Table des matières
Liste des figures et tableaux 2
Présentation des sujets d’étude 3
Les variables retenues pour l’étude 3
Méthode de collecte des données 4
Approche adoptée et méthode de traitement des données 5
Les résultats pour l’hypothèse 1 8
Les résultats pour l’hypothèse 2 11
Les résultats pour l’hypothèse 3 12
Les résultats pour l’hypothèse 4 15
Références bibliographiques 22
Annexes (les données des variables) 24
Liste des figures et tableaux
Figure 2: Pairwise Granger Causality Tests (hypothèse 1) 8
Figure 3: Réponse de R-US par rapport à RLCDT 9
Figure 4: Réponse de R-US par rapport à GPR Index 10
Figure 5: Pairwise Granger Causality Test (hypothèse 3) 11
Figure 6: Réponse de R-US à la marge brute des biens durables (GM-DG) 12
Figure 7: Réponse de R-US à la marge brute ELEC (GM-ELEC) 13
Figure 9: Jobs Announced, Reshoring + FDI, Cumulative 2010-2020 19
Table 1: Ratio Labor Cost – Distance Travel (RLCDT) 7
Hypothèses
H1 : La prévalence de la relocalisation est directement proportionnelle à une diminution du rapport entre le ratio de coût de la main-d’œuvre par rapport à la distance de transport
H2 : La prévalence de la relocalisation augmente dans l’instabilité institutionnelle et géopolitique, tous autres facteurs égaux
H3 : La prévalence de la relocalisation est plus élevée pour les industries et les secteurs où la marge brute est plus élevée et/ou une concurrence hors prix est établie
H4 : La prévalence de la relocalisation est proportionnelle à l’incertitude et aux risques globaux des facteurs pertinents, et non à des valeurs absolues ou à des chocs occasionnels
Méthodologie
Présentation des sujets d’étude
Pour la présente étude, nous avons choisi comme sujet d’étude principal la Chine. En effet, cette dernière se veut comme la destination de choix pour la délocalisation d’entreprises issues de pays européens ou américains. C’est alors qu’y prendre des exemples semble justifié afin de mieux mettre en contraste et en relation les sujets de la délocalisation. Nous choisirons alors les États-Unis.
Les variables retenues pour l’étude
La vérification des quatre hypothèses nécessite de scinder chaque élément de celles-ci en variables. Ainsi, les variables retenues seront les suivantes :
- – Pour mesurer le niveau de relocalisation des États-Unis, nous aurons le nombre d’emplois annoncés issus de la relocalisation (reshoring) couplé avec les investissements directs étrangers ou FDI, nous symboliserons cela par R-US ;
- – Concernant le coût de la main-d’œuvre (labor cost), nous verrons le salaire moyen des travailleurs en Chine et aux États-Unis, cela sera symbolisé par LC-C et LC-US ;
- – Le ratio labor cost-distance travel (RLCDT) ;
- – Pour la mesure de l’instabilité institutionnelle et géopolitique, cela concernera la Chine, il sera question de mesure l’index de risque géopolitique ou GPR Index ;
- – Pour la mesure de la marge brute, une délimitation est nécessaire, car la marge brute peut concerner de nombreux secteurs. Ainsi, pour cette étude, nous avons choisi le secteur des appareils électroménagers ; appareils électriques et électroniques (GM-ELEC) et le secteur des biens durables (GM-DG).
Méthode de collecte des données
Pour la collecte des données, chaque variable peut être retrouvée sur différentes sources :
- – Pour R-US, nous avons Reshoring Initiative qui est une source de données importante en ce qui concerne la relocalisation aux États-Unis : les données trouvées sont mesurées en nombre d’emplois ;
- – Pour LC-C, les données trouvées sont issues du site ceicdata.com, il s’agit de l’indice des salaires réels : urbain, non privé (Real Wage Index : Urban Non-private), les données sont mesurées en index ;
- – Pour LC-US, les données trouvées sont issues de la Federal Reserve Bank of St. Louis, il s’agit de l’indice du coût de l’emploi : Salaires et traitements : Travailleurs du secteur privé (Employment Cost Index: Wages and Salaries: Private Industry Workers), les données sont mesurées en index ;
- – Pour GPR Index, il peut être retrouvé sur le site matteoiacoviello.com, les données sont mesurées en index ;
- – Pour GM-ELEC (secteur des appareils électroménagers ; appareils électriques et électroniques), on aura le site statista.com, les données sont exprimées en milliards de dollars ;
- – Pour GM-DG, nous verrons également les données sur le site statista.com, les données sont également exprimées en milliards de dollars.
La collecte des données s’est faite d’une manière plus ou moins libre, c’est-à-dire qu’à l’issue de l’identification de chaque variable, les mots-clés ont été recherchés sur un moteur de recherche non spécialisé, mais général comme Google.
Approche adoptée et méthode de traitement des données
Concernant l’approche adoptée et le traitement des données, chaque hypothèse connaîtra un traitement spécifique, mais en général la fonction de réponse aux impulsions (IRF) sera utilisée. C’est une fonction issue du logiciel d’économétrie E-Views qui sera alors d’usage dans la présente étude. La fonction IRF est détaillée à travers les lignes suivantes :
« Un outil simple et réputé pour l’étude quantitative de la propagation dynamique des chocs économiques dans les systèmes linéaires (particulièrement les modèles VAR) est la fonction de réponse aux impulsions (IRF). Elle permet d’obtenir une image globale de la réaction d’un système économique sur une période donnée à la suite d’un choc exogène ».
- – Pour vérifier H1, nous calculerons dans un premier temps le ratio entre LC-US et la distance de transport (nulle si l’on produit sur le même territoire [généralisation]) et le ratio entre LC-C et la distance de transport vers les États-Unis (11 359,64 km). Les données retenues seront ensuite comparées, leur causalité sera vérifiée à travers le test de causalité de Granger :
« Si un phénomène est la cause d’un autre phénomène, nommé “effet”, alors ce dernier ne peut pas précéder la cause. Autrement dit, Granger considère qu’il existe une relation de causalité entre deux variables si la présence du passé d’une variable X apporte de l’information dans l’explication du présent d’une autre variable Y. Le seul moyen de vérifier que X cause Y est d’observer que toujours, X vient avant Y. Si c’est le cas, on aura une grande chance pour identifier la relation de causalité entre X et Y. Si le test de Granger, bien connu depuis une quarantaine d’années, a bien montré qu’il y a une variable qui varie systématiquement avec l’autre et qui provoque ainsi la variation de l’autre dans un laps de temps relativement faible, alors cela est statistiquement significatif et permet de conclure que la relation de causalité existe dans un sens ou dans un autre ».
Enfin, la fonction IRF sera utilisée afin de déterminer le choc du ratio LC sur la prévalence de la relocalisation.
- – Pour vérifier H2, GPR Index sera utilisé pour la fonction IRF avec R-US ;
- – Pour vérifier H3, nous vérifierons dans un premier temps si les secteurs sélectionnés comprennent une concurrence sans prix ou non. Ensuite, GM-ELEC et GM-DG seront chacun vus à travers le test de causalité de Granger et la fonction IRF par rapport à R-US ;
- – Enfin, pour vérifier H4, l’hypothèse sera testée à la lumière de données qualitatives, c’est-à-dire que des chiffres ne seront pas évoqués, mais on cherchera à déterminer les raisons qualitatives qui pousseraient les entreprises à opter pour une relocalisation, la crise sanitaire pourrait être retenue.
Il est à préciser ici que les données des variables retenues sont annuelles et vont de 2010 à 2020.
Résultats
Les résultats seront présentés pour chaque hypothèse :
Les résultats pour l’hypothèse 1
Comme il est évoqué plus tôt, le ratio entre LC-US et la distance avec les États-Unis est nul vu que l’on se situe sur le même territoire. Concernant LC-C (les données seront retrouvées en annexes) et la distance avec la Chine (DCUS), le constat n’est pas le même, car une distance est présente. Ainsi, concernant le ratio RLCDT (DCUS/LC-C calculé sur Excel), nous aurons les données suivantes :
| RLCDT |
| 10,936 401 3 |
| 10,067 033 |
| 9,235 810 06 |
| 8,606 668 11 |
| 8,027 004 38 |
| 7,398 161 34 |
| 6,936 202 02 |
| 6,412 836 01 |
| 5,904 378 27 |
| 5,527 253 97 |
| 5,254 956 75 |
Table 1 : Ratio Labor Cost – Distance Travel (RLCDT)
Figure 1 : RLCDT
Les données montrent clairement une tendance de baisse concernant le ratio entre LC-C et DCUS.
Vérifions maintenant la causalité entre RLCDT et R-US à travers le test de causalité de Granger (avec 2 lags). E-Views sera d’usage afin de trouver les données qui y sont relatives :
Figure 2 : Pairwise Granger Causality Tests (hypothèse 1)
Comme on peut le voir, la causalité entre les deux variables n’est pas établie.
Voyons maintenant R-US et RLCDT à travers la fonction IRF, en l’occurrence le choc de RLCDT sur R-US. La fonction IRF utilisée utilisera une déviation standard (One S.D. Innovations) et la méthode Montecarlo.
Figure 3 : Réponse de R-US par rapport à RLCDT
Il est à préciser que, dans les graphiques de ce type qui seront d’usage dans ce travail, les tirets représenteront les bandes d’une déviation standard (One S.D. Innovations) et la ligne du milieu représentera le choc attendu, les chiffres de 1 à 10 représentent les quartiles afin d’estimer dans le temps l’évolution de l’influence de la variable sur l’autre. Ainsi, le graphique ci-contre montre que l’influence du ratio labor cost – distance travel est neutre par rapport à R-US.
Les résultats pour l’hypothèse 2
Voyons maintenant les résultats pour l’hypothèse 2. La méthode précédente sera encore une fois d’usage, mais avec les variables R-US et GPR Index. Voici ce qui a été retenu :
Figure 4 : Réponse de R-US par rapport à GPR Index
Dans cette deuxième hypothèse, le constat est le même que précédemment, c’est-à-dire que la réponse de R-US est neutre.
Les résultats pour l’hypothèse 3
Définissons en premier lieu si la compétition hors prix est présente ou non pour les deux secteurs choisis : secteur des appareils électroménagers ; appareils électriques et électroniques (GM-ELEC) et secteur des biens durables (GM-DG). Rappelons que la compétition hors prix est un moyen pour les entreprises de vendre et d’attirer l’attention des éventuels clients par le biais d’arguments ou de stratégies autres que le prix.
On estime que le prix n’est pas suffisant afin d’attirer une certaine clientèle. Ainsi, il est estimé que tous ces secteurs useront de techniques variées afin de vendre. On se basera alors sur le fait que la compétition hors prix est présente afin de se démarquer sur le marché.
Voyons alors maintenant les résultats de l’analyse pour la troisième hypothèse. Le test de causalité de Granger sera effectué en premier :
Figure 5 : Pairwise Granger Causality Test (hypothèse 3)
Comme on peut le voir, la causalité n’est pas établie. Passons alors maintenant au test IFR pour chaque variable :
Figure 6 : Réponse de R-US à la marge brute des biens durables (GM-DG)
Dans ce graphique, on voit quelques fluctuations du reshoring par rapport à la marge brute des biens durables. En effet, du quartile (Q) 1 à 4, on voit une baisse de cette variable, suivie d’une neutralité de Q4 à Q5 avant une nouvelle baisse jusqu’à Q8. De Q8 à Q9, R-US se montre encore une fois neutre avant de retomber dans la marge négative.
Figure 7 : Réponse de R-US à la marge brute ELEC (GM-ELEC)
Ici, le constat n’est pas le même que le précédent. En effet, la neutralité est de mise concernant la réaction de R-US.
Il est à préciser que les chiffres de GM-ELEC sont inférieurs à ceux de GM-DG (données retrouvées en annexes). Et comme il vient d’être vu, la réaction de R-US à GM-ELEC est neutre alors que celle à GM-DG tend plus vers la négative. Le reshoring se montre alors moins important avec une marge brute importante.
Les résultats pour l’hypothèse 4
Concernant l’hypothèse 4, il semble nécessaire ici de la rappeler :
« La prévalence de la relocalisation est proportionnelle à l’incertitude et au risque globaux des facteurs pertinents, et non à des valeurs absolues ou à des chocs occasionnels ».
Cette hypothèse peut se vérifier en se basant initialement sur le fait que les entreprises, dans le cadre de la production de biens et leur commercialisation ultérieure, chercheront de près ou de loin, à minimiser leurs charges et à maximiser leurs retours financiers, et tout cela dans la limite du possible et dans l’optique d’une croissante. Toute atteinte ou menace à l’application de ce principe sera alors évitée, qu’importe son ampleur et les moyens utilisés pour y parvenir.
Actuellement, la tendance du reshoring depuis la Chine vers les pays occidentaux comme les États-Unis est justifiée pour des considérations économiques. Avec la crise sanitaire portée par la Covid-19 et les mesures restrictives qui y sont relatives ayant eu un impact économique notoire, mais aussi social et logistique, le reshoring fut vu comme la mesure la plus adaptée aux contrées occidentales au vu de la perte de compétitivité amenée par la situation chinoise et mondiale. Les mesures pro-reshoring étaient déjà de mise bien avant la crise sanitaire actuelle, mais elle a été amplifiée par celle-ci au vu de l’urgence économique. C’est une situation relatée par JM Performance Products :
« JMPP has manufactured CNC mill spindle optimization products since 2009. Its patented High Torque Retention Knobs overcome a critical “loose-tool” design flaw inherent in CNC v-flange tooling that was responsible for costly CNC milling and boring issues industry wide in terms of production, time, and tooling, according to the company.
(…)
Multi-step, multi-country manufacturing was already under stress even before the COVID-19 pandemic, which has severely disrupted the global logistics network. Our intellectual understanding of trade wars during this crisis now reveals the supply chain weakness–we simply don’t make enough components on our own shores. The global supply chain as we knew it is essentially a dangerous supply chain which has lead us to the current result of death and economic disaster ».
Au vu des risques que pourraient éventuellement supporter les entreprises, le reshoring est alors de mise. Il est surtout question d’adaptation aux aléas du marché sans tomber dans uen éventuelle situation absolue. Ainsi, on peut dire que l’incertitude et les risques globaux de facteurs pertinents peuvent jouer sur le reshoring ou relocalisation. Si les conditions économiques peuvent s’avérer plus avantageuses sur le pays d’origine, la relocalisation depuis les pays d’implantation de production pourrait alors être intéressante.
Il n’est pas question de préférence pour un pays ou un autre, mais les enjeux se situent sur la rentabilité, la pérennité et la croissance de l’entreprise. Les lignes suivantes témoignent de la fermeté dont certaines entreprises peuvent faire preuve lorsqu’une situation comme la crise sanitaire peut les impacter :
« Lorsque, début 2020, le Covid s’est propagé en Chine et que les autorités ont brutalement mis le pays à l’arrêt, François Beyler et son fils Marc n’ont pas hésité. “Plus question de courir un tel risque, il était temps de rapatrier notre fabrication”, racontent les fondateurs d’OrganicPac, qui vend chaque année 40 millions de barquettes alimentaires en fibres de cellulose pour les supermarchés (Auchan, Carrefour…) ou la restauration collective (Elior, Sodexo…). Fini les allers-retours à Qingdao, au sud-est de Pékin, et les livraisons par bateau en huit semaines. “Avec la fin programmée du plastique, nous regorgeons d’innovations, pas question de nous les faire piquer, précise le duo.
Et comme notre business va exploser, nous devons être au plus près de nos clients.” C’est dans une nouvelle usine à Rolampont (Haute-Marne) que, après un investissement de 5 millions d’euros, OrganicPac sortira en septembre 2021 ses barquettes 100 % made in chez nous. “Même la cellulose viendra de papetiers français”, se réjouit Marc Beyler, qui prévoit de pousser la production à 100 millions d’unités et d’embaucher 120 personnes d’ici 2025. Et à un coût de revient inférieur à celui des Chinois ! En prime, son projet est un des premiers retenus par Bercy dans son plan massif de 1 milliard d’euros d’aides à la relocalisation ».
Ainsi, la crise sanitaire portée par la Covid-19, liée à la Chine, a fait prendre conscience de la nécessité de production locale. Si une production était alors antérieurement délocalisée, elle serait relocalisée si cela est permis pour les entreprises. Une meilleure vue sur la production sera de mise ainsi qu’un raccourcissement drastique de la distance et des délais de commercialisation. L’exemple que l’on a pris ici est français, mais d’autres entreprises implantées dans d’autres pays comme les États-Unis pourraient opter pour la même stratégie.
Il serait difficile d’imaginer que la relocalisation sera définitive, mais en temps de crise, les entreprises doivent prendre les stratégies adéquates au vu des changements dans les pays d’implantation.
Discussion
On a pu voir que le ratio entre le labor cost entre la distance de voyage (RLCDT) était dégressif si l’on se base sur les données évoquées dans ce travail. En effet, une tendance à la baisse était réellement constatée. Mis en relation avec le niveau de reshoring des États-Unis (R-US) adoptant la tendance inverse (hausse progressif), aucune causalité n’a pu être établie et la réaction du niveau de reshoring est également restée neutre face au choc de RLCDT. On peut en conclure que la première hypothèse n’est pas réellement fondée.
La première hypothèse pose une forte corrélation (on parle de proportionnalité directe) entre les deux variables, mais cela n’est pas établi. Néanmoins, loin d’établir un lien entre ces derniers, on voit que la relocalisation est réellement de mise (en hausse) avec que le ratio est en baisse. Même si la proportionnalité directe n’est pas établie, les variables vont dans le sens de cette hypothèse.
Ainsi, on peut en déduire que la première hypothèse n’est vérifiée que partiellement.
Concernant l’hypothèse numéro 2, la réponse de R-US est encore une fois neutre par rapport à GPR Index ou Indice de risques géopolitiques. Malgré quelques fluctuations du GPR Index de la Chine au fil des années, elle tend vers une hausse au même titre que R-US. La corrélation entre les deux variables ne semble pas nécessaire dans la vérification de cette hypothèse au vu de l’éloignement de leur déroulement. Ainsi, tant qu’elles sont dans le même sens, un semblant de liaison pourrait être imaginé.
Ainsi, on peut en déduire la deuxième hypothèse est vérifiée.
En ce qui concerne la troisième hypothèse, on a pu voir que les causalités n’étaient pas établies comme dans la première hypothèse, la présence d’une corrélation est alors fortement incertaine. Néanmoins, des réactions de R-US ont pu être constatées notamment concernant la marge brute des biens durables (GM-DG), les réactions tendent plus ou moins vers la négative, ce qui fait que la variable GM-DG a éventuellement une réaction telle une baisse du niveau de reshoring. Comparée à la réaction par rapport à GM-ELEC (inférieure), on constate plus de neutralité. On pourrait alors dire qu’une marge brute plus élevée ne conduit forcément pas à une prévalence de la relocalisation, on pourrait même constater le contraire.
Ainsi, on peut en déduire que la troisième hypothèse n’est pas vérifiée.
Enfin, pour la quatrième et dernière hypothèse, on pourrait évoquer qu’avec l’exemple d’une situation impactant l’économie comme la crise sanitaire portée par la Covid-19, les entreprises doivent réagir rapidement et s’adapter afin de garder une marge de compétitivité sur le marché. Si cette adaptation nécessite d’opter bon gré mal gré pour la relocalisation de la production, les entreprises devront alors aller dans ce sens. Il ne s’agit pas de promouvoir une situation absolue, mais de faire preuve de pragmatisme sur le marché. Cela n’est pas toujours instinctif ni d’application facile, mais est une piste pour rester compétitif.
Ainsi, on pourrait en déduire que la quatrième hypothèse est vérifiée partiellement.
Conclusion
En somme, on pourrait dire que la relocalisation est une solution afin de rester compétitif sur le marché, encore faudrait-il que certaines entreprises aient les moyens nécessaires et la volonté d’opter pour cette stratégie dans le cadre de leur présence sur le marché. En effet, la relocalisation ne pourrait s’opérer sans moyens importants, au même titre que la délocalisation opérée initialement. Des moyens importants sont nécessaires et encore plus lorsqu’il est question de relocaliser sa production dans un pays où la délocalisation initiale était justifiée pour des questions financières. Les questions financières pourraient alors conduire les entreprises à voir la relocalisation ou reshoring comme rédhibitoire.
Toutefois, les considérations financières sont également de mise dans l’optique de rester sur un territoire de délocalisation, comme avec l’exemple de la Chine, où le système de production peut être ralenti à cause de la crise sanitaire et des mesures y afférentes et les délais logistiques rallongés au vu de l’impact mondial de cette crise sanitaire, surtout lorsque la Chine est impliquée. Une certaine méfiance et une perte de compétitivité pourraient alors survenir dans l’hypothèse où une entreprise ne trouverait pas de solution autre que le statu quo de la délocalisation.
L’exemple chinois est évoqué, car la Chine est la terre de référence pour les producteurs occidentaux au vu des coûts bas de la main-d’œuvre, mais si la balance entre les charges et les ressources tend à pencher vers les charges, les entreprises opteront inévitablement pour la relocalisation ou reshoring. Il est question de sortir de la dépendance à la Chine comme veut le faire l’entreprise Delonghi, mais sortir de cette dépendance n’est pas uniquement autorisé par le reshoring, délocaliser vers d’autres terres plus prometteuses pourrait également être de mise, mais avec étude préalable des conditions proposées par ces pays (financières, sociales, politiques, économiques, etc.).
Le reshoring est mis en avant au vu de l’engouement pour cette pratique, mais il n’est qu’une solution parmi d’autres dans le but de rester compétitif, de bien gérer les coûts de production et de commercialisation et, dans une certaine mesure, de rester ou devenir rentable. Opter pour une mesure ou une autre de manière extrême n’est également pas indiqué, plusieurs stratégies peuvent être adoptées pour des segments bien définis, seuls le pragmatisme et le fait de s’adapter sont réellement déterminants.
Références bibliographiques
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« Country-Specific GPR: Asia and Oceania ». Consulté le 8 mars 2022. https://www.matteoiacoviello.com/gpr_country_files/gprc_as.htm.
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Inc, JM Performance Products. « Reshoring Operations in the Age of COVID-19: Part One ». Consulté le 7 mars 2022. https://www.sme.org/technologies/articles/2020/october/reshoring-operations-in-the-age-of-covid-19-part-one/.
Karamé, Frédéric. « Les fonctions de réponses aux chocs dans les modèles VAR structurels à changements de régimes markovien ». Revue d’économie politique 122, no 6 (2012): 851‑65. https://doi.org/10.3917/redp.226.0851.
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Reshoring Initiative. « Reshoring Initiative® 2020 Data Report | Reshoring Blog | Reshoring Initiative », 26 mai 2021. https://reshorenow.org/blog/reshoring-initiative-2020-data-report/.
Simionato, C. « • Wholesale: gross margin on durable goods U.S. 2020 | Statista », 2 mars 2022. https://www.statista.com/statistics/199490/gross-margin-on-durable-goods-in-us-wholesale-since-1993/.
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Wehbe, Nour, Bassam Assaf, et Salem Darwich. « Causality study between electricity consumption and economic growth in Lebanon ». Lebanese Science Journal 19, no 3 (27 décembre 2018): 432‑52. https://doi.org/10.22453/LSJ-019.3.432452.
Annexes (les données des variables)
Reshoring
| R-US | |
| 2010 | 6011 |
| 2011 | 29366 |
| 2012 | 82094 |
| 2013 | 147603 |
| 2014 | 246739 |
| 2015 | 321833 |
| 2016 | 438022 |
| 2017 | 626992 |
| 2018 | 786487 |
| 2019 | 896405 |
| 2020 | 1057054 |
Figure 8: Reshoring + FDI
Figure 9: Jobs Announced, Reshoring + FDI, Cumulative 2010-2020
LC-C
| LC-C | |
| 2010 | 1038,7 |
| 2011 | 1128,4 |
| 2012 | 1229,956 |
| 2013 | 1319,865 |
| 2014 | 1415,178 |
| 2015 | 1535,468 |
| 2016 | 1637,732 |
| 2017 | 1771,391 |
| 2018 | 1923,935 |
| 2019 | 2055,205 |
| 2020 | 2161,7 |
Tableau 1: LC-C
Figure 10: LC-C
LC-US
| LC-US | |
| 2010 | 112,1 |
| 2011 | 114,0 |
| 2012 | 116,0 |
| 2013 | 118,2 |
| 2014 | 120,6 |
| 2015 | 123,3 |
| 2016 | 126,3 |
| 2017 | 129,5 |
| 2018 | 133,4 |
| 2019 | 137,4 |
| 2020 | 141,4 |
Table 2: LC-US
Figure 11: LC-US
GPR Index
| GPR Index | |
| 2010 | 0,37 |
| 2011 | 0,47 |
| 2012 | 0,56 |
| 2013 | 0,34 |
| 2014 | 0,27 |
| 2015 | 0,29 |
| 2016 | 0,7 |
| 2017 | 0,64 |
| 2018 | 0,69 |
| 2019 | 0,93 |
| 2020 | 1,26 |
Table 3: GPR Index
Figure 12: GPR Index
GM-ELEC
| GM-ELEC | |
| 2010 | 98,59 |
| 2011 | 109,71 |
| 2012 | 124,04 |
| 2013 | 129,7 |
| 2014 | 136,29 |
| 2015 | 144,01 |
| 2016 | 139,83 |
| 2017 | 143,94 |
| 2018 | 153,51 |
| 2019 | 152,17 |
| 2020 | 156,84 |
Table 4: GM-ELEC
Figure 13: GM-ELEC
GM-DG
| GM-DG | |
| 2010 | 491,2 |
| 2011 | 542,2 |
| 2012 | 582 |
| 2013 | 595,6 |
| 2014 | 636,9 |
| 2015 | 633,6 |
| 2016 | 641,8 |
| 2017 | 690,5 |
| 2018 | 742,7 |
| 2019 | 728,2 |
| 2020 | 712,2 |
Table 5: GM-DG
Figure 14: GM-DG








