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Lors de la rédaction d’un mémoire universitaire, le choix du temps verbal constitue un enjeu essentiel pour garantir la cohérence, la clarté et la crédibilité scientifique du texte. Ce choix dépend directement de la partie du mémoire (théorique, méthodologique, empirique ou conclusion) et du type d’information transmise (analyse, hypothèse, constat, recommandation, etc.).
Beaucoup d’étudiants hésitent entre le présent, le passé composé ou encore le conditionnel. Cet article propose une méthodologie claire pour choisir le temps approprié à chaque section, illustrée d’exemples concrets et de cas pratiques.
Quel temps utiliser pour la partie théorique du mémoire ?

Le présent : le temps de la connaissance et de l’analyse
La partie théorique expose les fondements conceptuels et les travaux de recherche antérieurs. Il s’agit de décrire et d’analyser des faits scientifiques considérés comme établis. Le présent de vérité générale est donc le temps privilégié.
Exemple :
« Selon Porter (1980), la stratégie concurrentielle permet de différencier une entreprise sur son marché. »
Comme le souligne Hasnaoui (2018) dans son guide sur l’emploi des temps dans les mémoires universitaires, « le présent est le temps de la connaissance » car il confère une valeur intemporelle aux propos (Scribbr).
Mini cas pratique : Un étudiant en marketing rédige un mémoire sur la fidélisation client. Dans sa revue de littérature, il écrit :
« La satisfaction influence la fidélisation. » et non « La satisfaction a influencé la fidélisation. »
Quel temps utiliser pour la partie empirique du mémoire ?
Le passé composé : pour relater les actions réalisées
La partie empirique repose sur la présentation d’enquêtes, d’entretiens ou de questionnaires. Ces actions étant accomplies avant la rédaction, le passé composé est le temps le plus adapté.
Exemple :
« Nous avons interrogé dix responsables marketing afin d’évaluer l’impact de la communication digitale sur leurs ventes. »
Vetters (2017) rappelle que le passé composé a une valeur de clôture : il marque la complétude de l’action tout en conservant un lien avec le présent du chercheur (ATILF ).
Mini cas pratique : Un étudiant en sociologie ayant mené une étude de terrain écrit :
« Nous avons observé les interactions entre les enseignants et les élèves pendant trois semaines. »
Le présent : pour interpréter les résultats
Lorsque l’auteur commente ou interprète ses résultats, il peut revenir au présent d’analyse, car il expose un raisonnement intellectuel actuel.
Exemple :
« Ces résultats montrent que les enseignants adaptent leur discours selon le niveau de motivation des élèves. »
Quel temps utiliser pour la méthodologie du mémoire ?
La méthodologie décrit la démarche suivie, les outils choisis et le processus de collecte des données. On peut utiliser deux temps selon la nature de la phrase :
| Type de contenu | Temps recommandé | Exemple |
|---|---|---|
| Description générale de la méthode | Présent | La méthodologie adoptée repose sur une approche qualitative. |
| Étapes déjà réalisées | Passé composé | Nous avons administré un questionnaire à 50 participants. |
| Explication ou justification | Présent | Ce choix s’explique par la nature exploratoire de la recherche. |
Cette distinction rejoint les recommandations de l’Université de Picardie-Jules Verne, qui conseille de combiner présent et passé selon la logique d’action et d’analyse (UPJV).
Cas pratique : Un étudiant en psychologie rédige :
« Le protocole expérimental repose sur l’observation directe. Nous avons ensuite traité les données à l’aide d’une analyse thématique. »
Quel temps utiliser pour les recommandations et la conclusion ?
Le conditionnel, pour exprimer les propositions et les perspectives
La conclusion générale et la partie des recommandations visent à ouvrir des perspectives. Elles ne présentent plus des faits, mais des propositions hypothétiques. C’est ici que le conditionnel présent est pertinent.
Exemple :
« L’entreprise pourrait renforcer sa communication interne afin d’améliorer la cohésion d’équipe. »
Mini cas pratique : Dans un mémoire en gestion, un étudiant propose :
« Le dirigeant pourrait envisager de mettre en place un programme de mentorat. »
Les cas particuliers et les limites d’usage des temps verbaux

Les variations selon la discipline
- Sciences humaines et sociales : le présent domine pour l’analyse théorique, le passé pour la partie empirique.
- Sciences expérimentales : le passé composé ou l’imparfait sont privilégiés pour décrire les expériences et résultats.
- Lettres et philosophie : l’imparfait et le présent de commentaire alternent fréquemment.
Attention à la cohérence interne
Changer de temps à l’intérieur d’un même paragraphe nuit à la lisibilité. Il est essentiel de maintenir la cohérence temporelle : un même niveau de discours doit conserver le même temps verbal.
Exemple d’incohérence :
« Nous avons analysé les réponses et cela montre que les étudiants étaient motivés. »
Version corrigée :
« Nous avons analysé les réponses et constaté que les étudiants étaient motivés. »
Tableau récapitulatif des temps à utiliser selon les sections du mémoire
| Partie du mémoire | Temps à privilégier | Objectif grammatical | Exemple illustratif |
|---|---|---|---|
| Introduction | Présent | Annoncer le sujet et la problématique | Ce mémoire s’intéresse à la motivation au travail. |
| Cadre théorique | Présent | Décrire des théories universelles | La théorie de Maslow hiérarchise les besoins humains. |
| Méthodologie | Présent / Passé composé | Décrire et justifier les choix méthodologiques | Nous avons opté pour une méthode qualitative. |
| Partie empirique | Passé composé / Présent d’analyse | Présenter les données et les interpréter | Les résultats montrent que… |
| Recommandations | Conditionnel présent | Proposer des pistes d’action | L’entreprise pourrait améliorer sa politique RH. |
| Conclusion | Présent / Conditionnel | Résumer et ouvrir sur des perspectives | Cette recherche contribue à… / Elle pourrait être approfondie par… |
Conseils pratiques pour maintenir la cohérence des temps
- Planifier dès la rédaction : décidez du temps principal avant de commencer chaque partie.
- Relire chaque section isolément pour vérifier la cohérence interne.
- Utiliser des connecteurs temporels (ensuite, désormais, par la suite) pour fluidifier la lecture.
- Faire valider par le directeur de mémoire en cas de doute disciplinaire.
Conclusion : la logique du temps comme fil conducteur du raisonnement académique
Le choix du temps verbal n’est pas qu’une question grammaticale : il reflète la posture scientifique de l’auteur. Employer le bon temps, c’est situer sa pensée entre observation, analyse et projection. Un mémoire cohérent sur le plan temporel renforce sa crédibilité et la clarté du raisonnement.
FAQ sur le choix des temps dans un mémoire
1. Quel est le meilleur temps pour rédiger un mémoire universitaire ?
Le présent est le temps le plus utilisé pour la partie théorique, car il exprime des vérités générales et des analyses valables dans le temps.
2. Peut-on mélanger plusieurs temps verbaux dans un mémoire ?
Oui, à condition de respecter la cohérence logique. Par exemple, le passé composé pour les actions réalisées et le présent pour les interprétations.
3. Quel temps utiliser pour la méthodologie d’un mémoire ?
On utilise le présent pour décrire la démarche générale et le passé composé pour les étapes déjà réalisées.
4. Pourquoi utiliser le conditionnel dans les recommandations ?
Le conditionnel permet d’exprimer des suggestions ou des hypothèses sans imposer une solution définitive.
5. Faut-il éviter le futur dans un mémoire ?
Oui, le futur est rarement utilisé car le mémoire s’appuie sur des faits observés et analysés, non sur des projections incertaines.









