Cet exemple de thèse dentaire (Odontologie) vise à vous donner un aperçu des attentes académiques relatives à la rédaction de thèse dentaire.
Problématique : jusqu’où peut-on définir le risque d’exercice pour les professionnels de soins dentaires durant la pandémie de la COVID-19 ?
Introduction
Les coronavirus ont été rapportés et décrits dans la littérature dès la fin des années 1940. Leur mécanisme de réplication et leur pathogénèse ont été déjà étudiés dès la fin des années 1970. Ils ont été considérés comme étant des virus qui n’entraînent pas de problèmes de santé graves chez l’être humain jusqu’en 2003, où ils ont été identifiés comme étant à l’origine du syndrome respiratoire sévère (SARS). Depuis, les coronavirus ont été classés parmi les pathogènes émergents. Malgré ce fait, le monde a été surpris lorsqu’une nouvelle forme de coronavirus a frappé pour la première fois en Chine et que peu après, la maladie s’est propagée dans différents endroits dans le monde, devenant ainsi une pandémie.
Les prévisions et les modèles mathématiques laissent présager des impacts néfastes de la pandémie sur l’économie, en affectant l’emploi, les coûts de production, la consommation, la dépense gouvernementale notamment en matière de santé. La COVID-19 a également des impacts sur la santé mentale de la population en général, mais également sur la santé mentale des professionnels de soin. Les agents de santé doivent s’investir en cette période de crise pour prodiguer les soins, mais ils courent également le risque d’attraper le virus. Les agents de santé sont également susceptibles de présenter des troubles comme l’anxiété, la peur, face à la charge psychologique demandée pour faire face à la maladie.
De plus, la COVID-19 affecte également la famille des agents de santé. Celles-ci sont également exposées aux risques relatifs à cette pandémie. Dans la lutte contre la COVID-19, de nombreux agents de santé ont été infectés, étaient tombés malades ou ont été victimes d’agressions. L’OMS a attiré l’attention des gouvernements et des responsables de soins pour faire face certes, à la pandémie, mais également pour lutter contre les menaces qui pèsent sur les agents de santé et les patients. S’il est admis que les patients doivent être soignés et protégés, il est nécessaire que les professionnels qui s’occupent d’eux soient également soutenus. L’OMS a donc déclaré qu’ « Aucun pays, aucun hôpital ou aucun dispensaire ne peut assurer la sécurité de ses patients sans garantir celle de ses agents de santé ». Pour ce faire, il est indispensable de déterminer les possibles facteurs de risques. Si les risques pour les agents de santé en général pourraient être déterminés, les risques encourus par les dentistes sont encore méconnus. Cela conduit à la question inaugurale suivante : jusqu’où peut-on définir le risque d’exercice pour les professionnels de soins dentaires durant la pandémie de la COVID-19 ?
Cette étude comporte trois parties. La première se focalise sur la notion de pandémie et sur les interventions de l’OMS pour prévenir et contrôler celle-ci. La deuxième partie va synthétiser les généralités sur les coronavirus et mettre l’accent sur la particularité de la COVID-19 et de l’agent pathogène. La troisième partie, va analyser la situation du chirurgien-dentiste face à la crise sanitaire. Cette démarche est adoptée en vue de répondre à la question que nous nous sommes posée.
- Les pandémies
- 1.1.Définition de la pandémie
La pandémie est une maladie infectieuse couvrant une large zone géographique, voire même la totalité des pays dans le monde entier. Cela permet de la distinguer de l’épidémie qui est localisée dans une zone précise. La pandémie bien que peu fréquente, a de lourdes conséquences du point de vue humain et financier. La pandémie pourrait donc être considérée comme étant une épidémie qui a pris une large ampleur.
La pandémie concerne toujours une nouvelle maladie, mettant en cause un nouvel agent infectieux ou un autre sous-type de celui-ci. De ce fait, la plupart des populations humaines n’a pas encore eu le temps de développer une immunité contre l’agent infectieux. Dans le langage populaire, la pandémie se réfère à un grand danger, associé à un fort taux de morbidité et de mortalité, du fait de la sévérité de la maladie.
Et pourtant, la considération de la pandémie comme étant une épidémie à large échelle, semble encore insuffisante pour désigner une maladie comme telle. L’analyse des différentes pandémies qui ont sévi dans le monde au cours de l’histoire a permis de déduire des traits communs à celles-ci :
- Une large étendue géographique de la zone d’occurrence de la maladie : Souvent, les pandémies sont transrégionales, interrégionales voire même globales.
- Les mouvements de la maladie : Le mouvement de la pandémie se fait à travers la transmission d’une personne à une autre, d’un endroit à un autre.
- L’explosion du taux d’infection : Les maladies dont le taux de transmission et d’infection est faible ne sont pas considérées comme des pandémies. Pour qu’une maladie soit classée comme telle, il faut qu’elle attaque un grand nombre de personnes. Il faut également que cette attaque soit explosive.
- La faible immunité des populations à l’attaque de l’agent pathogène : Les populations ne sont pas toujours immunisées contre ces agents infectieux, notamment à cause de l’apparition de nouveaux sous-types ou de nouvelles souches auxquelles, l’organisme ne s’attendait pas.
- Nouveauté : Les agents pathogènes à l’origine de la pandémie sont toujours nouveaux ou tout au moins, dérivent d’organismes existants qui ont déjà subi des mutations pour s’adapter à l’environnement.
- La capacité de la maladie à se transmettre d’une personne à une autre
- La contagiosité : Pour classer une maladie comme étant une pandémie, il faut qu’elle soit transmise d’une personne à une autre. Outre à cela, il faut également que les mécanismes déployés par l’agent pathogène pour se transmettre d’une personne à une autre soient variés.
- La sévérité : Souvent, les pandémies telle le SARS, le VIH, la peste noire, etc. ont une issue fatale.
- 1.2.Les causes des pandémies
L’émergence des pandémies ne peut se comprendre qu’à travers l’histoire et l’analyse de l’évolution des sociétés humaines. Pendant l’ère médiévale et l’époque précédant la société moderne, l’expansion des maladies infectieuses était causée par le transport de marchandises, les mobilisations de soldats, ainsi que les pèlerinages. Ainsi, la route de la soie a été également celle empruntée par la peste pour atteindre l’Europe et l’Asie. Il a été démontré que le nombre de cas enregistrés chez les zones qui bordent les routes empruntées pour le commerce, est particulièrement élevé.
Les pandémies se sont développées avec la densification de la population et les fréquents déplacements. La propagation du choléra dans le monde entier par exemple, est associée à la dynamique de la colonisation qui a intensifié les circulations. La venue des conquistadors en Amérique a provoqué l’expansion de nombreuses maladies infectieuses telles que les grippes, la variole, etc. qui étaient jusque-là endémiques à la zone Eurasie-Africaine. A cela s’ajoute le transport d’esclaves qui engendre également la transmission des maladies infectieuses d’un continent à un autre.. A l’heure actuelle, l’expansion mondiale des pandémies est surtout causée par la mondialisation.
Les pandémies se développent également à travers la zoonose. Certains animaux constituent un réservoir pour les agents infectieux. Les coronavirus par exemples ont pour origines les animaux tels que les rats, les chauves-souris, les animaux domestiques, les chameaux. Les cochons peuvent également constituer des réservoirs d’agents infectieux qui favorisent la transmission vers l’Homme. Il faut noter cependant, que les agents infectieux ne causent pas forcément des pathologies chez les animaux-hôtes contrairement à l’Homme.
L’urbanisation et l’exode rural entraînent un changement d’utilisation de l’espace. Mais en même temps, elles sont source de densification de la population urbaine, désormais amenée à entrer en contact avec les animaux qui sont les hôtes primaires des agents infectieux. A cela s’ajoute la vente de viande d’animaux sur le marché, à l’instar de ce qui se passe souvent dans le sud-est de l’Asie. Pour s’assurer de la fraîcheur du produit, certains consommateurs n’hésitent pas à acheter les animaux vivants et de les tuer seulement avant la consommation.
- 1.3.Les grandes pandémies qui ont marqué l’histoire
La peste
- La peste causée par le bacille Yersinia pestis a été identifié par Alexandre Yersin en 1894. Elle est considérée comme étant une des pandémies qui a causé le plus de morts dans le monde. Des cas ont été rapportés dès le début de l’ère chrétienne. La peste a commencé probablement en Afrique Centrale, avant d’atteindre le pourtour du bassin méditerranéen au 6ème siècle. La peste justinienne a frappé Rome sous le règne de l’Empereur Justinien. Elle a ensuite gagné la partie Est, l’Afrique du nord, et l’Europe du nord. Elle aurait causé plus de 10 000 morts par jour à Constantinople.
Par la suite, une deuxième pandémie dite peste médiévale s’est produite en Asie centrale pour atteindre l’Europe. Le virus de la peste noire a sévi en Europe au 14ème siècle et en Asie au 19ème siècle. Une troisième vague de peste a sévi en 1894. Elle a commencé à Hong-Kong pour toucher d’autres pays qui ont été épargnés par la peste jusque-là, notamment l’Amérique, Madagascar, Afrique du sud et d’autres encore.
Aujourd’hui encore, la peste continue de faire des victimes. L’Afrique est le plus touché. Vient ensuite l’Asie et l’Amérique. Bien que certains pays n’avaient plus enregistré des cas de peste, certains foyers ont de nouveau rapporté de nouveaux cas, classant ainsi la peste parmi les maladies ré-émergentes.
L’Afrique a été soupçonnée d’avoir été le premier pays à l’origine de la peste. Cependant, les analyses génomiques ont démenti cette hypothèse et avancent que cette pandémie a commencé dans les montagnes de Tian Shan (Kyrgyzstan) et a précédé la transition de l’Europe vers l’ère médiévale.
Les rongeurs sauvages et péridomestiques constituent les principaux réservoirs de la peste. La transmission de la maladie se fait d’un rongeur à un autre, suite à la piqûre d’insectes. Par son contact avec les rongeurs, l’Homme s’est exposé à la peste. Mais la transmission se fait également d’Homme à Homme à travers la dispersion par aérosol lorsqu’un patient atteint de la peste tousse. Les sujets sains inhalent ces gouttelettes appelées gouttelettes de Pflügge qui transportent le bacille. Ce dernier va par la suite atteindre les poumons.
La dangerosité de la peste vient du fait qu’elle conduit à la mort du patient dans 70% des cas. Cette mort peut survenir en moins d’une semaine. Certains patients meurent même au bout de quelques heures. L’expérience menée auprès des animaux a montré qu’il suffisait de moins de 10 bactéries injectées par voie intraveineuse pour tuer les animaux.
La grippe
- La grippe est provoquée par les virus de la grippe qui peuvent être classés dans trois groupes : A, B et C. Le groupe C regroupe les virus qui affectent les êtres humains, mais qui se caractérisent par une faible mutation. Les virus de ce groupe ne sont donc pas inquiétants, car il est plus facile de mettre en place des stratégies permettant de lutter contre eux. Le deuxième groupe englobe les virus qui concernent aussi les humains, et qui provoquent des infections respiratoires plus graves par rapport aux premiers. Les virus de type B touchent souvent les jeunes enfants. Ce sont des virus qui font une mutation fréquente. Le groupe A constituent une menace sérieuse dans la mesure où leur mutation est beaucoup plus fréquente par rapport à celle des virus du groupe B. De plus, ils attaquent l’homme ainsi que d’autres êtres vivants notamment, les mammifères marins, les oiseaux, le porc, le cheval. Chez l’Homme, les virus du type A provoquent des épidémies saisonnières, qui peuvent aboutir à des complications comme la pneumonie. Les pandémies causées par les virus du groupe A se répètent. Ils sont les plus difficiles à discerner et à prévoir. Le virus de type A en effet, sont présents chez de nombreuses espèces animales, surtout chez les oiseaux.
Les oiseaux migrateurs constituent les réservoirs de tous les types de virus, susceptibles de passer chez l’Homme. Chez les oiseaux, les virus se multiplient au niveau du tube digestif, avant d’être excrétés. La propagation de la maladie dans le monde entier a été rendue possible grâce au phénomène de migrations et a atteint les oiseaux domestiques, ce qui a été observé avec la grippe du poulet provoqué par le H5N1. Mais comme ce virus n’a pas pu s’adapter à l’Homme, la lutte contre la maladie consistait à abattre toutes les volailles suspectées.
La grippe a été considérée par l’OMS comme étant la menace infectieuse la plus dangereuse pour l’humanité du fait de sa propagation rapide, et de sa capacité à muter à grande vitesse. En effet, il est estimé que le virus grippal peut attaquer le tiers de la population mondiale en moins de six mois. Du fait de sa rapide progression, une pandémie grippale peut tuer de nombreuses personnes en un rien de temps.
En 1918, la grippe espagnole a été la pandémie qui a le plus marqué l’histoire. Elle s’est soldée par la mort de 40 à 50 millions de personnes, alors que la population mondiale à cette époque était de 1,75 milliard de personnes. Deux autres pandémies modérées se sont produits en 1957 et en 1968. La grippe espagnole s’est estompée après 1919, mais il faut noter que les virus de la grippe de la classe A dérivent tous de cette grippe.
La pandémie de 1957 était une grippe asiatique qui a causé une perte humaine de 2 millions de personnes, sur une population mondiale de 2,75 milliards de personnes. La grippe asiatique est propagée par le virus de type H2N2. La pandémie de Hong Kong en 1968, considérée comme étant une pandémie modérée, avait fait 1 millions de morts, sur une population mondiale de 3,65 milliards de personnes.
Le virus de la grippe A (H1N1) a été considéré comme étant la première pandémie du 21ème siècle. Le premier cas a été diagnostiqué au Mexique. Il s’agissait d’un enfant de 5 ans. Puis, la maladie s’est propagée. La rapidité avec laquelle, la maladie s’est transmise a fortement préoccupé le monde, ce qui a provoqué une campagne de communication, parfois à outrance. Cette première pandémie du 21ème siècle a touché les cinq continents et s’est soldée par 18 500 décès. Les premiers cas de la grippe A (H1N1) ont été détectés en France, début mai 2009. Les premiers cas étaient des voyageurs revenus du Mexique. Cette souche découverte en 2009 était d’origine porcine.
La saisonnalité de la pandémie de la grippe vient de la préférence du froid par les agents infectieux. Pour pouvoir survivre pendant l’hiver, les virus de la grippe présentent à leur surface une matière graisseuse qui les protège. Au fur et à mesure que la température baisse, l’enveloppe du virus grippal se durcit, ce qui lui permet de survivre plus longtemps.
Le taux d’infection par la grippe en France est de 3 à 7 millions par an. En fonction de la saison, elle peut causer jusqu’à 8 600 décès. Elle peut être fatale pour les personnes âgées de plus de 65 ans. La grippe présente une charge économique conséquente. Pour la France, cette dernière est de 228,6 à 838,4 millions d’euros en fonction de l’intensité de l’épidémie, le nombre d’hospitalisations, le nombre de patients enregistrés en médecine ambulatoire, et la perte de production annuelle. Pour faire face à cette épidémie, des campagnes de vaccination sont régulièrement réalisées en France. D’ailleurs, cela a permis de réduire le taux d’infection.
Le choléra
- Le choléra est causé par la bactérie Vibrio cholerae transmise particulièrement par l’eau ou les aliments souillés. C’est par la voie orale qu’elle entre dans le corps humain. Lorsqu’il parvient à atteindre l’intestin, le patient souffre de vomissements et de diarrhée, ce qui entraîne une déshydratation rapide, puis la mort. Les estimations basées sur les données de l’OMS laissent présager que 1.4 milliards de personnes dans le monde serait touché par le choléra. Le Bengladesh et l’Inde constituent les pays les plus exposés au risque. Le risque est également élevé dans la plupart des pays en développement notamment en Afrique et au sud de l’Asie. Comme le choléra est fréquemment observé dans les zones les plus démunies, il est difficile de faire un suivi régulier de l’évolution de la pandémie et de mener des études systématiques. Par ailleurs, la connaissance de l’occurrence de la pandémie est source d’anxiété et de récalcitrance chez les touristes pour venir dans un pays touché par une telle crise sanitaire. Elle engendre de ce fait, des pertes économiques considérables. Ce fait n’encourage pas par conséquent, les autorités locales à faire des études et à rendre public les résultats de celles-ci.
La première pandémie de choléra s’est produite entre 1817 et 1824. A l’époque, il a été appelé choléra asiatique par les Européens, étant donné que l’épidémie était rencontrée en Inde, et plus particulièrement dans le delta du Gange. Une soudaine et forte propagation a été observée à Calcutta, en septembre 1817. Puis, l’épidémie a atteint d’autres zones dans le sous-continent Indien. En 1820, la pandémie a atteint la Thaïlande et les Philippines. En 1821, la maladie a atteint Java, la partie ouest de l’Asie, le Japon en 1822 et le Golfe persique, les vallées de Baghdad jusqu’en Syrie. En 1823, le choléra est arrivé au Volga en Russie, les îles de l’Océan Indien et le Zanzibar.
Une deuxième pandémie de choléra-morbus a sévi en Europe de 1826 jusqu’en 1837. Elle a atteint l’Angleterre et la Confédération germanique en 1831 pour venir en France l’année suivante. Il fallait attendre la fin du 19ème siècle pour que la série de vagues de choléra soit contrôlée dans ces pays. S’ensuit la troisième pandémie de choléra entre 1839 et 1856. La pandémie a toujours commencé au Bengladesh, avant de toucher le sud-ouest et l’est de l’Asie. La maladie est parvenue en Europe avec la rentrée des troupes britanniques et anglo-indiennes.
Le choléra a sévi dans le delta du Gange et du Brahmapoutre dans la région du Bengale avant de se répandre dans le monde. Cette quatrième pandémie a eu lieu en 1863 quand la maladie qui atteignait les Bengales a traversé l’Inde entière jusqu’à la côte ouest de Bombay en 1864. Ce fût à partir de mouvements qui avaient régulièrement lieu dans ce port, que la maladie a traversé les continents. Elle a ainsi atteint l’Asie de l’ouest et les régions méditerranéennes. Le port d’Aden est probablement le point de départ de la maladie pour atteindre l’Europe, car il s’agit d’un lieu reliant l’Inde et l’Europe notamment, la Grande Bretagne. En 1865, le trafic venant d’Aden a propagé le choléra en Somalie et en Ethiopie, ainsi qu’à Jidda, ciblant ainsi les pèlerins qui veulent aller vers la Mecque. Les patients infectés sont retournés chez eux en Egypte, Syrie, Palestine, Afrique du nord. Des cas confirmés ont été rapportés à la Mecque en avril 1865. L’Egypte constitue une autre porte d’entrée de la pandémie vers les ports européens. En 1865, Naples a enregistré 5 600 pertes humaines entre 1865 et 1866. A la fin de l’année 1865, le choléra a envahi la Grande Bretagne, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Russie. Par la suite, l’Europe a transmis la maladie aux Etats-Unis à travers des vaisseaux marseillais qui ont transporté le choléra en Guadeloupe, en 1865. La même année, un navire venant de Londres a transporté le choléra à New York. Avec le transport de 1 100 immigrants, la maladie s’est vite propagée dans la ville. Or, les années 1860 ont été marquées par la densification du trafic ferroviaire, ce qui a favorisé la propagation du choléra dans la partie est du continent.
La septième pandémie de choléra a commencé en 1961, avec le biotype El Tor. Ce biotype a sévi en Indonésie déjà depuis quelques décades. Les patients qui en sont atteints sont généralement asymptomatiques ou ne présentent que très peu de symptôme rendant ainsi, plus difficile la prévention. Pendant 5 ans, la pandémie a gagné peu à peu l’Asie du sud-est, l’Inde, puis le Moyen-Orient. A partir des années 1970, le choléra a atteint la péninsule Ibérique, l’Afrique et l’Europe de l’Est. Puis, en 1991, des cas ont été diagnostiqués en Amérique du Sud, ce qui fait que le choléra ait été classé comme étant une pandémie qui renaît.
Le VIH
- C’était en 1981 que les Etats-Unis ont reconnu le VIH-sida comme étant une nouvelle maladie. Les premiers contaminés étaient des jeunes hommes homosexuels, mais après trois ans, des cas ont été également diagnostiqués chez les hétérosexuels en Afrique. Etant donné l’occurrence de la maladie chez les homosexuels, en 1982, le Centers for Disease Control (CDC) a nommé initialement la maladie, déficience immunitaire reliée à l’homosexualité (gay related immune deficiency (GRID). Peu de temps après, son nom définitif a été déterminé : SIDA. En 1984, le virus de l’immunodéficience humaine a été identifié comme étant l’agent infectieux responsable de cette maladie. Ce rétrovirus a été associé aux virus de l’immunodéficience simiens, détecté chez les populations de singes sauvages en Afrique Centrale ouest.
Des études ont montré que la première infection par le VIH date de 1959, mais cette souche virale est associée à un ancêtre découvert en 1920 près de Kinshasa. Les cas d’infections en Europe et en Amérique découlent toutes d’une souche virale qui a émergé en Afrique pour être transportée en Haïti en 1960, puis dans ces deux continents. En 2006, l’Afrique subsaharienne était la plus touchée par la pandémie. Mais force est de constater que le nombre de personnes infectées par le VIH augmente également dans d’autres pays, notamment en Europe de l’Est et en Asie centrale, en Inde et en Chine. Les causes fréquentes de l’infection par le VIH-Sida dans ces pays sont la prostitution et l’utilisation de drogues injectables.
Comme le VIH-sida a été diagnostiqué principalement chez les homosexuels, mais aussi chez les personnes marginalisées, et les drogués, les patients sont souvent stéréotypés et stigmatisés. Outre le stéréotype, le Sida se répercute également sur la famille et les communautés dans le monde. La maladie est source d’augmentation de la mortalité et réduit l’espérance de vie de ses victimes. Cette pandémie est considérée comme étant une des plus graves à l’époque moderne.
Le VIH a causé la perte de plus de 40 millions de personnes et constitue la majeure cause de mortalité en Afrique sub-Saharienne. En 2018, le VIH-sida a tué 770 000 personnes. Les conséquences de la pandémie dans cette zone s’expliquent par sa comorbidité avec d’autres maladies dont la tuberculose, la cryptococcose, la malaria, les hépatites B et C.
La prévention de risques et contrôle de pandémies
- 1.4.La surveillance
- La prévention des risques de propagation des épidémies ne peut se faire à moins de ne mettre en place des systèmes de surveillance. La pandémie grippale par exemple, contraint à réaliser une surveillance continuelle dans laquelle, l’OMS intervient pour mettre en place des centres nationaux de références (CNR), répartis dans différents pays. Puis, des centres mondiaux de références sont également désignés dans quatre pays, dont l’un à Paris.
Les systèmes de surveillance nationaux permettent de prévoir l’explosion de l’épidémie. Cela passe par la collecte et l’échange d’informations en temps réel en ce qui concerne l’évolution de l’épidémie. Cette évolution concerne aussi bien les animaux qui peuvent être les réservoirs de l’agent infectieux, que l’Homme. La détection de la pandémie se fait à travers l’identification de signaux anormaux dans un espace géographique. La hausse soudaine des syndromes accompagnés de l’augmentation de la morbidité et la mortalité pourrait présager une mutation de l’agent infectieux.
Pour la France, la lutte contre la pandémie de la grippe par exemple, se fait à travers la création de deux réseaux de surveillance épidémiologique. L’un des centres constitue une sentinelle qui va surveiller les syndromes grippaux (réseau Inserm). L’autre (réseau Grog – groupes régionaux d’observations de la grippe) se charge de collecter et de traiter les données virologiques afin de déterminer le début et la fin de la pandémie. Le Grog s’occupe également de l’étude des impacts de la pandémie sur l’ensemble de la population française.
Les interventions de l’OMS
- Les principales interventions de l’OMS se résument à la mise en place et à la coordination d’une plateforme de contrôle de la propagation d’une épidémie, ainsi que la prévention des crises sanitaires. Dans cette optique, l’OMS se base sur les résultats des recherches et les informations collectées lors de la surveillance pour établir des normes de contrôle de la population atteinte par la maladie ou de la population animale qui constitue le réservoir de l’agent pathogène. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la prévention des crises sanitaires provoquées par les zoonoses. Ces différentes démarches sont résumées dans le tableau suivant :
Tableau 1 : Les informations exploitées par l’OMS dans le cadre des interventions en cas d’épidémie d’influenza et de zoonoses, en vue de mettre en œuvre des stratégies adaptées (source : Aranzazu, 2016)
Documents (non publiés) | Informations apportées |
Rapports des réunions et des consultations Documents institutionnels des programmes | Mise en place et restructuration des programmes : objectifs, ressources, organisation de la surveillance et de la recherche, standardisation des techniques, circulation et partage du matériel biologique et des informations, rôle de coordination de l’OMS |
Mémorandums institutionnels | Justification des activités et situation budgétaire des programmes |
Correspondance entre l’OMS et ses collaborateurs | Intérêts, difficultés, demandes et propositions des acteurs |
Correspondance entre l’OMS et les institutions internationales de santé publique | Intérêts des institutions concernant l’application des mesures en santé publique, demandes de financement et de collaboration de l’OMS |
Rapports des laboratoires collaborateurs | Portées des activités scientifiques, ressources disponibles, appropriation des concepts par les scientifiques |
Contrats de recherche entre l’OMS et les laboratoires collaborateurs | Disponibilité budgétaire des programmes, identification des laboratoires participant dans la recherche |
D’après ce tableau, l’OMS intervient pour lancer et coordonner les programmes de surveillance. Dans cette optique, elle entre en partenariat avec différents partenaires notamment, les laboratoires ainsi que les institutions internationales de santé publique. Ces acteurs peuvent parfois demander l’appui technique et financier de l’OMS pour mener à bien leurs missions. Lors des réunions, les échanges entre l’OMS et ses collaborateurs permettent d’améliorer les démarches stratégiques déjà entreprises. Les rapports des laboratoires permettent également à l’OMS de connaître l’état d’avancement des travaux de ses collaborateurs, et d’évaluer les ressources déployées et celles qu’il va falloir approvisionner. En tant que coordinatrice des surveillances et des actions de prévention de crises sanitaires, l’OMS identifie ses collaborateurs.
Lorsqu’une épidémie est déclarée, l’OMS déploie des équipes internationales sur le terrain pour mener des études. Mais au niveau des pays moins avancés, les interventions de l’OMS semblent limitées vu que les équipes ne soient pas en mesure d’étudier le cycle naturel des agents infectieux tels que le virus du Sida. Les grands laboratoires susceptibles de mener les études plus poussées sont agglomérés en Europe et en Amérique. De ce fait, l’investigation épidémiologique ne peut pas se faire dans les règles de l’art. Pour prendre l’exemple de la pandémie grippale, l’OMS a déployé en 2008, 112 centres nationaux de la grippe dans les cinq continents pour mettre en œuvre des stratégies de lutte contre la grippe. Les échanges avec ces centres se fait en temps réel, à travers la connexion sur FluNet.
Outre à cela, l’OMS donne aussi des appuis financiers, ainsi que des matériels permettant de faire une surveillance. Dans le cadre de la surveillance grippale dans les années 1970 par exemple, l’OMS a travaillé avec l’Institut de virologie Ivanovski de Moscou. L’OMS a donné à l’Institut des aides financiers pour que celui-ci puisse acheter des matériels et des réactifs. L’Institut a fait ses rapports à l’OMS. Il a également bénéficié de l’aide d’experts américains et britanniques pour faire des enquêtes sur terrain. Les échanges ont conduit à la détermination d’approche standard pour collecter et analyser le matériel biologique. Par la même occasion, l’Institut a pu mener des enquêtes sur d’autres espaces animales susceptibles de devenir les hôtes du virus, dans d’autres régions de l’URSS. Les études en écologie du virus grippal ont largement bénéficié à l’OMS. Mais les études ont été subitement arrêtées en 1983, quand l’Institut n’a plus reçu le soutien financier de l’OMS.
- Le contrôle
Devant une pandémie, le contrôle est renforcé pour éviter ou tout au moins, pour réduire les contacts entre les sujets sains et les sujets infectés. Le but est d’isoler les cas infectés. Ils peuvent être mis en quarantaine. Les lieux publics où de nombreuses personnes se côtoient tel que les écoles, les théâtres, les restaurants, les lieux d’activités sportives, ainsi que les cinémas peuvent, selon le cas être temporairement fermés. Les activités jugées non essentielles sont désormais suspendues et reportées à une date ultérieure. Ces différentes mesures par exemple ont été adoptées par les Mexicains, quand la pandémie de la grippe a gagné du terrain. Le trafic aérien international peut être également suspendu ou limité.
Le contrôle est réalisé à tous les niveaux. Les acteurs locaux mettent en place des moyens pour limiter la propagation de l’épidémie en fonction de leurs ressources et de leurs autorités. Mais le contrôle fait intervenir également d’autres entités de plus grandes envergures notamment, les industries pharmaceutiques internationales, le Centre de contrôle de maladies des Etats-Unis.
L’OMS peut fournir une liste de contrôle comme ce qui est observée dans le cadre de la pandémie de la COVID-19 en vue de mieux préparer les parties prenantes (incluant les décideurs des villes, les autorités locales et les responsables politiques) à la pandémie et à d’autres évènements relatifs à la santé publique. Pour prendre l’exemple de la COVID-19, l’OMS a construit une liste de contrôle basée sur les principaux domaines d’interventions suivants : la construction de plans locaux coordonnées pour faire face aux risques et aux impacts sanitaires, communication sur les risques et les crises et sensibilisation de la population au respect des mesures sanitaires, construction de mesures de santé publique en adéquation avec le contexte local, augmentation de l’accès aux services de soins de santé et poursuite de services essentiels. Le contrôle ne vise pas à rejeter les plans et les documents d’orientations préalablement élaborés par les acteurs locaux, mais tient uniquement à les compléter. Ainsi, l’OMS invite les autorités locales à remplir la liste de contrôle dans un souci d’identification des lacunes et des améliorations à faire.
- La COVID-19
- 2.1.Généralités sur les coronavirus
- Caractéristiques générales des coronavirus
- 2.1.Généralités sur les coronavirus
Les coronavirus (Famille : Coronaviridae ; Ordre : Nidovirales) sont des virus dont le génome est constitué d’un ARN bicaténaire positif. Ce sont des virus sphériques en forme de couronne, dont l’enveloppe est constituée d’une nucléocapside hélicoïdale, contenue dans une autre capside icosahédrique, enrobée d’une enveloppe membranaire (fig. 1). Le génome des coronavirus compte 26 à 32 kilobases de longueur, ce qui fait que leur génome soit le plus grand parmi les virus à ARN,.
En général, les coronavirus codent pour 7 à 10 protéines dont les plus connues sont la réplicase, les protéines structurales N au niveau de la nucléocapside, la protéine S (spike contenue dans les spicules), les protéines E (contenues dans l’enveloppe ou sM), ainsi que les protéines M et M’ trouvées dans la membrane. Certaines espèces de coronavirus contiennent également de la protéine de surface appelée HE pour haemagglutinin esterase. La protéine S, glycoprotéine comptant entre 1 100 et 1 450 acides aminés contenue dans l’enveloppe est responsable de la formation de spicules visibles à la surface des coronavirus. Ces spicules permettent aux virus de s’attacher à leurs cellules hôtes et sont également impliquées dans la fusion membranaire pendant l’infection. La protéine S agit entre autres pour entraîner la formation d’anticorps neutralisants.
Le virus pénètre dans la cellule hôte à travers les spicules, via le dipeptidyl peptidase-4 (DPP4) qui agit comme récepteur. Ce dernier joue donc un rôle crucial dans la transmission de signal et l’induction de réponses immunitaires chez les patients infectés. Chez certains coronavirus, la protéine S intervient également dans la fusion d’une cellule infectée avec une cellule adjacente saine. Il en résulte une cellule géante appelée syncytie, multinucléée capable de neutraliser les anticorps et de favoriser la propagation du virus entre les cellules.
Figure 1 : Structure générale d’une particule de coronavirus (source : Li et al., 2020, p.425)
Les protéines structurelles N interviennent pour relier l’ARN viral du coronavirus et pour former la nucléocapside. Il tient donc un rôle important dans le génome viral, mais il est aussi impliqué dans le cycle de réplication virale, ainsi que dans la réponse cellulaire de l’hôte face à l’infection virale. L’expression des protéines N favorise la formation de particules semblables à des virus chez certaines espèces de coronavirus, ce qui suggère que ces protéines n’interviennent pas dans la formation de l’enveloppe virale, mais dans la formation complète du virion.
Les protéines M sont responsables de la formation de l’enveloppe virale et intervient dans l’organisation du coronavirus. La seule présence de la protéine M ne provoque pas la formation du virion. Il faut qu’elle intervienne avec les protéines S pour que celles-ci soient retenues dans l’appareil de Golgi et intégrées dans les virions. Les protéines M et E sont responsables de la formation de l’enveloppe virale. La protéine E est également impliquée dans l’assemblage du virus et est responsable de la morphologie sphérique du coronavirus.
Il faut remarquer toutefois que les coronavirus ne requièrent pas l’ensemble des protéines structurelles pour former un virion infectieux complet. Cette observation suggère que certaines protéines structurelles sont facultatives ou que les coronavirus ont développé des protéines additionnelles qui vont compenser les fonctions des protéines manquantes.
Les coronavirus peuvent infecter non seulement les hommes, mais également d’autres vertébrés, les oiseaux ainsi que des mammifères. Chez l’Homme, ainsi que chez les oiseaux et les volailles, les coronavirus sont responsables des infections localisées au niveau de l’ensemble du système respiratoire. Chez le chat, ils provoquent la péritonite infectieuse féline. Chez le chien et le porc, les coronavirus sont responsables de gastro-entérite. Certains coronavirus n’infectent que leurs hôtes, mais certaines espèces ont contourné la barrière de l’espèce et se sont adaptées à l’Homme. Ces dernières sont responsables des maladies zoonotiques de l’Homme. Parmi elles se trouvent la SARS-CoV, le MERS-CoV.
La réplication des coronavirus se fait dans le cytoplasme. Ces virus possèdent les plus volumineux génomes à ARN recensés jusqu’à présent. Ils sont capables de faire des mutations au niveau de n’importe quelle partie de leur génome.
- Cycle de vie virale des coronavirus
La réplication des coronavirus se fait dans le cytoplasme des cellules hôtes. Leur cycle de vie commence lorsque le génome viral parvient à entrer dans le cytoplasme par endocytose et/ou fusion membranaire pour induire la traduction de l’ARN génomique en un brin d’ARN de polarité négative. Ce dernier va devenir la base de la production d’ARN messagers responsables du codage des différentes protéines de la capside. Une fois répliquées, les particules virales sont transportées vers l’appareil de Golgi où elles vont être libérées à la surface des cellules infectées (fig.2).
Figure 2 : Modèle de réplication des coronavirus d’après Weiss et Navas-Martin (2005 : 640). La première phase du cycle viral commence lorsque le récepteur interagit avec le virus. S’ensuit une fusion entre le virus et la membrane plasmique. A partir de ce moment, l’ARN spécifique au virus et des protéines sont synthétisés dans le cytoplasme. Les coronavirus sont exprimés à travers la traduction de deux polyprotéines notamment, le pp1a et le pp1ab qui vont entrer dans le cadre de la formation de la complexe réplicase. Ce complexe sera utilisé lors de la formation de l’extrémité 3’ de l’ARNm subgénomique, ainsi que de l’extrémité 5’. Les protéines sont traduites à partir de l’extrémité 5’ de chaque ARNm. Les nouveaux virions sont produits par bourgeonnement dans les membranes intracellulaires avant d’être relâchés à travers les vésicules par des mécanismes de sécrétions cellulaires. RER : réticulum endoplasmique rugueux, ER/GIC : compartiment intermédiaire entre l’appareil de Golgi et le réticulum endoplasmique.
L’enveloppe virale est formée pendant la phase d’assemblage du virus. Par la suite, le bourgeon formé par le virion émerge à la surface membranaire de la cellule hôte. Cela correspond au processus de scission. Les bourgeons de virions s’attachent à la membrane grâce à un petit goulot. Les virions peuvent adopter une morphologie allongée pour pouvoir faire une scission avec la cellule hôte. Ceux qui n’y parviennent pas restent attachés à la membrane cellulaire de l’hôte par ce goulot membraneux. Un nouveau processus de scission reprend à l’endroit où la scission n’a pas pu avoir lieu, jusqu’à ce qu’un nouveau virion soit libéré.
Les virus ne possèdent pas les moyens leur permettant de faire une auto-réplication. Par conséquent, ils ont toujours besoin de leurs hôtes pour pouvoir se répliquer. Souvent, les virus exploitent le système de réplication de leurs hôtes pour pouvoir se répliquer. Dans le cas des coronavirus, la réplication du génome ne peut se faire à moins qu’il n’y ait production d’ARNm à faible concentration. Celle-ci va servir de matrice pour reproduire l’ensemble de l’ARN génomique. La synthèse de l’ARNm est régulée par des séquences régulatrices de la transcription. Ces séquences sont inscrites dans l’ARN génomique et au niveau des sites de début de transcription de chaque ARNm.
- Les différents coronavirus
Tratner (2003) a rapporté deux types de coronavirus en fonction de l’interaction des récepteurs cellulaires avec la protéine S. Les coronavirus de groupe 1 tel que l’HCoV 229ℇ possédant comme récepteur, l’aminopeptidase N, ainsi qu’une métalloprotéase localisée au niveau de la surface des cellules épithéliales de certains organes comme l’intestin, le poumon et le rein. D’un autre côté se trouve le groupe 2 incluant l’HCoV OC43 qui interagit avec les résidus de type acide sialique.
Peng et al. (2020) ont identifié quatre genres de coronavirus selon l’organe qu’ils attaquent : α-CoV, β-CoV, γ-CoV et δ-CoV. Tous ces genres de coronavirus sont à l’origine de maladies infectieuses aussi bien chez l’Homme que chez les autres Vertébrés. Le α-CoV et β-CoV attaquent le système respiratoire, gastro-intestinal ainsi que le système nerveux central de l’Homme et des autres mammifères. Le Middle East respiratory syndrome coronavirus (MERS-CoV) découvert en 2002-2003, ainsi que le SARS-CoV appartiennent au genre β-CoV Le γ-CoV et δ-CoV infectent souvent les oiseaux. En effet, outre les coronavirus qui infectent l’être humain, d’autres espèces ont été trouvées chez d’autres animaux tels que le coronavirus murine, porcin, bovin, aviaire.
Six coronavirus ont été observés chez l’homme : 229E, OC43, NL63 et HKU1 qui provoquent la sensation d’avoir à la fois chaud et froid chez le patient, ainsi que le SARS-CoV et le MERS-CoV qui attaquent la voie respiratoire et peuvent entraîner la mort. Le NL63 a été identifié comme étant à l’origine d’infections respiratoires, de bronchiolites et de pneumonie. Cette souche a été initialement prélevée chez un bébé de sept mois, puis retrouvé chez un adulte souffrant de troubles immunitaires avec des infections des voies respiratoires. Le NL63 a été identifié comme étant à l’origine de la maladie de Kawasaki chez les enfants.
- 2.2.Le virus de la COVID-19 en particulier
Origine de la COVID-19
- Le virus ayant causé le premier cas de COVID-19 montrait de nombreuses similitudes avec le SARS-CoV, mais qui s’est adaptée encore plus à l’Homme à travers le lien qu’il forme avec l’ACE2. Cette constatation a orienté les chercheurs vers la piste de la possible mutation de la souche virale pour s’adapter à l’être humain. L’analyse des échantillons prélevés après autopsie des personnes qui ont succombées à la maladie a mis la lumière sur la pathogénèse du virus. Par la suite, ces études ont permis de montrer l’origine zoonotique du virus. En effet, il a été observé que le nouveau virus responsable de la maladie était similaire aux coronavirus qui infectent les chauves-souris. De ce fait, il y a une forte probabilité que les chauves-souris soient les premiers réservoirs du virus. La transmission du virus vers l’Homme s’était faite alors par le biais de la consommation d’animaux exotiques.
C’était à Wuhan (Chine) que la COVID-19 a été détectée pour la première fois. Elle présente des spécificités qui la différencient du SARS-CoV (Severe acute respiratory syndrome – CoV), qui a déjà frappé en 2002 – 2003. Le contact avec les animaux vivants ou non, vendus dans le grand marché de produits de mer à Huanan a probablement permis au virus de se propager. En effet, les premiers patients atteints de la COVID-19 ont tous visité le marché de Huanan un mois environ avant de présenter les premiers signes de la maladie. A l’approche de la fête du nouvel an, de nombreux passagers venant de Wuhan se sont déplacés. Cela a eu pour effet d’augmenter drastiquement le nombre de cas confirmés. Le 05 février 2020 la Chine a enregistré 24 363cas confirmés, ainsi que 23 620 cas suspects.
Voyant la propagation de la maladie, les chercheurs chinois se sont penchés sur la caractérisation de ce nouveau virus et ont pu séquencer son génome (nucléotides 29,903). L’apparition de ce nouveau virus indique que l’agent infectieux a trouvé un nouveau mode de propagation allant d’une personne à une autre. Reconnu comme étant la septième espèce de coronavirus pouvant infecter l’être humain, la COVID-19 était d’abord appelé 2019-nCoV avant d’être désigné par l’OMS comme étant la Corona Virus Disease (COVID-19). L’agent infectieux a été appelé SARS-CoV-2.
A Shenzen (Chine), une famille a été infectée par le virus. Un enfant de 10 ans a été reconnu être un porteur sain. Des cas ont été apportés au Vietnam, Allemagne, Etats-Unis. La propagation de la maladie en Allemagne semble résulter d’un individu asymptomatique venant de Chine, ayant participé à un congrès en Allemagne et qui a infecté au moins, deux personnes pendant la période d’incubation. Cela a démontré que même en étant asymptomatique, une personne peut bien transmettre la maladie.
Le 8 janvier 2020, le Chinese Center for Disease Control and Prevention a annoncé officiellement l’identification d’un nouveau coronavirus responsable de la COVID-19. Après la détection de pneumonie en Chine en 2019, d’autres cas ont été rapportés dans le monde. Le premier cas en Corée du Sud a été confirmé le 20 janvier 2020. Il s’agissait d’un voyageur provenant de Wuhan en Chine et qui est entré en Corée. Le premier cas aux Etats-Unis a été confirméle19 janvier 2020 dans une clinique du Comté de Snohomish à Washington. Le patient de 35 ans revenait d’une visite à sa famille à Wuhan en Chine. Un cas a été déclaré en Allemagne le 05 mars 2020. Le patient allemand de 33 ans a été infecté suite à un contact avec une consœur Chinoise. A la fin du mois de janvier 2020, l’OMS a reconnu que cette maladie devenait une urgence sanitaire publique d’envergure. Le 26 février 2020, la COVID-19 a été rapportée dans 34 pays avec 80 239 cas confirmés et 2 700 morts.
Les études antérieures ont permis de montrer dès 1998, que les coronavirus avaient une forte capacité d’évolution et d’adaptation. Ainsi, non seulement, l’agent pathogène est capable de muter, mais en plus son pouvoir pathogène pourrait également être modifié. Cela a été démontré à partir des études menées sur des isolats du SARS-CoV. A l’instar du SARS-CoV et le MERS-CoV, le SARS-CoV-2 est zoonotique. L’origine la plus probable de ce nouvel agent infectieux est la chauve-souris rousse (Rhinolophus sinicus). Les pangolins par la suite, ont servi d’hôte intermédiaire. De ce fait, il existe une forte probabilité que la première transmission du nouveau coronavirus s’était faite d’un animal vers un homme, avant de se faire d’une personne à une autre. Ce dernier mode de transmission a été retenu par la suite. La transmission du virus d’un animal sauvage vers un homme s’était fait par la vente illégale de la viande de l’animal sur le marché de Huanan.
Epidémiologie
- La COVID-19 est une pneumonie virale qui se manifeste souvent par la fièvre, la toux, la myalgie ou la fatigue. Certains patients peuvent produire des crachats, avoir des migraines, de l’hémoptysie et de la diarrhée. La majorité des patients en Chine se plaignaient d’avoir froid, et d’avoir la fièvre. Nombre d’entre eux présentaient une toux sèche, une difficulté à respirer. Les patients ressentaient également des douleurs musculaires, de la confusion, de l’angine et vomissaient. Certains patients perdaient le goût ou l’odorat. Quand le virus parvient au niveau des tissus pulmonaires, une inflammation s’ensuit, ce qui peut entraîner une thrombose pulmonaire microvasculaire. L’imagerie par CT réalisée auprès de 51 patients a montré que 86% des patients montraient des lésions au niveau du poumon. Ces lésions peuvent toucher quatre à cinq lobes.
La maladie frappe plus souvent les hommes d’âge avancé chez qui, la forme grave de la COVID-19 peut entraîner de graves maladies respiratoires. Il faut noter cependant que le SARS-CoV et le MERS-CoV peuvent être asymptomatiques pendant les premières étapes de la maladie.
La COVID-19 peut frapper tout le monde, mais certaines personnes dû à leur travail se trouvent plus exposés aux risques d’infections par rapport à d’autres. C’est le cas par exemple, des professionnels de santé qui sont en contact direct avec les patients atteints de la maladie. Il en est de même pour les autres patients qui sont admis à l’hôpital et qui, malgré eux, côtoient le virus. En effet, pendant les premières phases de l’épidémie en Chine, 41% des patients atteints de la COVID-19, ont contracté la maladie à l’hôpital. 29% d’entre eux étaient des professionnels de santé et 12% étaient des patients admis à l’hôpital pour d’autres raisons.
Il semblerait également que le taux d’infection et de mortalité soit plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Les hormones pourraient jouer un rôle crucial dans la différence de réponse chez les femmes et les hommes. En effet, les androgènes au niveau de la prostate favorisent l’expression de la sérine protéase TMPRSS2 qui, pourtant, est utilisé par le SARS-CoV2 pour déclencher la fabrication de protéine.
Si les patients symptomatiques peuvent être directement mis en quarantaine, les sujets asymptomatiques sont plus difficiles à cerner. Or, même en étant asymptomatiques, ces personnes peuvent déjà transmettre la maladie à leur entourage, rendant ainsi le contrôle de la propagation du virus extrêmement difficile.
La période d’incubation du SARS-CoV-2 est de 5 à 6 jours en général. Mais il a été constaté que cette période peut durer 14 jours, ce qui fait que l’observation médicale et la mise en quarantaine du sujet soit faite en 14 jours. Un cas rare a été pourtant rapporté, celui d’une personne dont la période d’incubation durait 19 jours. Bien qu’existant, le risque relatif à la période d’incubation aussi longue est faible. De ce fait, la mise en quarantaine est retenue à 14 jours.
Structure du virus
- Le SARS-CoV appartient à la catégorie des β-Coronavirus. Il a une forme arrondie ou elliptique. Son diamètre est compris entre 60 et 140 nm. La micrographie électronique des particules du SARS-CoV a mis en évidence la présence d’épines mesurant entre 9 et 12nm et qui confèrent au virus la forme de couronne.
Son génome comprend 29 891 nucléotides qui codent 9 860 acides aminés. Le SARS-CoV2 semble découler de la mutation d’une souche virale retrouvée chez une chauve-souris notamment, le RaTG13.
Le SARS-CoV2 possède la structure typique des coronavirus, avec une enveloppe membranaire de l’épine de protéine. La membrane comprend d’autres protéines dont les polyprotéines, les nucléoprotéines, l’ARN-polymérase, la protéase ressemblant au 3-chymotrypsine, la protéase similaire à la papaïne, l’hélicase, la glycoprotéine et des protéines accessoires. L’infection virale est facilitée par la présence de la protéine S du coronavirus qui peut se lier aux récepteurs au niveau de la cellule de l’hôte. Les sous-unités S1 et S2 des glycoprotéines orientent le virus vers les récepteurs de l’hôte. La sous-unité S2 contient des peptides avec un domaine transmembranaire et un domaine cytoplasmique. De ce fait, le développement d’un vaccin pourrait se focaliser sur le ciblage de cette sous-unité.
Le 2019-nCoV peut également se lier à l’enzyme ACE2 (angiotensin-converting enzyme 2), qui est le récepteur de la SARS-CoV. Cette enzyme en effet est également présente chez d’autres animaux comme le cochon, la chauve-souris, le chat civette. Cela laisse donc penser que les êtres vivants présentant l’ACE2 sont susceptibles d’être frappés par le SARS-CoV2. L’ACE2 est une métalloprotéase de zinc. L’ACE2 est principalement observée au niveau de la zone inférieure de la voie respiratoire.
Les SARS-CoV possèdent une protéine structurelle unique appelée protéine 7a. Cette protéine est intégrée dans les virions matures et jouent un rôle important dans la pathogenèse de cette espèce de coronavirus. La protéine 7a provoque l’apoptose et arrête le cycle cellulaire pour promouvoir la production de cytokines pro-inflammatoires. Chez les mammifères, la protéine E interagit avec la protéine 7a.
Le SARS-CoV2 dispose de protéines non structurelles (nsp) dérivant des polyprotéines virales ORF1a et ORF1ab. Les nsp permettent une plus rapide réplication et transcription. L’ARN polymérase dépendante de l’ARN (RdRp également connu sous le nom de nsp12), est responsable de la catalyse de la synthèse de l’ARN viral, lorsque ses effets sont combinés avec ceux de la nsp7 et nsp8. La structure du SARS-CoV2 est donnée par la combinaison des nsp12, nsp7 et nsp8. Les protéines nsp sont responsables du blocage de la réponse immunitaire du sujet infecté.
Complications
- Si aucun signe de la maladie n’est décelé pendant les premières phases de l’évolution de la maladie chez le sujet infecté, il est probable que des complications surviennent. Les formes graves se manifestent par le syndrome de détresse respiratoire aigu et l’arythmie. Le syndrome de détresse respiratoire aigüe requiert la mise sous oxygène du patient.
Les patients asymptomatiques peuvent subitement présenter une pneumonie sévère, une dyspnée, une insuffisance rénale et peuvent même mourir. Les complications respiratoires proviennent de l’exfoliation des cellules épithéliales alvéolaires, tandis que les alvéoles septaux s’élargissent. S’ensuit une infiltration cellulaire inflammatoire. L’inflammation s’accompagne de nécroses des cellules, d’infiltration et d’hyperplasie.
Face à la propagation du virus, le système immunitaire intervient pour éliminer le virus. Mais dans certains cas, la réponse immunitaire est incontrôlable, et occasionne l’altération des tissus pulmonaires et avec elle, la réduction de la fonction pulmonaire. Mais cette réponse favorise aussi des troubles fonctionnels. L’infection virale peut en effet induire une réaction immunitaire excessive connue sous le nom de « cytokine storm » (tempête de cytokine) qui altère les tissus et conduit à une coagulation dysfonctionnelle. Or, l’insuffisance immunitaire ou sa réponse incontrôlée peuvent tout deux conduire à l’augmentation de la réplication virale et causer des dommages tissulaires. De ce fait, la complication survient souvent chez les patients atteints de troubles dysimmunitaire.
La comorbidité constitue le principal facteur de complications chez les patients atteints de la COVID-19. Les sujets souffrant de diabètes, d’hypertension et de maladies cardiovasculaires sont plus susceptibles d’attraper la maladie et d’évoluer vers la forme grave voire même critique de la maladie. D’autre part, l’expression des récepteurs du virus au niveau du poumon peut être renforcée chez les fumeurs. Les formes graves de la maladie sont fréquemment rencontrées chez les patients qui présentent des défaillances au niveau de certains organes comme le poumon, ou qui ont subi un choc. Cela renforce souvent la détresse respiratoire.
L’âge semble également renforcer l’attaque virale et provoquer des complications. Une étude menée en Chine a permis de montrer que sur les cas confirmés, les patients âgés entre 70 et 79 ans sont plus susceptibles d’évoluer vers les formes graves de la maladie. Les formes graves nécessitent une prise en charge dans les hôpitaux. Jusqu’en février 2020, 20 à 30% des patients infectés requéraient une ventilation et 10% succombait à la maladie. Les formes graves nécessitent souvent une intubation, qui augmente encore les probabilités de contagion. Une étude menée auprès des patients qui ont succombé à la maladie en Chine a révélé que la plupart des patients qui ne parviennent pas à survivre quand ils attrapent le virus, sont ceux qui souffrent d’hypertension, de diabètes, de maladie cardiaque ischémique. Il faut noter toutefois, l’existence d’autres facteurs qui auraient pu causer la mort de ces patients. En effet, peu d’entre eux (environ 25%) seulement ont bénéficié d’une ventilation mécanique.
Voies de contamination
- La transmission zoonotique du coronavirus s’était faite dans les marchés. Les contacts entre les humains et les animaux réservoirs du coronavirus ont conduit à la contamination de l’Homme. Les chauves-souris et les civets comptent parmi les hôtes du coronavirus. La civette par la suite, a transmis à l’Homme le virus dans un marché d’animaux au Sud de la Chine. En décembre 2019, la nouvelle forme de pneumonie s’est fortement propagée à Wuhan (Chine), suite à l’infection provenant d’un marché de gros de fruits de mer. Le séquençage ADN a conclu à la présence d’une nouvelle forme de β-coronavirus.
La transmission d’une personne à une autre, a été observée aussi bien dans les hôpitaux que chez les familles des patients atteints de la maladie. La transmission d’un sujet à un autre se fait à travers les gouttelettes qui sont propulsées quand une personne tousse ou éternue. Les particules dont le diamètre est compris entre 5 et 10μm sont facilement transportées dans l’air. La concentration de virus dans l’air dans un espace clos favorise la transmission du virus par aérosol. Certaines études ont montré que le SARS-CoV2 pourrait être transportés dans l’air durant les procédures médicales. Le coronavirus entre dans le corps à travers les muqueuses ou à travers la peau dans le cas d’une plaie. Par rapport aux autres coronavirus, la transmission de la COVID-19 d’une personne à une autre est très rapide, d’où la nécessité de prendre des mesures pour limiter la propagation du virus.
La contamination se fait par une transmission directe incluant la toux, l’éternuement et l’inhalation des gouttelettes infectées. La salive par exemple, peut véhiculer l’agent infectieux. Les contacts directs ou indirects entre deux personnes favorisent la contamination par l’agent infectieux. La transmission peut être due au contact au niveau oral, nasal ou encore au niveau des muqueuses oculaires. En effet, l’analyse d’échantillons de tissus conjonctifs issus de sujets suspectés ou confirmés positifs à la COVID-19 laisse penser que l’exposition de l’œil à la souche virale pourrait être une voie de transmission à l’être humain. Cette transmission peut se faire aussi bien d’un sujet asymptomatique ou symptomatique, vers un sujet sain. D’autre part, il existe un risque que le virus se transmette par voie fécale-orale.
La contamination peut aussi se faire indirectement, via les surfaces sèches contaminées par l’auto-inoculation ou des muqueuses provenant du nez, des yeux et de la bouche. La compilation des données issues de différentes études destinées à tester la persistance des différents coronavirus sur différents types de surfaces a permis de montrer que dans la plupart des cas, ces virus peuvent persister entre 2 heures à plus de 9 jours. Une autre étude sur la durée de la contamination par le SARS-CoV2 a révélé que celui-ci pouvait persister plus de 2 à 3 jours sur le plastique et l’aluminium. Il peut survivre plus d’un jour sur les cartes et plus de 4 heures sur le cuivre. La contamination est élevée dans les unités de soins intensifs. Mais le SARS-CoV2 se dépose facilement et contamine le sol, les souris d’ordinateurs, le lit occupé par les malades, les bacs à ordure, les rampes. Si le coronavirus ne peut survivre que quelques heures sur des surfaces sèches inertes, il n’en est pas de même pour les milieux aqueux où il peut survivre pendant plusieurs jours.
Prévention et traitements
Modes de prévention
- 2.3.La Chine qui a enregistré une forte hausse du nombre de cas confirmés en premier lieu, a procédé au confinement de son peuple. Pour éviter la propagation de la maladie ou tout au moins, pour la réduire, la Chine a décidé d’arrêter les moyens de locomotion tels que les bus, les trains, les ferries et les aéroports. La première stratégie de prévention consiste à réduire la propagation de cas confirmés, ce qui revient à isoler les patients et à contrôler les infections. L’OMS a même donné des recommandations notamment, l’évitement du contact avec les personnes qui présentent des infections respiratoires aigües, le lavage fréquent des mains surtout après contact avec des patients atteints de la COVID-19 ou dans un environnement infecté. La prévention consiste également à éviter tout contact non protégé avec les animaux sauvages ou les animaux des fermes. Les personnes qui présentent déjà des infections respiratoires sont amenées à prendre leur distance avec les personnes qui ne sont pas encore infectées et sont encouragées à porter des masques qui vont protéger leur entourage des gouttelettes provenant des toux ou des éternuements. Les personnes qui souffrent d’une maladie qui diminuent leur immunité sont amenées à éviter tout contact public de peur de contracter la COVID-19.
L’utilisation d’agents biocides a été rapportée avoir des effets positifs sur l’inactivation des coronavirus à une certaine concentration et à des durées d’exposition précises. Ainsi, l’éthanol (78 – 95%), le 2-propanol (70 – 100%), mélange de 2-propanol et de 1-propanol (45% et 30% respectivement), le glutardialdehyde (0.5 – 2.5%), formaldehyde (0.7 – 1%), le povidone iodine (0.23 – 7.5%), l’hypochlorite de sodium (au moins 0.21%), le peroxyde d’hydrogène (0.5% pendant 1 minute) ont donné des résultats positifs. Les effets de certains agents biocides restent toutefois à préciser ou à approfondir. C’est le cas par exemple du chloride de benzalkonium à une concentration de 0.05% est plus effective par rapport au même agent à une concentration de 0.2%. Pour être effective l’exposition au chloride de benzalkonium doit être de 10 minutes.
D’ailleurs, l’OMS recommande de bien nettoyer les surfaces en utilisant de l’eau, du détergent avec des produits désinfectants qui sont utilisés dans les hôpitaux pour réduire la propagation du virus par contamination des surfaces. Souvent, l’eau de Javel est utilisée à cet effet. L’éthanol (70%) pour sa part, est recommandé pour nettoyer une petite surface. Les soignants qui peuvent toucher les surfaces contaminées doivent laver leurs mains avec une solution à base d’alcool, par exemple, après avoir enlevé les gants. Les mesures d’hygiène sont renforcées, plus particulièrement dans les urgences.
Il est nécessaire de rappeler qu’à l’exemple de toutes les autres espèces de coronavirus, le SARS-CoV2 est sensible au rayonnement UV et à la chaleur. D’ailleurs, la forte température limite la réplication de nombreuses espèces de virus. Cependant, la température qui peut neutraliser le SARS-CoV2 reste encore à préciser. Il semblerait que le virus soit neutralisé au bout d’une température de 27°C, mais cela reste encore à confirmer. Le SARS-CoV2 par contre montre une grande résistance au froid même en-dessous de 0°C. De ce fait, une température comprise entre 30°C et 40°C réduit significativement la durée de la persistance des coronavirus même les plus virulents comme le MERS-CoV, le TGEV (transmissible gastroentiritis virus) et le MHV (mouse hepatitis virus). La persistance peut être prolongée au-delà de 28 jours si la surface se trouve dans un environnement à basse température (4°C). A température ambiante, le coronavirus humain HCoV-229E montre une meilleure résistance si l’humidité relative est élevée (50%).
Médicaments utilisés
- La recherche menée sur le récepteur et la protéine diffusée par l’agent infectieux a permis de montrer que la sérine protéase cellulaire TMPRSS2 contribue à la formation de la protéine S du SARS-CoV2. Par conséquent, l’inhibition de cette protéase pourrait être une piste à exploiter dans le cadre du traitement de la COVID-19.
L’administration de chloroquine à raison de 500mg toutes les 12 heures et d’hydroxychloroquine à raison de 200mg toutes les 12 heures a été utilisée comme traitement immunomodulatoire. L’hydroxychloroquine a conduit à la neutralisation du virus chez les patients atteints de COVID-19. Mais cet effet semble renforcé par les macrolides d’azithromycine. Les macrolides contribuent à la réduction de l’inflammation et renforce aussi le système immunitaire du patient. La chloroquine et l’hydroxychloroquine diminuent l’adhésion du virus à la surface cellulaire, et entraînent de ce fait la production de cytokines proinflammatoires. Ces médicaments stimulent entre autres, la phagocytose par les macrophages alvéolaires. Ils inhibent également l’activation et la mobilisation de neutrophiles.
L’hydroxychloroquine a fait l’objet d’un essai clinique depuis avril 2020, au Tennessee, afin d’en connaître l’efficacité et l’innocuité, dans la lutte contre la COVID-19. Les essais sur des échantillons de petite taille semblent montrer l’efficacité de ce médicament pour guérir la COVID-19. L’intérêt pour ce médicament vient de son utilisation dans le traitement de la malaria, mais aussi de l’arthrite, mais surtout, de sa propriété antivirale. L’hydroxychloroquine en effet, peut modifier l’activité du système immunitaire et semble inoffensif s’il est administré à certaines doses. Ces propriétés physiques et chimiques ont amené les chercheurs à émettre l’hypothèse selon laquelle, l’hydroxychloroquine pourrait être prescrit dans le traitement de la COVID-19. Cependant, l’utilisation de ce médicament demande de la vigilance dans la mesure où il peut causer des arythmies cardiaques, des crises, des réactions dermatologiques et aussi de l’hypoglycémie. L’hydroxychloroquine a été prescrit en premier lieu pour soigner les patients atteints de la COVID-19, dans de nombreux hôpitaux américains.
Le Remdesivir, notamment l’isomère du 2-ethylbutyl L-alaninate phosphoramidate a montré un potentiel pour inhiber la prolifération du SARS-CoV2. Le Remdesivir a été utilisé durant le virus de l’Ebola. De plus, son activité antivirale est plus efficace par rapport à celle du Lopinavir. Testé sur le rat, il a montré ses effets à la fois prophylactique et thérapeutique. Il a amélioré la fonction pulmonaire, tout en luttant contre la pathologie du poumon. Chez le macaque traité avec le Remdesivir, l’infection par le MERS-CoV n’a pas induit des maladies cliniques, ni la réplication du virus dans les voies respiratoires. Il a permis entre autres de prévenir les lésions pulmonaires. Ainsi, il a été utilisé pour traiter le premier cas de COVID-19 aux Etats-Unis. L’état du patient s’est amélioré après un jour de traitement. Les résultats des tests cliniques n’ont pas encore été révélés.
Vu la structure du SARS-CoV2, certains médicaments capable d’inhiber la propagation du virus ont été considérés comme ayant des potentiels pour devenir un médicament candidat. Parmi eux se trouve le Favipiravir. D’ailleurs, ce médicament a déjà montré des effets positifs dans le soin de la COVID-19 lors des essais cliniques. Les médicaments antigrippaux comme l’Oseltamivir ont été avancés pour soigner les patients atteints de la COVID-19. Ces antigrippaux ont été associés à la diminution du taux de mortalité.
Comme les coronavirus attaquent la voie respiratoire, les médicaments prescrits en cas de pneumopathie ont été également proposés pour soigner les personnes infectées. Dans cette perspective, les antiviraux et les antibiotiques, ainsi que les corticostéroïdes ont été avancés comme ayant des potentiels pour soigner les coronavirus.
L’antiviral Ribavirine a été proposé, pour sa capacité à traiter de nombreuses infections virales, notamment le virus de l’hépatite C, le virus syncitial respiratoire et les virus qui provoquent des fièvres hémorragiques. De plus, il a été utilisé chez le macaque atteint du MERS-CoV. Toutefois, les essais cliniques in vitro n’ont pas encore pu démontrer son efficacité pour limiter la réplication du virus ou pour arrêter sa transmission intercellulaire. De plus, la Ribarivine comporte des effets secondaires notables tels que l’anémie hémolytique et son potentiel tératogène.
Mis à part la Ribavirine, certains agents antiviraux ont été considérés comme ayant des potentiels pour lutter contre le SARS-CoV2. Il s’agit notamment du Lopinavir qui a donné des résultats probants pour inhiber l’activité protéase du coronavirus in vitro, chez des animaux. Une étude menée auprès de 1052 patients atteints de la SARS a permis de démontrer que cet agent pouvait effectivement réduire le taux de mortalité. Si le Lopinavir était effectif pour le traitement du SARS et du MERS, alors il existe une probabilité pour qu’il puisse également être utilisé dans le cadre du traitement de la COVID-19.
En ce qui concerne les corticostéroïdes, des résultats probants ont été enregistrés chez 41 patients atteints de la COVID-19. Les corticostéroïdes notamment le methylprednisolone semblent supprimer les inflammations au niveau du poumon. Cependant, en janvier 2020, l’OMS n’a pas encore recommandé les corticostéroïdes, à moins que d’autres raisons ne soient identifiées par le prescripteur. Cela vient du fait que leur administration n’a pas permis d’obtenir les résultats attendus. L’observation de 309 adultes atteints par la COVID-19 et traités par les corticostéroïdes a permis de montrer qu’ils nécessitaient une ventilation mécanique, des vasopresseurs, ainsi que des thérapies de remplacement rénal. Par ailleurs, les corticostéroïdes entraînent aussi une psychose, des diabètes et une nécrose avasculaire. Ainsi, le traitement avec des corticostéroïdes pourrait comporter des dangers pour le patient, même s’ils présentent certains avantages.
La sérothérapie a été avancée comme étant une alternative pour lutter contre la COVID-19. La sérothérapie consiste à prendre des anticorps dans le sang des personnes qui ont guéri de cette maladie. Les calculs ont montré que la sérothérapie d’un seul individu requiert les anticorps issus d’au moins trois patients ayant guéri de la COVID-19. Depuis juin 2020, un essai clinique a été lancé pour tester le cocktail d’anticorps susceptible de lutter contre la COVID-19.
Outre aux médicaments, la Chine a également opté pour l’exploitation des remèdes traditionnels chinois tels que le Xuebijing. Des essais cliniques ont été menés à cet effet. Mais jusqu’à présent, malgré la multitude de médicaments et de remèdes avancés, ils n’ont pas pu conclure à des effets réels sur le SARS-CoV2.
Développement de vaccins
- Le vaccin constitue une alternative intéressante pour faire face aux pandémies. Pour le cas du SARS-CoV2, la détermination rapide de la structure de ce virus a facilité l’identification des stratégies de développement de vaccins.
Cependant, pour que le vaccin soit efficace, il faut qu’il soit adapté au virus pandémique. Dans ce cas, il est quasiment impossible d’élaborer un vaccin avant que la pandémie ne se déclare. Il faut noter en plus, que la mise au point d’un vaccin demande en moyenne entre quatre et cinq mois. Or, cette période correspond le plus souvent à la première vague de la pandémie. Devant ce fait, le vaccin ne peut être opérationnel qu’après la première vague. Néanmoins, face à la propagation du virus dans le monde entier, le cycle d’identification et de mise en œuvre d’un vaccin candidat s’est trouvé écourté. C’est le cas par exemple du mRNA-1273, développé par Moderna quelques semaines seulement après la détermination de la séquence du SARS-CoV2 (février 2020). La réduction du temps alloué au développement de vaccin découle du renforcement des collaborations entre les chercheurs et les industries pharmaceutiques dans le monde entier.
En avril 2020, l’OMS a encouragé le rassemblement et la collaboration entre chefs d’Etats, institutions et entreprises pour accélérer le développement de nouveaux vaccins destinés à lutter contre la COVID-19. Cette démarche fait suite à l’initiative de l’OMS depuis 2020, à collaborer avec une centaine d’institutions pour concevoir et tester des vaccins. Certains Instituts comme le NIAID (National Institute of Allergy and Infectious Diseases) se sont en effet lancés dans la promotion du développement de vaccins. Le NIAID s’est investi pour trouver de nombreux candidats à intégrer dans des programmes de développement de vaccins. En effet, même si certains candidats ont montré des effets probants et intéressants lors des études précliniques, nombre d’entre eux ne parviennent pas à donner les résultats escomptés lors des essais cliniques. Le Rocky Mountain Laboratories du NIAID fournit des candidats pour les vaccins en se basant sur les résultats obtenus suite à l’étude menée sur les SARS et les MERS. Le Rocky Mountain Laboratories a déjà fait une tentative de développement de vaccin contre le MERS-CoV, en collaboration avec l’Université d’Oxford. Pour ce faire, les deux entités ont utilisé le vecteur adénovirus du chimpanzé. Le Rocky Mountain Laboratories travaille également avec la compagnie biopharmaceutique CureVac en vue de trouver de nouveaux candidats.
Outre à cela, le NIAID finance également le développement de nouveau vaccins candidats qui sont efficaces et pourraient être utilisés par toutes les catégories d’âge. L’institut met à la disposition de ses collaborateurs des outils permettant de soutenir le développement de vaccins. Parmi ces outils se trouvent par exemple les stocks de virus SARS-CoV-2 qui pourraient servir de base à l’étude, le test ELISA quantitative spécifique au SARS-CoV-2, les essais de neutralisation des virus. Le NIAID fournit des adjuvants qui vont être exploités dans le cadre du développement de vaccins. Les adjuvants sont des composantes de vaccins qui en augmentent l’efficacité à travers l’induction d’une immunité protective à longue durée. Ces adjuvants sont encore en phase de développement. Ils sont destinés à améliorer l’efficacité du vaccin particulièrement chez les sujets âgés, tout en prévenant les réponses inflammatoires.
Dans la plupart des cas, les stratégies de développement de vaccin ciblent la protéine S. L’université de Tianjin par exemple, propose comme candidat, un vaccin oral dont la base est le Saccharomyces cervisiae, qui va cibler la protéine S. Jusqu’en août 2020, plus de 100 vaccins candidats ont été recensés dans le monde entier. 8 à 10 d’entre eux sont déjà en phase d’essai clinique. Les chercheurs Chinois semblent être en tête dans cette course au développement de vaccins avec un candidat admis en phase 1. Cette phase a été réalisée à Wuhan (Chine), auprès de 108 personnes saines, âgées de 18 à 60 ans. L’administration du vaccin candidat s’était faite par injection intramusculaire. L’innocuité du vaccin a été testée au-delà de 28 jours après la vaccination. Les anticorps spécifiques ont été mesurés par la méthode ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay). La réaction non souhaitée qui a été rapportée est la douleur. Certains patients souffraient également de fièvre, de fatigue, de migraine et de douleurs musculaires. Néanmoins, le vaccin a déjà donné des résultats au bout de 14 jours après la vaccination, ce qui lui a permis d’être intégré dans la phase II.
Bien que le vaccin constitue une alternative intéressante, il faut remarquer que cette solution coûte chère. En se basant sur la grippe A (H1N1) en 2009, la France a dépensé 842 millions d’euros pour se procurer 94 millions de doses de vaccins. En janvier 2010, la France a décommandé 50 millions de doses. Malgré cet effort de l’Etat, très peu de Français ont opté pour la vaccination, ce qui engendré un surplus d’environ 40 millions de doses. La suspicion d’une expérimentation à grande échelle et la courte durée de la phase de tests cliniques ont suscité la peur et le doute chez les Français. Cela a même impacté sur l’image de l’OMS et de ses relations avec les laboratoires pharmaceutiques qui vont produire les vaccins et les antiviraux.
Communication sur la COVID-19
- A l’instar de ce qui est observé lors des épidémies antérieures, le mass-média a joué un rôle important dans l’information des populations concernant les causes de l’épidémie et les possibles réactions des parties prenantes devant ce fait. A l’ère du 21ème siècle, les réseaux sociaux ont été les premiers à véhiculer des informations selon lesquelles, le SARS-CoV2 serait issu des fruits de mer, des serpents, des oiseaux, ou d’autres mammifères comme les marmottes et les chauves-souris qui ont été vendus sur le marché de Huanan. Et pourtant, les études effectuées par l’OMS dans ce marché n’a pas permis de corroborer ces suppositions. Néanmoins, les réseaux sociaux ont changé drastiquement la collecte d’informations et les comportements des personnes qui les reçoivent, face à la pandémie. En permettant un partage d’informations en temps réel, les réseaux sociaux ont favorisé la connectivité, les collaborations et la réactivité des communautés de chercheurs. Désormais, les réponses étaient plus rapides par rapport à celles observées lors des autres pandémies.
Outre les échanges d’informations entre les chercheurs et entre les citoyens, la communication sur la COVID-19 avaient pour objectif de stimuler l’adhésion des citoyens au respect des mesures prises par les autorités pour éviter la propagation de la COVID-19. Il faut remarquer entre autres, que la crise sanitaire suscite la panique générale dans les communautés, ce qui n’est pas sans conséquence sur leur santé mentale et sur leur comportement. De ce fait, les stratégies de communication cherchent également à stimuler la résilience communautaire et la cohésion sociale. Ces deux éléments permettent en effet, d’améliorer la santé mentale et le bien-être des citoyens. Les communications veulent améliorer le partage et la compréhension des informations sur la pandémie. C’est également une autre manière pour gagner la confiance du public et pour atténuer leurs perceptions des risques. Ainsi, l’INSPQ (Institut National de Santé Publique du Québec) en novembre 2020 a donné les bases de la stratégie de communication autour de la COVID-19 et des comportements à adopter (tableau 2).
Tableau 2 : Stratégies de communication avancées par l’INSPQ lors de la crise sanitaire (source : INSPQ, 2020)
Stratégies de communication | Messages-clés |
Diffuser une information facile à comprendre et suscitant la confiance | – Limiter le nombre de messages et les communiquer simplement, par exemple en utilisant des éléments visuels en appui – Adapter les messages dans la langue des différents groupes afin de réduire les barrières à la compréhension – Préparer le public visé au fait que les recommandations peuvent changer si de nouvelles connaissances sont disponibles – Communiquer l’information à l’aide d’un message bref, ainsi que les sources d’information – Permettre l’expression d’opinions diverses en évitant la censure, et éviter de tourner au ridicule la désinformation – Eviter les messages qui risqueraient de stigmatiser ou de discriminer certains groupes |
Diffuser une information sensible aux conséquences psychosociales de la pandémie | – Elaborer une communication dans laquelle les conséquences psychosociales de la pandémie, ainsi que les difficultés vécues par différents groupes sont nommés et reconnues, et guider la population vers les services de soutien et d’accompagnement disponibles – Rappeler qu’il est normal de vivre et de ressentir des émotions diverses, comme de l’anxiété, de la tristesse ou de la peur – Fournir de manière régulière de l’information permettant d’envisager les étapes à venir |
Diffuser une information bien dosée sur les risques | – Formuler des messages qui limitent la prolifération de la peur sans entraîner une sous-estimation du risque – Outiller les individus quant au respect des recommandations, en complément aux messages centrés sur les risques associés à la COVID-19 |
Diffuser une information qui agit sur les normes sociales | – Valoriser les comportements souhaités en démontrant leurs bénéfices pour la santé et le bien-être de la population – Utiliser les réseaux sociaux traditionnels et numériques pour diffuser les recommandations – Formuler des messages qui ne portent pas préjudice à des groupes vulnérables |
Diffuser une information qui améliore les capacités d’agir | – Outiller les personnes quant à l’application des comportements souhaités, à l’aide d’exemples concrets – Encourager le maintien des nouveaux comportements dans les routines existantes, en prévoyant des mises à jour et des rappels réguliers – Donner une visibilité aux changements environnementaux réalisés qui facilitent les changements et le maintien des comportements |
Diffuser une information favorisant la résilience communautaire | – Mobiliser les partenaires multisectoriels et des leaders d’opinion des communautés locales – Mettre en valeur les succès obtenus par la communauté en réponse à la crise, en soulignant les innovations, la créativité et la capacité d’adaptation de ses membres – Pratiquer l’empathie t l’écoute pour favoriser la confiance de la population |
Diffuser une information adaptée aux effets collectifs prolongés | – Planifier, mettre en œuvre et apprécier la qualité des communications à partir des cinq principes suivants : la transparence, l’équité, la cohérence, la coordination et la prévisibilité – Outiller la population afin qu’elle puisse distinguer les activités à faible risque de celles qui sont à risque élevé, et veiller à ce que des mécanismes de soutien soient mis en place pour favoriser les options à faible risque – Communiquer les avantages et inconvénients de différents choix responsables – Envisager une approche centrée sur la réduction des méfaits dans certaines situations où les restrictions paraissent peu viables à long terme |
Pour les soignants, la communication avec les patients et leurs proches est également modifiée, notamment, pour ceux qui sont en phase finale. Dans le contexte de COVID-19, la famille et le patient ne peuvent faire que des adieux virtuels, dans un espace restreint. La communication du soignant devrait permettre d’améliorer la qualité de vie du patient et sa confiance. Mais la communication entre les professionnels devrait également susciter le courage chez les collègues et manifester son soutien afin d’assurer également une bonne santé chez les soignants.
- Situation du chirurgien-dentiste face à cette crise
- 3.1.Les risques de transmission
- Spécificité des risques encourus par les professionnels dans le cadre de la chirurgie dentaire
- 3.1.Les risques de transmission
L’exposition à la COVID-19 est élevée chez les dentistes dans la mesure où outre le nez, la bouche constitue une zone de contamination par le virus. Il faut également noter que la plupart des soins prodigués dans une clinique dentaire sont invasifs et demandent par conséquent de l’aérosolisation. Cela correspond aux interventions médicales générant des aérosols, qui constituent une source potentielle de contamination par l’agent pathogène. Les colloïdes lourds tels que le mucus et la salive peuvent en effet être transportées dans des particules dont la taille est supérieure à 5μ. Ces particules sont projetées vers une autre personne, en présence de l’hôte. Les gouttelettes de plus grande taille (inférieur à 100μm) tombent au niveau du sol et s’évaporent. L’évaporation conduit à la formation d’aérosols. Les aérosols dentaires sont particulièrement élevés dans les cliniques dentaires. Or, cela augmente l’exposition du dentiste au risque d’attraper la COVID-19. Les risques sont élevés par exemple, lors de l’intubation du patient.
Selon leur taille, les aérosols peuvent atterrir sur différentes zones. Les particules dont la taille est comprise entre 1 et 10μm, ainsi que celles n’excédant pas 0.5μm se déposent fréquemment au niveau de la zone trachéobronchiale et pulmonaire après inhalation orale chez l’adulte. Par contre, les particules dont la taille est inférieure ou égale à 5μm atteignent le tractus respiratoire inférieur. Si la filtration effectuée par le nez ne permet qu’aux particules mesurant 3μm ou moins de parvenir jusqu’à cette zone, la voie buccale permet le passage de ces particules dans cette zone.
Les soins dans une clinique dentaire requièrent un face-à-face entre le patient et le dentiste. Cette posture particulière augmente le risque aussi bien pour le professionnel que pour le patient d’attraper l’agent infectieux. La prise en charge du patient expose le dentiste à la salive, au sang et à tout autre fluide corporel, qui, pourtant, sont vecteurs de la maladie. A cela s’ajoute la manipulation d’instruments qui sont parfois tranchants. Il est évident que l’exposition à ces fluides augmente le risque pour le dentiste d’être contaminé lors de son intervention. Mais il est également possible que sa contamination résulte de l’inhalation de microorganismes dans l’air. Le risque de contamination est augmenté si le dentiste se rapproche de son patient ou s’il ne porte pas de masque pendant l’intervention. Il faut noter cependant, que les masques sont limités également dans leur capacité de filtration en fonction de la taille des particules contenues dans l’air. Et même dans le cas où le professionnel utilise plusieurs couches de masques et des masques adaptés, des brèches peuvent être créés lorsque le dentiste fait des mouvements pendant les procédures de soins.
De nombreux procédures entamés dans les cliniques dentaires conduisent à la formation d’aérosols ou à la propulsion de gouttelettes, voire même de sang. Or, ce sont des voies de contamination par le virus. Outre les toux et la respiration du patient, le dentiste se trouve également exposé au virus lorsqu’il manipule par exemple, les fraises dentaires. Alors que le dentiste intervient au niveau de la cavité orale du patient avec cet instrument, de l’aérosol est produit et des gouttelettes se forment et se combinent avec la salive du patient. Ces particules peuvent rester dans l’air pendant une durée plus ou moins longue, et atterrir sur les surfaces environnantes, puis coloniser les voies respiratoires. De plus, les microbes aéroportés lors des manipulations faites par les dentistes sont susceptibles d’être projetés jusqu’à 200cm de la personne sur qui, la procédure est appliquée. Le SARS-CoV2 peut être entraîné dans l’air au bout de 3h surtout, quand la salle n’est pas bien aérée. Le virus en bio-aérosols ainsi que ceux qui sont séquestrés dans la zone de travail peuvent y persister pendant plusieurs jours.
Les risques de contamination des professionnels se fait par le contact direct avec le patient infecté, via sa salive ou son fluide corporel, projeté à courte distance. Mais il est également possible que le professionnel soit infecté indirectement via le contact avec les surfaces contaminées. Il faut remarquer en effet, que les coronavirus qui affectent l’homme sont aptes à survivre sur des surfaces en métal, en verre ou en plastique pour quelques jours. De ce fait, le professionnel peut toucher cette surface et être contaminé par le virus. Les appareils et les instruments dentaires peuvent être contaminés par de nombreux microorganismes après usage. Mais ils peuvent aussi être contaminés dans un environnement clinique.
Les procédures appliquées par le dentiste dans son cabinet l’exposent à des risques élevés de contamination par le SARS-CoV-2. De ce fait, les mesures protectives usuelles ne sont pas forcément suffisantes pour prévenir les risques. Les risques sont augmentés lorsque le dentiste reçoit un patient asymptomatique, qui n’est pas conscient qu’il est déjà atteint par la COVID-19, ou d’un patient en phase d’incubation.
- Les risques pour les patients
Par la proximité entre le soignant et le patient lors des soins bucco-dentaire, il existe un risque élevé pour que le soignant transmette l’infection aux patients. Alors qu’ils se trouvent dans les cliniques dentaires, les patients courent le risque d’être infectés par les microorganismes pathogènes provenant de la cavité orale ou de la voie respiratoire. Les microorganismes en suspension dans l’air pourraient être inhalés par les patients. Mais il se peut également que l’agent pathogène se transmette d’un sujet asymptomatique mais déjà infecté par le virus, vers un sujet sain. Au cas où la structure d’accueil ne permet pas la distanciation entre les patients, il est possible que le sujet sain contracte la maladie en étant en contact étroit lors d’une conversation ou au cas où l’interlocuteur infecté éternue ou tousse. Les patients risquent entre autres, de contracter la maladie à travers les instruments ou les surfaces contaminées.
Outre les gouttelettes contenant l’agent pathogène, les patients peuvent également contracter la maladie par des accidents où le sang transporte l’agent infectieux. Cela se produit lorsque les pratiques de contrôle sanitaire ne sont pas suffisamment respectées ou quand un accident se produit alors que les membres du personnel au même titre que les patients y sont exposés.
L’explosion du nombre de personnes infectées par le SARS-CoV2 a contraint les autorités françaises à fermer les cabinets dentaires pour limiter la propagation du virus. Cela pousse les soignants à interagir à distance avec leurs patients, mais pour ceux-ci, la pandémie a eu pour effet de les priver des soins bucco-dentaires. Certes, ils éprouvent encore de la douleur, mais ne peuvent pas aller à l’hôpital pour se soigner. Or, quand la douleur est trop intense, les patients sont tentés de faire une automédication en prenant du paracétamol et d’autres anti-inflammatoires par exemple. Et pourtant, les anti-inflammatoires sont susceptibles de renforcer les symptômes de la COVID-19, rendant ainsi la guérison plus difficile.
- 3.2.Préventions et recommandations
- Préventions générales
Propreté des lieux de travail
Les coronavirus humains peuvent persister dans un lieu ayant une humidité relative de 30% à 50%. Ils peuvent survivre plus de 2h voire même, plus de neuf jours dans un lieu. Ainsi, il est nécessaire de préserver la propreté du lieu de travail et de réduire le taux d’humidité afin de limiter la survie du coronavirus. La clinique et tous les matériels et équipements utilisés doivent être régulièrement nettoyés et désinfectés. De la vigilance est requise pour faire un nettoyage minutieux, sans oublier les poignets, les chaises, les bureaux, les ascenseurs. De plus, il est nécessaire de contrôler et de veiller à ce que toutes les personnes qui circulent dans la clinique dentaire portent bien un masque.
Gestion des déchets médicaux
Les déchets médicaux, ainsi que les équipements de protection usagés doivent être directement transportés dans un lieu particulier de stockage. Les matériels recyclables ou réutilisables doivent être triés, nettoyés, stérilisés et stockés dans un endroit propre. Les déchets médicaux ou domestiques provenant de patients suspectés ou confirmés positifs à la COVID-19 sont considérés comme étant des déchets médicaux infectieux. Par conséquent, ils doivent être emballés et ficelés. La surface de l’emballage doit être marquée et déposés selon les procédures requises pour la gestion des déchets médicaux.
Renforcement des gestes barrières et utilisation d’équipements de protection
A cela s’ajoute le renforcement du lavage des mains chez le dentiste. Des équipements doivent entre autres, être utilisés par le dentiste, à l’instar de tous les autres professionnels de santé qui entrent en contact direct avec le patient : masque, lunettes de protection, gants, visière et surblouse, charlotte. La protection est renforcée lorsque le médecin se trouve en contact avec un patient qui a été en contact avec une personne ayant contracté la maladie. Le masque chirurgical doit être porté en permanence, et doit être changé toutes les quatre heures. Les praticiens de la cavité orale sont encouragés à faire une auto-surveillance consistant à prendre sa température deux fois par jour et à observer s’ils manifestent un quelconque symptôme. La constatation d’un symptôme même léger entraîne directement l’éviction professionnelle et la pratique d’un prélèvement immédiat et prioritaire.
Le lavage des mains constitue un geste barrière indispensable pour tous les praticiens de la cavité orale. Il doit être basique et régulier, ce qui renvoie à l’emploi de l’eau et du savon pour laver les doigts, les espaces digitaux, le dos des mains et à couper les ongles. Le lavage des mains dure une minute. Le savon liquide contenu dans un distributeur propre est utilisé pour laver les mains. Les serviettes de papier propre sont de préférence utilisées, les serviettes en tissu en général, ne devraient plus être utilisées pour le séchage de la main propre. Les solutions hydroalcooliques (SHA) sont nécessaires pour tuer les germes pathogènes, mais elles ne peuvent pas nettoyer la main. C’est la raison pour laquelle, elles doivent être appliquées à la surface des mains non souillées et sèches. Les SHA favorisées sont celles qui ne contiennent pas de perturbateurs endocriniens comme le bisphénol, le triclosan et le triclocarban.
Rinçage buccal avant l’intervention
Le rinçage buccal avant toute opération a été recommandée afin d’éliminer les microbes qui pourraient s’incruster et persister dans les voies buccales. Cependant, le chlorhexidine qui est souvent utilisé à cet effet semble ne pas être efficace pour éliminer le SARS-CoV2. Il a été noté toutefois, que ce virus ne tolère pas l’oxydation. Ainsi, il est nécessaire d’utiliser des solutions contenant des agents oxydatifs tels que le peroxyde d’hydrogène (1%) ou le povidone (0.2%) pour le rinçage buccal.
Isolement par des digues dentaires en caoutchouc
Les digues dentaires sont utilisées afin de réduire la production de salive ainsi que l’aérosol contaminé. Elles sont utilisées particulièrement lorsque le dentiste va manipuler des instruments à haute vitesse et qui sont susceptibles de générer des aérosols. Les digues dentaires en caoutchouc permettent de réduire les risques. Si les digues dentaires ne peuvent être isolées, alors il est indispensable de recourir à certains instruments qui peuvent être manipulés manuellement. Pour éviter la production de trop grandes quantités de gouttelettes, le dentiste peut utiliser les éjecteurs de salives.
Utilisation de pièces anti-rétraction
La fonction anti-rétraction de certains instruments à grande vitesse permet de limiter la projection de débris et de fluides pendant les procédures dentaires. Cette fonction permet de bloquer la voie aux microbes pour qu’ils ne puissent pas contaminer l’air et les tubes de l’outil professionnel.
Autres recommandations
Il est nécessaire d’aérer les espaces clos où les patients et les professionnels peuvent s’amasser comme la salle d’attente, le bureau de consultation, etc. En vue de réduire le nombre de personnes dans les salles d’attente, il est nécessaire d’éviter les retards. Les SHA doivent être à la disposition de l’ensemble des patients. Les mineurs ne doivent aucunement être admis dans les structures hospitalières. Il est également nécessaire d’utiliser des couverts jetables à usage unique pendant les pauses-café et les déjeuners.
- Prise en charge d’un patient asymptomatique
Comme la période d’incubation du SARS-COV-2 peut prendre jusqu’à 14 jours, il est nécessaire de considérer tous les patients qui se présentent dans une clinique comme étant un patient asymptomatique, mais porteur potentiel du virus. Dans le cadre du triage de ce fait, il est nécessaire de distinguer les patients qui sont asymptomatiques, ne présentant aucun signe pouvant susciter les suspicions d’infection et non confirmé comme étant positif au test de dépistage.
Dans le cas d’un patient asymptomatique, l’intervention doit être reportée à 14 jours. L’intervention en ambulatoire est favorisée. Des précautions doivent être prises lors du transfert du patient. Parmi ces précautions se trouvent de l’évacuation des couloirs et des ascenseurs, le port de masque chirurgical durant le transfert. De plus, le nombre d’intervenants directs auprès du patient dans le bloc opératoire doit être restreint.
La prise en charge du patient asymptomatique dépend de ce fait, de l’état de santé du patient. Après le triage, les interventions auprès du patient asymptomatique peuvent être
- Des interventions sans production ou à faible risque de production d’aérosols provenant de liquides biologiques : Dans ce cas, le dentiste doit limiter autant que faire se peut le potentiel infectieux et la concentration des aérosols en utilisant un rince-bouche, en réalisant une succion rapide. Il est également possible d’utiliser des digues dentaires et de pratiquer les manipulations dans une salle ouverte.
- Interventions à risque de production d’aérosols provenant de liquides biologiques : Dans ce cas, il est également indispensable de réduire le potentiel infectieux et la concentration d’aérosols dans la salle de travail. Les procédures précédemment citées sont également valables vu que le patient soit encore asymptomatique.
- Prise en charge d’un patient symptomatique
En général, les patients qui sont en phase aigüe de la maladie ne doivent plus aller dans une clinique dentaire. Quand le dentiste détecte chez le patient des signes de la maladie, il ne doit plus recevoir le patient dans la clinique dentaire. Ce dernier doit être mis directement en quarantaine et prévenir le département responsable du contrôle de la pandémie.
Les patients qui présentent des signes d’infections respiratoires doivent impérativement porter un masque chirurgical. Il en est de même pour les patients qui présentent une pathologie chronique mais qui viennent pour une consultation, ainsi que des personnes fragiles. La prise en charge des patients convalescents qui ont été atteints par la COVID-19 doit être reportée à un mois.
Le cas échéant, lorsque le patient est suspecté ou confirmé positif au test de dépistage, le dentiste doit définir l’urgence de sa situation par entretien téléphonique. Au cas où le patient a besoin d’une intervention urgente, le dentiste se pose la question de savoir si la gestion pharmacologique de l’urgence est possible. Si cela est possible, il fournit la gestion pharmacologique approprié tout en évitant au patient de se déplacer. Dans le cas contraire, il doit orienter le patient vers une clinique désignée COVID-19 ou traiter le patient en fin de journée dans une clinique dentaire régulière, disposant d’installations et d’équipements de protection individuelle adéquats. Qu’il s’agisse d’une intervention conduisant à la production d’aérosols ou non, il est nécessaire que le dentiste réduise le potentiel infectieux. Si le patient est confirmé positif ou s’il présente des signes suspects, et que l’intervention est non urgente, alors le dentiste peut reporter celle-ci.
La gestion des soins
- 3.3.Le développement de la télédentisterie
Tous les patients qui ne sont pas considérés comme étant des cas urgents sont amenés à entrer en contact avec leurs médecins par téléphone, mails ou par télémedecine. Le médecin fait alors des prescriptions si besoin est. Dans la télédentisterie, les technologies de la télécommunication sont utilisées pour transmettre et recueillir des informations et des services médicaux. Le patient peut utiliser son smartphone pour communiquer avec son dentiste. Les informations permettent de faire un premier triage des patients, et de donner des soins à distance. C’est également un autre moyen permettant aux patients suspectés d’être infectés par la COVID-19, d’accéder directement aux soins, tout en évitant les contacts avec de nombreuses personnes dans les hôpitaux ou dans les cabinets dentaires.
La télédentisterie est développée en vue d’éviter la venue des patients dans les cliniques. Le développement de la télédentisterie est rendu possible grâce à la nature de la dentisterie qui se base sur les observations. L’envoi de photo constitue un moyen pour établir un diagnostic du patient.
La télédentisterie pourrait être ultérieurement utilisée en complément des stratégies de gestion des patients dans la clinique dentaire. Elle est particulièrement utilisée en vue de prendre en charge les patients sujets à des maladies dentaires classiques. Certes, la télédentisterie s’est développée dans un contexte de pandémie, mais elle comporte certains avantages. D’abord, elle évite les contacts en face-à-face, et facilite les échanges entre les professionnels. Elle peut devenir un espace de discussion entre les soignants concernant les cas complexes.
Bien que la télédentisterie comporte de nombreux potentiels, force est de constater qu’elle comporte également des désavantages. Certes, les informations sont échangées entre le patient et le soignant, et entre les soignants eux-mêmes. Pourtant, dans certaines pathologies, des examens physiques complémentaires sont requis. Or, cela ne peut être réalisé à distance. De ce fait, il est nécessaire que les dentistes soient formés à l’utilisation de la télédentisterie. Il existe une forte probabilité que les programmes de formation des jeunes étudiants en dentisterie intègrent la télédentisterie.
Gestion des urgences dentaires
- La pandémie de la COVID-19 a imposé des changements drastiques dans l’exercice du métier de dentiste. Si auparavant, tous les patients pouvaient être reçu dans une clinique dentaire, force est de constater que les urgences seulement sont prises en charge pour limiter la contamination. Les urgences comprennent les saignements incontrôlés, les infections bactériennes des tissus mous, le gonflement extra-oral, le trauma impliquant les os faciaux et qui pourraient compromettre les voies respiratoires. D’autre part, il y a les gonflements au niveau du menton ou du visage suivi de douleurs orales aigües, les ulcères de la bouche qui persistent pendant plus de deux semaines, les hémorragies qui durent plus de 20 minutes après l’extraction, la fracture de la dent causant une douleur et qui peut endommager le menton et la langue, le trauma au niveau des dents, saignements causés par le trauma facial.
Les patients qui présentent une urgence dentaire sont amenés à se rendre dans des établissements de soins spécialisés pour éviter l’agglomération d’un nombre conséquent de patients dans les services d’urgence des hôpitaux. Ces services en effet, sont mieux équipés et mieux préparés à l’accueil de patients urgents, tout en respectant les mesures de séparation des cas suspects et des cas confirmés de COVID-19 des autres patients. Au cas où il est impossible d’orienter le patient vers une structure spécialisée, une équipe spécialisée peut effectuer une visite à domicile pour soigner le patient, dans le respect des mesures de lutte anti-infectieuses.
Les urgences dentaires demandent un traitement immédiat. Pour prendre en charge le patient, il est nécessaire d’utiliser une digue dentaire et un éjecteur de salive pour diminuer les risques d’aérosols et de contamination pendant les procédures dentaires. Les équipements de protection doivent être entre autres, portés. Au cas où une carie est diagnostiquée et qu’elle s’accompagne d’une pulpite irréversible, une anesthésie locale est pratiquée. La digue et l’éjecteur de salive sont utilisés, avant de procéder à la dévitalisation de la pulpe pour réduire la douleur.
Au cas où la douleur est très intense à cause d’une dent cariée ou fissurée, la préparation de la cavité se fait avec des instruments à vitesse rapide. Les patients qui ont besoin de ce type de soin sont reçus en dernier afin de réduire les risques d’infections nosocomiales. Puis, après l’intervention, la clinique est désinfectée. Au cas où cela n’est pas possible, le dentiste intervient dans une chambre isolée et bien ventilée. Si possible, il est également préférable de travailler dans une chambre à pression négative lorsque le patient est suspecté avoir contracté la COVID-19.
Les urgences dentaires concernent les patients qui ont une dent fracturée, une luxation, une avulsion ou un traumatisme sévère. Au cas où la dent doit être extraite, des sutures absorbables sont préférables. La plaie doit être nettoyée doucement et l’éjecteur de salive est fortement recommandé pour éviter les projections. Les cas graves pouvant porter atteinte à la vie du patient, tel que les blessures maxillo-faciales doivent immédiatement être admis à l’hôpital. Il est nécessaire de procéder à un CT-scan thoracique dans la mesure du possible pour éviter la propagation de la pandémie. Cette méthode permet en effet de réduire le temps pour confirmer si le patient est atteint de la COVID-19 et d’éviter le recours au laboratoire pour confirmer s’il est porteur du virus.
Le CT-scan thoracique a d’ailleurs été rapporté être efficace dans le diagnostic de la COVID-19. Plusieurs études ont caractérisé les images pulmonaires radiographiques qui présentent l’infection à SARS-CoV-2. Ainsi, il a été affirmé que les consolidations alvéolaires ou parenchymateuses, les opacités nodulaires constituent des caractéristiques de la COVID-19. Cette technique est sensible (97%) et sa spécificité est de 25%. Les images CT permettent également de distinguer la pneumonie classique et l’infection à la COVID-19.
- Evaluation des risques et du statut du patient
L’identification d’un cas suspect est cruciale pour éviter le risque de propagation de la COVID-19 aussi bien chez le professionnel que chez les patients. Plusieurs guides ont été élaborés pour aider les professionnels dans l’identification du patient suspectés d’être infectés par le coronavirus. Parmi eux se trouve par exemple, le Guideline for the diagnosis and treatment of novel coronavirus pneumonia.
L’évaluation commence par la prise de température du patient à l’aide d’un thermomètre frontal sans contact. Un questionnaire est établi afin de déceler si le patient est atteint par la maladie. Ce questionnaire se rapporte aux points suivants : présence de fièvre pendant les 14 derniers jours, difficultés à respirer ou tout autre problème respiratoire durant les 14 derniers jours, les mouvements du patients pendant les 14 derniers jours (s’il a fait un voyage dans un lieu où des cas de COVID-19 ont été confirmés), contact avec des patients atteints de la COVID-19 pendant les 14 derniers jours, contact du patient avec d’autres personnes qui ont eu des problèmes respiratoires pendant les 14 derniers jours, participation à des meetings ou à des manifestations durant laquelle, le patient aurait pu être en contact avec de nombreuses personnes qu’il ne connaît pas.
Si le patient a été au contact de personnes pouvant être atteintes de la maladie, ou a séjourné dans un lieu où des cas confirmés ont été décelés et si sa température dépasse 37.3°C, le dentiste peut rapporter son intervention et lui recommander la quarantaine. Dans le cas contraire, le dentiste peut prendre en charge le patient, tout en veillant à éviter les procédures qui génèrent des aérosols et en respectant les gestes barrières. Si la température du patient dépasse 37.3°C et qu’il a répondu par le négatif aux questions précédemment posées, le dentiste doit l’orienter vers d’autres cliniques qui se sont consacrés à la prise en charge de la COVID-19, afin que ceux-ci lui procure des soins plus poussés.
- 3.4.Les impacts de la COVID-19 sur les interventions du chirurgien-dentiste
La COVID-19 a renforcé la prise de conscience concernant les risques encourus par les dentistes dans la pratique de leur métier. Le risque et le taux d’exposition élevé contraignent les dentistes à doubler de vigilance et à multiplier les gestes et les protections individuelles. Ils sont désormais amenés à réduire les opérations qui pourraient produire des gouttelettes et des aérosols. Dans cette optique, les techniques permettant de faire les diagnostics sont amenés à changer. Par exemple, le diagnostic par l’examen intraoral au rayon X. Cependant, cette technique favorise la sécrétion de salive et la toux. Par conséquent, le dentiste peut opter pour les radiographies dentaires extraorales incluant la radiographie panoramique et la tomodensitométrie volumique à faisceau conique (cone beam CT).
La COVID-19 pourrait changer la donne concernant les patients admis dans les cliniques dentaires. Il existe des probabilités pour que les besoins des patients en termes de soins de routine augmentent et avec cela, l’émergence de nouvelles pathologies dentaires. Les dentistes pourraient également faire face à des complications associées au retard de réalisation de procédures dentaires. D’autre part, la question se pose en ce qui concerne le comportement des patients. La COVID-19 en effet, a bouleversé les pratiques dentaires au même titre que les relations entre le patient et le dentiste. Il est probable que les patients changent de comportements en fonction de son état psychologique et financier. Le dentiste lui aussi, change ses pratiques notamment, dans le but de prévenir les infections par la COVID-19. Outre à cela, cette pandémie incite à la réorganisation des circuits au niveau des cliniques dentaires, ainsi qu’au niveau de l’administration. Ces changements ne sont pas réalisés dans le seul souci pratique, mais aussi dans le but d’améliorer la prévention de la contamination par la COVID-19. Puis, il y a la révision de la gestion des flux de patients et du programme.
Toutefois, ces différents aménagements et changements provoquent aussi l’augmentation des prix de consommables dentaires. Le temps de préparation des professionnels est augmenté, tandis que le nombre de patients à traiter par jour va diminuer. Les patients pourraient être moins enclins à demander des traitements de réhabilitation oraux complexes. La pandémie en effet, décourage les patients à venir consulter les dentistes dans leurs cabinets. Dans cette optique, il est probable que les patients sous-estiment les signes et les symptômes des maladies dentaires. Par conséquent, le diagnostic est reporté, ce qui augmente les risques de morbidité et diminue la qualité du pronostic.
Conclusion prospective
La pandémie de COVID-19 a inexorablement provoqué des changements drastiques dans le mode de vie, mais également dans l’exercice professionnel. S’il est admis que les professionnels de santé sont fortement exposés au risque d’attraper la maladie dans l’exercice de leur métier, force est de constater que ce risque est beaucoup plus élevé chez le dentiste par rapport à celui d’autres professionnel de santé. Le dentiste en effet, manipule la zone qui constitue même la principale zone de développement du virus dans le corps humain. Par ailleurs la cavité buccale facilite la transmission de la COVID-19 chez les professionnels. La pandémie a donc suscité la réflexion concernant les risques encourus en étant un chirurgien-dentiste, alors qu’auparavant, peu d’étude se sont intéressées à cette question.
A l’heure actuelle, le monde entier fait face à la pandémie en avançant des remèdes, des alternatives, des vaccins pouvant aider dans la lutte. Seulement, jusqu’à présent, les résultats de ces recherches semblent épars et ne permettent pas de conclure à un effet probant. Même en ce qui concerne la survie de l’agent pathogène dans les cliniques dentaires, les résultats de recherche ne permettent pas de déterminer avec précision, le moyen pour désinfecter la cavité orale. Etant donné que la maladie se propage et que la souche virale est dotée d’une forte capacité d’adaptation et de mutation, les soignants, en particulier les dentistes devraient également se préparer à l’évolution de leurs pratiques professionnelles.
Les nouvelles technologies certes, ont permis de développer la télédentisterie, mais force est de constater que tous les praticiens ne sont pas forcément habitués à ce changement brusque. La télédentisterie se développe alors modestement, et jusqu’à présent, nous n’avons pas pu relever des cas où un faux diagnostic aurait été causé par l’utilisation de la technologie. Cependant, nous ne pouvons pas être trop affirmatifs quant à la réussite de cette télédentisterie vu que dans notre revue de littérature, les patients dentaires peuvent être tentés par l’automédication. Il reste un défi de taille auquel les dentistes doivent donc faire face : celui d’inverser la tendance du patient à faire de l’automédication après la COVID-19. Il est probable en effet, que la perception concernant les risques encourus à force de se rendre dans une clinique dentaire change également après le confinement et le développement de la télédentisterie.
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