposées. Les habitants de la Franche-Comté ont dû subsister entre leur désir de préserver leurs traditions et leur obligation de se conformer aux nouvelles réalités administratives et fiscales311. Ces transformations ont marqué une période de transition et de réajustement, ce qui a contribué à redéfinir l’identité et la structure économique de la région sous la domination française.
L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France n’a pas seulement entrainé des réformes fiscales et administratives, mais a également ouvert des perspectives économiques prometteuses pour la région. L’intégration dans un marché plus vaste et plus structuré a stimulé le développement industriel et commercial, bénéficiant particulièrement aux secteurs clé de la région.
- Le développement industriel
Avant l’annexion, la Franche-Comté possédait déjà une solide tradition industrielle, notamment dans les forges et l’industrie métallurgique. Ces secteurs ont connu un essor important après l’annexion, grâce à la politique mercantiliste de la France, promue par Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV. Colbert encourageait le développement des industries nationales dans l’optique de réduire la dépendance aux importations et renforcer l’économie locale312.
Les forges comtoises, spécialisées dans la production de fer et d’acier, ont bénéficié d’investissements et de l’adoption de techniques plus avancées. La demande élevée en matériel de guerre, de construction et d’outillage a favorisé l’essor de cette industrie. Par ailleurs, l’établissement de manufactures royales, soutenues par des capitaux et des savoir-faire venus d’autres régions, a contribué à moderniser les processus de production et à augmenter la qualité et la quantité des produits fabriqués313.
- Le développement commercial
L’intégration de la Franche-Comté dans le royaume de France a également dynamisé le commerce régional. La suppression des anciennes barrières douanières internes et l’harmonisation des réglementations ont facilité les échanges avec d’autres régions françaises. Les produits comtois, notamment le fer, le bois, et les produits agricoles, ont trouvé de nouveaux débouchés sur le marché national314.
Le développement des infrastructures de transport, comme les routes et les canaux, a joué un rôle déterminant dans ce développement commerciale. Les voies de communication améliorées ont permis de réduire les coûts de transport et de raccourcir les délais de livraison, ce qui a rendu les produits comtois plus compétitifs. Les villes commerçantes de la région, telles que Besançon et Dole, sont devenues des centres névralgiques pour le commerce et ont vu leur prospérité augmenter315.
- Les politiques économiques et le soutien étatique
La politique économique de Colbert avait également pour objectif d’encourager l’innovation et la diversification des activités industrielles. Des incitations fiscales, des subventions, et des privilèges, comme il est illustré ci-dessous, ont été accordés aux entrepreneurs et aux artisans en vue de stimuler la création de nouvelles entreprises et le développement de nouvelles industrie316 :
- Les autorités royales ont accordé des exemptions d’impôts temporaires aux nouvelles entreprises industrielles et manufacturières pour encourager leur création et leur croissance. Par exemple, une forge nouvellement établie pouvait être exemptée de la taille (impôt direct) pendant plusieurs années, afin de faciliter son démarrage.
- Des subventions ont été offertes aux entrepreneurs qui introduisaient de nouvelles technologies ou des méthodes de production innovantes. Par exemple, un maitre de forge qui adoptait des techniques avancées de fonte ou de traitement des métaux pouvait recevoir une aide financière pour couvrir les coûts de recherche et développement.
- Certains artisans et entreprises bénéficiaient de privilèges spécifiques, comme des monopoles temporaires sur la production de certains biens ou des droits exclusifs d’exportation. Par exemple, une manufacture de textile qui innovait dans la production de draps de haute qualité pouvait obtenir un privilège royal lui garantissant l’exclusivité sur certains marchés pendant une période déterminée.
- Les autorités facilitaient l’accès à des matières premières essentielles en réduisant les droits de douane ou en garantissant des tarifs préférentiels. Par exemple, les forges de Franche-Comté pouvaient recevoir des réductions sur les tarifs de transport du charbon ou du fer, indispensables pour leur activité.
- Des fonds étaient alloués à la formation des artisans et des ouvriers pour améliorer leurs compétences. Par exemple, des programmes d’apprentissage subventionnés étaient mis en place afin de former de nouveaux artisans dans les techniques de production de la faïence ou de la métallurgie, industries importantes de la région.
- Le gouvernement a soutenu la création de manufactures royales, où des produits particuliers étaient fabriqués avec le soutien financier et technique de l’Etat. Par exemple, la Manufacture Royale d’Armes de Saint-Étienne, bien que située dans une autre région, a servi de modèle pour des initiatives similaires en Franche-Comté, soutenues par des privilèges royaux.
- Le développement des infrastructures, à savoir les routes et les canaux, était subventionné pour améliorer les conditions de transport et de commerce. Par exemple, des subventions étaient accordées pour la construction de nouveaux ponts ou pour l’amélioration des routes reliant les centres de production aux marchés.
Les autorités royales ont alors soutenu les initiatives visant à améliorer la qualité des produits et à adopter des normes plus strictes, ce qui a aidé à renforcer la réputation des produits comtois sur les marchés nationaux et internationaux317.
- Les impacts sur la société comtoise
Le développement industriel et commercial a eu des effets non négligeables sur la société comtoise. Il a créé de nouvelles opportunités d’emploi, attiré des investissements, et contribué à l’amélioration des conditions de vie pour une partie de la population. Les artisans et les ouvriers ont pu bénéficier de nouvelles compétences et de meilleures rémunérations, tandis que les commerçants ont profité de l’augmentation des échanges et des profits318.
Cependant, ces transformations ont également entrainé des changements sociaux et économiques, parfois perturbateurs, nécessitant des ajustements de la part des populations locales. Les structures sociales traditionnelles ont évolué, et une nouvelle classe bourgeoise, plus orientée vers le commerce et l’industrie, a commencé à apparaitre, ce qui a redéfini les dynamiques économiques et sociales de la région319.
- La construction et l’amélioration des routes
L’annexion de la Franche-Comté par la France a conduit à un effort considérable de modernisation des infrastructures routières. L’administration française a compris que pour stimuler l’économie régionale, il était nécessaire d’améliorer la connectivité. Des routes ont été construites ou rénovées afin de faciliter le transport des marchandises et des personnes.
Des routes royales ont été établies pour relier les principales villes de la Franche-Comté, comme Besançon, Dole, et Vesoul, aux grands axes de circulation du royaume de France. Cela a permis un transit plus rapide et plus efficace des produits agricoles et manufacturés vers les marchés nationaux et internationaux. Les routes locales ont également bénéficié de ces améliorations, facilitant les échanges économiques entre les villages et les petites villes de la région. Cela a stimulé le commerce local et intégré les zones rurales dans l’économie régionale plus large320.
- Le développement des infrastructures et du transport fluvial
L’administration française a pareillement envisagé des projets ambitieux pour développer les voies navigables en Franche-Comté. Les rivières, comme le Doubs et la Saône, ont été identifiées comme des axes potentiels pour le transport de marchandises lourdes.
Des projets de canaux ont été lancés en vue d’améliorer la navigabilité des rivières. Bien que certains de ces projets aient été réalisés après l’annexion, les plans et les investissements initiaux ont commencé pendant cette période. Par exemple, des études ont été menées pour évaluer la possibilité de connecter le Doubs à d’autres systèmes fluviaux, afin de faciliter le transport de marchandises vers des régions plus éloignées321.
- Les ponts et les structures de communication
La construction de ponts et d’autres structures de communication a également été une priorité pour l’administration française.
La construction de ponts sur les principales rivières a été essentielle pour assurer une connexion continue entre les différentes parties de la Franche-Comté. Ces ponts ont facilité le transport de marchandises et ont été déterminants pour le mouvement des troupes et des voyageurs. Des postes de contrôle et des relais ont été établis le long des routes pour assurer la sécurité et fournir des services aux voyageurs. Cela a encouragé le commerce et le transport, en offrant des points de repos et de ravitaillement pour les marchands et les transporteurs322.
- Les impacts économique et social
Les investissements dans les infrastructures ont eu des répercussions économiques et sociales significatives. En facilitant le transport des produits agricoles et manufacturés, les nouvelles infrastructures ont stimulé le commerce local et national. Les agriculteurs et les artisans de la Franche-Comté ont pu accéder à de nouveaux marchés, augmentant leurs revenus et leur production. Ces infrastructures ont intégré la Franche-Comté dans les réseaux économiques nationaux, ce qui a permis à la région de bénéficier des dynamiques commerciales du royaume de France. Cela a également favorisé l’urbanisation et le développement des villes, qui sont devenues des centres de commerce et d’industrie323.
L’amélioration des routes et des infrastructures de transport a aussi eu un impact social en facilitant les déplacements des habitants. Cette situation a favorisé les échanges culturels et sociaux, ce qui a renforcé le sentiment d’appartenance à une communauté plus large et unifiée324.
Il peut être retenu que face à ces avantages, l’intégration économique a aussi présenté des défis. Les nouvelles taxes et réglementations ont parfois pesé lourdement sur les petites entreprises et les agriculteurs, entrainant des tensions sociales et économiques. La concurrence avec les producteurs des autres régions françaises, plus établis, a pu être difficile pour les artisans et commerçants comtois. De plus, la centralisation administrative a pu entrainer une perte de contrôle local sur les décisions économiques, ressentie comme une imposition externe par la population locale.
L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France en 1678 a également eu des répercussions sur le tissu social de la région. Les changements administratifs et économiques ont engendré des transformations dans les structures sociales, les relations de pouvoir, et les identités locales. Cette période de transition a été marquée par des adaptations, des résistances et des rééquilibrages sociaux.
- L’adaptation aux nouvelles réalités
L’annexion de la Franche-Comté par la France a bouleversé les dynamiques de pouvoir et les privilèges auxquels la noblesse locale était habituée. Sous l’administration espagnole, les nobles comtois jouissaient d’une certaine autonomie et de privilèges particuliers, ce qui leur permettait de gouverner leurs domaines avec une relative indépendance. Cependant, l’intégration au royaume de France a imposé de nouvelles contraintes et exigences.
La centralisation du pouvoir sous la monarchie française a réduit l’autonomie des nobles comtois. Les décisions importantes concernant la région étaient désormais prises à Versailles, et les seigneurs locaux devaient se conformer aux directives de la couronne. De plus, les réformes administratives françaises ont introduit de nouvelles structures de gouvernance. Les intendants royaux, chargés de superviser les provinces, ont remplacé les anciens administrateurs locaux, ce qui a limité l’influence directe des nobles sur l’administration régionale325.
- La préservation des privilèges
Face à ces changements, la noblesse comtoise a cherché à préserver ses privilèges et son statut social. Les nobles ont souvent négocié avec les représentants de la couronne dans le but de maintenir certains de leurs privilèges. Ils ont parfois accepté de nouvelles charges et titres en échange de la reconnaissance de leur statut et de leurs droits traditionnels. Aussi, pour maintenir leur position sociale, de nombreux nobles comtois ont cherché à s’intégrer dans la noblesse française. Ils ont acquis des titres français, participé aux cours royales, et se sont engagés dans les réseaux de pouvoir nationaux. Cette intégration leur a permis de conserver une certaine influence et de bénéficier des avantages liés à leur nouveau statut326.
- Les tensions et les opportunités
L’intégration dans les structures de pouvoir françaises n’a pas été sans frictions. En effet, des tensions sont apparues entre les nobles locaux et les représentants de la couronne française. Les nobles comtois, habitués à une certaine indépendance, ont parfois résisté aux nouvelles impositions et aux directives des intendants royaux. Ces conflits d’intérêts ont créé des tensions, notamment lorsque les décisions de la couronne allaient à l’encontre des traditions locales327.
En dépit des tensions, certains nobles ont vu dans ces changements des opportunités pour renforcer leur position sociale. En s’alliant avec la couronne et en acceptant de nouvelles charges, ils ont pu accroitre leur influence et leur richesse. Les titres de noblesse français, les charges administratives et les mariages stratégiques avec des familles influentes ont alors permis à certains d’améliorer leur statut328.
A titre d’illustration, des nobles comtois ont été nommés à des postes importants au sein de l’administration française. Dans ce contexte, certains ont été intégrés dans la Maison du Roi, accédant à des charges honorifiques qui renforçaient leur prestige. La participation à l’armée royale a également été une voie d’intégration. Les nobles comtois qui offraient leurs services militaires ont pu obtenir des commandements et des titres honorifiques, afin de consolider leur statut au sein de la noblesse française329.
L’annexion de la Franche-Comté par la France a eu un impact important sur les paysans et les classes laborieuses de la région. Ces changements ont touché divers aspects de leur vie quotidienne, de leurs moyens de subsistance à leurs relations avec les autorités.
- La nouvelle fiscalité et les pressions économiques
L’introduction de la fiscalité française a représenté un fardeau financier pour les paysans et les petites entreprises rurales. Les impôts royaux, tels que la taille et la gabelle, étaient considérés comme plus lourds que les taxes locales précédentes, ce qui mettait une pression supplémentaire sur les exploitations agricoles et les revenus des travailleurs. Les paysans ont de ce fait dû s’adapter à des pratiques administratives et fiscales différentes de celles qu’ils avaient connues sous l’administration espagnole. Les obligations fiscales et les modalités de collecte ont changé, ce qui a créé des difficultés supplémentaires pour les agriculteurs déjà confrontés à des défis économiques330.
- Les réformes économiques et les opportunités
Les réformes économiques ont également eu un impact sur l’emploi et les conditions de vie des travailleurs. La modernisation de l’agriculture, bien que lente, a entrainé des changements dans les pratiques agricoles et les modes de production, ce qui a affecté l’emploi dans le secteur agricole traditionnel. Malgré les défis, l’intégration dans un marché national plus vaste a également offert des opportunités économiques pour certains. La création de nouvelles infrastructures et l’amélioration de la connectivité ont facilité l’accès aux marchés extérieurs, permettant à certains agriculteurs et artisans de développer leurs activités et d’écouler leurs produits sur un marché plus large331.
Pour mieux cerner la situation, les exemples suivants sont apportés332 :
- De nombreux paysans ont été confrontés à des difficultés pour payer les nouveaux impôts. Certains ont dû vendre une partie de leurs terres ou s’endetter pour s’acquitter de leurs obligations fiscales.
- Certains agriculteurs ont bénéficié de l’introduction de nouvelles techniques agricoles et de l’adoption de méthodes de culture plus efficaces. Aussi, l’utilisation de nouvelles variétés de semences ou de pratiques de rotation des cultures a permis d’augmenter les rendements dans certains domaines.
- Face aux difficultés économiques, certains travailleurs ont choisi de migrer vers les centres urbains à la recherche de meilleures opportunités d’emploi. Cette migration a contribué à la croissance démographique des villes et à la diversification de l’économie régionale.
Ainsi, l’annexion de la Franche-Comté par la France a entrainé des changements significatifs pour les paysans et les classes laborieuses de la région. Si certains ont été confrontés à de fortes pressions économiques, d’autres ont trouvé des opportunités dans l’intégration dans un marché national plus vaste et les réformes économiques qui en ont découlé.
L’intégration de la Franche-Comté dans le royaume de France a entrainé certains ajustements dans les relations communautaires et identitaires de la région. Les habitants de la Franche-Comté ont été confrontés à un défi délicat : préserver leur héritage culturel tout en s’adaptant aux nouvelles attentes de l’administration française.
- Une confluence de traditions et d’influences
L’identité comtoise, forgée par des siècles de traditions locales et d’histoire distincte, a été soumise à une pression d’assimilation. Les habitants ont dû trouver un équilibre entre la préservation de leur héritage culturel et l’adoption des pratiques et des normes imposées par la France. La langue, les coutumes, et les pratiques locales ont persisté, mais elles ont dû coexister avec les influences françaises. Cette cohabitation a créé une dynamique complexe où les éléments comtois et français se sont entremêlés, donnant naissance à des formes hybrides d’identité333.
- L’évolution de l’identité régionale
Certains aspects de l’identité comtoise ont été préservés avec détermination, en particulier dans les zones rurales et isolées. Les habitants ont cherché à maintenir leurs traditions, leur langue et leur mode de vie face à la pression de l’assimilation. D’un autre côté, d’autres ont opté pour une adaptation plus prononcée, en embrassant certains aspects de la culture française tout en conservant une partie de leur identité comtoise. Cette situation s’est reflétée dans des domaines comme la cuisine, l’architecture, et les pratiques sociales334.
- L’apparition d’une identité hybride
Cette période a été le théâtre de la naissance d’une identité hybride, où les traditions comtoises se sont mêlées aux influences françaises. A titre d’exemple, des festivals locaux ont pu intégrer des éléments de la culture française tout en préservant leurs racines comtoises. L’identité comtoise est alors devenue plus complexe et diversifiée, du fait qu’elle reflète désormais les tensions entre la préservation de l’ancien et l’adoption du nouveau335. Personnellement, cette dualité a enrichi le tissu social de la région, créant une mosaïque culturelle riche et dynamique.
L’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France a aussi apporté des changements dans le paysage ecclésiastique et les institutions religieuses de la région. L’Eglise, qui exerçait une influence prépondérante sur la vie sociale et culturelle comtoise, a dû s’adapter aux nouvelles réalités imposées par la monarchie française.
- La réorganisation des structures de pouvoir
Les relations entre les autorités religieuses et l’administration royale ont été réorganisées, marquant un changement dans la hiérarchie du pouvoir. Les nominations ecclésiastiques et la gestion des biens de l’Eglise ont été soumises à une forte surveillance de la part de la couronne française. La politique de centralisation de la France a conduit à une plus grande implication de l’Etat dans les affaires religieuses. Les décisions concernant les nominations de hauts dignitaires ecclésiastiques et la gestion des biens de l’Eglise étaient souvent prises par l’administration royale, ce qui a réduit l’autonomie traditionnelle de l’Eglise comtoise336.
- L’influence sur les pratiques religieuses
Les politiques de centralisation et d’uniformisation religieuse de la France ont également eu un impact sur les pratiques religieuses locales. Les différences régionales dans les rites et les coutumes ont progressivement cédé le pas à une forme plus standardisée de pratique religieuse, alignée sur les normes de l’Eglise catholique française. Ceci étant, malgré ces changements, certaines pratiques religieuses locales ont persisté, témoignant de la résilience des traditions comtoises. Les communautés locales ont effectivement cherché à préserver leurs coutumes et leurs rites traditionnels, même face aux pressions de l’Eglise nationale337.
- De nouveaux défis et opportunités
L’intégration de l’Eglise comtoise dans les structures de pouvoir françaises a présenté des défis pour le clergé local, ce dernier devant s’adapter à de nouvelles exigences et normes. Certains membres du clergé ont pu résister à ces changements, tandis que d’autres ont vu dans cette nouvelle hiérarchie des opportunités d’avancement et d’influence. Globalement, l’annexion a marqué une évolution dans l’engagement religieux des habitants de la Franche-Comté, les incitant à réévaluer et à redéfinir leur relation avec l’Eglise et la foi. Certains ont renforcé leur attachement à la religion en réponse aux changements politiques, tandis que d’autres ont pu s’éloigner de l’institution religieuse en raison de ses liens plus étroits avec le pouvoir séculier338.
L’intégration de la Franche-Comté au sein du royaume de France a suscité des réactions variées au sein de la société comtoise, marquées par des résistances, mais également par des processus d’adaptation et de négociation.
- Les résistances initiales
Certains segments de la population comtoise ont manifesté une opposition aux nouvelles autorités françaises. Cette opposition était motivée par la crainte de perdre des privilèges traditionnels, notamment ceux accordés par l’administration espagnole précédente. Des révoltes sporadiques et des actes de résistance passive ont éclaté dans certaines régions de la Franche-Comté. Ces manifestations étaient généralement une réponse aux charges fiscales élevées imposées par la France ou à des atteintes perçues aux traditions locales339.
- Les adaptations et négociations
Face aux changements imposés par l’annexion, de nombreux Comtois ont cherché des moyens d’adapter leur mode de vie et leurs activités pour s’intégrer au nouveau cadre social et politique. Cette situation s’est manifestée par des ajustements dans les pratiques économiques, sociales et culturelles. Certains membres de la société comtoise ont entrepris des négociations avec les nouvelles autorités en vue de préserver certains privilèges ou d’obtenir des compensations face aux pertes subies. Ces négociations ont contribué à façonner une transition progressive vers une société intégrée au sein du royaume de France340.
- L’évolution des dynamiques sociales
Au fil du temps, les résistances ont cédé la place à des processus d’intégration et d’assimilation au sein du royaume de France. Les Comtois ont progressivement trouvé leur place dans la nouvelle structure sociale et politique. Cette situation a contribué à la construction d’une identité comtoise au sein du cadre français plus large341.
Même si des tensions étaient survenues initialement, le dialogue et la coexistence entre les différentes communautés ont favorisé une transition pacifique vers l’intégration. Les échanges culturels et les interactions sociales ont permis de construire des ponts entre les identités locales et nationales, ce qui a permis d’enrichir le tissu social de la Franche-Comté342.
En conclusion, la situation sociale de la Franche-Comté après l’annexion a été caractérisée par une période de transition particulière, marquée par des adaptations, des résistances et des transformations. Les différentes strates de la société comtoise ont dû trouver un certain équilibre entre la préservation de leur héritage et l’intégration dans les nouvelles structures imposées par la monarchie française.
Après l’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France, une importante refonte de son organisation institutionnelle fut entreprise. Ce développement se penche sur deux aspects de cette restructuration : le parlement et les finances. Le parlement, en tant qu’institution judiciaire et politique, a subi des modifications significatives pour s’aligner sur le système juridique français. Quant aux finances, elles ont été réorganisées afin de s’intégrer dans le cadre financier de la France, avec des implications importantes sur la gestion économique et fiscale de la région. Ce processus de réorganisation institutionnelle a remodelé le paysage politique et administratif de la Franche-Comté post-annexion, et reflète l’empreinte de la monarchie française sur ses nouvelles acquisitions territoriales.
Après l’annexion de la Franche-Comté, l’institution du parlement a été profondément transformée dans l’optique de son alignement sur le modèle institutionnel français. Le parlement, en tant qu’organe judiciaire et politique clé, a subi de grands changements dans sa composition, ses compétences, et son fonctionnement.
La réorganisation du parlement de Franche-Comté constitue l’une des mesures centrales entreprises par la monarchie française après l’annexion de la région. Cette réforme a modifié la structure du pouvoir judiciaire et a eu des répercussions significatives sur l’administration et la gouvernance locales.
Avant l’annexion, le parlement de Franche-Comté fonctionnait selon un modèle traditionnel, avec des membres élus localement représentant les intérêts régionaux. Cependant, suite à l’intégration au royaume de France, cette structure a été entièrement remodelée de sorte de refléter celle des parlements royaux français. Désormais, les magistrats composant le parlement étaient nommés directement par le roi, ce qui a entrainé une perte d’autonomie et d’influence pour les élites locales343.
La centralisation du pouvoir judiciaire était l’objectif principal de cette réforme. En remplaçant les membres élus par des magistrats nommés par le roi, l’administration royale cherchait à renforcer son contrôle sur la Franche-Comté et à uniformiser les pratiques juridiques avec le reste du royaume. Cette centralisation visait également à éliminer toute forme de résistance locale et à garantir une cohérence dans l’application des lois édictées par la couronne344.
Cette réforme a eu de fortes conséquences sur l’administration et la gouvernance locales. Plus précisément, elle a réduit l’autonomie politique et juridique de la Franche-Comté, en plaçant le pouvoir judiciaire sous le contrôle direct du roi. Les élites locales ont alors perdu leur influence sur le processus décisionnel. Ils ont dû s’adapter à un nouveau système dans lequel leur rôle était considérablement réduit345.
Ainsi, la réorganisation du parlement de Franche-Comté a marqué une étape importante dans le processus d’intégration de la région au royaume de France. Cette centralisation du pouvoir judiciaire témoigne des efforts de la monarchie pour consolider son emprise sur les territoires nouvellement acquis et pour uniformiser l’administration à l’’échelle nationale.
La redéfinition des compétences et du rôle du parlement de Franche-Comté a été une étape déterminante dans l’alignement de la région sur le système judiciaire français. Cette transition a entrainé certains ajustements dans le fonctionnement et les responsabilités de l’institution parlementaire. Elle a pareillement consolidé le contrôle royal sur la Franche-Comté tout en préservant certaines formes de contrôle judiciaire sur l’exécutif.
Le parlement de Franche-Comté s’est alors vu confier de nouvelles responsabilités conformément au modèle judiciaire français. Il était désormais chargé de l’enregistrement des édits royaux, de l’administration de la justice, et de la supervision des affaires administratives locales346. Ce changement de mandat a reflété la volonté de la monarchie française d’uniformiser les pratiques administratives dans l’ensemble du royaume.
Malgré la centralisation du pouvoir judiciaire, le parlement de Franche-Comté a conservé un certain degré ‘’indépendance et de contrôle judiciaire. Il avait en effet le pouvoir de vérifier la légalité des lois et des ordonnances émises par l’autorité royale, ce qui assurait une certaine surveillance sur l’exécutif347. Cette fonction de vérification aurait garanti un équilibre des pouvoirs et une certaine protection des libertés individuelles dans la région.
La redéfinition des compétences et du rôle du parlement de Franche-Comté a ainsi contribué à consolider le contrôle royal sur la région tout en préservant certains aspects du système judiciaire local. Cette transition a été une étape décisive dans l’intégration de la Franche-Comté au royaume de France, du fait qu’elle marque une convergence vers les normes administratives et judiciaires de la monarchie française.
La transformation du parlement de Franche-Comté ne s’est pas limitée à des ajustements structurels ; elle a également été marquée par un engagement envers la préservation de l’identité juridique et culturelle de la région. Cette dualité entre intégration dans le système judiciaire français et préservation des spécificités comtoises a défini le rôle du parlement dans cette période de transition.
Malgré son intégration au système judiciaire français, le parlement de Franche-Comté a continué à traiter certaines affaires en accord avec les lois et les coutumes locales. Cette approche a permis de préserver une certaine spécificité comtoise au sein du système juridique français, et témoigne de l’attachement à l’identité culturelle et juridique de la région348 :
- Le parlement de Franche-Comté a pu continuer à traiter les affaires liées à la gestion des biens féodaux selon les coutumes locales établies. C’est notamment le cas des litiges concernant les droits de propriété sur les terres agricoles ou les droits de seigneurie qui ont souvent été résolus en tenant compte des pratiques traditionnelles comtoises, même si ces affaires étaient soumises à la juridiction du parlement français.
- Les affaires de succession et d’héritage ont également été traitées en accord avec les coutumes locales. Les règles de succession, les droits des héritiers, et la répartition des biens ont été déterminés en fonction des lois coutumières comtoises, ceci afin de préserver les traditions locales en matière de transmission de patrimoine.
- Les litiges relatifs au droit foncier, tels que les conflits sur les limites des propriétés ou les droits d’usage des terres, ont été examinés en fonction des pratiques établies localement. Les décisions du parlement ont reflété les normes et les coutumes spécifiques à la Franche-Comté, même si elles étaient prononcées dans le cadre du système judiciaire français.
En préservant les pratiques juridiques et culturelles traditionnelles, le parlement a agi comme un rempart contre l’uniformisation totale du système judiciaire français. Son rôle dans la protection de l’identité juridique et culturelle de la Franche-Comté a été pertinent pour maintenir un équilibre entre l’intégration dans le royaume de France et la préservation des particularités locales349.
Le parlement de Franche-Comté a alors fonctionné comme un pont entre deux mondes juridiques, notamment entre l’adhésion aux normes françaises et la préservation des traditions locales. Cette approche a permis à la région de s’intégrer progressivement au royaume de France tout en préservant son héritage juridique et culturel distinctif. La transformation du parlement de Franche-Comté après son annexion par la France témoigne de l’effort de centralisation et d’uniformisation administrative entrepris par la monarchie française. Tout en renforçant le contrôle royal sur la région, ces changements ont également préservé certains aspects de l’identité juridique et culturelle comtoise au sein du système judiciaire français.
Après l’annexion de la Franche-Comté par la France, une réorganisation complète du système financier de la région a été entreprise dans le but de l’intégrer dans le cadre financier du royaume. Cette réorganisation des finances comtoises a été essentielle pour consolider le contrôle économique de la France sur la région et pour harmoniser les pratiques financières avec celles du royaume.
L’un des premiers ajustements majeurs après l’annexion a été l’alignement du système fiscal comtois sur celui du royaume de France. Les impôts et les taxes, comme la taille et la gabelle, ainsi que divers droits de douane, ont été introduits dans la région, ce qui reflétait les pratiques fiscales en vigueur dans le reste du royaume. Cette uniformisation fiscale avait pour objectif d’accroitre les revenus de l’Etat français tout en établissant une certaine cohérence fiscale à travers le territoire350.
Cependant, l’introduction de ces nouveaux impôts a souvent été mal accueillie par la population comtoise. En effet, les taxes françaises étaient plus lourdes que les impôts locaux précédents, ce qui a provoqué des tensions et des mécontentements parmi les habitants. De nombreux paysans et artisans ont alors été confrontés à une augmentation soudaine de leur charge fiscale, et cette situation a entrainé des difficultés financières et des protestations351.
Les réformes fiscales ont également eu un impact sur l’économie locale. Les nouveaux impôts ont fait augmenté le coût de la vie pour de nombreux habitants, réduisant ainsi leur pouvoir d’achat et affectant la consommation. De plus, les nouvelles taxes sur le commerce et l’industrie ont eu des répercussions sur les entreprises locales, en particulier les petites et moyennes entreprises, qui ont dû faire face à des coûts supplémentaires et à des obstacles à leur développement352.
Après son intégration dans le royaume de France, la gestion des finances publiques de la Franche-Comté a été modifiée pour se conformer au modèle administratif français. Sous l’autorité royale, la centralisation des finances est devenue une priorité, avec pour objectif principal d’assurer une gestion plus efficace des ressources financières de la région. Désormais, les comptes et les budgets de la Franche-Comté étaient soumis à une supervision directe de l’administration financière française. Cette centralisation a entrainé une réduction de l’autonomie financière de la région, avec pour conséquence une perte de contrôle local sur les décisions budgétaires et fiscales353.
L’objectif principal de cette centralisation était de prévenir la corruption et les détournements de fonds au niveau local. En plaçant la gestion des finances publiques sous l’égide de l’administration royale, le gouvernement français cherchait à instaurer une plus grande transparence et une meilleure surveillance des dépenses publiques. Cette mesure était également destinée à harmoniser les pratiques administratives financières de la Franche-Comté avec celles du reste du royaume, dans l’optique de renforcer l’intégration de la région dans l’ensemble de la structure administrative française354.
Cependant, cette centralisation a également suscité des inquiétudes parmi la population comtoise, notamment en ce qui concerne la perte d’influence locale sur les décisions financières et l’imposition de taxes plus lourdes par l’administration royale. De nombreux habitants ont ainsi vu cette centralisation comme une intrusion dans leurs affaires locales et ont exprimé leur mécontentement face à cette perte d’autonomie financière355. Bien que la centralisation ait permis une gestion plus efficace des finances publiques, elle a également généré des tensions sociales et politiques au sein de la Franche-Comté nouvellement intégrée dans le royaume de France.
A la suite de son rattachement au royaume de France, la Franche-Comté a été le théâtre d’importants investissements dans son infrastructure économique. Sous l’impulsion de l’administration royale, des fonds ont été alloués à plusieurs secteurs clés de l’économie comtoise, dans le but de moderniser et de renforcer l’intégration de la région dans l’économie nationale française.
D’abord, le secteur agricole a été la cible d’investissements visant à améliorer les rendements et la productivité. Des initiatives telles que l’introduction de nouvelles techniques agricoles, la construction d’infrastructures d’irrigation, et l’encouragement à l’utilisation de nouvelles variétés de cultures ont été lancées afin de moderniser les pratiques agricoles traditionnelles. Ces efforts ont permis d’accroitre la production alimentaire et de renforcer la sécurité alimentaire de la région, tout en stimulant les exportations vers d’autres régions françaises356.
Ensuite, des investissements importants ont également été réalisés dans le secteur industriel. Les autorités royales ont encouragé la création de nouvelles manufactures et de développement des industries existantes, notamment dans les domaines de la métallurgie, de la verrerie, et du textile. Ces investissements ont permis de dynamiser l’économie locale en créant de nouveaux emplois et en stimulant la croissance économique à travers la production de biens destinés au marché national et international357.
Enfin, des efforts ont été déployés dans le but de moderniser le secteur du commerce et des infrastructures de transport de la région. Des routes ont été rénovées et de nouveaux axes de communication ont été développés en vue de faciliter les échanges commerciaux et favoriser la circulation des marchandises. De plus, des incitations ont été offertes aux commerçants locaux pour promouvoir le commerce interne et externe, ce qui a contribué à renforcer les liens économiques de la Franche-Comté avec le reste du royaume de France358.
Il peut être observé que la réorganisation des finances de la Franche-Comté après son annexion par la France a été une étape importante dans le processus d’intégration de la région dans le royaume. Bien qu’elle ait renforcé le contrôle économique de la France sur la région, cette réorganisation a également contribué à moderniser l’administration financière de la Franche-Comté et à stimuler son développement économique sous l’égide du royaume français.
Conclusion de la première partie
Pour conclure cette première partie, nous avons analysé les nombreuses facettes de la Franche-Comté avant et après son rattachement au royaume de France. Cette région, marquée par une forte identité culturelle et des particularités institutionnelles et juridiques, s’est trouvée confrontée à une redéfinition de son statut à l’issue de son annexion. D’abord indépendante et caractérisée par des institutions singulières, comme ses douanes autonomes et son droit distinctif, la Franche-Comté a dû s’adapter progressivement aux structures du royaume de France, tout en conservant certains éléments de son patrimoine institutionnel.
Les enjeux diplomatiques et militaires qui ont conduit à son annexion ont illustré la complexité des relations entre la Franche-Comté, ses voisins européens, et la couronne française. Ces événements ont permis d’instaurer une nouvelle gouvernance, fondée sur des réformes fiscales, administratives et sociales, dont le but est d’harmoniser la région avec le reste du royaume. Malgré les résistances et les adaptations nécessaires, cette transition a initié un processus d’intégration marqué par la centralisation royale et la réorganisation institutionnelle.
Ainsi, l’histoire de la Franche-Comté à travers ce prisme met en avant les dynamiques d’une province aux particularités affirmées, qui a su, malgré les changements imposés, préserver une partie de son héritage identitaire et culturel tout en entrant dans le cadre institutionnel français. Ce contexte éclaire les raisons de l’intérêt de la couronne française pour cette province et les résistances locales qui sont apparues face aux ambitions centralisatrices de Louis XIV.
Dans cette continuité, la deuxième partie de ce travail se penchera sur les transformations institutionnelles en Franche-Comté, en analysant les réformes introduites et leur impact comparatif avec d’autres provinces françaises, comme la Bretagne, l’Alsace et la Bourgogne. Elle abordera également le destin des libertés comtoises à travers une analyse des aspects juridiques, institutionnels, économiques et culturels, en vue de cerner comment ces libertés ont pu perdurer, s’adapter, ou être progressivement érodées sous l’autorité française.
PARTIE 2 : LES TRANSFORMATIONS INSTITUTIONNELLES EN FRANCHE-COMTE A L’ISSUE DE SON ANNEXION PAR LE ROYAUME DE FRANCE
La seconde partie de cette thèse se consacre aux transformations institutionnelles qui ont marqué la Franche-Comté après son rattachement au royaume de France. Cette annexion n’a pas seulement impliqué une réorganisation administrative et juridique, mais a aussi confronté la région à de profondes réformes dans ses pratiques et structures locales, et ce, afin d’aligner la Franche-Comté sur le modèle français.
Nous examinerons en premier lieu comment les particularités institutionnelles de la Franche-Comté se distinguent de celles des autres provinces françaises, telles que la Bretagne, l’Alsace, et la Bourgogne, à travers une analyse comparative du droit et des administrations locales. Ces comparaisons permettront de mieux comprendre les particularités comtoises et les contraintes liées à l’unification des pratiques administratives et juridiques dans un royaume en pleine centralisation.
Ensuite, nous analyserons l’évolution des libertés comtoises, qui ont longtemps symbolisé l’autonomie de la région. Il s’agira d’examiner comment certains droits ont pu subsister malgré les pressions centralisatrices de la monarchie, tandis que d’autres ont progressivement disparu, marquant ainsi la transition de la Franche-Comté vers une gouvernance de plus en plus unifiée au sein du royaume de France.
CHAPITRE 1 : Analyse comparative entre la Franche-Comté et d’autres provinces
L’annexion de la Franche-Comté au royaume de France, bien qu’ayant entrainé une intégration politique et administrative, a suscité des ajustements au sein de cette province historiquement autonome. Les spécificités culturelles, institutionnelles et juridiques de la Franche-Comté, forgées par des siècles de pratiques et de traditions locales, se sont trouvées en décalage avec le modèle centralisé imposé par la monarchie française. Ce chapitre expose la singularité de la Franche-Comté en comparaison à d’autres provinces du royaume, à la fois celles ayant une histoire d’autonomie provinciale, comme la Bretagne et l’Alsace, et celles partageant des statuts et privilèges similaires.
Dans un premier temps, les distinctions fondamentales entre le droit comtois et le droit français, ainsi que les différences dans l’organisation et les prérogatives des Etats généraux en Franche-Comté face aux institutions françaises seront développées. Cette analyse permettra de mieux cerner les ajustements imposés par la couronne, mais aussi les résistances et adaptations locales qui ont marqué cette période d’intégration.
Dans un second temps, une analyse comparative sera effectuée entre la Franche-Comté et des provinces également rattachées à la France mais ayant maintenu des statuts particuliers. Par ce biais, nous mettrons en évidence les caractéristiques culturelles et idéologiques propres à la Franche-Comté et verrons comment elles se distinguent ou se rapprochent de celles des autres provinces, en particulier dans les domaines juridiques et administratifs. Cette approche permettra de mieux saisir les défis auxquels la monarchie française a dû faire face pour harmoniser les diversités provinciales au sein d’un royaume en pleine centralisation.
Section 1 : La Franche-Comté et la France
L’intégration de la Franche-Comté au royaume de France a mis en exergue des différences marquées entre le droit comtois et le système juridique français, ainsi que dans l’organisation des Etats généraux. Ces divergences, ancrées dans l’histoire de la Franche-Comté, reflètent une province qui, bien que désormais rattachée à la France, a longtemps fonctionné selon ses propres règles et institutions. A travers l’étude des spécificités du droit comtois et des particularités des Etats généraux comtois, nous mettrons en évidence les défis liés à l’adaptation à une administration royale centralisée. Cela soulève des questions sur la manière dont les traditions locales ont dû évoluer pour s’harmoniser avec les exigences du royaume. Cette analyse nous permettra de mieux cerner les répercussions de l’annexion sur les pratiques institutionnelles et juridiques comtoises.
Le droit comtois, avec ses racines profondément ancrées dans l’histoire locale, se distingue par des principes et pratiques divergents du droit français centralisé. L’annexion par le royaume de France a confronté ces deux systèmes, générant des tensions mais aussi des adaptations pour harmoniser les règles locales avec les exigences royales. Cette section aborde les fondements historiques du droit comtois, les conflits engendrés par la centralisation, et les transformations imposées aux pratiques juridiques locales.
Les fondements historiques du droit comtois reflètent une influence locale forte et unique, distincte du système français. Ancré dans les coutumes et les spécificités de la région, le droit comtois a évolué en même temps que le droit français, mais en préservant des particularités propres. Ce point examine les origines du droit comtois et analyse ses similitudes et différences avec le droit coutumier français.
- Les origines et l’évolution du droit comtois
Le droit comtois trouve ses racines dans un contexte historique riche et complexe, où la Franche-Comté, à travers les âges, a été le creuset d’influences culturelles et juridiques diverses. À l’époque médiévale, la région était placée sous la domination des ducs de Bourgogne, ce qui a permis le développement d’un système juridique autonome. Cette période a été marquée par l’intégration des droits féodaux et des coutumes locales, qui ont largement contribué à forger l’identité juridique de la province359.
L’autonomie juridique de la Franche-Comté s’est traduite par la codification des usages et des pratiques qui lui étaient propres. Parmi les textes pertinents de cette période, le Coutumier de Franche-Comté, rédigé au XVe siècle, se distingue comme une compilation des lois et des coutumes en vigueur dans la région. Ce document illustre non seulement la volonté des habitants de la Franche-Comté de préserver leurs traditions juridiques, mais aussi l’importance de l’écrit dans l’établissement et la diffusion du droit360.
Les coutumes locales, enregistrées dans ce Coutumier, témoignent d’une grande variété de règles régissant les relations sociales, économiques et politiques, de la régulation des successions à la gestion des conflits entre seigneurs et paysans. Cela a permis d’établir un cadre juridique spécifique, respectant les particularités de la vie comtoise tout en restant en interaction avec les évolutions des droits voisins361.
Il peut ainsi être retenu que l’héritage du droit comtois est le résultat d’un processus d’adaptation et de transformation, qui intègre des éléments internes et externes. La période médiévale a été décisive pour la structuration d’un système juridique qui, tout en étant influencé par les normes féodales, a su se forger une identité propre, faisant du droit comtois un domaine d’étude à la fois fascinant et complexe.
- L’influence des systèmes juridiques voisins sur le droit comtois
L’influence du droit comtois résulte non seulement de son évolution interne mais également de son interaction avec les systèmes juridiques voisins, notamment le droit suisse et le droit allemand. La proximité géographique de la Franche-Comté avec ces régions a favorisé des échanges culturels et juridiques, ce qui a permis d’enrichir le corpus normatif de la province. Cette dynamique d’influence mutuelle a permis au droit comtois de s’ouvrir à de nouvelles idées et pratiques juridiques, tout en préservant ses particularités locales362.
Les échanges avec le droit suisse, par exemple, ont introduit des notions de droit public et des mécanismes de résolution de conflits qui ont contribué à affiner le système judiciaire comtois. De même, le droit allemand, avec son héritage féodal et ses codes juridiques, a apporté des perspectives complémentaires sur les relations de propriété et les obligations entre les individus. Ces influences ont permis au droit comtois d’évoluer, tout en maintenant un équilibre délicat entre innovation et préservation des traditions locales363.
Par ailleurs, le droit comtois a conservé des éléments de la tradition romaine, ce qui lui a conféré une certaine souplesse et adaptabilité. La continuité des principes romains, comme la protection des droits de propriété et la reconnaissance des contrats, a permis au droit comtois de s’adapter aux besoins changeants de la société au fil des siècles. Cette capacité d’adaptation a été nécessaire pour maintenir la légitimité et l’efficacité du droit dans un contexte qui évolue364.
- L’évolution et la résilience du droit comtois à travers les époques
Au fil des siècles, le droit comtois a démontré une remarquable capacité d’évolution et d’adaptation face aux changements politiques et sociaux, notamment lors des transitions entre les différentes puissances qui se sont succédé dans la région. Des ducs de Bourgogne aux souverains français, chaque époque a apporté son lot de difficultés et d’opportunités pour le droit comtois, qui a su se réinventer tout en préservant ses fondements.
Malgré les tentatives de centralisation du pouvoir royal français après l’annexion, le droit comtois a réussi à maintenir une part importante de son autonomie. Cette situation s’est traduite par une coexistence parfois conflictuelle avec le droit français, ce qui est illustré par une tension entre l’imposition d’un système juridique unifié et le désir des Comtois de préserver leur spécificité. Les instances judiciaires locales ont continué à traiter certaines affaires en se référant aux coutumes et lois comtoises, et cette situation a permis de maintenir une distinction par rapport au droit central français365. Cette résilience du droit comtois a contribué à la préservation de l’identité juridique de la Franche-Comté, et a également enrichi le paysage juridique français dans son ensemble. En intégrant des éléments du droit royal dans son fonctionnement quotidien, le droit comtois a su se moderniser tout en affirmant ses particularités. Ce processus d’adaptation a permis aux Comtois de respecter à la fois les exigences d’un cadre juridique national et leur héritage local366.
Ainsi, l’évolution du droit comtois, marquée par une capacité d’adaptation face aux bouleversements politiques et une volonté de préserver ses spécificités, témoigne de la vitalité d’un système juridique qui, même confronté à des défis extérieurs, a su conserver sa pertinence et son importance au sein de la société comtoise. Nous pouvons constater que cette dualité enrichit non seulement l’histoire du droit en Franche-Comté, mais aussi celle de la France dans son ensemble.
- Une singularité juridique : le droit comtois face au droit coutumier français
Le droit comtois et le droit coutumier français, bien que partageant certaines racines médiévales communes, présentent des divergences marquées dans leurs principes fondamentaux et leurs modes d’application. Dans le royaume de France, le droit coutumier se caractérisait par une grande diversité régionale, chaque province ayant ses propres usages et règles de droit coutumier. Cependant, dès la fin du Moyen Âge, la monarchie française a initié des réformes dont le but est de réduire cette diversité et de créer une uniformité juridique à l’échelle nationale. Ces efforts d’unification répondaient au besoin de renforcer l’autorité royale et de centraliser le pouvoir, en intégrant progressivement les coutumes locales dans un cadre plus homogène367.
En revanche, le droit comtois s’est développé de manière plus autonome en raison de l’histoire particulière de la Franche-Comté. Située à la frontière de plusieurs influences culturelles et politiques, cette région a été marquée par une pluralité d’influences juridiques, notamment le droit germanique, suisse et bourguignon. Ce contexte a permis au droit comtois de conserver une forte originalité, avec des coutumes et des pratiques judiciaires locales qui divergeaient nettement des principes du droit coutumier français. Contrairement à la France, où la monarchie cherchait à unifier et centraliser, la Franche-Comté, grâce à son autonomie sous l’autorité des ducs de Bourgogne puis des Habsbourg, a pu préserver des particularités juridiques qui répondaient aux besoins locaux et aux réalités de son environnement géopolitique368.
Cette singularité du droit comtois, nourrie par une mixité des sources et un contexte d’autonomie prolongée, lui conférait une souplesse et une adaptabilité que le droit coutumier français, de plus en plus centralisé, ne pouvait offrir. La coexistence de ces deux systèmes a engendré des tensions, notamment après l’annexion de la Franche-Comté au royaume de France, lorsque le pouvoir royal a tenté d’imposer ses propres pratiques juridiques. Toutefois, cette période de fusion a également enrichi le droit français, en offrant un modèle d’adaptation entre une uniformisation centralisée et le respect des particularités locales369.
- La codification juridique : une approche distincte entre la Franche-Comté et le Royaume de France
Une des principales distinctions entre le droit comtois et le droit coutumier français résidait dans leurs méthodes de codification et d’application des coutumes. En Franche-Comté, les coutumes locales étaient soigneusement enregistrées dans des documents spécifiques à la région comme le Coutumier de Franche-Comté, qui constituait une référence pour les pratiques juridiques locales. Ces coutumiers, ancrés dans les traditions locales, servaient de cadre pour l’application du droit et reflétaient une certaine indépendance vis-à-vis des influences extérieures, privilégiant les réalités et les besoins propres de la région370.
En revanche, dans le royaume de France, la codification des coutumes répondait progressivement à une logique d’uniformisation juridique. Les décisions du Parlement de Paris, influencé par le pouvoir royal, guidaient de plus en plus la formulation des coutumes et leur application. Cette centralisation avait pour but de faciliter l’administration de la justice royale et d’assurer un contrôle plus strict des juridictions locales. Ainsi, les réformes royales françaises, en cherchant à imposer une unité législative, avaient pour objectif de renforcer le pouvoir central et d’homogénéiser le système juridique dans l’ensemble des provinces371.
Ces différences de codification ont eu des conséquences sur les pratiques juridiques de chaque région. En Franche-Comté, la justice s’appuyait sur des coutumes enracinées dans le tissu social et culturel local, ce qui accorde une certaine souplesse dans la résolution des affaires locales. A l’inverse, en France, le modèle unifié facilitait l’exercice du pouvoir central, renforçant l’intégration administrative mais au prix d’une perte de particularités locales372. Cette approche contrastée entre les deux régions met en évidence la tension entre autonomie juridique et centralisation, et illustre deux modèles de gouvernance qui ont cohabité jusqu’à l’annexion de la Franche-Comté.
- Une relation distincte avec le pouvoir central : autonomie et résistance du droit comtois
La relation entre le droit comtois et le pouvoir central, notamment après l’annexion de la Franche-Comté par la France, contrastait fortement avec celle observée dans d’autres provinces françaises. En Franche-Comté, malgré l’intégration dans le royaume, le droit coutumier local conservait une place privilégiée. Ce respect des traditions juridiques locales était en partie dû à la résistance des autorités comtoises et à la volonté de maintenir une certaine indépendance. Les élites locales et les juristes de la région s’efforçaient de préserver leurs pratiques traditionnelles, en considérant le droit coutumier comme un élément fondamental de leur identité régionale373.
D’un autre côté, dans le reste de la France, l’influence du droit romain et les réformes administratives mises en œuvre par la monarchie renforçaient la centralisation du pouvoir. Les réformes avaient pour objectif de consolider l’autorité royale en imposant une certaine homogénéité juridique, ce qui réduisait la diversité des coutumes régionales. Cette unification progressive avait pour but de faciliter le contrôle administratif et l’exercice de la justice dans un cadre national centralisé, au détriment des particularismes locaux374.
En Franche-Comté, cette centralisation a été perçue comme une menace pour l’autonomie juridique régionale, et a suscité des tensions et résistances dans l’application des lois royales. Les autorités locales, en cherchant à maintenir leurs spécificités coutumières, ont négocié des adaptations pour concilier les exigences du pouvoir royal avec les réalités locales375. Cette dynamique entre résistance et adaptation démontre la singularité du droit comtois face aux efforts d’unification juridique, témoin de la profonde attache de la région à son patrimoine juridique et de son rôle dans le maintien de son identité face aux pressions centralisatrices.
Ainsi, le contraste entre le droit comtois et le droit coutumier français expose d’une part les différences juridiques, et d’autre part les disparités dans la manière dont l’autorité monarchique était perçue et exercée. La comparaison entre ces deux systèmes met en évidence l’importance de l’identité juridique en Franche-Comté, qui, malgré la centralisation française, est demeurée une composante essentielle de la culture et des pratiques locales.
Ce point traite des tensions et adaptations qui ont marqué l’intégration du droit comtois au sein du système juridique royal français après l’annexion de la Franche-Comté. Les réformes judiciaires imposées par le pouvoir central ont en effet suscité des résistances locales, les Comtois cherchant à préserver leurs pratiques juridiques distinctes. Cependant, face aux pressions de centralisation, le droit comtois a progressivement intégré certains éléments du droit royal, et ce, afin de répondre aux nouvelles exigences tout en maintenant des particularités locales.
Après l’annexion de la Franche-Comté par la France, les réformes judiciaires imposées par le pouvoir royal ont entrainé des résistances marquées de la part des autorités locales et de la population. Précisément, les Comtois étaient profondément attachés à leur système juridique distinctif, qu’ils considéraient comme un pilier de leur identité et un symbole de leurs libertés locales. Ce droit coutumier incarnait pour eux un patrimoine juridique irremplaçable, un protecteur de leur autonomie et reflétant leurs pratiques et valeurs particulières376.
L’imposition des normes judiciaires françaises, perçues comme des instruments de centralisation et de contrôle du pouvoir royal, a été largement rejetée par la noblesse comtoise et les institutions locales, notamment les parlements et les conseils de ville. Ces résistances se manifestaient de diverses manières : par des pétitions adressées au pouvoir royal, des refus d’appliquer les nouvelles normes judiciaires, ou encore des négociations pour préserver des aspects du droit comtois dans l’administration de la justice377.
Ces oppositions révèlent que l’annexion de la Franche-Comté dépassait les enjeux territoriaux et impliquait une confrontation culturelle et juridique. Le droit local, étroitement lié aux aspirations d’autonomie des Comtois, symbolisait leur désir de préserver leur particularité face à l’uniformisation imposée par la monarchie française378. Les efforts pour maintenir les spécificités comtoises témoignent ainsi de la résilience des habitants et de leur détermination à défendre leur identité juridique, malgré les pressions centralisatrices.
- Une transition mesurée
L’intégration des règles françaises en Franche-Comté a été conduite avec prudence et progressivité, afin d’atténuer les résistances locales et de faciliter l’acceptation des réformes par les habitants. Conscientes du poids des traditions comtoises et de la forte identité juridique de la région, les autorités françaises ont opté pour une approche de transition mesurée plutôt qu’une imposition directe et abrupte des normes. Cette stratégie cherchait à éviter des tensions qui auraient pu naitre d’une rupture trop brutale avec les pratiques et coutumes locales379.
Pour accompagner cette adaptation, certaines réformes françaises ont été introduites de manière graduelle, et des aspects du droit comtois furent maintenus dans certains domaines, notamment dans les affaires civiles et coutumières. Par exemple, les juridictions locales purent continuer à appliquer certaines coutumes comtoises, tout en intégrant progressivement des éléments du droit français380. Ces tolérances temporaires ont permis aux populations locales de s’adapter aux nouvelles normes, tout en préservant une partie de leur héritage juridique.
Ce processus de coexistence entre les deux systèmes souligne la volonté du royaume de France d’adopter une politique souple et pragmatique. Plutôt que de chercher à effacer immédiatement les particularités comtoises, la monarchie a favorisé un modèle d’intégration progressive. Ce modèle permettait de préserver la paix sociale, mais aussi d’encourager un sentiment d’appartenance et d’acceptation des réformes parmi les Comtois. Au fil du temps, cette transition prudente a contribué à l’assimilation de la Franche-Comté au sein du royaume, tout en respectant les particularités locales dans une phase de transformation profonde381.
- Concessions et compromis : l’intégration des institutions locales dans le système royal
En vue d’apaiser les tensions et de faciliter l’adaptation des Comtois aux nouvelles règles établies par le royaume de France, des concessions ont été accordées à la Franche-Comté. Ces concessions avaient pour objectif de maintenir la paix sociale tout en préparant une intégration complète des institutions locales au sein du système royal. En reconnaissant la nécessité de préserver certaines structures existantes, le royaume a montré sa volonté de respecter l’héritage juridique et culturel de la région382.
Parmi les mesures de concessions, l’autorisation de conserver des juridictions locales pour le traitement de litiges mineurs s’est révélée particulièrement bénéfique. Cette démarche a contribué à rassurer les élites locales, tout en permettant aux habitants de continuer à résoudre leurs différends selon des procédures qu’ils connaissaient et en qui ils avaient confiance. Grâce à la conservation de ces structures, la France a pu réduire la résistance face aux réformes tout en favorisant un sentiment d’autonomie au sein de la population383.
Cependant, dans des domaines plus sensibles comme la fiscalité et la justice criminelle, les réformes ont été appliquées de manière plus stricte. Cette mesure reflétait une volonté de la part de l’administration royale de garantir un contrôle sur les aspects les plus stratégiques de la gouvernance. Par le biais de normes plus strictes dans ces domaines, les autorités françaises ont cherché à affirmer leur autorité et à sécuriser les ressources financières nécessaires pour soutenir les ambitions de l’Etat royal384.
Cette dualité entre rigidité et souplesse a permis un équilibre délicat entre assimilation et préservation des particularités locales. Ainsi, la France a réussi à intégrer progressivement les institutions comtoises tout en maintenant un dialogue avec les acteurs locaux. Ce compromis a facilité la transition vers un système juridique et administratif unifié, et a contribué à renforcer l’identité régionale dans le cadre d’un ensemble plus large. Nous pouvons observer que ces concessions ont joué un rôle dans la création d’un environnement propice à l’intégration, permettant à la Franche-Comté de s’adapter tout en conservant une part de son histoire et de sa culture.
- L’acculturation du droit comtois dans le système français
Sur le long terme, le processus d’intégration des règles françaises en Franche-Comté a abouti à la création d’un cadre juridique hybride, dans lequel les normes françaises s’entremêlaient avec certaines pratiques comtoises adaptées. Cette acculturation juridique a permis de rapprocher progressivement la Franche-Comté du modèle français, tout en réduisant les disparités sans pour autant effacer complètement les particularités locales. L’intégration des spécificités comtoises dans le droit royal a favorisé une forme d’hybridation qui reflète les réalités culturelles et juridiques de la région385.
L’adoption progressive des coutumes juridiques françaises par les élites locales a également été un facteur dans ce processus. Assurant un rôle actif dans l’administration, ces élites ont facilité la transition vers un cadre juridique plus centralisé, et renforcé leur loyauté envers la Couronne. Ce phénomène d’assimilation a permis aux Comtois de maintenir leurs traditions juridiques tout en respectant les exigences d’un droit français en mutation, ce qui a donné place à un sentiment d’appartenance au sein d’un ensemble national, avec une possibilité de préserver des éléments de leur identité régionale386.
Même si le droit comtois a perdu une partie de son indépendance dans ce cadre, il a contribué à enrichir l’identité juridique française. En intégrant des aspects locaux dans le droit du royaume, la Franche-Comté a su apporter une dimension unique au système juridique national. Ceci étant, la région a démontré que l’unification juridique ne signifie pas nécessairement l’uniformisation, mais peut aussi être une opportunité pour la diversité culturelle et juridique de s’épanouir au sein d’un cadre plus large387. Ainsi, le droit comtois, loin d’être un vestige, est devenu une composante dynamique qui a participé à la construction d’un droit français plus riche et inclusif.
La centralisation mise en œuvre par le royaume de France a eu des répercussions sur les pratiques juridiques locales en Franche-Comté. L’introduction d’ordonnances royales avait pour objectif d’uniformiser les règles de droit, ce qui a donné lieu à une transformation des traditions juridiques comtoises vers un modèle plus centralisé. Cette évolution s’est manifestée par des cas de jurisprudence qui attestent de l’absorption progressive des principes juridiques français, au détriment des spécificités locales.
- L’impact des ordonnances royales sur les pratiques juridiques locales en Franche-Comté
L’introduction des ordonnances royales en Franche-Comté constitue un moment décisif dans le processus de centralisation de l’autorité juridique sous le règne de la monarchie française. Promulguées dans le but d’harmoniser le droit à l’échelle du royaume, ces ordonnances ont imposé des normes et des règles destinées à unifier les pratiques juridiques à travers les provinces, dont au sein de la région comtoise. Ce mouvement vers l’homogénéisation a eu des conséquences sur le paysage juridique local, notamment en redéfinissant les relations entre le droit comtois et les directives royales388.
D’abord, les ordonnances royales ont introduit des principes de droit qui, bien qu’ils visaient à simplifier le système judiciaire, ont également eu pour effet d’éroder les particularités du droit comtois. Les normes imposées ont généralement été perçues comme une menace à l’autonomie juridique que la Franche-Comté avait réussi à préserver au fil des siècles. Les autorités locales et les citoyens, profondément attachés à leurs coutumes et traditions juridiques, ont ressenti cette centralisation comme une imposition extérieure, ce qui remettait en question leur identité et leurs pratiques bien établies389.
Ensuite, la mise en œuvre de ces ordonnances a été confrontée à des résistances locales. Les acteurs juridiques, dont les magistrats et les avocats, ont dû intervenir entre le respect des nouvelles normes et le maintien des pratiques juridiques traditionnelles. Dans certains cas, cette situation a conduit à des tensions dans l’application du droit, où les anciennes coutumes continuaient à coexister avec les nouvelles règles imposées par la couronne390. Cette coexistence, bien que problématique, a mis en évidence la résilience du droit comtois face aux efforts de centralisation.
Enfin, la centralisation a pareillement influencé les perceptions des Comtois concernant leur système juridique. Alors que les ordonnances royales étaient censées faciliter l’administration de la justice, elles ont également soulevé des interrogations sur la légitimité et la pertinence des nouvelles normes dans un contexte local. Les habitants de la Franche-Comté ont de ce fait été amenés à réévaluer leur relation avec le pouvoir central, oscillant entre l’acceptation de certaines réformes et la volonté de défendre leurs particularités juridiques391.
- Une uniformisation contestée
L’introduction des ordonnances royales a entrainé un bouleversement important dans le paysage juridique de la Franche-Comté. Dans un premier temps, ces ordonnances ont remplacé certaines des règles du droit comtois, traditionnellement basées sur des coutumes locales, par des dispositions juridiques uniformes. Pour illustration, l’ordonnance de 1667 sur la réforme de la procédure civile a établi un cadre judiciaire destiné à favoriser une application uniforme des lois dans toutes les provinces, limitant l’autorité des juridictions locales. Ce changement a provoqué une onde de choc parmi les praticiens du droit et la population en général, qui ont perçu cette intrusion comme une menace directe à leurs pratiques traditionnelles et à l’autonomie juridique qu’ils avaient précédemment connue392.
La mise en œuvre de ces nouvelles normes a été accueillie avec une certaine méfiance, en particulier par les juristes locaux. Ces derniers, habitués à travailler dans un cadre où le droit comtois prédominait, se sont trouvés confrontés à des directives qui non seulement altéraient leurs méthodes de travail, mais remettaient également en question leur expertise et leur légitimité. Les avocats et les magistrats, qui assuraient un rôle substantiel dans l’application des coutumes locales, ont dû opérer entre l’adhésion aux nouvelles règles imposées par le pouvoir central et le désir de conserver les spécificités qui caractérisaient leur pratique393.
De plus, cette uniformisation du droit a engendré des tensions au sein des communautés locales. Les habitants de la Franche-Comté ont ressenti un certain malaise face à l’imposition de règles qui semblaient déconnectées de leur réalité quotidienne. Cette situation a suscité des débats sur la légitimité des nouvelles normes et sur la nécessité de préserver les coutumes qui avaient longtemps régi leurs vies394.
Ainsi, bien que les ordonnances royales aient eu pour objectif d’établir un cadre juridique cohérent et harmonisé, leur introduction a mis en avant les problématiques d’une telle démarche dans une région où le droit local occupait une place prépondérante. Les réactions variées de la population face à ces changements démontrent la complexité des processus d’intégration juridique, où le respect des traditions et l’adaptation aux nouvelles normes doivent coexister dans un équilibre délicat. Cette période marque alors un tournant dans l’évolution du droit comtois, où les aspirations d’autonomie se heurtent à la volonté de centralisation du pouvoir royal.
- L’uniformisation juridique et ses répercussions en Franche-Comté
L’uniformisation des pratiques juridiques en Franche-Comté, induite par les ordonnances royales, a également conduit à la création de nouveaux mécanismes juridiques. La mise en place de greffes et d’institutions judiciaires conformes aux standards français a marqué une rupture avec les structures juridiques traditionnelles de la région. Ces réformes ont d’un côté transformé les procédures judiciaires, et influencé la manière dont les litiges étaient résolus et perçus au sein de la société comtoise d’un autre395.
L’introduction de greffes, qui ont centralisé le traitement des affaires judiciaires, a remplacé les anciennes pratiques où les juridictions locales exerçaient une plus grande autonomie. Ce changement a permis une gestion plus systématique des dossiers, mais il a également entrainé un éloignement des justiciables par rapport à un système qu’ils considéraient comme plus accessible et plus en phase avec leurs réalités locales. Les nouvelles institutions, conformes aux normes françaises, ont standardisé les processus judiciaires, ce qui a conduit à une certaine perte de flexibilité dans la résolution des litiges, précédemment influencée par des pratiques coutumières plus adaptables396.
Les conséquences de cette uniformisation se sont également manifestées sur le plan culturel. La perception des litiges au sein de la société comtoise a évolué. Le recours à la justice est devenu plus formalisé et moins ancré dans les relations interpersonnelles qui prévalaient auparavant. Les habitants de la Franche-Comté ont dû s’adapter à un système où les décisions judiciaires étaient prises selon des règles établies à un niveau supérieur, éloigné de leur vécu quotidien. Cela a engendré une dynamique nouvelle dans les interactions sociales, où la méfiance envers les nouvelles institutions juridiques pouvait se mêler à un désir de conformité aux normes imposées397.
A partir de ces éléments, il peut être relevé que l’introduction des ordonnances royales et leur impact sur l’uniformisation des pratiques illustrent comment la centralisation française a progressivement modifié le paysage juridique en Franche-Comté. Ce processus a suscité des adaptations tant sur le plan institutionnel que culturel, et a révélé les tensions entre le respect des traditions locales et l’adhésion à un cadre juridique national. L’héritage de cette période demeure une preuve de la complexité des dynamiques juridiques, où les transformations imposées par un pouvoir central se heurtent à des identités régionales profondément ancrées.
L’absorption de principes juridiques français en Franche-Comté se manifeste à travers plusieurs cas de jurisprudence qui démontrent comment les normes et pratiques juridiques françaises ont été intégrées dans le système judiciaire local. Ces cas montrent d’une part l’évolution des règles juridiques, et d’autre part la manière dont le droit comtois s’est adapté aux exigences du droit royal français.
Un exemple à considérer est l’affaire de la cour d’appel de Besançon au XVIIIe siècle, où les juges ont dû interpréter et appliquer des ordonnances royales en matière de droits civils, en particulier celles relatives aux contrats et aux obligations. Dans cette affaire, la cour a commencé à se référer aux principes de la Code civil français, ce qui a entrainé une évolution importante dans la manière dont les contrats étaient interprétés et appliqués dans le cadre comtois398. Ce cas atteste la volonté des magistrats de s’adapter aux nouvelles exigences juridiques tout en cherchant à préserver certaines particularités locales.
Un autre exemple pertinent peut être observé dans le domaine des successions. Avant l’annexion, le droit comtois était marqué par des règles précises concernant les héritages et les partages. Cependant, suite à l’introduction des ordonnances royales, la jurisprudence a commencé à intégrer des principes tels que la liberté testamentaire et le partage égalitaire entre héritiers, conformément aux normes du droit français. Ces changements ont été particulièrement visibles dans des décisions judiciaires qui ont mis en exergue la manière dont les règles locales ont été réinterprétées à la lumière du droit français399.
Enfin, l’apparition de nouveaux litiges relatifs aux droits de propriété et aux baux a également été révélatrice de cette absorption. Par exemple, les tribunaux comtois ont commencé à appliquer des principes français concernant les baux à ferme, ce qui a entrainé une uniformisation des règles régissant la location de terres agricoles400. Dans ce contexte, les décisions des tribunaux reflètent une volonté d’harmoniser les pratiques locales avec les normes françaises, ce qui démontre comment le droit comtois a progressivement évolué vers une conformité avec le droit royal. Ces cas de jurisprudence montrent clairement que l’intégration des principes juridiques français n’a pas uniquement été un processus de remplacement, mais aussi un phénomène d’adaptation et de transformation des pratiques juridiques locales.
La structure et le fonctionnement des Etats généraux ont joué un rôle déterminant dans l’organisation politique de la Franche-Comté avant son annexion au royaume de France. Avec l’intégration de cette province, l’administration française a modifié de manière substantielles les Etats généraux comtois, ce qui a influencé leur rôle et leur pertinence au sein du nouveau cadre juridique et politique. Cette section analyse les transformations de l’administration des Etats généraux, en accordant une attention particulière à leur évolution et à l’influence grandissante des normes françaises dans la gouvernance locale après l’annexion.
Avant l’annexion de la Franche-Comté par le royaume de France, les Etats généraux comtois occupaient une place prépondérante dans la représentation des différents intérêts et des collectivités de la province. Leur structure et leur fonctionnement interne reflétaient une organisation politique décentralisée, en faveur de la participation des différentes couches sociales et des territoires. Cette section explose la composition des Etats généraux comtois, tout en soulignant les différences marquées avec les Etats généraux français, qui étaient plus centralisés et soumis à une autorité royale renforcée.
A titre de rappel, les Etats généraux de la Franche-Comté, institution représentative du gouvernement local avant l’annexion par la France, étaient composés de délégués issus des trois ordres traditionnels : le clergé, la noblesse, et le tiers état. Chaque ordre avait ses propres représentants, qui étaient chargés de porter les préoccupations et les intérêts de leur groupe respectif. Cette représentation plurielle permettait d’assurer un équilibre entre les différentes classes sociales et de garantir que les voix de toutes les couches de la société comtoise étaient entendues. Les membres des Etats étaient généralement élus par leurs pairs, ce qui renforçait le caractère local et démocratique de l’institution401.
Le fonctionnement interne des Etats généraux comtois était marqué par des débats réguliers, où les représentants discutaient des affaires politiques, économiques, et sociales de la province. Ces assemblées se réunissaient afin de traiter des questions telles que les impôts, la justice, et la défense des intérêts locaux face à l’autorité du duc de Bourgogne, qui gouvernait la Franche-Comté avant son rattachement à la France. Leurs décisions étaient, de façon générale, prises à la majorité, et bien que le pouvoir du duc restât prééminent, les Etats généraux jouaient un rôle important en tant que relais entre le peuple et le pouvoir central, en formulant des requêtes et en exprimant les griefs de la population.
Cependant, cette dynamique de fonctionnement était confrontée à des contraintes, surtout face aux ambitions du royaume de France. L’annexion de la Franche-Comté par Louis XIV entraina un important bouleversement, car les Etats généraux comtois, traditionnellement porteurs des intérêts locaux, furent progressivement marginalisés. Avec l’introduction d’un système plus centralisé, les Etats perdirent une grande partie de leur pouvoir, ce qui marqua une transition dans la gouvernance de la province, redéfinissant le rôle des représentants comtois dans un cadre français en cours d’évolution402.
- Les Etats généraux français : comparaison avec les Etats généraux comtois
Les Etats généraux français, en tant qu’institution représentative de la monarchie, présentaient des différences marquées par rapport aux Etats généraux comtois, tant sur le plan structurel que fonctionnel. Cette distinction indique des modalités de représentation divergentes, mais aussi des objectifs et des pratiques politiques qui reflètent les contextes historiques et culturels de chaque région.
Structure et élection des représentants
Les Etats comtois étaient composés de délégués élus localement, choisis par leurs pairs dans le cadre des trois ordres de la société comtoise : le clergé, la noblesse, et le tiers état. Cette approche favorisait une représentation authentique et ancrée dans les réalités locales, permettant aux préoccupations propres à la Franche-Comté d’être articulées au sein de l’assemblée403.
En revanche, les Etats généraux français étaient davantage une institution façonnée par le pouvoir royal. Bien qu’ils rassemblent aussi des représentants des trois ordres, leur convocation était décidée par le roi, ce qui introduisait une dimension de contrôle royal sur le processus politique404.
Cette différence structurelle soulignait un déséquilibre dans la représentation : alors que les Etats comtois cherchaient à refléter la voix du peuple, les Etats généraux français agissaient principalement comme un instrument de légitimation pour le souverain.
Fréquence et nature des convocations
Une autre distinction résidait dans la fréquence des convocations des Etats généraux. Les Etats comtois se réunissaient régulièrement, ce qui offrait un forum pour le débat et la délibération sur des questions locales. Cela garantissait une continuité dans la représentation des intérêts comtois et permettait une réponse rapide aux nouvelles préoccupations405.
A l’inverse, les Etats généraux français étaient convoqués de manière sporadique, souvent en réponse à des crises financières ou politiques, et généralement à la discrétion du monarque. Cette approche limitait la capacité des représentants à maintenir un dialogue constant avec le pouvoir royal et à représenter efficacement les besoins des différentes provinces, notamment dans les moments de paix406.
Objectifs et impact politique
Les objectifs des deux institutions différaient également. Les Etats comtois cherchaient à défendre les intérêts propres de la région, à maintenir des traditions juridiques locales, et à revendiquer une autonomie face aux pressions extérieures. Ils constituaient un cadre pour la discussion de politiques adaptées aux réalités comtoises, ce qui en faisait un pilier de l’identité régionale407.
Par contre, les Etats généraux français avaient pour but principal de fournir une légitimité au roi, servant à ratifier des décisions prises en dehors de l’assemblée. Ce rôle de caution politique, considéré comme vital pour le pouvoir monarchique, limitait la capacité des Etats à influencer réellement les politiques publiques ou à représenter les préoccupations des différentes provinces de manière importante408.
Nous pouvons conclure que les Etats généraux français et comtois constituent deux modèles de représentation politique distincts, chacun ancré dans des contextes historiques et culturels particuliers. Les Etats comtois, de par leur structure démocratique et leur représentation locale, cherchaient à préserver les particularités de la Franche-Comté. D’un autre côté, les Etats généraux français, en tant qu’institution royale, représentaient une forme de centralisation qui, tout en légitimant le pouvoir royal, limitait l’expression des intérêts locaux et des aspirations provinciales. Ces différences témoignent des tensions entre centralisation et autonomie, enjeux importants dans l’évolution des institutions politiques en France.
- Centralisation du pouvoir et prérogatives des Etats généraux
La centralisation du pouvoir à la couronne française a influencé la dynamique des Etats généraux, notamment en érodant leurs prérogatives et en limitant leur capacité à jouer un rôle significatif dans le processus politique. Cette tendance à la concentration des décisions au sommet du pouvoir royal a redéfini la fonction des Etats généraux en France, et mis en exergue les différences avec les Etats comtois, qui jouissaient d’une plus grande autonomie.
Erosion des prérogatives des Etats généraux en France
Sous l’autorité de la monarchie française, les Etats généraux ont vu leurs prérogatives se réduire considérablement. Les décisions importantes, notamment celles liées aux finances et aux réformes, étaient prises par le roi et son conseil, reléguant les Etats à un rôle de simple approbation. Lorsqu’ils étaient convoqués, c’était généralement pour ratifier des décisions déjà prises, en particulier en ce qui concerne les questions fiscales. Cette situation a conduit à une perception des Etats généraux comme une institution principalement décorative, manquant d’un véritable pouvoir législatif. Leurs débats n’aboutissaient que rarement à des changements dans les politiques publiques, ce qui limitait leur capacité à influencer le cours des affaires du royaume409.
Autonomie des Etats comtois dans la gestion locale
Les Etats comtois exerçaient une plus grande autonomie dans la gestion des affaires locales. En tant qu’institution représentative des différentes couches de la société comtoise, les Etats comtois avaient un rôle actif dans le débat politique et la formulation de la législation provinciale. Ils étaient impliqués dans des discussions sur des questions importantes comme la fiscalité, les infrastructures, et les droits locaux, ce qui a permis une représentation directe des intérêts comtois au sein du processus décisionnel. Cette capacité à influer sur la législation provinciale renforçait le sentiment d’identité et d’appartenance parmi les habitants de la Franche-Comté, tout en maintenant une tradition de gouvernance locale intégrées dans les réalités sociales et économiques de la région410.
Impact de la centralisation sur la vie politique
L’érosion des prérogatives des Etats généraux en France a eu des impacts sur la vie politique. La centralisation a non seulement diminué le pouvoir des Etats, mais elle a pareillement conduit à une séparation plus marquée entre le roi et les représentants des différentes provinces. Ce désengagement des représentants locaux dans le processus politique a engendré un sentiment d’aliénation parmi les classes sociales, qui voyaient leurs préoccupations et leurs besoins ignorés. Pourtant, les Etats comtois, par leur engagement actif dans la gouvernance locale, ont contribué à maintenir une connexion entre le peuple et ses dirigeants, ce qui a favorisé un climat politique plus dynamique et réactif aux besoins des citoyens411.
- La centralisation sous Louis XIV
La centralisation du pouvoir, particulièrement prononcée sous le règne de Louis XIV, a profondément modifié le paysage institutionnel de la Franche-Comté après son annexion par la France. Le roi soleil, désireux d’instaurer un Etat fort et unifié, a mis en œuvre des politiques destinées à rationaliser l’administration et à affirmer l’autorité royale dans toutes les provinces du royaume, y compris dans la région comtoise412.
Absorption des structures institutionnelles comtoises
L’annexion de la Franche-Comté à la France a marqué le début d’un processus d’absorption des structures institutionnelles comtoises dans un cadre centralisé. Les Etats comtois, qui avaient précédemment exercé un certain pouvoir dans la gestion des affaires locales, furent progressivement remplacés par des institutions administratives françaises. Ce déplacement du pouvoir a mis fin à la représentation locale qui caractérisait les Etats comtois, et a établi un modèle où l’autorité royale devenait prépondérante. Les nouvelles administrations, perçues comme étrangères, avaient pour mission de mettre en œuvre les décisions prises à Paris, rendant les citoyens comtois dépendants d’une bureaucratie éloignée de leurs réalités quotidiennes413.
Limitation de la participation citoyenne
La centralisation entrainée par ces changements a limité la capacité des citoyens comtois à participer activement à la gouvernance de leur province. Les instances locales, qui permettaient autrefois aux représentants de la population d’exprimer leurs préoccupations et d’influencer les décisions, ont été écartées au profit de systèmes administratifs plus rigides et uniformes. Ce vide institutionnel a engendré un sentiment d’impuissance et d’aliénation parmi les habitants, qui se sont vus privés d’une voix dans le processus décisionnel qui affectait leur quotidien414.
Désaffection et résistance locale
La centralisation, perçue comme une menace à l’autonomie et aux traditions juridiques comtoises, a suscité une désaffection auprès de la population locale. Les habitants de la Franche-Comté, attachés à leurs coutumes et à leur mode de gouvernance, ont ressenti un profond désarroi face à l’imposition de structures administratives perçues comme intrusives. Cette résistance s’est manifestée sous diverses formes, notamment des pétitions, des réclamations auprès des autorités royales, et des mouvements de contestation plus organisés, qui cherchaient à préserver les particularités locales et à revendiquer une plus grande autonomie415.
Aussi, la centralisation du pouvoir sous Louis XIV a entrainé l’absorption des structures institutionnelles comtoises par un cadre centralisé, et a limité la participation des citoyens à la gouvernance locale. Ce processus a généré un climat de désaffection et de résistance, témoignant de la complexité des relations entre le pouvoir royal et les aspirations ‘’autonomie des populations locales. La Franche-Comté, à travers ce bouleversement institutionnel, a vu ses traditions et son identité juridique menacées, ce qui marque un tournant décisif dans son histoire face à l’autorité centralisatrice de l’Etat français.
Section 2 : La Franche-Comté et les autres provinces (Bretagne, Alsace, Bourgogne)
CHAPITRE 2 : Les libertés comtoises
Section 1 : Analyse des domaines à prendre en considération
Section 2 : Le devenir des libertés comtoises
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ARCHIVES
Archives départementales du Doubs
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- ADD, US 18/47, MEYNIER (J.). Réunion de Besançon à la Franche-Comté (1654-1664), dans Mémoires de la société d’émulation du Doubs, 7ème série, 2ème vol., Besançon, 1898, pp. 18-35.
Archives départementales du Jura
- ADJ, Br0062, Les usages ayant for de loi dans le Jura, Louis Verpillat, Lons-le-Saunier, 1998.
- ADJ, 5E74/225. Franchises accordées à la ville de Clairvaux par Humbert de Cuisel.
- ADJ, 5E74/226. Confirmation des franchises de Clairvaux. Prestation de serment par Jean de Beauffremont pour le maintien des franchises et coutumes de Clairvaux. Par ce serment, le Magistrat le reçoit et le reconnait comme seigneur, 17 mars 1572.
- ADJ, 5E74/228. Confirmation des franchises de Clairvaux. Prestation de serment du Prince Louise de Beauffremont, 30 mai 1763.
- ADJ, 5E74/229. Confirmation des franchises de Clairvaux. Déclaration assermentée du Prince de Beauffremont de conserver les habitants de Clairvaux dans leurs franchises et coutumes, 31 mai 1775.
- ADJ, CART (B.). Individualisme agraire et droits d’usage communautaires dans le département du Jura au XIXème siècle, in-4°F168.
- ADJ, THEUROT (J.). Charte de franchise de Dole accordée en 1274, in-Br2801.
Archives diverses
- Archives parlementaires de 1787 à 1860 : recueil complet des débats législatifs et politiques des Chambres françaises, imprimé par ordre du Corps législatif. 1e série, 1787-1799. SER1, T3 / sous la direction de MM. J. Mavidal et E. Laurent, … 1867-1990. Source gallica.bnf.fr
- Décret du 28 septembre au 6 octobre 1791 concernant les biens et usages et la police rurale. [En ligne] : http://data.legilux.public.lu/eli/etat/leg/dec/1791/09/28/n1/jo , consulté de 15/06/2021.
- La Coutume du duché de Bourgogne, enrichie des commentaires faits sur son texte par les sr Begat, … et Depringle… ensemble un traicté des main-mortes et des censes fait par Monsieur Begat, et un traité particulier fait par Monsieur Souvert…. 1652. Source gallica.bnf.fr
- L’académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, Séance du 30 janvier 1873, Dodivers, Besançon, 1873, 153 p.
- L’académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, Séance du 30 janvier 1873, Dodivers, Besançon, 1873, 188 p.
- L’association française pour l’avancement des sciences, Besançon et la Franche-Comté, J. Dodivers, Besançon, 693 p.
- Les annales franc-comtoises, nouvelle série, 4ème année, T. IV, Paul Jacquin, Besançon, 1892, 488 p.
- Louis XV (1710-1774 ; roi de France). Auteur du texte. Code des Parlements, ou Collection d’édits, déclarations, lettres patentes & arrêts donnés sur la réformation de la justice, depuis décembre 1770 jusques & compris décembre 1771. 1772. Source gallica.bnf.fr
- Ordonnances de Louis XIV, Roy de France et de Navarre données à Saint-Germain-en-Laye au mois d’avril 1667, Paris, 1667.
- Remontrances du Parlement de Besançon au sujet de l’édit du mois de novembre 1764 concernant les jésuites, 1765.
OUVRAGES ANCIENS
Histoire de France
- DES MARCHES (A.-S.). Histoire du Parlement de Bourgogne de 1733 à 1790, Chalon-sur-Saône, 1851, 252 p.
- DUNOD (F.-I.). Traité des prescriptions et de l’aliénation des biens d’Eglise et des dixmes, Briasson, Paris, 1765, 537 p.
- DE LACUISINE. Le Parlement de Bourgogne depuis son origine jusqu’à sa chute, t. II, Loireau-Feuchot, Paris, 1857, 496 p.
- LAFERRIERE (F.). Histoire du droit civil de Rome et du droit français. T5. Joubert, Paris. 1846. 656p.
- LAFFERRIERE (M.-F.). Histoire du droit français, Cotillon, Paris, 1856.
- PERRAUD (P). Protestation des gentilshommes comtois aux Etats de 1679, Poligny, 1875, 16 p.
- POTHIER (R.-J.). OEuvres de Pothier, Traités de la procédure civile et criminelle. T. XIV, nouvelle édition publiée par M. Siffrein, Paris, 1821, 580 p.
Histoire de la Franche-Comté
- Coutumier faisant connaitre les usages locaux ayant généralement force de loi devant les tribunaux pour les cantons de Russey et de Maîche (Doubs). Impr. De l’Est (Besançon). 1932.
- ALVISET (H.). Réunion de la Franche-Comté à la France, Dodivers, Besançon, 1866, 15 p.
- BAILLE (C.). Le comté de Bourgogne de 1595 à 1674, t. I, Ch. Marion, Moret, Besançon, 1881, 122 p.
- BEGUILLET (M.). Histoire des guerres des deux Bourgognes sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV, Dijon, 1772, 156 p.
- BONVALOT (E). Histoire du droit et des institutions de la Lorraine et des Trois Evêchés, Cotillon, Paris, 1895, 386 p.
- BOUSSEY (A). La Franche-Comté sous Louis XIV, essai d’histoire politique et administrative, Paul Jacquin, Besançon, 1891, 352 p.
- BOYVIN (J.). Le siège de la ville de Dole, capitale de la Franche-Comté de Bourgogne. A. Binart, Dole, 1637. 306p.
- CASTAN (A.). La Franche-Comté et le pays de Montbéliard, Charles Marion, Besançon, 1877, 108 p.
- CHALLAMEL (A.). Histoire de la liberté en France depuis les origines jusqu’en 1789, Paris, 1886, 496 p.
- CHEVALIER (F.-F.). Mém. hist. sur Poligny, II. Delhorme, Lons-le-Saunier, 1769. 710p.
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- DE TROYES (A.). La Franche-Comté de Bourgogne sous les princes espagnols de la maison d’Autriche, le recès des Etats, t II. A. C. Cretaine, Paris, 1847. 508p.
- D’ORIVAL (C.-F.). Commentaire sur les usages et coutumes de Besançon. Impr. Claude ROCHET. Besançon, 1840. 172p.
- DUBOIS DE JANCIGNY (A.). Recueil de chartes et autres documents p. s. à l’histoire de la Franche-Comté sous les princes de la maison d’Autriche ; Vesoul, 1869, in-8.
- DUNOD (F.-I.). Histoire de l’Eglise, Ville et Diocèse de Besançon, t I. Cj. Daclin, Besançon, 1750. 174p.
- DUNOD (F. I.). Histoire des Séquanois et de la province séquanoise, des Bourguignons et du premier royaume de Bourgogne, de l’Église de Besançon jus-que dans le VIe siècle et des abbayes nobles du Comté ; Dijon, 1735, in-4.
- DUNOD (F.I.). Mémoires pour servir à l’histoire du Comté de Bourgogne. Chez J.-B. Charmet, Besançon, 1740. 821 p.
- DUNOD (F.I.). Observations sur les titres des droits de justice, des fiefs, des cens, des gens mariés et des successions de la coutume du comté de Bourgogne, Daclin, Besançon, 1756.
- DURONZIER. Mémoires historiques sur la Franche-Comté pendant la domination des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, Charles Deis, Besançon, 1833, 228 p.
- DUVERNOY (C.). Esquisse des relations qui ont existé entre le Comté de Bourgogne et l’Helvétie, Petitpierre, Neuchâtel, 1841.
- FEUVRIER (J.). La conquête de la Franche-Comté en 1674, Dole, 1894, 35 p.
- GOLLUT (L.). Les Mémoires historiques de la République Séquanoise et des princes de la Franche-Comté de Bourgogne ; Dole, 1592, in-fol. – Édition moderne, avec notes et éclaircissements par Ch. Duvernoy et Emm. Bousson de Mairet ; Arbois, 1846, in-4.
- HUGON de POLIGNY (J.) La Franche-Comté ancienne et moderne, ou exposition des principaux changements survenus dans l’état du Comté de Bourgogne depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, T. II, J. Jacquin, Besançon, 1858, 664 p.
- JACQUES (Abbé). Histoire d’un village franc-comtois, Menotey depuis l’époque gauloise jusqu’à la Révolution, Declume, Lons-le-Saunier, 1883, 292 p.
- MARLET (A.). Eclaircissement historiques et critiques sur le titre de Franche-Comté donné à la Comté de Bourgogne, Besançon, 1863, 105 p.
- MARMIER (X.). En Franche-Comté, Histoires et Paysages. Lecoffre, Paris. 1885. 369p.
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- PERRAUD (P). Protestation des gentilhommes comtois aux Etats de 1679, Mareschal, Poligny, 1875.
- PERRON (N.). Les franc-comtois : caractère national, mœurs, usages, Cariage, Besançon, 1892, 198 p.
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- PERRECIOT. Dissertation sur les origines du pouvoir et des Etats en Franche-Comté, dans Annales de l’académie des belles lettres, 1876.
- PETREMAND (J.). Recueil des ordonnances et édict de la Franche-Comté de Bourgogne. Dole, 1619, in-fol.
- PROST (F.). Les remontrances du Parlement de Franche-Comté au XVIIIème siècle. Bosc frères, M. et L. Riou. Lyon. 1836 187p.
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- THIBAUDEAU (A.-C.). Histoire des Etats généraux et des institutions représentatives en France depuis l’origine de la monarchie jusqu’en 1789, t. I, Paulin, Paris, 1843, 535 p.
- TUETEY (A.). Etude sur le droit municipal au XIIIème et XIVème siècle en Franche-Comté et en particulier à Montbéliard, Henri Barbier, Montbéliard, 186.
- VILLEQUEZ. Les écoles de droit en Franche-Comté et en Bourgogne, Paris, 1875, 163 p.
Histoire des provinces extérieures
- BEAUNE (H.) et D’ARBAUMONT (J.). La Noblesse aux Etats de Bourgogne de 1350 à 1789, Lamarche, Dijon, 1864, 350 p.
- BONVALOT (Ed.). Histoire du droit et des institutions de la Lorraine et des Trois Evêchés, Paris, Librairie Cotillon 1895. 431 p.
- PEIGNOT (G.). De l’administration des anciens Etats de Bourgogne, Quelques observations sur un ouvrage qui vient de paraître et qui a pour titre : « Une province sous Louis XIV, situation politique et administrative de la Bourgogne de 1661 à 1715 », E. Frantin, Dijon, 1845, 34 p.
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- SADOUL (C.). Essai historique sur les institutions judiciaires des duchés de Lorraine et de Bar, Crépin-Leblond, Nancy, 1898, 231 p.
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Ouvrages généraux
- PIOT (C.). Correspondance Granvelle, t. VIII. F. Hayez, Bruxelles, 1890. 669p.
- WEISS (C.). Papiers d’Etat du cardinal de Granvelle, d’après les manuscrits de la bibliothèque de Besançon, tome III, Paris, Imprimerie royale, 1842, 658 p.
OUVRAGES MODERNES
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- BOUCHARD (A.). Entre textes parisiens et réalités locales : l’administration départementale du Jura (1790-1793). Histoire. Université Panthéon-Sorbonne – Paris I, 2011.
- GASPARINI (E.). Justice seigneuriale et régulation sociale : l’exemple de quelques seigneuries comtoises dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, dans Les justices de village de BRIZAY (F.), FOLLAIN (A.), SARRAZIN (V.), Rennes, PUF, 2003.
- GRESSET (M.). Conquête et intégration de la Franche-Comté à la France, dans La Nation française, conférence nationale des académies des sciences, belles lettres et arts, Akademos, 2008, pp. 77-84.
- GRESSET (M.). Gens de justice à Besançon de la conquête par Louis XIV à la Révolution française, T. I, Paris, 1978.
- GRESSET (M.). L’introduction de la vénalité des offices en Franche-Comté, Annales littéraires de l’université de Besançon, 394, Cahiers d’Etudes Comtoises, 44, Paris, Belles Lettres, 1989, p. 42.
- GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). Histoire de l’annexion de la Franche-Comté et du pays de Montbéliard, Le Coteau, Horvath, 1988, 343 p.
- HUMBERT (R.). Institutions et gens de finance en Franche-Comté, 1674-1790. Cahiers d’études comtoises. Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté. 1996.
- MILLOT (J.). Le régime féodal en Franche-Comté au XVIIIème siècle, Millot frères impr., Besançon, 1937.
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ARTICLES
Annales franc-comtoises
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- SUCHET (Abbé). La Franche-Comté en 1698, In : Annales franc-comtoises, Revue religieuse, historique et littéraire, 3ème année, t. V, Jacquin, Besançon, 1866, pp. 26-36, pp. 107-116.
Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté
- Documents inédits pour servir à l’histoire de France et particulièrement à celle de Bourgogne tirés des archives et de la bibliothèque de Dijon, Rabutot, Dijon, 1868.
- « Etat de ce qui s’est passé à Besançon depuis 1612 », dans Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, publié par l’Académie de Besançon, tome IX, Besançon, Paul Jacquin, 1900, p. 199.
- BERTHOD (A.). « Dissertation sur l’origine et l’étendue des droits régaliens dans les abbayes de Saint-Claude, de Luxeuil et de Lure », dans Mém. et doc. inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comlé, t. VII. Dodivers, Besançon, 1876. 562p.
Mémoires de la société d’émulation du Doubs
- BESSON (E.). Le Parlement de Franche-Comté et la Révolution française, séance du 8 février 1890, In : Mémoires de la société d’émulation du Doubs, 6ème série, 5ème vol., Dodivers, Besançon, 1891, pp. 180-227.
- MEYNIER (J.). Besançon après la réunion (1664-1668), dans Mémoires de la société d’émulation du Doubs, 7ème série, 4ème vol., Dodivers, Besançon, 1899, pp. 345-372.
Mémoires de la société d’émulation du Jura
- JUNCA (J.-M.). Lettres inédites du cardinal de Granvelle 1582-1583 (adressées à Jean Froissard de Broissia), dans Travaux de la Société d’Emulation du Jura pendant l’année 1864, Lons-le-Saunier, 1864, p. 92.
- PERRAUD (P.). Mémoire sur la lutte entre les gouverneurs de Franche-Comté et le Parlement (1610-1668), In : Mémoires de la société d’émulation du Jura, Gauthier, Lons-le-Saunier, 1871, pp. 43-93.
- GIRARDOT de NOZEROY. La Franche-Comté protégée par la main de Dieu contre les efforts des françois en l’an 1636, In : Mémoires de la société d’émulation du Jura, 6ème série, 5ème vol., 1900, pp. 4-42.
MSHDB
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- DAVILLE (C.). Les relations entre Besançon et la Franche-Comté avec les ligues suisses (1518-1789), dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions bourguignons, comtois et romands, 17ème fasc. 1955, pp. 85-92.
- DUMONT (F.). L’administration bourguignonne au XVIIIème siècle, dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 11ème fasc., 1946-1947, pp. 181-186.
- GAY (J.). Recherches sur l’histoire de la procédure judiciaire dans le comté de Bourgogne (XIème-XIVème siècle), dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 34ème fasc., 1977, pp. 107-182.
- GAY (J.-L.). ADJ, Br 693. Contribution aux origines du droit des gens mariés dans le comté de Bourgogne, dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 27ème fasc., Dijon, 1966.
- GRIFFON (I.). L’intendant Cl. Bouchu et les deux conquêtes de la Franche-Comté (1667-1668, 1672-1674), dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 8ème fasc., 1940-1941, pp. 5-27.
Revues et manuels divers
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- FEBVRE (L.). « L’application du Concile de Trente et l’excommunication pour dettes en Franche-Comté », dans Revue historique, t. 104, fol. 1. Edition Belin, 1910. 39p.
- FUNCK-BRENTANO F. « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », Dans : Bibliothèque de l’école des chartes. 1888, tome 49. 35p.
- GASPARINI (E.). Justice seigneuriale et régulation sociale : l’exemple de quelques seigneuries comtoises dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. In : Les justices de village de BRIZAY (F.), FOLLAIN (A.) et SARRAZIN (V.), Presse universitaire de Rennes, 2003, pp. 259-268.
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- IMBERT (J.). Les “gens de mainmorte” avant l’édit d’août 1749. In: Cahier des Annales
- LIGOU, Daniel. Les États de Bourgogne au XVIIIe siècle In : Pouvoir local et Révolution, 1780-1850 : La frontière intérieure [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1999 (généré le 22 juin 2021). Disponible sur Internet : http://books.openedition.org/pur/14284
- SCHILLINGER (J.). La Franche-Comté et les enjeux diplomatiques européens au XVIIème siècle : les députés du Cercle de Bourgogne à la Diète de Rastibonne, 1667 – 1674. Revue d’histoire moderne et contemporaine. N°39-4. 1992.
- SLIMANI (A.). Les discours politiques et institutionnels contestataires en Franche-Comté (1788-1789). In : Revue historique de droit français et étranger (1922-), Dalloz, avril-juin 2014, Vol. 92, N°2, pp. 231-262.
- SWANN (J.). Les Etats généraux de Bourgogne : un gouvernement provincial au siècle des Lumières, Belin, Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2006/2 n°53-2, pp. 35-69.
- TIVIER. Relations de la France et de la Franche-Comté pendant la fronde. Négociations de Jean de Mairet, PUF, Revue historique, T. 25, fasc. 1, 1884, pp. 43-68.
- TUETEY (A.). De l’affranchissement des communes en Franche-Comté, Droz, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1864, Vol. 5, pp. 18-34.
- WEISS (N.). La Réforme et l’Inquisition en Franche-Comté. In : Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français (1903-2015), Mai-Juin 1912, Vol. 61, N° 3, Librairie Droz, pp. 271-272.
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- BAUDRY (R.) et JUCHS (J.-P.). Définir l’identité. In : Hypothèses, 2007, N° 10, pp. 155-167.
1 GRESSET (M.). Conquête et intégration de la Franche-Comté à la France, dans La Nation française, conférence nationale des académies des sciences, belles lettres et arts, Akademos, 2008, pp. 77-84.
2 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). Histoire de l’annexion de la Franche-Comté et du pays de Montbéliard, Le Coteau, Horvath, 1988, p. 57-64.
3 SCHOEPFLIN (J.-D). L’Alsace illustrée ou son histoire sous les empereurs d’Allemagne et depuis sa réunion à la France, t IV. François Perrin, Mulhouse, 1851, p. 84-89.
4 REBILLON (A.). Les Etats de Bretagne de 1661 à 1789, Plihon, Rennes, 1932, p. 122-129.
5 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., p. 62-66.
6 WINDLER (C.). De la neutralité à la relation tributaire : la Franche-Comté, le duché de Bourgogne et le royaume de France aux XVIème et XVIIème siècles. In : Des ressources des faibles de CHANET (J.-F.) et WINDLER (C.), Presse universitaires de Rennes, 2010, p. 46-51.
7 EGRET (J.). La révolution aristocratique en Franche-Comté et son échec (1788-1789). In : Revue d’histoire moderne et contemporaine, T. 1, N° 4, octobre-décembre 1954, pp. 245-271.
8 GRESSET (M.). Les complots antifrançais en Franche-Comté dans la guerre de succession d’Espagne. In: Complots et conjurations dans l’Europe moderne. Actes du colloque international organisé à Rome, 30 septembre-2 octobre 1993. Rome : École Française de Rome, 1996. pp. 373-392. (Publications de l’École française de Rome, 220)
9 SUCHET (Abbé). La Franche-Comté en 1698, In : Annales franc-comtoises, Revue religieuse, historique et littéraire, 3ème année, t. V, Jacquin, Besançon, 1866, pp. 26-36, pp. 107-116.
10 CLERE (J.-J.). La survivance des droits féodaux dans la première moitié du XIXème siècle, dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 55ème fasc., 1998, pp. 201-216.
11 GASPARINI (E.). Justice seigneuriale et régulation sociale : l’exemple de quelques seigneuries comtoises dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. In : Les justices de village de BRIZAY (F.), FOLLAIN (A.) et SARRAZIN (V.), Presse universitaire de Rennes, 2003, pp. 259-268.
12 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., p. 97-101.
13 HUGON de POLIGNY (J.) La Franche-Comté ancienne et moderne, ou exposition des principaux changements survenus dans l’état du Comté de Bourgogne depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, T. II, J. Jacquin, Besançon, 1858, p. 122-129.
14 CHEVRIER (G.). Une tentative de réformation de la coutume du comté de Bourgogne au XVIIIème siècle, dans Mémoires de la Société pour l’Histoire et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 4ème fasc., 1937, pp. 120-143.
15 TIVIER. Relations de la France et de la Franche-Comté pendant la fronde. Négociations de Jean de Mairet, PUF, Revue historique, T. 25, fasc. 1, 1884, pp. 43-68.
16 GIRARDOT de NOZEROY. La Franche-Comté protégée par la main de Dieu contre les efforts des françois en l’an 1636, In : Mémoires de la société d’émulation du Jura, 6ème série, 5ème vol., 1900, pp. 4-42.
17 Les annales franc-comtoises, nouvelle série, 4ème année, T. IV, Paul Jacquin, Besançon, 1892, p. 66-71.
18 CASTAN (A.). La Franche-Comté et le pays de Montbéliard, Charles Marion, Besançon, 1877, p. 47-52.
19 Ibid.
20 DUNOD (F.I.). Mémoires pour servir à l’histoire du Comté de Bourgogne. Chez J.-B. Charmet, Besançon, 1740, p. 111-123.
21 PERRECIOT. Dissertation sur les origines du pouvoir et des Etats en Franche-Comté, dans Annales de l’académie des belles lettres, 1876, p. 9-17.
22 GRESSET (M.). loc. cit., 2008, pp. 77-84.
23 CHAMPEAUX (E.). Coutumes de Bourgogne et du duché de Bourgogne, dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 2ème fasc., 1935, pp. 49-140.
24 FLEURY (C.). Franc-comtois et Suisses, In : Annales franc-comtoises, revue religieuse, historique et littéraire, 5ème année, t. IX, Jacquin, Besançon, 1868, pp. 9-23, pp. 108-124, pp. 274-290, pp. 353-367.
25 CHAMPEAUX (E.). op. cit., pp. 49-140.
26 D’ORIVAL (C.-F.). Commentaire sur les usages et coutumes de Besançon. Impr. Claude ROCHET. Besançon, 1840, p. 77-86.
27 DUNOD (F.I.). op. cit., 1740, p. 119-131.
28 CLERC (Ed.). Essai sur l’histoire de la Franche-Comté ; t. I, 2e édit., Besançon, 1810, in-8 ; t. Il, 1846, in-8, p. 98-106.
29 Ibid.
30 D’ORIVAL (C.-F.). op. cit., p. 231-239.
31 CLERC (Ed.). op. cit., p. 98-107.
32 Ibid.
33 Ibid.
34 Ibid.
35 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 108-124.
36 CLERC (Ed.). op. cit., p. 103-111.
37 CLERC (Ed.). op. cit., p. 103-111.
38 LAFERRIERE (F.). Histoire du droit civil de Rome et du droit français. T5. Joubert, Paris. 1846, p. 66-72.
39 CLERC (Ed.). op. cit., p. 112-117.
40 ALVISET (H.). Réunion de la Franche-Comté à la France, Dodivers, Besançon, 1866, p. 3-5.
41 GRESSET (M.). loc. cit., 1996. pp. 373-392.
42 CLERC (Ed.). op. cit., p. 132-139.
43 Ibid.
44 ALVISET (H.). op. cit., p. 5-7.
45 DUNOD (F. I.). Histoire des Séquanois et de la province séquanoise, des Bourguignons et du premier royaume de Bourgogne, de l’Église de Besançon jus-que dans le VIe siècle et des abbayes nobles du Comté ; Dijon, 1735, in-4, p. 129-136.
46 CLERC (Ed.). op. cit., p. 132-139.
47 CLERC (Ed.). op. cit., p. 136-144.
48 CASTAN (A.). op. cit., 1877, p. 54-59.
49 CLERC (Ed.). op. cit., p. 136-144.
50 D’ORIVAL (C.-F.). op. cit., p. 47-53.
51 CLERC (Ed.). op. cit., p. 158-163.
52 Ibid.
53 MILLOT (J.). Le régime féodal en Franche-Comté au XVIIIème siècle, Millot frères impr., Besançon, 1937, p. 44-52.
54 Ibid.
55 CLERC (Ed.). op. cit., p. 158-163.
56 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
57 FUNCK-BRENTANO F. « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », Dans : Bibliothèque de l’école des chartes. 1888, tome 49.
58 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
59 FUNCK-BRENTANO F. loc. cit.
60 CLERC (Ed.). op. cit., p. 165-172.
61 BEAUNE (H.) et D’ARBAUMONT (J.). La Noblesse aux Etats de Bourgogne de 1350 à 1789, Lamarche, Dijon, 1864, p. 89-101.
62 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
63 CLERC (Ed.). op. cit., p. 165-172.
64 ROSSIGNOL (C.). Des libertés de la Bourgogne d’après les jetons de ses Etats, Dejussieu et Villedey, Autun, 1851, p. 87-95.
65 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
66 CHAMPEAUX (E.). loc. cit., pp. 49-140.
67 CLERC (Ed.). op. cit., p. 165-172.
68 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
69 FUNCK-BRENTANO F. loc. cit.
70 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 274-290.
71 CLERC (Ed.). op. cit., p. 165-172.
72 Ibid.
73 DAVILLE (C.). Les relations entre Besançon et la Franche-Comté avec les ligues suisses (1518-1789), dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions bourguignons, comtois et romands, 17ème fasc. 1955, pp. 85-92.
74 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
75 CLERC (Ed.). op. cit., p. 165-172.
76 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
77 CLERC (Ed.). op. cit., p. 175-183.
78 Ibid.
79 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
80 CLERC (Ed.). op. cit., p. 175-183.
81 HEADLEY (J.-M.), “The conflict between nobles and magistrates in Franche-Comté, 1508-1518”, dans The Journal of Medieval and Renaissance studies, vol. 9, n°1, 1979, pp. 49-80.
82 MILLOT (J.). op. cit., p. 53-57.
83 CLERC (Ed.). op. cit., p. 185-189.
84 MILLOT (J.). op. cit., p. 53-57.
85 CLERC (Ed.). op. cit., p. 185-189.
86 CLERC (Ed.). op. cit., p. 185-189.
87 SCHILLINGER (J.). La Franche-Comté et les enjeux diplomatiques européens au XVIIème siècle : les députés du Cercle de Bourgogne à la Diète de Rastibonne, 1667 – 1674. Revue d’histoire moderne et contemporaine. N°39-4. 1992.
88 CLERC (Ed.). op. cit., p. 185-189.
89 SCHILLINGER (J.). loc. cit.
90 CLERC (Ed.). op. cit., p. 185-189.
91 MILLOT (J.). op. cit., p. 53-57.
92 CLERC (Ed.). op. cit., p. 185-189.
93 Ibid.
94 ADD, US 18/17, CASTAN (A.). Charte d’affranchissement de la ville et de la seigneurie de Gy, dans Mémoires de la société d’émulation du Doubs, 4ème série, 2ème vol., 1866, Besançon.
95 TUETEY (A.). De l’affranchissement des communes en Franche-Comté, Droz, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1864, Vol. 5, pp. 18-34.
96 WINDLER (C.). op. cit., p. 54-57.
97 BAUDRY (R.) et JUCHS (J.-P.). Définir l’identité. In : Hypothèses, 2007, N° 10, pp. 155-167.
98 CLERC (Ed.). op. cit., p. 98-107.
99 GOLLUT (L.). Les Mémoires historiques de la République Séquanoise et des princes de la Franche-Comté de Bourgogne ; Dole, 1592, in-fol. – Édition moderne, avec notes et éclaircissements par Ch. Duvernoy et Emm. Bousson de Mairet ; Arbois, 1846, in-4, p. 9-13.
100 GRESSET (M.). loc. cit, 1996. pp. 373-392.
101 BAILLE (C.). Le comté de Bourgogne de 1595 à 1674, t. I, Ch. Marion, Moret, Besançon, 1881, 122 p.
102 MILLOT (J.). op. cit., p. 9-12.
103 SUCHET (Abbé), loc. cit., pp. 107-116.
104 TUETEY (A.). loc. cit., pp. 18-34.
105 Les annales franc-comtoises, op. cit., 1892, p. 187-190.
106 CASTAN (A.). op. cit., p. 44-48.
107 D’ORIVAL (C.-F.). op. cit., p. 59-62.
108 Ibid., p. 67-71.
109 DURONZIER. Mémoires historiques sur la Franche-Comté pendant la domination des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, Charles Deis, Besançon, 1833, p. 79-86.
110 D’ORIVAL (C.-F.). op. cit., p. 129-133.
111 BAILLE (C.). op. cit., p. 67-71.
112 CASTAN (A.). op. cit., p. 42-44.
113 SUCHET (Abbé). loc. cit., pp. 26-36.
114 Ibid.
115 Ibid.
116 Ibid.
117 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 108-124.
118 BOYVIN (J.). Le siège de la ville de Dole, capitale de la Franche-Comté de Bourgogne. A. Binart, Dole, 1637, p. 126-131.
119 Ibid.
120 CLERC (Ed.). op. cit., p. 98-107.
121 Ibid.
122 GOLLUT (L.). op. cit., p. 9-13.
123 SWANN (J.). Les Etats généraux de Bourgogne : un gouvernement provincial au siècle des Lumières, Belin, Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2006/2 n°53-2, pp. 35-69.
124 CLERC (Ed.). op. cit., p. 118-126.
125 Ibid.
126 Ibid.
127 Ibid, p. 131-138.
128 D’ORIVAL (C.-F.). op. cit., p. 231-239.
129 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
130 GRESSET (M.). loc. cit., 2008, pp. 77-84.
131 GIRARDOT de NOZEROY. loc. cit., pp. 4-42.
132 CLERC (Ed.). op. cit., p. 98-107.
133 SUCHET (Abbé). loc. cit., pp. 107-116.
134 Ibid.
135 GIRARDOT de NOZEROY. loc. cit., pp. 4-42.
136 Ibid.
137 Ibid.
138 CLERC (Ed.). op. cit., p. 158-163.
139 CLERC (Ed.). op. cit., p. 158-163.
140 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
141 SUCHET (Abbé). loc. cit., pp. 107-116.
142 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
143 CLERC (Ed.). op. cit., p. 98-107.
144 Ibid.
145 CHAMPEAUX (E.). loc. cit., pp. 49-140.
146 CHAMPEAUX (E.). loc. cit., pp. 49-140.
147 Ibid.
148 CLERC (Ed.). op. cit., p. 98-107.
149 GRESSET (M.). loc. cit., 2008, pp. 77-84.
150 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 108-124.
151 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
152 Ibid.
153 Ibid.
154 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 108-124.
155 Ibid.
156 DUNOD (F. I.). op. cit., 1735, p. 112-119.
157 Ibid.
158 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 108-124.
159 SLIMANI (A.). Les discours politiques et institutionnels contestataires en Franche-Comté (1788-1789). In : Revue historique de droit français et étranger (1922-), Dalloz, avril-juin 2014, Vol. 92, N°2, pp. 231-262.
160 DUBOIS DE JANCIGNY (A.). Recueil de chartes et autres documents p. s. à l’histoire de la Franche-Comté sous les princes de la maison d’Autriche ; Vesoul, 1869, in-8.
161 Ibid.
162 La Coutume du duché de Bourgogne, enrichie des commentaires faits sur son texte par les sr Begat, … et Depringle… ensemble un traicté des main-mortes et des censes fait par Monsieur Begat, et un traité particulier fait par Monsieur Souvert…. 1652. Source gallica.bnf.fr
163 DUBOIS DE JANCIGNY (A.). op. cit., p. 49-53.
164 Ibid.
165 BAILLE (C.). op. cit., p. 57-61.
166 Coutumier faisant connaitre les usages locaux ayant généralement force de loi devant les tribunaux pour les cantons de Russey et de Maîche (Doubs). Impr. De l’Est (Besançon). 1932.
167 Ibid.
168 BAILLE (C.). op. cit., p. 57-61.
169 Ibid.
170 CLERE (J.-J.). loc. cit., pp. 201-216.
171 Ibid.
172 Ibid.
173 Ibid.
174 BAILLE (C.). op. cit., p. 67-73.
175 BAILLE (C.). op. cit., p. 67-73.
176 Ibid.
177 BONVALOT (E). Histoire du droit et des institutions de la Lorraine et des Trois Evêchés, Cotillon, Paris, 1895, p. 87-92.
178 Ibid.
179 Ibid.
180 DUNOD (F.I.). Observations sur les titres des droits de justice, des fiefs, des cens, des gens mariés et des successions de la coutume du comté de Bourgogne, Daclin, Besançon, 1756, p. 53-56.
181 TUETEY (A.). Etude sur le droit municipal au XIIIème et XIVème siècle en Franche-Comté et en particulier à Montbéliard, Henri Barbier, Montbéliard, 1866, p. 98-103.
182 Ibid.
183 DUNOD (F.I.). op. cit., 1756, p. 57-64.
184 DUNOD (F.I.). op. cit., 1756, p. 57-64.
185 VILLEQUEZ. Les écoles de droit en Franche-Comté et en Bourgogne, Paris, 1875, p. 67-70.
186 Ibid.
187 DUNOD (F.I.). op. cit., 1756, p. 57-64.
188 DUNOD (F.I.). op. cit., 1756, p. 57-64.
189 PETREMAND (J.). Recueil des ordonnances et édict de la Franche-Comté de Bourgogne. Dole, 1619, in-fol, p. 49-53.
190 VILLEQUEZ. op. cit., p. 71-74.
191 Ibid.
192 PERRON (N.). Les franc-comtois : caractère national, mœurs, usages, Cariage, Besançon, 1892, p. 78-83.
193 BONVALOT (E). op. cit., 144-157.
194 LAFFERRIERE (M.-F.). Histoire du droit français, Cotillon, Paris, 1856, p. 99-104.
195 D’ORIVAL (C.-F.). op. cit., p. 89-92.
196 DUBOIS DE JANCIGNY (A.). op. cit., p. 44-49.
197 Coutumier faisant connaitre les usages locaux ayant généralement force de loi devant les tribunaux pour les cantons de Russey et de Maîche (Doubs). Impr. De l’Est (Besançon). 1932.
198 PETREMAND (J.). op. cit., p. 34-36.
199 PETREMAND (J.). op. cit., p. 43-47.
200 PROST (F.). Les remontrances du Parlement de Franche-Comté au XVIIIème siècle. Lyon, 1936, p. 41-46.
201 Ibid.
202 Ibid.
203 HUMBERT (R.). Institutions et gens de finance en Franche-Comté, 1674-1790. Cahiers d’études comtoises. Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté. 1996, p. 66-71.
204 FUNCK-BRENTANO F. op. cit., p. 23-26.
205 Ibid.
206 HUMBERT (R.). op. cit., p. 66-71.
207 Ibid.
208 HUMBERT (R.). op. cit., p. 66-71.
209 Ibid.
210 HUMBERT (R.). op. cit., p. 66-71.
211 Ibid.
212 PIEPAPE DE (L.), Histoire de la réunion de la Franche-Comté à la France, évènements diplomatiques et militaires, T. I et II, Marion Morel et Cie, Besançon, 1881, p. 134-139.
213 Ibid.
214 Ibid.
215 PERRAUD (P). Protestation des gentilhommes comtois aux Etats de 1679, Mareschal, Poligny, 1875, p. 88-91.
216 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 134-139.
217 JACQUES (Abbé). Histoire d’un village franc-comtois, Menotey depuis l’époque gauloise jusqu’à la Révolution, Declume, Lons-le-Saunier, 1883, p. 77-82.
218 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 134-139.
219 Ibid.
220 WEISS (C.). Papiers d’Etat du cardinal de Granvelle, d’après les manuscrits de la bibliothèque de Besançon, tome III, Paris, Imprimerie royale, 1842, p. 342-346.
221 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., p. 233-236.
222 PERRAUD (P). op. cit., p. 88-91.
223 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 134-139.
224 GRESSET (M.). loc. cit., 2008, pp. 77-84.
225 Ibid.
226 Ibid.
227 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., 1988, p. 117-123.
228 HUGON de POLIGNY (J.) op. cit., p. 437-444.
229 Ibid.
230 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., 1988, p. 117-123
231 Ibid.
232 FUNCK-BRENTANO F. op. cit., p. 9-13.
233 MILLOT (J.). op. cit., p. 44-52.
234 Ibid.
235 FUNCK-BRENTANO F. op. cit., p. 9-13.
236 Ibid.
237 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., 1988, p. 199-203.
238 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., 1988, p. 199-203.
239 Ibid.
240 FUNCK-BRENTANO F. op. cit., p. 9-13.
241 Ibid.
242 GASPARINI (E.). Justice seigneuriale et régulation sociale : l’exemple de quelques seigneuries comtoises dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, dans Les justices de village de BRIZAY (F.), FOLLAIN (A.), SARRAZIN (V.), Rennes, PUF, 2003, p. 122-126.
243 Ibid.
244 GASPARINI (E.). op. cit., 2003, p. 122-126.
245 FUNCK-BRENTANO F. op. cit., p. 9-13.
246 Ibid.
247 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
248 FUNCK-BRENTANO F. op. cit., p. 9-13.
249 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
250 Ibid.
251 WINDLER (C.). op. cit., p. 54-57.
252 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
253 ALVISET (H.). op. cit., p. 9-12.
254 CHALLAMEL (A.). Histoire de la liberté en France depuis les origines jusqu’en 1789, Paris, 1886, p. 132-137.
255 WINDLER (C.). op. cit., p. 54-57.
256 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
257 WINDLER (C.). op. cit., p. 54-57.
258 Ibid.
259 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
260 ROUGEBIEF (E.). Histoire de la Franche-Comté ancienne et moderne précédée d’une description de cette province. Ch. Stèvenard. Paris. 1851, VIII. p. 239-244.
261 MILLOT (J.). op. cit., p. 57-62.
262 CLERC (Ed.). op. cit., p. 185-189.
263 Ibid.
264 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
265 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
266 ROUGEBIEF (E.). op. cit., p. 251-260.
267 ALVISET (H.). op. cit., p. 9-12.
268 CHALLAMEL (A.). op. cit., p. 132-137.
269 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
270 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
271 Ibid.
272 FUNCK-BRENTANO F. op. cit., p. 9-13.
273 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
274 CHALLAMEL (A.). op. cit., p. 132-137.
275 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., 1988, p.99-104.
276 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 68-77.
277 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 68-77.
278 Ibid., p. 82-88.
279 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 82-88.
280 ROUGEBIEF (E.). op. cit., p 144-149.
281 PERRECIOT. op. cit., p. 56-59.
282 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 82-88.
283 Ibid.
284 Ibid.
285 Ibid.
286 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 82-88.
287 Ibid.
288 Ibid.
289 DAVILLE (C.). loc. cit., pp. 85-92.
290 Ibid.
291 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 353-367.
292 DAVILLE (C.). loc. cit., pp. 85-92.
293 Ibid.
294 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 353-367.
295 Ibid.
296 Ibid.
297 DAVILLE (C.). loc. cit., pp. 85-92
298 Ibid.
299 THIBAUDEAU (A.-C.). Histoire des Etats généraux et des institutions représentatives en France depuis l’origine de la monarchie jusqu’en 1789, t. I, Paulin, Paris, 1843, p. 223-227.
300 CHALLAMEL (A.). op. cit., p. 144-147.
301 PERRAUD (P). Protestation des gentilshommes comtois aux Etats de 1679, Poligny, 1875, p. 5-9.
302 FEUVRIER (J.). La conquête de la Franche-Comté en 1674, Dole, 1894, p. 17-19.
303 Ibid.
304 Documents inédits pour servir à l’histoire de France et particulièrement à celle de Bourgogne tirés des archives et de la bibliothèque de Dijon, Rabutot, Dijon, 1868.
305 CLERC (Ed.). op. cit., p. 199-203.
306 ALVISET (H.). op. cit., p. 5-7.
307 BOUSSEY (A). La Franche-Comté sous Louis XIV, essai d’histoire politique et administrative, Paul Jacquin, Besançon, 1891, p. 19-22.
308 Ibid.
309 HUGON de POLIGNY (J.) op. cit., p. 458-461.
310 HUGON de POLIGNY (J.) op. cit., p. 458-461.
311 MARLET (A.). Eclaircissement historiques et critiques sur le titre de Franche-Comté donné à la Comté de Bourgogne, Besançon, 1863, p. 29-31.
312 PEIGNOT (G.). De l’administration des anciens Etats de Bourgogne, Quelques observations sur un ouvrage qui vient de paraître et qui a pour titre : « Une province sous Louis XIV, situation politique et administrative de la Bourgogne de 1661 à 1715 », E. Frantin, Dijon, 1845, p. 6-8.
313 BOUSSEY (A). op. cit., p. 111-114.
314 CLERC (Ed.). op. cit., p. 163-166.
315 FEUVRIER (J.). op. cit., p. 22-23.
316 CLERC (Ed.). op. cit., p. 189-195.
317 CLERC (Ed.). op. cit., p. 189-195.
318 FEUVRIER (J.). op. cit., p. 24-26.
319 CLERE (J.-J.). loc. cit., pp. 201-216.
320 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
321 ADD, US 18/21. Charte des coutumes de la ville et seigneurie de Jougne, dans Mémoires de la société d’émulation du Doubs, 4ème série, 6ème vol., 1870-1871.
322 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
323 Ibid.
324 TIVIER, loc. cit., pp. 43-68.
325 ALVISET (H.). op. cit., p. 5-8.
326 BEAUNE (H.) et D’ARBAUMONT (J.). op. cit., p. 123-131.
327 Ibid.
328 Ibid.
329 Ibid.
330 BOUSSEY (A). op. cit., p. 19-23.
331 HUGON de POLIGNY (J.) op. cit., p. 458-461.
332 CLERC (Ed.). op. cit., p. 199-203.
333 GRESSET (M.), GRESSER (P.) et DEBARD (J.-M.). op. cit., 1988, p.203-207.
334 Ibid.
335 Ibid.
336 DUNOD (F. I.). op. cit., 1735, p. 136-141.
337 Ibid.
338 Ibid.
339 PIEPAPE DE (L.), op. cit., p. 97-101.
340 Ibid.
341 Ibid.
342 CHEVRIER (G.). loc. cit., pp. 120-143.
343 ADD, US 18/67, BLONDEAU (G.). Les origines du Parlement de Franche-Comté, dans Mémoires de la société d’émulation du Doubs, 9ème série, 4ème vol., Besançon, 1925, pp. 90-103.
344 Ibid.
345 DES MARCHES (A.-S.). Histoire du Parlement de Bourgogne de 1733 à 1790, Chalon-sur-Saône, 1851, p. 39-44.
346 PROST (F.). op. cit., p. 69-72.
347 Ibid.
348 PROST (F.). op. cit., p. 74-91.
349 PROST (F.). op. cit., p. 69-72.
350 DUMONT (F.). L’administration bourguignonne au XVIIIème siècle, dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 11ème fasc., 1946-1947, pp. 181-186.
351 Ibid.
352 Ibid.
353 HUMBERT (R.). op. cit., p. 102-106.
354 Ibid.
355 Ibid.
356 WINDLER (C.). op. cit., p. 89-93.
357 WINDLER (C.). op. cit., p. 89-93.
358 Ibid.
359 CLERC (Ed.). op. cit., p. 158-163.
360 Coutumier faisant connaitre les usages locaux ayant généralement force de loi devant les tribunaux pour les cantons de Russey et de Maîche (Doubs). Impr. De l’Est (Besançon). 1932.
361 Ibid.
362 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 274-290.
363 FLEURY (C.). loc. cit., pp. 274-290.
364 LAFERRIERE (F.). op. cit., p. 79-83.
365 BESSON (E.). Le Parlement de Franche-Comté et la Révolution française, séance du 8 février 1890, In : Mémoires de la société d’émulation du Doubs, 6ème série, 5ème vol., Dodivers, Besançon, 1891, pp. 180-227.
366 LAFERRIERE (F.). op. cit., p. 79-83.
367 WINDLER (C.). op. cit., p. 98-102.
368 TUETEY (A.). loc. cit., pp. 33-36.
369 ALVISET (H.). op. cit., p. 9-10.
370 Coutumier faisant connaitre les usages locaux ayant généralement force de loi devant les tribunaux pour les cantons de Russey et de Maîche (Doubs). Impr. De l’Est (Besançon). 1932.
371 WINDLER (C.). op. cit., p. 101-104.
372 Ibid.
373 Ibid.
374 LAFERRIERE (F.). op. cit., p. 79-83.
375 BOUSSEY (A). op. cit., p. 129-134.
376 Coutumier faisant connaitre les usages locaux ayant généralement force de loi devant les tribunaux pour les cantons de Russey et de Maîche (Doubs). Impr. De l’Est (Besançon). 1932.
377 BOUSSEY (A). op. cit., p. 129-134.
378 Ibid.
379 CHALLAMEL (A.). op. cit., p. 207-209.
380 BOUSSEY (A). op. cit., p. 136-140.
381 Ibid.
382 LAFERRIERE (F.). op. cit., p. 93-96.
383 BOUSSEY (A). op. cit., p. 136-140.
384 SLIMANI (A.). loc. cit., pp. 231-262.
385 TIVIER. loc. cit., pp. 43-68.
386 TIVIER. loc. cit., pp. 43-68.
387 Ibid.
388 Ibid.
389 HEADLEY (J.-M.), loc. cit., pp. 49-80.
390 TIVIER. loc. cit., pp. 43-68.
391 Ibid.
392 SCHILLINGER (J.). loc. cit.
393 TIVIER. loc. cit., pp. 43-68
394 Ibid.
395 GRIFFON (I.). L’intendant Cl. Bouchu et les deux conquêtes de la Franche-Comté (1667-1668, 1672-1674), dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 8ème fasc., 1940-1941, pp. 5-27.
396 TIVIER. loc. cit., pp. 43-68
397 GAY (J.). Recherches sur l’histoire de la procédure judiciaire dans le comté de Bourgogne (XIème-XIVème siècle), dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 34ème fasc., 1977, pp. 107-182.
398 BOUSSEY (A). op. cit., p. 187-192.
399 SLIMANI (A.). loc. cit., pp. 231-262.
400 GASPARINI (E.). loc. cit., pp. 259-268.
401 CLERE (J.-J.). loc. cit., pp. 201-216.
402 Ibid.
403 Ibid.
404 WINDLER (C.). op. cit., p. 109-112.
405 CLERE (J.-J.). loc. cit., pp. 201-216.
406 WINDLER (C.). op. cit., p. 113-116.
407 CLERE (J.-J.). loc. cit., pp. 201-216.
408 WINDLER (C.). op. cit., p. 113-116.
409 TIVIER. loc. cit., pp. 43-68.
410 Ibid.
411 Ibid.
412 BOUSSEY (A). op. cit., p. 111-117.
413 Ibid.
414 Ibid.
415 Ibid.








